Camphora - M. Zala, 1993


" Le camphre dynamisé guérira beaucoup de maux ", affirme Kent dans sa matière médicale.

Or, pas moins de trois publications ont tenté, chacune à leur manière, de faire le point sur Camphora, “en chronique”.
- une communication concise de Murray Feldman, dans le recueil édité par l'International Foundation for Homeopathy, " Small
Remedies and Interesting Cases II, Proceedings of the 1990 Professional Case Conference ", p. 13-24.
- un cas clinique commenté du Docteur Pierre Vuillermet, exposé aux VIIIèmes rencontres des pédiatres homéopathes (Arles, 1990).
- enfin, un article du Docteur Henry Vandergucht, dans la "Revue Belge d'Homéopathie" n*3, septembre 1991, p. 5-19.

Première étape de ce tour d'horizon, la communication de Murray Feldman, dans " Proceedings of the 1990 Case Conference ".
L'originalité de son travail réside dans sa recherche du remède, via les répertoires et la matière médicale, mais aussi à travers les
métaphores du langage de tous les jours qu'utilise le patient.
Tout au long des deux cas cliniques que propose ce confrère canadien, un certain nombre de “thèmes” se retrouvent : “sensation
d'isolement et d'être coupé(e) des autres”, “repli sur soi”, sensation de “froid intense” ; l'une des deux observations faisant ressortir
également la notion de maladresse.

Commençons par la maladresse, citée par Phatak (Matière Médicale) et exprimée ainsi, par une femme atteinte de phénomène de
Raynaud :
- " Je n'ai pas conscience de l'espace ; je me cogne parfois contre les obiets "
- " Les mots ne sortent pas facilement de ma bouche ; enfant je bégayais "
- " Je me suis toujours mélangée entre la main droite et la main gauche ; mon incoordination m'ennuie beaucoup ".
La sensation de froid, bien connue, est loin de se limiter au physique :
- " Je hais l'hiver ".
- " Les souvenirs que j'ai de mes parents sont glacés ; le monde me parait froid et aride ".

- A propos du froid, une remarque de Jo Daly, dans un cas clinique : " Un des symptômes qui m'a fait choisir Camphora est que la
patiente disait ressentir très fort le froid extérieur... mais portait une robe d'été, en plein hiver anglais. C'est très caractéristique : elle
ne voulait pas se couvrir, alors qu'elle se sentait frileuse "...

Quant au sentiment d'isolement avec repli sur soi, citons Murray Feldman :
- " Je me souviens de mon père comme d'une statue ; j'avais parfois l'impression qu'il me marchait dessus et m'écrasait "
- " Petite, nous étions à des tables séparées des adultes ; si nous étions assis à la table des grands, nous devions nous taire ; je me
sentais isolée, laissée pour compte, dans le froid ; j'avais peur d'être totalement isolée ".
- " Enfant, je n'ai jamais pu m'exprimer ; je n'avais jamais la possibilité de dire quoi que ce soit, aussi je faisais des trucs pour attirer
l'attention et essayer de faire plaisir à ma famille ; je portais des vêtements rigolos, j'étais le clown de la famille ".
- " Je me sens seule, coupée des autres, engourdie, comme s'il n'y avait personne sur cette terre pour moi ; je n'ai pas envie de
communiquer avec les autres ".
- " Je me sens abandonnée de tous, même de Dieu ; je n'ai pas d'espoir, je ne vois pas d'issue ".

De l'exposé de Pierre Vuillermet, je retiendrai :
- une très belle observation de prurigo strophulus pédiatrique
. une diarrhée aiguë, avec sueurs froides et malaise, récompensera la ténacité du praticien... et de la famille consultante, en orientant
vers le remède.
. cette histoire permet de rappeler que Camphora figure, au second degré, à “Company, desire for, night”, K 12, et à “Kill, thought
he ought to kill somebody”, K 61, ler degré, remède unique + Hyos 2ème degré, dans le Barthel.
- la présence de Camphora dans plus de 1700 rubriques, mais souvent au 1er degré.
- Camphora, connu comme un antidote quasi universel au moins des végétaux, est aussi un grand remède de “measles, after“ au même
titre que Puls ou Carbo-veg K 1373, tous au 3ème degré.

Quelques réflexions pratiques :
" J'ai commencé à utiliser Camphora de plus en plus souvent, à commencer par des cas très embrouillés, où de nombreux remèdes
avaient été prescrits.
Et dans certains troubles du sommeil, lorsque ce désir de présence était net.
Il m'a plusieurs fois donné les mêmes satisfactions que Teucrium dans des cauchemars rebelles ".
Enfin, sur un plan symbolique, Pierre Vuillermet pense que l'unité de Camphora tient dans ses capacités à être un " dissipateur de
l'énergie ou des excès d'énergie, ou de facilîtateur de l'écoulement de l'énergie ! "

Cheminement semblable, mais conclusions différentes, pour Henry Vandergucht, dans la " Revue Belge d’Homéopathie " :
- Camphora fut prescrit sur un “trouble de l'orientation”, joint à l'illusion persistante que “le soir, en se mettant au lit, les objets
semblaient s'éloigner et devenir plus petits, et ensuite se rapprocher et devenir plus grands”... ce qu'il traduit par “Delusions, objects,
sometimes thick, sometimes thin, on closing eyes in slumber“ K 30, ler degré, remède unique.
- encouragé par l'efficacité de sa prescription, notre confrère a étudié le camphre, dans la " Cyclopedia of Drug Pathogenesy " de
Hughes et Dake (où les provings sont dans l'ordre chronologique).