te
Dr Ph.M. SERVAIS
18, rue Littré  75006 

Tél/Fax

servais@club–internet.fr
            


            
CHELIDONIUM MAJUS



   L’homme, composé substantiel, ne peut construire sa vie qu’en intégrant progressivement la dynamique signifiante de son héritage lointain. De l’unité d’un big–bang peut–être imaginaire, de valeur au moins symbolique, sont nées la complexité, la diversité et de sa chair et de son destin. L’homme n’est envisageable qu’au regard de sa finalité, comme  tout système vivant. Et celle–ci est l’ultime résultante d’un chemin hiérarchique qui nous mena de l’un à l’autre règne. Sans la part minérale de nous–même, aucune construction, aucune structure n’est possible et il suffit pour s’en convaincre de regarder sous les pas de notre propre histoire. Sans la part végétale qui nous assigne une place immuable pour que le monde sensible nous apprivoise, point de référant sensoriel, phénoménal et affectif. La part animale serait–elle absente, nous ne pourrions nous mettre en scène dans un monde dont nous sommes irrémédiablement les acteurs obligés, quelques soient les réticences que nous érigions.
   
Chelidonium majus (au suc et aux fleurs jaunes soleil; dont le synonyme est "éclaire" – retenez ces caractéristiques –) a, elle aussi, sa propre histoire, sa propre nécessité. Cette "mauvaise herbe" a de  toute éternité vu son destin lié à celui de l’hirondelle, d’où son nom (en grec, khelidôn, hirondelle). Dans le cours de l'année, elle apparaît d'ailleurs avec les hirondelles et disparaît avec elles. ...Et la chélidoine (et l'hirondelle?) en l’homme a suscité quelques rares individus dont j’ai eu la chance de rencontrer deux spécimens en consultation!
   
A partir de ces observations cliniques et des expérimentations faites dans le passé, il m’est possible de vous proposer une étude (je le reconnais, un peu audacieuse) de ce remède.


   Dans les Matières Médicales et le Répertoire (Synthesis), nous pouvons relever une série de thèmes:

La couleur jaune (très solaire).
OEIL –  – JAUNATRE
VISAGE – COLORATION – grisâtre – jaunâtre
VISAGE – COLORATION – jaunâtre
VISAGE – COLORATION – jaunâtre – front
BOUCHE – COLORATION – langue – jaunâtre
COU – COLORATION – jaunâtre
SELLES – AQUEUSE – jaunâtre
SELLES – JAUNATRE

SELLES – JAUNATRE – brillant
SELLES – JAUNATRE – fécal
URINE – COULEUR – jaunâtre – brun foncé
URINE – COULEUR – jaunâtre – citron
URINE – COULEUR – jaunâtre – clair
URINE – SEDIMENT – sable – jaunâtre – cristaux rouge–jaunâtres
URINE – SEDIMENT – jaunâtre – grisâtre
URINE – SEDIMENT – jaunâtre – brun rougeâtre
FEMININ – LEUCORRHEE – blanc – tachant le linge en jaune

FEMININ – LEUCORRHEE – jaunâtre
FEMININ – LEUCORRHEE – jaunâtre – tachant le linge
   POITRINE – COLORATION – seins – jaunâtre

L’insécurité, le danger, la précarité.
PSYCHISME – ANXIETE – maison, dans la
PSYCHISME – ANXIETE – bruit, par le fait du

PSYCHISME – ANXIETE – soudaine
PSYCHISME – MORT – pressentiment de

PSYCHISME – ILLUSIONS – criminels, de
PSYCHISME – ILLUSIONS – mourir, de 

PSYCHISME – ILLUSIONS – maladie, de 
PSYCHISME – ILLUSIONS – santé, il a ruiné sa
PSYCHISME – PEUR, crainte – mort, de la– la nuit

PSYCHISME – PEUR, crainte – santé – ruiné sa, d'avoir
PSYCHISME – SURSAUTE, tressaille – midi

