Elaps coralinus – JM Deschamps, mars 1996



"Je n'en démords pas"

CAS N°1


Le 29.09.95, Mme M. me consulte pour des problèmes lombaires datant de 18 ans. Elle a eu ses sciatiques paralysantes vers 17 ans; la radio montre un pincement du disque L4–L5. Elle souffre également du cou quand elle tourne la tête un peu brusquement.
      Dans ses antécédents, on note: une opération des amygdales (deux fois), une appendicectomie, une hystérectomie pour fibrome, une ovariectomie pour des kystes, un lipome du dos et des sinusites. C’est la jumelle d’un frère décédé à la naissance. Elle est enfant unique. Son père est décédé d’un cancer pulmonaire peut–être lié à l’amiante et sa mère a été opérée d’un cancer des grandes lèvres avant de décéder du cœur.


      A ses plaintes lombaires, Mme M. ajoute une constipation opiniâtre malgré une alimentation  riche en légumes, et de la rétention d’eau occasionnelle (sous les yeux, au niveau des mains et des pieds). Elle ressent des fourmillements dans les jambes quand elle est couchée, des hémorroïdes la font souffrir par périodes, ainsi que des migraines, déclenchées par une contrariété ou un problème alimentaire. Elle me signale enfin des antécédents de cystite (qui pouvaient lui faire uriner du sang dans l’enfance).     


      Mme  M. dit ne pas supporter un col roulé   Il faut  que j’aie de l’air “,  et présente une aversion  “depuis toujours”  à la banane et à son odeur. Elle supporte mal les pommes de terre.


      Enfant, elle était facile de caractère, sociable, mais quand même volontaire. “Quand je décide de faire quelque chose , je ne le laisserai pas longtemps, pas tant que je n’y serai arrivée”. Elle a deux enfants : “je  ne supportais  pas qu’ils soient mal élevés, mais ils ont été adorables; sans être autoritaire ,je  ne me  laissais pas déborder et si je disais quelque chose c’était net.” Elle ajoute : “c’est rare que je rouspète, mais si je dis quelque chose je n’aime pas qu’on me contredise... enfin si une critique est justifiée je peux l’accepter”.
      
Mme M. poursuit: “J’aime voir du monde, mais j’aime aussi ma tranquillité; je ne voudrais pas avoir du monde tous les jours, cela me fatiguerait; par moments j’aime me retirer dans l’atelier que j’ai fait dans la chambre de ma fille; et à d’autres, j’aimerais me retirer sur une île déserte. Ma mère, elle, aimait sortir, s’amuser, voir du monde, elle me disait que j’étais sauvage... dans les campings je reste devant ma caravane, je ne vais pas vers les gens...Je n’aime pas non plus les cérémonies.”
   
             
Ordonnée mais sans plus, Mme M. dit être mal à l’aise dans un avion ou sur un pont voire une échelle. Elle me raconte deux rêves qu’elle a fait tant enfant qu’adulte: “Je courais comme si quelque chose me faisait peur et je tombais tout à coup dans un trou”   et “ Je me retrouve seule sur une île, dans la nature .”   Ses loisirs? la lecture et surtout la peinture : “je  peins  des paysages de la campagne, il y a beaucoup de verts d’ailleurs si j’avais de l’argent , j’irais y habiter. J’ai essayé de peindre l’eau, la mer mais je n’y arrive pas.”  Enfin, en réponse à ma question, Mme M. dit ne pas avoir une peur exagérée des serpents : “ il y en a même que je trouve très jolis , ceux qui ont des couleurs vives!       


      
         
Je  prescris  ELAPS 200K, et je  revois  la  patiente  le 24.11.95 :  la dose a très bien marché pendant un mois, et la patiente ayant fait beaucoup de voiture a senti la différence ! Et elle a remarqué qu’en passant des cols elle ne souffrait pas comme d’habitude des oreilles (bourdonnements, sifflements).Fin octobre les lombalgies se re–manifestant, elle a repris une dose et va bien ce jour, à part sa constipation persistante.
      “ Si j’ai envie de quelque chose, me re–précise  Mme M.–  je reviens à la charge tant que je ne l’ai pas ; si je ne réussis pas ma couture je laisse un peu  mais j’y reviens et je finirai, je suis tenace; je n’en démords pas facilement ; si j’ai quelque chose à dire à quelqu’un, je le dis plutôt en prenant des gants, mais si on me pique, si on me vexe alors là cela sort, je dirai tout ce que j’ai à dire et même des choses qui dépasseront ma pensée”. “J’appréhende un peu les fêtes de fin d’année car on va se retrouver à trop de monde ; je préfère  les fêtes avec simplement mes enfants”.

