DULCAMARA Cas clinique Ph.M.Servais







Sara est une sacrée bonne femme
Agée aujourd’hui de 50 ans, elle n’avait que 35 ans lorsque je l’ai connue en 1990. Elle habite le sud de la France et je ne l’ai vue qu’une fois en 1990 (j’ai donné Murex) puis une fois en 1995 (Crocus sativus). Ensuite, elle a été suivie longtemps par un confrère de sa région, pluraliste compétent et de bonne volonté qui, avec un certain bonheur mais sans jamais toucher la psore profonde, sur sa demande à elle, convaincue par l’esprit uniciste, accepté de ne lui donner qu’un seul remède à la fois mais, bien sûr, en le répétant inconsidérément. Elle faisait donc sa sauce à elle
 Elle recevra A partir de 2000, j’ai pu la suivre de manière plus régulière soit en consultation soit au téléphone soit par e–mails.

   
Elle a trois enfants nés en 1979, 1981 et 1983Elle divorce, en 1992, d’un mari, vrai pervers narcissique. Pendant 10 ans, il va lui mener une vie infernale (elle lui fera en vain des procès) et trouve le moyen de ne lui verser aucune pension alimentaire tout en ne voyant ses enfants que très épisodiquement (deux ou trois fois par an). Chef d’entreprise, il s'est mis en faillite, fait passer sa fortune en Suisse et reçoit le RMI en France, jusque là très favorisés, habitués à une belle vie dans une jolie et grande maison, un changement radical de statut
De manière incroyable, elle prend alors son destin en main et, travaillant presque 24h/24 (deux boulots avec lesquels elle jongle, la vie domestique et familiale, l’éducationetc.) parvient à tout assurer et assumer. 
   Elle qui n’a aucun diplôme "sérieuxée d’art, de musique classique, de théâtre (elle a beaucoup joué dans des troupes amateurs et a même fait pas mal de mise en scène), elle trouve du travail là où personne n’en trouve. En termes de secrétariat, de relations publiques, d’organisation (elle va s’occuper entre autres, pour la mairie d'une grande ville, de l’organisation d’une exposition nationale), elle sait tout faire, apportant idées, ouvertures, renouveau aux associations culturelles qui l’emploient. A un moment particulièrement difficile, elle n’hésite pas à devenir secrétaire d’une clinique et s’adapte en deux temps trois mouvements au monde médical.
   Bref, comme je le disais au début, c’est une sacrée petite bonne femme, toute menue, dynamique, infatigable, vive comme l’éclair. Avec elle, il ne faut pas que cela traîne, elle emporte dans son sillage enfants, patrons, amis, amants… Il faut que cela avance vite, il faut être efficace et, si elle râle beaucoup, elle ne s’appesantit pas sur son sort. "Je veux avoir le contrôle et la maîtrise de tout". "J’adore les défis et je vais jusqu’au bout". "J’aime m’en tirer toute seule". "Et je soutiens tout le monde". Il y des moments pourtant où elle s’écroule, en larmes et anéantie, avec un sens de la dramatisation très méditerranéen. Vous la croyez au fond du trou pour longtemps, si vous êtes généraliste et qu’elle vous appelle au secours, vous la mettez directement sous Prozac (qu’elle ne prendra pas’étaità la fois (ou plutôt en alternance) rigoureuse, rationnelle et vivant de manière totalement passionnelle et passionnée, tant dans le meilleur que dans le pire. C’est la raison pour laquelle je lui avais donné en 1995 Crocus sativus.
   Bavarde, elle l’est mais dans l’ordre du feu de l’action. Elle explique tout de ce qu’elle fait, pense, justifiant son combat incessant pour arriver là où elle veut. Elle aime aussi se raconter des histoires et finit par y croire. "J’arrange les choses pour rendre la vie plus intéressante". "Je mens mais j’arrive toujours à rebondir"
   Les autres, elle s’en occupe beaucoup, ses enfants, sa famille, ses amis. "Je souffre avec l’autre, je suis dans le même bonheur que lui, je suis dans sa peau". Elle aime tout savoir des problèmes des autres, pas du tout par souci de commérage mais pour envisager avec eux des solutions comme elle le fait pour elle–même. Ceci est très proche de Lycopodium d’autant qu’elle est aussi assez autoritaire mais par désir de faire avancer le schmilblick. Elle est également dans l’indignation facile face à tout ce qu’il y a d’injuste.
   C’est une passionnée et tout particulièrement sur le plan amoureux. C’est très important dans sa vie, l’amour. Elle se dit libertaire, n’acceptant aucune soumission ou dépendance et elle justifie ses incartades (elle vit avec un ami qu’elle adore mais qui, au lit, est un peu …rantanplan’étiole" "J’adore ça même si, pendant quelques minutes après les rapports, je me mets à pleurer toutes les larmes de mon corps avec un sentiment d’abandon". A propos du rapport lui–même, elle précise "qu’elle aime surtout le plaisir de l’autre". La classe, quoi


Ses problèmes de santé sont multiples. 