PSYCHISME – PENSEES – maladie de
REVES – MALADIE – blessures, de

PSYCHISME – PLEURE, humeur pleurnicheuse – porte, quand on le

La paresse
PSYCHISME – PARESSE, aversion pour le travail – corporelle
PSYCHISME – PARESSE, aversion pour le travail – somnolence avec

PSYCHISME – MEMOIRE, faiblesse de – faire, pour ce qu'il s’apprêtait à
PSYCHISME – MEMOIRE, faiblesse de – faire, pour ce qu’il venait de
PSYCHISME – TRAVAIL mental – aversion (du)

TETE – déliquescence du cerveau, sensation de – dans la région frontale

L’esquive de la réalité (avec surtout fermeture des sens visuel et auditif)
OEIL – FERMER – désir de
OEIL – FERMER – doit

OEIL – OUVRIR les paupières – difficile – la nuit
OEIL – DOULEUR – fermant – amél.
OEIL – PARALYSIE – muscles du globe oculaire – 

OEIL – PARALYSIE – nerf optique ; amaurose
VUE – TROUBLE ; brouillée – objets éloignés
VUE – FAIBLE – à droite
VUE – FAIBLE – anxiété, pendant l'
OREILLE – DOIGTS dans l'oreille , met les

OREILLE – BRUITS dans l'oreille – fermant les yeux, en
OREILLE – BRUITS dans l'oreille – chant – fermant les yeux, en

OREILLE – CERUMEN – épais
PSYCHISME – MECONTENT, contrarié, insatisfait – entoure, de ce qui l'
PSYCHISME – INCONSCIENCE, coma, stupeur – frotter les plantes des pieds amél.
OEIL – LARMOIEMENT – feu, en regardant le


Omoplate – Aile – Oiseau  (regardez la feuille de chélidoine, on dirait l'empennage d'un oiseau)
DOS – CHALEUR – dorsale , région – omoplate(s)
DOS – DOULEUR – étendant à, s' (vers) – épaule
DOS – DOULEUR – dorsale , région – omoplate(s) – à droite –  – réveil, au
DOS – DOULEUR – dorsale , région – omoplate(s) – à droite – respirant, en
DOS – DOULEUR – dorsale , région – omoplate(s) – à droite –  – à droite
DOS – DOULEUR – dorsale , région – omoplate(s) – à droite – s'étendant vers l'épaule
DOS – DOULEUR – dorsale , région – omoplate(s) – à droite – 
DOS – DOULEUR – dorsale , région – omoplate(s) – à gauche – 
DOS – DOULEUR – dorsale , région – omoplate(s) – le matin
DOS – DOULEUR – dorsale , région – omoplate(s) – le matin – 4 h.
DOS – DOULEUR – dorsale , région – omoplate(s) – la soirée
DOS – DOULEUR – dorsale , région – omoplate(s) – bougeant – bras
DOS – DOULEUR – dorsale , région – omoplate(s) – étendant à, s' (vers) – sternum
DOS – DOULEUR – dorsale , région – omoplate(s) – angle de l' – inférieur
DOS – DOULEUR – dorsale , région – omoplate(s) – angle de l' – inférieur – respirant, en
DOS – DOULEUR – dorsale , région – omoplate(s) – entre – après midi
DOS – DOULEUR – constante et sourde – dorsale , région – omoplate(s) – dessous, en ; sous les – à droite
DOS – DOULEUR – constante et sourde – dorsale , région – omoplate(s) –dessous,en ;sous les – mouvement – à l'
DOS – DOULEUR – brûlant – dorsale , région – omoplate(s) – entre – 1–3 h
DOS – DOULEUR – brûlant – dorsale , région – omoplate(s) – partie supérieure
DOS – DOULEUR – crampe – dorsale, région ; omoplates – bord interne
DOS – DOULEUR – crampe – dorsale, région ; omoplates – à droite
DOS – DOULEUR – crampe – dorsale, région ; omoplates – à droite – 
DOS – DOULEUR – crampe – dorsale, région ; omoplates – angle interne
DOS – DOULEUR – tiraillante – dorsale , région – omoplate(s) – la soirée
DOS – DOULEUR – tiraillante – dorsale , région – omoplate(s) – entre – après midi
DOS – DOULEUR – pressive – dorsale , région – omoplate(s) – à droite
DOS – DOULEUR – pressive – dorsale , région – omoplate(s) – étendant à, s' (vers) – sternum
DOS – DOULEUR – contusion, de ; meurtrissure ; coup – dorsale , région – omoplate(s) – à droite
DOS – DOULEUR – contusion, de ; meurtrissure ; coup – dorsale , région – omoplate(s) –
DOS – DOULEUR – entorse, comme d' – dorsale , région – omoplate, l'
DOS – DOULEUR – piquante ; élancement – dorsale , région – omoplate(s) – à droite – inspirant, en
DOS – DOULEUR – piquante ; élancement – dorsale , région – omoplate(s) – à droite – dessous, en ; sous les
                              DOS – DOULEUR – piquante ; élancement – dorsale , région – omoplate(s) – angle de l' – inférieur – étendant à travers la poitrine, s'
DOS – DOULEUR – piquante ; élancement – dorsale , région – omoplate(s) – entre –s'asseyant, en – amél.
OREILLE – VENT – sensation de, – sortant des oreilles