      
   Je prescris ELAPS MK, à la suite de quoi elle fera un retour de symptôme ancien par le biais d’une infection urinaire.


Le 29.01.96 : début Janvier,  sentant à nouveau des douleurs lombaires, et de son propre chef elle prend la même dose qui ne changera rien. En dehors de ces lombalgies elle se sent très bien. Je lui prescris alors ELAPS  30K.

Le 06.03.96 :  elle m’informe par téléphone que tout va bien : “C’est si bon de ne plus souffrir...” dit–elle en me remerciant...

Le 16.09.96 :   son mari décède brutalement par infarctus;  je lui conseille ELAPS XMK par téléphone , et elle vient me voir quelques jours plus tard : “ J’ai beaucoup de douleurs , des contractures du cou et des épaules, surtout la droite. Je me réveille souvent avec une sensation anxieuse, cela me serre au thorax; mais dans l’ensemble, je suis assez forte , je ne me laisse pas aller; je suis bien soutenue, mes enfants et mes amis ne me lâchent pas mais ce qu’il me faut pour me remettre, c’est être seule.  Comme nous parlons de son remède, elle me dit qu’en Juillet, avant un voyage de 1000 km qu’elle craignait car son dos était à nouveau sensible, elle avait pris une dose en 30 K  qui lui avait fait beaucoup de bien. Elle me redit sa gratitude pour la  guérison de sa constipation, qui  existait depuis l’enfance. Sur une digression alimentaire, j’apprend quelle adore la salade  , et son mari lui disait toujours  “Mais as–tu fini d’en faire sans cesse ? 
Enfin, peu après la mort de son mari, “ une de mes meilleures amies ne m’a pas téléphoné, ni écrit un mot, et il a fallu que je l’appelle, je me sentais agressive, il fallait que çà sorte, et même maintenant je sais que j’y reviendrai , je n’accepte pas son attitude”.


CAS N° 2 




         Je connais cette patiente de 23 ans depuis des années,  je n’ai jamais eu de résultat probant chez elle et seule la relative efficacité obtenue dans le reste de la famille lui permet un certain espoir... La mère et la grand–mère maternelle ont  un Lupus (stabilisés par homéopathie), le père et le frère sont en bonne santé.


         Depuis l’âge de 3 semaines(!), Audrey souffre d’otites répétées pour lesquelles des cure, une adénoïdectomie ainsi que de multiples traitements ont été tentés sans succès. En 1987 un traitement homéopathique pluraliste est tenté et ne modifie que peu la fréquence mensuelle des otites. L’année suivante, elle est opérée d’un cholestéatome du côté gauche.A droite, le tympan est ouvert, parfois infecté...En 1991 elle souffre de “spasmophilie” avec angoisse, bégaiement et clignement des yeux.

Le 10.09.92 :  je reprends l’entretien en raison de recrudescence des otites. Audrey se dit frileuse mais ne supporte pas la chaleur (énervement, gonflement) ni la pleine lune (angoisse, mauvaise humeur). Elle aime une alimentation assez acide et relevée. Fréquemment constipée, elle souffre aussi de spasmes abdominaux, notamment en position debout, et de douleurs du ventre et des seins avant les règles et qui s’améliorent  à leur arrivée. Elle ne supporte pas les foulards ou d’autres vêtements un peu serrés.
         
         
Audrey se décrit comme quelqu’un d’impulsif, s’emportant vite et fréquemment, 


passant par des phases d’excitation et de calme. C’est une pessimiste qui n’a pas confiance en elle. (Sa mère 
dira d’elle qu’elle est négative). Enfant elle était très ordonnée et maintenant c’est plutôt l’inverse. Elle  est autoritaire,  elle est rancunière. Quand elle entre dans une pièce elle se met le dos contre un mur ou dans un angle de la pièce (jamais le dos à la fenêtre). Elle signale deux rêves récurrents : “ Mes dents se cassent et tombent “, et “ Je me mange la main et elle repousse ensuite “.


Je prescris LACHESIS 15 CH deux doses espacées.

Le 27.10.92 :  situation stable sur le plan ORL. Elle signale qu’elle est oppressée en voiture quand il y a trop de circulation. Elle se plaint d’une alternance de diarrhée et constipation. Même traitement.

