Agnus castus - M. Zala, déc.2000             (voir aussi Agnus castus-Ozanon)

Insatisfait :
- illusion fondamentale (pathogénétique) que lui-même n’est personne
- toujours à la recherche de nouvelles limites à franchir et de nouveaux tabous à enfreindre
- après de multiples excès, notamment sexuels, l’organisme est brisé.

La plante

Arbre Chaste, Gattilier commun, Poivre aux Moines.
Grand arbuste (2 à 4 m.), de la famille des Verbénacées, qui dégage une odeur pénétrante de poivre. Son nom botanique vient du
grec “ hagnos ” et du latin “ castus ” : les deux signifient pureté (innocent comme l’agneau, animal de sacrifice).
Les Grecs l’estimaient utile pour ceux qui font vœu de chasteté. Pendant l’absence de leurs conjoints, les femmes couvraient leur lit de ses feuilles
Les graines moulues d’ailleurs largement employées dans les monastères médiévaux, afin de supprimer la libido (le “poivre aux moines”). En Italie, on continue à en étaler des rameaux sur le chemin des novices, lorsqu’elles vont prononcer leurs vœux.
Les branches, solides, permettent à Achille d’enchaîner les fils de Priam. Ulysse attache avec elles ses compagnons sous le ventre des moutons du cyclope Polyphème, pour fuir ce cannibale. Quand celui-ci lui demande comment il s’appelle, Ulysse répond : “ Personne ” ! Or, en grec ancien, personne (outis) signifie littéralement “ sans, qu’on ne peut pas dire ”.

Caractéristiques générales

Tropisme sexuel marqué :
“ après une vie d’excès ” (bléno ++), impuissance et effondrement de la libido.
froid des organes génitaux externes.
Vieillissement prématuré, avec dépression et baisse de la mémoire : “ le gatillier pour les vieux gâteux ” (Marc Brunson).
Grand remède d’entorses et luxations (sprains and strains), notamment des chevilles.

Signes d’appel

• Le sexe, chez Monsieur :
suite d’excès sexuels et de masturbation, obsessions sexuelles
“ pollutions après le coït, écoulement prostatique pendant et après la selle ”
vantardise autour des “ performances ”, alternant avec des reproches envers soi-même
au début excité : éjacule simplement en cajolant une femme (“Prostate, emission of prostatic fluid, fondling women, while” : Agnus castus 1° et Conium maculatum 3°)
excès ++, suivis d’impuissance, se masturbe pour vérifier qu’il est toujours capable d’avoir une érection s’épuise, et devient incapable de la moindre excitation.

• Le génital, chez Madame :
là encore, d’abord, désir sexuel violent, plaisir augmenté et “ masturbation excessive ”
puis : horreur des relations sexuelles, absence de plaisir
règles peu abondantes, voire aménorrhée
leucorrhée tachant le linge (jaune), utérus gonflé, vagin relâché, et éventuelle stérilité
disparition du lait et tristesse “ après s’être adonnée sans retenue à l’onanisme ”.

• Le froid :
manque de chaleur vitale mais désir de grand air, et < pièce chaude
genoux, pénis froids (au palper)
testicules froids, gonflés et durs
sensation de froid et tremblement intérieur, alors que la peau est chaude
frilosité générale, mais seules les mains sont froides au toucher.
Hallucinations olfactives : hareng, musc.
Céphalée, comme quand on est dans une atmosphère enfumée, améliorée en fixant le regard.
Acné des adolescentes, pire avant les règles.
Entorses faciles, voir le mental ; se tord facilement les chevilles, notamment sur les pavés.

Le mental
L’illusion basique d’Agnus castus semble être : “ rien n’existe autour de lui, et lui-même n’est personne ”
[Germanium metallicum] : “ He sometimes feels as if he were nobody, and would rather be dead than have that feeling ” (Allen).
Pour exister, il va compenser par des sensations fortes (“ je recherche l’extrême ”, dit un patient d’Alfons Geukens).
L’une des plus “jouissives” est d’enfreindre les règles et tabous (Marc Brunson) : sexe, drogues licites ou non, privations
alimentaires, manque de sommeil… (George Vithoulkas).
Agnus refuse d’admettre les règles : désobéissant, il est toujours prêt à transgresser les divers interdits par provocation.
Ce serait un moyen d’exister sans lien (cf. Achille et Ulysse).
Suite aux multiples excès, il y a des hauts et des bas. En témoignent des alternances, comme :
excentricité, alternant avec un mépris de soi
gaieté extrême (exhilaration), alternant avec de la tristesse
indifférence alternant avec de la gaieté
léthargie alternant avec de la frénésie
Ensuite, la décompensation s’accentue :
faiblesse de mémoire
incapable de se concentrer, doit lire deux fois une phrase avant de la comprendre
oublie ses achats
au maximum “ imbécillité ”
Dernier stade, Agnus se sent “ fini ” :
déprime, et se reproche les chances qu’il n’a pas su saisir ou ses erreurs passées
persuadé qu’il a tout raté, se méprise
dit qu’il (elle) va mourir et que ce n’est pas la peine de tenter quoi que ce soit
las de la vie, pense au suicide.

• Guy Loutan (AFADH, février 90) : “ a perdu sa pureté : sent comme s'il n'était personne, que rien n'existe autour
de lui, à part son propre problème, mieux vaut être mort que cette sensation. (…) Incapacité de recevoir de l'autre (…)
Exalte sa sexualité mécaniquement, sans pensée ni désir amoureux, comme pour prouver qu'il est capable de relation (...) ”.

• Marc Brunson (Séminaire Dauphiné-Savoie, novembre 1995, recueil N° 23) :
- reprend la vision de Bernard Vial : “ (...) Agnus castus est le remède qui sidère les réactions de ceux qui
refusent d'admettre les règlements, qui ne supportent pas les réprimandes et qui sont prêts à transgresser toutes
sortes d’interdits par provocation ”
- via le chien Jazz, donne le trépied : “ désobéissant + provocateur + excité sexuellement ”.

• Le groupe de Marseille (Christian Ozanon & Co) rajoute :
- incapacité à créer des liens, pas d’investissement émotionnel dans la relation.
- état d’indifférence où refuse la relation à l’autre (vit seul avec eux, en communauté)
- personnes mariées, avec impossibilité ou refus de relations sexuelles “ normales ”.