NEZ – MOUVEMENT des ailes du– éventail, comme un



Tournoiement
PSYCHISME – ILLUSIONS – que tout tourne en rond
PSYCHISME – ILLUSIONS – que tout tourne en se levant d’un siège 
PSYCHISME – ILLUSIONS – qu’elle tournait en rond
VERTIGE – OBJETS – les objets semblent tourner en rond

VERTIGE – TOURNANT – comme s’il tournait en rond
OEIL – DOULEUR – tournante – ascendante, tournoyant vers le haut

PSYCHISME – ILLUSIONS – de tournoiement de la tête

Lourdeur
                                 
PSYCHISME – ESPRIT lourd, lenteur d'esprit, difficulté de penser et de comprendre – condition, ne peut penser à sa
PSYCHISME – ESPRIT lourd, lenteur d'esprit, difficulté de penser et de comprendre – manger ; repas, après
PSYCHISME – SENS – évanouissement de la
PSYCHISME – INCONSCIENCE, coma, stupeur – frotter les plantes des pieds amél.
PSYCHISME – PLEURE, humeur pleurnicheuse – porte, quand on le

TETE – CHUTE – comme si le cerveau tombait – en se courbant en avant, 
TETE – LOURDEUR – pression vers l’avant, comme un poids sur le cerveau – 
TETE –  – DOULEUR pressive – occiput – avant, en

TETE –  – DOULEUR pressive – occiput – poids ou pierre
TETE –  – DOULEUR pressive – occiput – étendant à, s' (vers) – avant, en
TETE – LEVER la tête – incapable de
OEIL – DOULEUR de contusion – penchant la tête vers le bas, en
GENERAUX – PENCHER – aggravation en se penchant en avant ou en arrière

Aversion à être observé et à s’observer lui–même.
                                 
PSYCHISME – ESPRIT lourd, lenteur d'esprit, difficulté de penser et de comprendre – condition, ne peut penser à sa
PSYCHISME – FUIR, tente de – courant, en

PSYCHISME – PEUR, crainte – observé, que son état ne soit

Le sol et la terre
ESTOMAC – SENSATION comme s’il y avait quelque chose de vivant dans l'
ESTOMAC – AVERSION (de) – fromage, du

ESTOMAC – BESOIN d' – étranges, choses
ESTOMAC – BESOIN d' – étranges, choses – grossesse ; portée, pendant la
SELLES – BLANCHES – chaux, comme de la

REVES – AUTOPSIES – dissèque des cadavres
REVES – ENTERRE vivant, être, d'
REVES – CADAVRES – dissèque des cadavres
REVES – DISSECTION – de cadavres

