CYCLAMEN EUROPEA  Cas clinique Philippe M. Servais




Sommaire
Homme de 47 ans (en 1988 – 17 ans de recul).
Plaintes: fatigue chronique, herpès génital, aphtes à répétition, constipation chronique avec ballonnements douloureux et flatulences embarrassantes, spasmes anaux douloureux, gingivite chronique, difficultés sexuelles’insomnie suite miction nocturne, cholestérol élevé, sinusites fréquentes, vie affective malheureuse, émotivité anormale.


Thèmesculpabilité, timidité, sentiment d’infériorité, manque d’initiative, dépendance, modestie, perfectionnisme

Liens: Cuprum metallicum, Sulfur, Psorinum, Ignatia amara, Silicea terra, Ambra grisea.


Cas clinique

Nous sommes en juillet 1988. Michel a 47 ans et, hélas, a raté la ØévolutionØ de mai 68’est qu’il avait 27 ans à l’époque et, trop sérieux, trop sage, il se sentait depuis longtemps du côté des adultes. N’avait–il pas déjà, contrairement aux usages de l’époque, deux enfants, deux filles, toute petites encore. Sa petite révolution à lui, il ne la fera qu’à 40 ans, et encore, selon un schéma plus classiquedouble découverte du grand large : passion amoureuse et … bateau à voile

Il fait très sérieux, Michel, avec son visage allongé à la Giacometti, ses petites lunettes rondes d’intellectuel, ses cheveux sans importance, son air un tantinet mal à l’aise, il donne l’impression de n’être pas tout à fait à sa place, cherchant discrètement mais désespérément une bonne position sur son fauteuil, tout au long de la consultation. Et pourtant, il devrait s’être aguerri notre amiéjà sept ans de psychanalyse dans les pattes … Mais non, il conserve cet air d’adolescent versaillais (qu’il n’a jamais été), qui veut bien faire, faire bien élevé, faire propre sur lui pour faire honneur à maman et à papa. On sent la tension qu’il met à bien répondre, à dire juste, à être précis, exhaustif sans être trop disert. Ce qui est émouvant, c’est ce mélange de jeunesse et de gravité adulte. Car n’allez pas croire qu’il fasse ØØ, il fait même très responsable et, si sa place dans un conseil d’administration pourrait paraître saugrenue (comme pour moi d’ailleursbien dans un jury de professeurs des écoles. Le ØØ des sept nains 

Il m’a connu par un patient. Kinésithérapeute au départ, il pratique depuis longtemps, l’ostéopathie. Et c’est un excellent praticien. Dieu sait pourtant que son air raide, tant physique que moral, ne suggère pas ce type de vocationPourtantdisent ses patients, il inspire vraiment confiance. Sa rigueur, son attention, l’application laborieuse et douce surtout qu’il met à son travail, font des miracles. Ceux–ci se confient volontiers à lui, les vieilles personnes lui font part de leurs misères, les femmes mûres voient en lui le gendre idéal, les plus jeunes voient le grand frère à qui on ose tout dire.

Est–il nécessaire d’ajouter qu’il conserve, avec son ex–épouse, d’excellents rapports et que ses filles l’adorent
C’est vraiment : ØCe n'est pas assez d'avoir de grandes qualités, il en faut avoir l'économieØ ! (F. de La Rochefoucauld)


Il a pourtant plein de problèmes, notre Michelatigue chronique, gingivite chronique avec épisodes de pyorrhée, herpès génital, prépucial (et toujours quand il ne faut pas, bien sûr, aphtes à répétition, constipation très liée aux contrariétés avec ballonnements douloureux et flatulences embarrassantes (il insiste beaucoup là–dessus et ce sera l’une de ses grandes satisfactions après traitement, spasmes anaux très douloureux, scoliose sérieuse (c’est le combledifficultés sexuelles  (essentiellement orgasme retardé trop bien faire, plage d’insomnie en pleine nuit suite à une miction nocturne, urine trop forte en cas de stress, étouffement en dormant du côté gauche, cholestérol élevé, sinusites fréquentes invalidantes (au moins quatre par an), vie affective malheureuse, émotivité anormale. 