Le 27.11.92 : elle n’a plus aucun symptôme de constipation et les dernières règles se sont très bien passées. Mais elle a fait une otite...Je persiste avec une dose de LACHESIS 15 CH.

Le 09.07 93 : Audrey s’est mariée, a oublié ses problèmes mais vient de faire une fausse couche de treize


semaines suivie d’une infection pour laquelle elle prend un AB et du fer. Moralement, cela ne va pas fort. Je lui conseille LACHESIS XMK.

Le 06.04.94 :  en mars elle a eu des douleurs thoraciques et une chute de la PA. Depuis l’arrêt de sa pilule elle fait des infections urinaires et vaginales; elle appréhende beaucoup une nouvelle grossesse, et s’endort difficilement. Je donne LACHESIS LMK.

Le 08.06.95 :  quand les gens ne viennent plus nous voir pendant longtemps , soit c’est parce qu’ils vont très bien , soit parce qu’ils vont très mal. Dans le cas d’Audrey c’est la deuxième possibilité... Depuis 3 mois, elle refait des otites, elle saigne entre les règles, elle souffre de gonflement douloureux des seins en milieu de cycle et enfin de migraines. Tout semble trouver son origine dans une séparation actuellement en cours.  Que me dit–elle de nouveau ? 
       
      Enfant elle avait dans sa chambre des rideaux dans les motifs desquels elle voyait des animaux et cela lui faisait peur. Elle a une certaine peur des araignées, mais seule elle pourra malgré tout en écraser une ; et les serpents ? Non, d’ailleurs son mari avait des boas et des pythons.
      
      Sa mère me signale qu’Audrey a une certaine peur de manquer d’argent, et qu’elle a pu ressentir cela mariée et travaillant elle–même ; par ailleurs elle n’aime pas trop partir plus de 8 –1O jours de chez elle. Elle me raconte un rêve dans lequel elle voit son grand–père  décédé (qu’elle voit donc vivant), et elle se mange la main dans ce même rêve.


Je prescris BRYONIA 200K.

Le 29.10.95 :  après la dose elle a eu des envies suicidaires pendant 4 jours (qu’elle peut encore ressentir en ressassant le passé) puis des palpitations. Pendant les vacances elle est partie avec un ami qui est son nouveau compagnon– et elle dit que c’est la première fois qu’elle n’a pas eu envie de rentrer au bout de 8 jours. Actuellement elle souffre d’extinction de voix en rapport avec des contrariétés. Sa peau et ses cheveux graissent. Ses mains ou son ventre gonflent en une nuit, et cela dure plusieurs jours.

      “Je ne supporte pas d’être seule plus d’une demi–journée, pas seulement par ennui mais aussi par peur; et quand je rentre dans ma voiture je ferme toutes les portes. Enfant, j’étais plutôt timide, renfermée, je n’avais pas beaucoup de copines car je suis trop exigeante; je ne supportais pas bien qu’elles puissent faire des remarques sur moi, et je ne leur pardonnais pas facilement.”


      “Avec mes proches je suis aussi exigeante; si on me fait une réflexion je m’énerve; soit je pars, soit je provoque, et dans ce cas si je n’ai pas de réaction je m’énerve  encore plus ... je pourrai blesser la personne en face jusqu à obtenir une réaction de sa part car je n’aime pas non plus l’indifférence. C’est en partie pour cela que nous avons divorcé, car mon mari avait beaucoup de caractère, et ni lui ni moi ne calmions le jeu. Au travail je ne peux pas réagir de la même manière et j’en sors énervée avec le ventre noué, ou comme actuellement presque aphone avec des douleurs de la gorge remontant vers les mâchoires et les oreilles.”



Je prescris  ELAPS 200K.

Le 23.11 au téléphone :  elle est moins nerveuse c’est net, la voix est bien, le ventre légèrement mieux. Attendre.  Une dose dELAPS MK en Décembre n’améliore rien de plus. Je reviens à une dose dELAPS 200K en Janvier.

Le 12.02.96 : impeccable avec la 200 et a beaucoup moins peur d’être agressée. Une grossesse est en route depuis peu. Elle se plaint d’une légère constipation  (qui passera  spontanément).

Le 01.03.96   rien ne va plus ,  je résume les plaintes :
   
    douleur à l’aine gauche et à l’utérus à gauche, pouvant irradier à la cuisse et 
empêcher la marche
   douleur du fond du vagin allant de l’utérus vers l’estomac
   
 sensation de dilatation du vagin
                à la marche


Le souvenir de la fausse couche de 1993 me parait bien présente dans cette consultation ; je prescris une dose d’ ELAPS 30 K.