REVES – FUNERAILLES, de
REVES – POUX, de

REVES – VERMINE, de
GENERAUX – ALIMENTS et boissons – fromage – aversion du

GENERAUX – ALIMENTS et boissons – fromage – désir de
GENERAUX – ALIMENTS et boissons – étranges, choses – désir de
GENERAUX – ALIMENTS et boissons – étranges, choses – désir de– grossesse ; pendant la
GENERAUX – ALIMENTS et boissons – chaux, mines de crayon, terre, craie, argile – désir de



   N’êtes–vous pas frappés par les analogies entre de nombreux symptômes et le thème de l’hirondelle? Comme si on retrouvait dans la matière médicale de Chelidonium toute la vie et la spécificité de l’hirondelle! Les omoplates (nombre impressionnant de symptômes) telles des rudiments d’aile (thème de l’omoplate), le tournoiement dans les airs de l’oiseau (thème du tournoiement), le comportement de l’hirondelle qui passe à toute allure (thème de n’être pas observé), happant, sur le sol (sans jamais s'y poser),  sa proie (l'insecte) ou un bout de brindille pour le nid, un bout de chélidoine pour les petits (la chélidoine est appelée «à hirondelle» parce que c’est avec elle que la mère guérit l’hirondeau dont la maladie congénitale la plus courante est ...la cécité! – voir ci–après cette tendance à ne pas vouloir trop voir – ). 
   La couleur jaune (thème du jaune), apparaissant partout dans la matière médicale est la couleur de la lumière et du soleil que l’hirondelle côtoie sans cesse dans son vol (rappelons que la chélidoine s’appelle également «éclaire»). Traditionnellement, la lumière représente l’ouverture à la connaissance; la lumière éclaire l’esprit et les esprits. 
    L’hirondelle ne se pose jamais sur le sol. Elle défie sans cesse la gravité et ce n’est que malade qu’elle ressentira les lois de la pesanteur (d’où ce thème de la lourdeur comme si, alors, elle en ressentait tous les effets). Le sol, la terre pour elle n’est que le lieu de passage où il faut brièvement venir chercher les matériaux pour construire le nid ou les aliments pour se nourrir (thème du sol et de la terre   : vermine, vers, insectes vivants transformés dans son bec en cadavres, disséqués pour être assimilés, – le père et la mère ramènent aux petits des boulettes composées d’une cinquantaine d’insectes divers; il n’est donc pas étonnant de retrouver des désirs alimentaires bizarres spécialement pendant la grossesse, époque où l'hirondelle se prépare à nourrir ses petits avec ce qu'elle va trouver ici et là –, les choses les plus variées et étranges, terre, argile, craie, – toutes choses qui crissent en bouche, ce qui me rappelle ma patiente qui, pendant sa grossesse, allait en cachette s’acheter du café moulu qu’elle mangeait à la petite cuillère «’impression que cela lui faisait en bouche»!–). La terre représente pour elle la réalité la plus basse, la plus crue, lieu de putréfaction, de fermentation organique (désir/aversion du fromage –moisissures–), propre à satisfaire ses besoins les plus élémentaires. 