A cela s’ajoute, quelques crises d’angoisse avec le sentiment qu’il va s’évanouir et, surtout dans les grands magasins et les lieux publics, un malaise à l’idée d’être observé, regardé, espionné même

Dans ses antécédents, je noteânien à cinq ans, primo–infection vers onze ans (père tuberculeux), hernie inguinale droite opérée à douze ans, strabisme convergent de l’œil gauche opéré à seize ans (Øécu comme une grande agressionØ). 
[STRABISMUS – convergent
alum. art–v. calc. Camph. carb–v. chel. CIC. cina CYCL. jab. lil–t. Lyc. mag–p. nux–v. op. spig. syph.]


Comme il a de l’humour, il ajoute

Le hasard m’avait fait recevoir en cadeau la veille un Cyclamen, d’une vieille dame, soignée efficacement au téléphone pour une angine, et j’avais donc cette fleur Ødans l’œilØ ! Je trouvai tout à coup une telle correspondance entre cette plante et mon patient dans son air mal à l’aise, patient que par ailleurs je ØvoyaisØ’il n’avait plus), que je décidai de tenter le tout pour le tout! 


Le 1er août 1988CYCLAMEN 200 k, une dose.

Le 5 septembre, Michel revient en consultation pour faire le point. 

Il reste le problème de la nuit. Je me réveille toujours pour uriner une ou même deux fois mais je me rendors plus vite qu’avant.

Le 5 septembre 19883 PLACEBO à 3 semaines d’intervalle.



Je le revois en décembre 1988.
Le bilan reste toujours très positif. L’acquis reste acquis.
Le problème urinaire nocturne s’est amendé.
Il revient parce qu’il vient d’avoir une crise d’herpès prépucial suite à des problèmes avec son amie. En fait, celle–ci, qui s’était installée chez lui depuis trois mois, est retournée chez elle. Elle est allée rejoindre son mari et ses enfants qu’elle avait quittés. Apparemment, "il réagit bienØ mais il pense que l’herpès n’est pas venu par hasard. Il ajoute quand même qu’il vit cette situation Øcomme un rejetØ.
De manière un peu artificielle mais pour en avoir le cœur net, avec l’idée que j’ai de Cyclamen, j’évoque la notion de culpabilité liée à une faute d’inattention et il réagit fortement à cette suggestion. Nous en restons là
Le 5 décembre 1988CYCLAMEN 10.000 k, une dose.



Il me revient en février 1989.
La grande amélioration déjà obtenue s’est confirmée, à tous points de vue. Il n’a plus eu d’herpès. Sa capacité intellectuelle et de mémoire est Øinfiniment meilleureØ. 
Il me parle juste de sa difficulté à faire le deuil de son amie car leur relation s’est effritée.
Il reparle de problèmes urinaires… pendant ses séances d’analyse’espace de trois quarts d’heure, se lever deux fois
Le 20 février 1989CYCLAMEN 15 ch, une dose.




En septembre 1989, il revient Øpour un suivi".
L’année a été très bonne. Tout va pour le mieux tant physiquement (même sa gingivite chronique et son herpès) que mentalement. Il a intégré la séparation d’avec son amie.
21 septembre 19893 PLACEBO à quinze jours d’intervalle.



Appel téléphonique, un an après, en septembre 1990’herpès génital et fessier.
22 septembre 1990CYCLAMEN 9 ch, une dose


La crise d’herpès est passée ØØ en quelques heures.



