Chelidonium majus - M. Zala (Déc. 00)

Insatisfait pour plusieurs raisons potentielles :
- rationnel, volontiers sceptique, il veut imposer sa façon de penser à tous… or, certains ont le mauvais goût de ne pas être
d’accord, alors qu’il sait bien qu’il a raison !
- ne veut pas voir la réalité, ni s’observer lui-même… il ouvre la porte aux déconvenues
- aurait-il du mal à faire face aux transformations, mutations, et au déclin de l’être ?

La plante
Chelidonium majus : grande éclaire, ou herbe à hirondelle, connue depuis l’antiquité.
C’est une plante de la famille des papavéracées (comme Opium et Sanguinaria), présente partout dans le monde.
Particulièrement vivace, elle envahit les sols les plus ingrats (comme les ruines, les murailles ou les tombes).
Son nom provient du grec “ Chélédéon ”, hirondelle : sa floraison, contemporaine de l’arrivée des hirondelles, s’arrête avec
leur départ.
Selon une vieille croyance, les hirondelles se serviraient de la “ grande éclaire ” pour rendre la vue à leurs petits devenus
aveugles (d’où son nom).
Ses fleurs et son suc (amer) sont de couleur jaune, d’où l’usage empirique dans les maladies hépato-vésiculaires, par analogie
à la couleur de la bile.
Son suc fait également disparaître les verrues, et toutes sortes d’affections cutanées.

Généralités et points d’appel
Forte latéralité droite.
Aggravations essentielles :
générale vers 4h. ou/et 16h.
aux changements de temps
au mouvement, aux changements de position
par le toucher.
Améliorations :
par la chaleur (liquides et aliments chauds, bains chauds, pièce chaude)
en mangeant (doit manger à 12 h. !)
allongé sur l’abdomen.
Alimentation :
désirs de choses étranges, indigestes
désir de boissons chaudes et d’aliments chauds (même brûlants), de lait chaud
désir, ou dégoût, du fromage
aggravé par les boissons et aliments froids, la soupe
amélioré par les aliments chauds et boissons chaudes, le lait chaud.
Couleur jaune : peau, yeux, langue, visage, selles (jaune d’or)
La fièvre s’étend, depuis les mains, à tout le corps (RU, 3°)
Douleurs :
irradiant en arrière ou à distance
associées à nausée et transpiration.
Odeur corporelle d’excréments (imaginaire ou réelle).
Polarité hépato-biliaire majeure :
douleur irradiée à la pointe de l’omoplate droite
calculs biliaires et colique hépatique
langue jaune, sale, gardant l’empreinte des dents.
Atteinte articulaire et musculaire (cervicales, épaule droite), avec névralgies précédées de baillements (RU, 1°).
Forte polarité oculaire :
yeux fermés pendant l’entretien, difficiles à ouvrir (+ oreilles et nez bouchés)
vue faible pendant l’anxiété, en écrivantÖ
Important remède respiratoire :
pneumonie droite (associée à une atteinte hépatique), avec battements des ailes du nez
respiration difficile, qui s’améliore la nuit au lit (RU, 2°).
Pied droit froid (l’autre chaud), bout des doigts froids.
Céphalées :
aggravées par la chaleur (inverse des modalités générales), agg. en se mouchant
améliorées par les vomissements, en fermant les yeux
comme un lien serré autour du front
toutes les deux semaines
avec sensation de froid glacial dans la nuque et occiput “ lourd comme du plomb ”
le (sur)lendemain, selles décolorées et flottantes dans la cuvette des WC.

Le mental
Irritabilité sans cause, et pour des broutilles.
Anxiété de conscience :
provoquée par le bruit
associée à des plaintes physiques multiples.
Rêves de vermine, de dissection de cadavres, et même d’être enterré vivant.

Frans Vermeulen, “ Synoptic Materia Medica I ”, 1992 & George Vithoulkas, “Essence des remèdes homéopathiques",1988 :
Proche de Lycopodium, par son besoin d’imposer ses opinions mais s’en différencie :
- plus pratique, moins intellectuel que Lycopodium, Chelidonium majus est rationnel, terre-à-terre ; il est facilement sceptique,
ne peut être convaincu que par des preuves indiscutables
- insensible à l’autorité, Chelidonium majus ne change pas son point de vue suivant son interlocuteur il veut imposer sa façon de
penser à tous, subordonnés ou supérieurs : lui sait ce qui est bien et ce qui est mal, son avis est catégorique !
Il “ ne perd pas son temps à analyser ses émotions ”, et ne sait pas les exprimer.
Anxieux pour sa santé, il veut consulter le médecin “le plus qualifié”, lui demander une solution immédiate puis met en doute les
diagnostics (“ ne serait-ce pas plutôt…?) ”.

GEHU et Philippe Servais (les “ Echos du CLH ”, novembre 1996) :
Chelidonium majus ne veut pas voir la réalité, ni s’observer lui-même, ni être observé, donc dévoilé (= percé à jour) : une patiente,
vivant en pleine campagne et sans vis-à-vis, fermait tous ses rideaux... c’est “ pour qu’on ne puisse pas me voir ”.
Il préfère le clair-obscur : pudeur, retenue, prudence et discrétion.

Chantal Chemla (XIè congrès du CLH, mars 2000) :
Chelidonium refuserait la mutation corporelle liée à l’âge : refus de vieillir, de bouger, de se transformer, comme s’il voulait arrêter
le mouvement de l’évolution de la matière.