   Elle qui ne vit que de légèreté, d’air et de lumière, est–il étonnant qu’elle tente d’éviter les basses contingences en jouant de paresse, en ne faisant que les effleurer selon ses nécessités (thème de la paresse) et qu’elle ait du mal à affronter la réalité matérielle et palpable? La lumière est là pour l’éclairer mais elle en refuse les vertus (elle est d’ailleurs aggravée par la lumière forte) et ferme les yeux (comme je l’ai dit, l’oisillon est souvent aveugle) et les oreilles. Elle se garde bien d’approfondir toute connaissance du réel et d’elle–même (thème de l’esquive de la réalité: vision obscurcie et amélioration les yeux fermés, fermeture des oreilles) . Visiblement, elle n'apprécie guère l'éclaircissement que donne la lumière et préfère les clairs obscurs (chez l'une de mes deux patientes, on trouve un goût particulier pour le jaune pâle). Ne voulant trop se voir elle–même (ne même pas penser à sa propre condition), elle ne peut supporter d’être observée, d’être dévoilée, percée à jour, (thème de l’aversion à être observé et à s’observer soi–même), ce qu’elle ressent comme un danger (thème de l’insécurité, danger, précarité ). Une des patientes habitant en pleine campagne sans vis–à–vis fermait systématiquement tous les rideaux de la maison «’on puisse me voir». Avez–vous observé les hirondelles au printemps ou l’été? Elles construisent leur nid à la fois près des hommes et pourtant à distance. Trop les observer ou les approcher les fait fuir. Un nid touché est le plus souvent abandonné. Visiblement, la basse réalité, les contingences, l'impureté, la vulgarité ne sont pas faites pour elles qui préfèrent l'aérien, la pureté, la réalité voilée, ce qui n'a pas trop de lien avec la terre. La seule maniaquerie de ma patiente est justement la propreté ...du sol dans sa maison ou alentour!
   Pudeur, retenue, prudence, éclectisme, réserve et discrétion. Chelidonium préfère la lumière sans objet réel à éclairer. La lumière pure, pour elle–même, comme un fantasme de connaissance hors du réel. Pascal Oudot, anthroposophe,  dit de la chélidoine qu'elle "cache un mystère, n'exprime pas totalement son génie dans l'apparence extérieure mais refoule ses forces à l'intérieur".
   L’individu Chelidonium évitera de trop bien voir la réalité, la sienne comme celle qui l'entoure. Il préfère sûrement la voir à travers un voile léger et ne pas s'y appesantir, quitte à trouver des ruses pour ne pas se connaître ni trop connaître le monde environnant tout en s'en donnant l'illusion. Il pourra donc y avoir un manque de rigueur, de persévérance, d'application, de goût pour l'approfondissement des connaissances ainsi qu'une absence de sens pratique.