Le 10.04.96 :  malheureusement Audrey fait une deuxième fausse couche . A l’examen du fœtus il s’agirait  d’une trisomie.(Pas d’analyse chromosomique fœtale). ELAPS XMK  pour l’état  moral...


Le 02.07.96 :  la dose a parfaitement rétabli le moral,  jusqu’à il y a 15 jours où l’on a vu revenir un coup de déprime passager, un malaise avec vue brouillée et sensation de paralysie des mains ainsi que des vomissements. Audrey aurait une double anomalie chromosomique (sur le 12 et le 22).  Nous notons avec plaisir que ses peurs ont complètement disparu. ELAPS XMK.


Le 16.09.96 :  malgré une nouvelle fausse–couche début Juillet, Audrey n’a pas vraiment plongé; d’ailleurs elle n’a  pris la dose que vers la mi–août. Dix jours après elle faisait une laryngite. Depuis elle passe par des périodes de bonne forme et des coups au moral. Elle me signale la disparition de douleurs des seins qui étaient apparues en début d’année. Pas de prescription. 


Le 05.12.96 :  depuis Septembre, Audrey suit une psychothérapie, et cela remue beaucoup de choses. Elle passe donc par des phases diverses. A l’ovulation, elle rêve qu’elle est enceinte, et après elle a beaucoup d’aérophagie...Elle rêve aussi de la grossesse de sa belle–sœur. En Octobre elle a pris de la Noroxine pour une cystite survenue après une contrariété. En Novembre, elle a repris une dose d’ELAPS 200 K  car elle se sentait fatiguée. Par rapport à ce que j’ai connu chez elle,  le  ton de sa voix au téléphone, dans ce contexte de désir (acharné) de grossesse, me conforte relativement sur la poursuite de ce remède, d’autant que sa mère, vue peu après me dit : “ Quand elle est mal, c’est moi qu’elle agresse, et elle ne le fait presque plus depuis quelques mois “. Et elle ajoute :” Je suis étonné qu’elle n’ait pas besoin de prendre de médicaments, et son psychothérapeute aussi”.



CAS N°3  (K. Malvin)
         
      Arnaud consulte pour sinusites frontales et maxillaires à répétition. Il s’agit d’un peintre de 30 ans, célibataire. Il vit avec une jeune femme, aimerait avoir un enfant avec elle, mais n’arrive pas à se décider. Il enseigne actuellement le dessin et la peinture à des handicapés mentaux.


      Les symptômes physiques sont donc des céphalées frontales et occipitales, aggravées par les odeurs de peinture et de tabac; des lombalgies aggravées assis, améliorées allongé et par l’occupation; des douleurs abdominales, fréquentes mais non modalisées; des diarrhées fréquentes le matin. Les sinusites s’accompagnent aussi de douleurs de la racine du nez.


      Dans les antécédents du patient, on retrouve :





 un séjour prolongé en Afrique avec décompensation psychologique: le patient est interné pendant un an en hôpital psychiatrique avec diagnostic de schizophrénie et traitement de neuroleptique pendant deux ans.

      Les symptômes mentaux sont :


é à vivre la réalité, à se socialiser. Il refuse de se montrer et de montrer son travail, il a peur d’exposer et n’envisage pas de vivre de sa peinture pour le moment: “Je compte dessus pour payer ma retraite !” Peur de mal faire, d’être jugé, de ne pas être aimé ou pris totalement.


ôle, de s’évanouir.


“le choix devient paralysant.”


 “J’aime la nouveauté, l’invention, j’aime aussi approfondir les choses; J’aime user les choses jusqu’à la trame et les ruminer complètement.”


“Je viens de la poésie; je travaille beaucoup la lumière, ma peinture est très colorée;  


“j’ai été dans ma tête jusqu’au suicide, mais maintenant, je trouve que la vie est belle à vivre, je n’ai plus envie de déclarer la guerre à la société en lui faisant des grimaces
 .”


 “J’ai besoin d’être seul pour travailler, dans ma tour d’ivoire, je suis dans ma bulle.”


“Par périodes, je fume du hasch; le hasch me permet de retrouver un espace intérieur, de me refaire un espace autour de moi qui m’isole de la pression familiale et sociale, mais j’ai avec lui un rapport conflictuel, j’aimerais avoir un rapport plus naturel, il faudrait que je le voie pousser dans mon jardin”.