Tout d’abord, des maux de jambes quasi permanents dus à une insuffisance veineuse superficielle et profonde  (incontinence au Doppler). 
Ensuite, depuis l’adolescence, de gros problèmes de dysménorrhée avec règles hémorragiques. Ne supportant pas la pilule contraceptive, elle n’a jamais trouvé de solution et est "hors jeux" quatre jours par mois. Seule solution trouvée par le confrère du sudépété en début de règles et China en fin de règles. 
Enfin, et c’est le pire, cystites à répétition depuis sa première grossesse soit depuis presque vingt ans. Ces dix dernières années, ces cystites sont systématiques dans les 48 heures qui suivent un rapport sexuelà la rencontre de son amant, sur le trajet, elle se met donc déjà sous Furadantine’œil allumé, c’est aussi fonction de la taille de l’amoureux…Mon ami actuel en a une énorme…
A ce propos, elle va m’envoyer un long e–mail donnant tous les détails "comme les homéopathes aiment". En fait, cela ne m’aidera pas vraiment

«Première infection lors de ma première grossesse. Et, ensuite, cela ne 

s’est plus arrêté sauf, après ma séparation où j’ai eu un ami pendant quelques années qui avait un membre convenable pour moi. Ensuite, je l’ai quitté et, avec mon nouvel ami puis surtout mon amant (on sent dans ses propos le bonheur qui précède la souffrance !), cela a recommencé. Entre les crises, je ressens surtout une pesanteur de la vessie sur mon utérus avec un pincement comme une pince à linge en bois, en bois je précise. Comme si l’organe allait s’étaler entre mes jambes. J’ai besoin de m’asseoir les jambes très serrées (Sepia, Sepia, pourquoi l’as–tu abandonnée comme si cette position allait empêcher l’organe de descendre. Cette sensation de poids est la même que celle que je ressens dix jours avant mes règles. Je vis ces crises comme une honte, une invalidité, une anormalité. Lamentable …La douleur est aiguë, lancinante, allant de l’urètre vers la droite de la vessie. Avant que l’infection ne se déclare, je me sens immensément fatiguée, je perds mon entrain, je suis de mauvaise humeur, agressive puis, juste avant, j’ai une terrible envie de faire l’amour, de jouir frénétiquement et, si je suis seule, je suis obligée de me masturber. Pendant la crise, bien sûr, je suis désespérée et pas à prendre avec des pincettes.
J’ai même suivi une rééducation périnéale sans résultat».


Elle ajoute qu’elle pense avoir subi un "inceste symbolique de son père et de son frère". Elle est en psychanalyse …


Enfin, n'oublions pas ce symptôme étrange (qu’elle a depuis vingt ans)éponges qu’elle renouvelle) avant, pendant et après ses règles. Mentionnons également un fait lié aux accouchements. Pour le premier, elle a eu tellement peur qu’elle "s’est bloquée" et qu’on a du faire une césarienne. Pour les deux autres, elle a elle–même réclamé une césarienne "ne voulant pas accoucher par où elle fait l’amour"

A noter également, un psoriasis du cuir chevelu, un urticaire nodulaire invalidant et incompréhensible qui a duré un an, une acné récidivante et des rhumatismes aux changements de temps, passant du beau à la pluie.
Tout cela disparaîtra avec le remède.


Après quelques tâtonnements (Belladonna, Hyoscyamus, Cantharis), je lui donne, à partir de 2002, Dulcamara (la 1ère dose de 30ch a un effet radical sur son équilibre moral et la protège 4 mois de ses cystites, d'autres doses suivront, 7ch, 9ch puis une 200k et deux 1000k jusqu'à aujourd'hui).

Je viens de la revoir pour parler de sa fille. Elle va bien. A tout hasard, je lui donne une dose de 10.000k à garder en réserve.