         _____________________________________


   Christiane, en 1988, a trente–sept ans. Elle est institutrice dans un village de huit cents habitants. Elle qui jusqu’à l’année précédente a toujours joui d’une bonne santé, ne comprend pas ce qui lui arrive. Non seulement elle s’est mise à faire des rhino–pharyngites et des cystites à répétition mais elle ne digère plus (brûlures gastro–oesophagiennes, diarrhées, colite, crampes d’estomac «’enserre la taille»–Kent 542, as by a string–, aversion marquée pour le fromage), est sujette à des vertiges «ête» (Roberts Herbert A., delusion head, whirling in head) ainsi qu’à de fortes crises d’angoisse sans raison. A la moindre contrariété, elle perd l’appétit, digère mal, ressent comme une boule dans la gorge, comme un liquide qui lui coule dans le dos, est prise d’une douleur à la pointe de l’omoplate droit (Kent 902), se sent vidée de son énergie, étouffe jusqu’à aller ouvrir la fenêtre. Elle a perdu toute sérénité; pourquoi diable devient–elle si inquiète pour tout le monde, pour les élèves par exemple (qu’ils se fassent mal etc. : anxiety for others)? Elle sursaute aux bruits et est prise alors d’un sentiment de culpabilité absurde! (Becomes frightened at the slightest noise, as if he had not a good conscience, [a35]–Allen). Enfin, après chaque bain, apparaissent des plaques d’urticaire. 
Qu'en est–il de son caractère? Elle a grand mal à se tenir à une tâche quelconque qui reste toujours inachevée par lassitude, que ce soient ses préparations de cours, ses tentatives d'apprendre à jouer au tennis, ses décisions de remettre enfin de l'ordre dans le fouillis de ses armoires. Un ustensile utilisé n'est jamais remis à sa place et traîne pendant des jours; elle ne rebouche pas les bouteilles après usage et les bouchons se perdent. Elle se trouve trop superficielle et trop peu "accrocheuse".
   La répertorisation me fait prescrire Chelidonium 30ch, une dose, en juillet 1988. A l’époque, Chelidonium ne m’évoque pas grand chose si ce n’est les quelques symptômes que tout le monde connaît à son propos ainsi que son tropisme pour le foie.
   Je revois ma patiente un an plus tard, en juillet 1989. Résultat spectaculaire du remède: plus de problème ORL, ni de cystites, plus d’urticaire. Elle a beaucoup mieux digéré, n’a plus sa douleur de l’omoplate. Le traitement, me dit–elle, l’a énormément détendue; ses angoisses sont bien moindres. Si elle revient me voir c’est qu’à nouveau elle digère mal et que ses intestins se sont déréglés (alternance de constipation et diarrhée). Chelidonium 200k, une dose.
   A nouveau, je la revois un an après, en juillet 1990, pour un «églage». Le traitement a parfaitement marché mais, depuis un mois, elle a à nouveau des problèmes digestifs. Une dose de Chelidonium 15ch remettra les choses en ordre. 
   Je suis surpris de la revoir deux mois plus tard, en septembre 1990. Dix jours après Chelidonium 15ch, elle a fait ...une crise de goutte au gros orteil! Bien que ce soit une affection très familiale, c’est sa première crise. L’amélioration digestive n’a pas tenu et on retrouve la «» qui lui enserre la taille. Sa vésicule est gonflée et douloureuse ainsi  que l’angle colique droit. Chelidonium 1000k, une dose.
   Elle réapparaît cinq ans plus tard, en février 1995. Elle n'a eu aucun problème pendant ce laps de temps. Depuis quelques mois, sont réapparues des angoisses qu'elle assume mal : maux d'estomac, nœud à la gorge et au plexus solaire, pleurs involontaires, oppressions avec besoin d'ouvrir la fenêtre, cauchemars, grande fatigue, peur des autres, d'être agressée, impossibilité de prendre le métro en venant à Paris. En outre, forte congestion douloureuse des seins. La raison de tous ses troubles est pour elle évidente : ils habitent une commune de huit cents habitants et son mari a été élu maire! Elle–même est institutrice et, depuis lors, elle a l'impression que tous les yeux sont braqués sur elle et que les gens du village, les collègues font pression sur elle pour obtenir tel ou tel avantage. "Même si on croit bien faire, il y a toujours des reproches, des réflexions. Dans la rue, je ne suis plus anonyme, on me regarde. J'ai constamment l'impression d'être prise en faute. J'étouffe, mon vrai personnage disparaît sous un autre et je ne suis pas à ma place dans ce rôle public pour lequel je n'ai aucune compétence. Je m'y sens en situation d'infériorité et de culpabilité par rapport aux autres". Chelidonium 10.000k, une dose le 13 février 95.
   Elle m'appelle le 7 avril. Elle a débuté une cystite (hémorragique) il y a huit jours (elle en faisait fréquemment jeune fille). Habitant trop loin pour venir à ma consultation en urgence, elle s'est faite traiter en allopathie sans résultat. Ni le premier ni le second antibiotique, pourtant prescrits après antibiogramme, n'ont agi. Ils ont en plus provoqué une mycose vaginale. Au téléphone, je conseille Chelidonium 9ch qui la guérit en vingt–quatre heures.
   Je la revois le 10 mai 95. La dose de février a "merveilleusement" marché: tous ses troubles ont disparu progressivement en quinze jours, y compris la congestion mammaire. Elle s'est sentie "tellement plus en forme et détendue". A la suite de la demande insistante d'un agriculteur de faire pression sur son mari pour obtenir quelque chose, "elle s'est sentie encore un peu fragile" et préfère revenir me voir. Chelidonium 10.000k, une dose.
   Depuis lors, "tout va parfaitement bien" m'a–t–elle fait récemment dire par sa collègue qu'elle m'a envoyée.