En avril 1992, il consulte à nouveau.
Il a été parfaitement bien sur tous les points sauf depuis 4 mois où il refait des poussées d’herpès, uniquement  fessier. "Lorsque je suis en contact avec la difficulté de perfection", me dit–il spontanément
Il a retrouvé une compagne avec qui il a trouvé la stabilité. Elle aimerait qu’il se décide à une vie commune mais "j’hésite à m’engager par souci de perfectionmal ce désir de perfection (culpabiliténdr) car c’est de l’orgueil"
Il a terminé depuis un moment son analyse (jungiennequi a duré six ans et est en analyse didactique. Il a l’intention d’un jour changer de voie er devenir psychanalyste. Il a 51 ans.
15 avril 1992CYCLAMEN 10.000 k, une dose.



Nous passons à janvier … 2005à peine avoir vieilli. Il fait toujours grand jeune homme

– Je ne vous ai pas oublié’ai vu aucun médecin depuis 13 ans Tout a été bien. J’ai juste plus ou moins une fois par an une légère poussée d’herpès fessier, sans plus. Je dois présenter un mémoire en mai à la société jungienne. Ces dernières années, j’ai refait des études de psychologie clinique à Jussieu (la meilleure fac de psycho de Paris) avec DEA et DESS. Je suis donc psychologue et je m’apprête à terminer le cursus de psychanalyse. J’ai continué l’ostéopathie mais j’arrêterai dès que j’aurai défendu ma thèse et que je pourrai m’installer officiellement comme psychanalyste.
Je viens vous voir car l’écriture n’est pas mon fort et cela me procure un grand stress. Je suis inhibé face à la feuille blanche bien que je maîtrise tout à fait mon sujet. Mon vieux complexe qui resurgitJe ressens même de vraies bouffées de chaleur qui sont purement émotionnelles.
J’éprouve un embarras comme celui d’un petit enfant qui ne peut pas se formuler.

13 janvier 2005CYCLAMEN 200 k, une dose.




Nouvelle consultation en mars 2005.


– Le lendemain de votre dose, j’ai compris quelque chose d’essentiel. Comme si la dose avait levé un voile. 
Il faut que je vous raconte quelque chose. Dans ma jeunesse, toute ma famille était immergée dans l’action catholique. A 16 ans, un prêtre proche de mes parents m’a ditété choisi pour devenir prêtre et tu vas pouvoir bientôt rentrer au séminaire ". J’ai demandé à réfléchir et, affolé, je n’ai plus jamais abordé le sujet, j’ai fui.
Après Cyclamen, j’ai compris que j’avais gardé de l’événement un complexe, une gêne. J’ai gardé comme une culpabilité de n’avoir pas répondu.
Ce remède m’a fait beaucoup de bien. Je me sens plus dynamique, bien moins inhibé face à l’écriture, moins émotif. D’ailleurs, les bouffées ont disparu. Je me sens aussi plus tolérant et je n’ai plus cette obsession … de vouloir épater les autres avec mon mémoire
Je suis bien plus à l’aise face à ma filiation. Laissez–moi vous raconter ce qui suit qui va sûrement vous intéresser.
Ma mère était la fille du maître d’hôtel d’un châtelain. Mon grand–père était donc larbin et non châtelainépousa mon père, officier haut gradé de la cavalerie. Pour compenser le châtelain, dût quitter l’armée pour devenir petit fonctionnaire. Ma mère en subit une double déception. Elle fût obligée de devenir couturière pour des raisons financières.
Quant à moi, j’avais la vocation de médecin et … je suis devenu kinésithérapeuteère, j’ai inconsciemment voulu rester dans une pratique modeste (choix du quartier, du cabinet peu prestigieux, pratique de l’ostéopathie en conservant le statut de kiné etc.).
Là, enfin, à 60 ans passé, je me rattrape et vous m’y aider drôlement

10 mars 2005Pas de remède, on laisse agir Cyclamen 200 de janvier.
Je lui donne en réserve une dose de 10.000 k à prendre lorsqu’il en sentira le besoin.
22 mars 2005CYCLAMEN 10.000 k, une dose (que, selon mes indications, il prend de lui–même).



En mai, il passe me voir car, à la suite de la remise de son mémoire, il a fait une légère poussée d’herpès fessier.

CYCLAMEN 10.000 k, en réserve si nécessaire …