Je ne connais pas mes limites, quand je travaille manuellement,  je ne sais pas m’arrêter,  je vais jusqu’au bout de mes forces,  jusquà épuiser le jus central”.


 “Je suis un homme encombré, je m’encombre de choses que je pourrais utiliser pour ma création, alors que j’ai un goût intérieur pour le dépouillement; les choses accumulées sont alors le témoin de mon incapacité à 
réaliser ce que je veux”.


”J’aime les déchaînements atmosphériques, j’aime la nature, je ne sais pas être malheureux dans la  nature, toute peine disparaît dans la nature”.


“J’ai du mal à passer à l’acte, l’idée de faire est suffisante; je préfère le domaine spirituel, la construction
de soi;  je veux extraire la quintessence de ce que je fais”.

 “J’aime voyager, changer d’univers, apprendre”.


“ Pourquoi avez–vous été interné ?”
“ J’ai décompensé au cours d’une séance de spiritisme, j’ai eu des hallucinations, je me sentais menacé par des esprits qui me poursuivaient; déjà en Afrique, j’avais eu ce problème avec la sorcellerie, je m’étais senti 
envoûté”.

La rumination jusqu’à la trame, le goût pour la nature et l’isolement, le sentiment d’être menacé, les symptômes de sinusite et un dernier symptôme – “quand je bois quelque chose de froid, j’ai l’arrière du crâne glacé et je sens descendre les boissons glacées tout le long de l’œsophage– me font penser à Elaps.

“ Et les serpents?”
“ Quand j’étais enfant, j’élevais des serpents, j’étais passionné, j’ai d’ailleurs pensé être herpétologue; je suis fasciné par le cerveau reptilien, la vie lente, les choses primitives, la beauté paradoxale, quelque chose de très beau qui est haï. C’est aussi le besoin de mettre fin aux peurs irraisonnées par la connaissance. Mon serpent préféré, c’était Elaps Coralinus !



Il en reçoit une dose en 30 CH  le 06.11.95. Six semaines plus tard, il m’annonce que son amie est enceinte et que leur mariage est prévu en février. “Je découvre ma liberté intérieure, je sens que je sors du domaine occulte, je sais qu’il y a du bon et du mauvais en moi; j’ai l’impression d’avoir fini un cycle de 9 ans d’apprentissage, comme Rubens; j’ai besoin de remettre de l’ordre dans ma pensée, je relis les grands 
philosophes. J’ai rencontré les bonnes personnes, quelques uns de mes tableaux sont dans une galerie.”

ELAPS MK est donné le 18.02.95. Au téléphone en février, tout va bien, après une période de repli sur lui, les sensations de froid en buvant glacé ont disparu, il n’y eu aucune sinusite.


Le 04.06.96, il revient pour une grande fatigue suite à des travaux d’aménagement dans la maison pour accueillir le bébé. Il n’a pas été malade de l’hiver, ce qui est vraiment exceptionnel, mais il a encore des périodes de repli/déprime pendant lesquelles il fume. ELAPS 30CH et MK    .






ELAPS CORALINUS : SES MOEURS ET SA MORSURE

            (D’après E. LEBRET)





      ELAPS CORALINUS ou MICRURUS CORALINUS ou serpent corail fait partie de la famille des Elapidés, branche des Colubridés. On le trouve essentiellement en Amérique centrale et en Amérique du sud. Sa particularité anatomique principale concerne sa coloration, en anneaux noirs bordés de jaune, séparés par des intervalles rouges. Les couleurs sont vives, parfois presque fluorescentes. L’agencement des couleurs détermine le caractère venimeux : chez le “vrai corail” le jaune jouxte le rouge ; quand les anneaux jaunes et rouge sont séparés par du noir le serpent est inoffensif. On distingue ainsi près de 300 variétés de pseudo–corails, les hérpétologues affirmant que mimer un serpent venimeux constitue pour ces variétés un moyen de protection contre les prédateurs.

      Quelles sont les mœurs de ce serpent dont la taille varie de 50 à 90 cm? On le trouvera dans des lieux chauds et humides où il vivra plutôt la nuit, aimant –ou devant*– se cacher en s’enfouissant dans 
la vase ou sous les feuilles, se nourrissant de lézards, oiseaux, grenouilles, insectes ou serpents.


      Quand il mord, le serpent corail présente une grande particularité : il mâche la plaie afin de l’imprégner davantage de venin. La réaction à cette morsure va d’un simple impact local avec coagulation à des phénomènes œdémateux ou ecchymotiques ; dans les cas graves, le sang devenant incoagulable,  on assiste à une réaction générale  avec hémorragies variées, choc et lésions du SNC, la mort touchant 8% des patients non traités à temps (sérum dans les trois heures). La gravité de la blessure tenant à la quantité de venin, on comprend mieux la manière de procéder du serpent corail qui– s’il ne mâche pas la plaie – verra sa capacité de nuire très réduite.



















*D’autres serpents ont des couleurs plus proches de leur habitat. Elaps doit–il cacher les siennes ?





ELAPS  :  SYNTHESE 


      Discussions du 19.05.95 ,15.06.9 et 20.10.95  :  thèmes qui ressortent des cas cliniques et des  pathogénésies(B.Mure, Allen, Hering)


      1/ Dans plusieurs observations– et cela parait actuellement le plus caractéristique de ce remède– transparaît la notion qu’un patient Elaps ne peut s’empêcher– à des degrés divers– de s’acharner sur son interlocuteur, plus particulièrement s’ il se trouve en situation de grief ou de conflit.  En témoignent les phrases de nos patients :  

Je n’en démords pas”,
“Je ne lâche pas le morceau facilement”, 
“Si on me pique, si on me vexe, cela sort, je dirai tout ce que j’ai à dire et même des choses qui dépasseront ma pensée” , 
“ Je pourrai blesser la personne en face jusqu’à obtenir une réaction de sa part
”.       
             
                                     Ph. Servais parle d’une de ses patientes qui ne le lâchait pas par ses coups de téléphone répétés  et dit–il, “lorsqu’elle entre dans mon cabinet, on ne sait pas quand elle va en sortir...” toutefois cette patiente n’est pas logorrhéique.
      
         Il s’agirait en quelque sorte – chez des personnalités n’étant pas de prime abord spontanément agressives – d’une impossibilité de se détacher de leur vis à vis, comme s’il y avait un enjeu ou un danger à ce moment précis, cet aspect comportemental étant naturellement à rapprocher de la manière de mordre du serpent expliquée précédemment, l’animal mâchant longuement la plaie en aspirant –jusqu’à les vider complètement– ses glandes à venin. (Acharner––> chair)


            Par contre – et c’est souligner l’intérêt de l’étude approfondie de la nature du remède – peu de signes de la pathogénésie pouvaient attirer notre attention sur cet aspect propre à Elaps. On y trouve en effet  “Inclinaison à frapper et à chercher querelle” qui rend compte d’une agressivité plus primaire. Seul le rêve suivant nous y parait connoté :  “Elle ensevelit (met dans un linceul) un mort et fouille avec un couteau dans ses blessures, à la suite de quoi elle se sent pleine de remords et pleure abondamment”.


                     Certaines observations permettent peut–être d’élargir la notion d’acharnement à une activité plutôt qu’à une personne. Dans le cas N° 3, le patient dit: “J’aime user les choses jusqu’à la trame et les ruminer complètement (...) Quand je travaille manuellement, je ne sais pas m’arrêter, je vais jusqu’au bout de mes forces, jusqu’à épuiser le jus central.”

      
2/  Une des peurs caractéristiques d’Elaps, la peur d’être agressé, se retrouve dans certains cas cliniques :


   ’une patiente : “J’ai très  peur d’être agressée. J’ai beau vivre dans une petite ville paisible, je suis en sueur quand je rejoins ma voiture la nuit. Je ne peux pas m’empêcher de regarder sur le siège arrière pour vérifier qu’il n’y a pas d’agresseur”
   .èce ou dans un angle, jamais le dos à la fenêtre; et elle ferme toutes les portes de sa voiture.


             


  Dans la pathogénésie on lit :


                
“Peur d’être seul comme si des voyous allaient entrer par effraction”  dont on peut rapprocher la délusion :  “Croit entendre parler quelqu’un”.

      3/ Le troisième thème d’Elaps –en partie relié au précédent– concerne les notions de compagnie/solitude pour lesquels on retrouve des tendances opposées.  Qu’on en juge  :


 “Désire être seule. Elle cherche refuge pour plusieurs jours dans le coin d’une antichambre”
 “Elle recherche une chambre isolée pour y travailler”
“Dépression mentale; désire être dans une profonde caverne  où il ne puisse voir personne”


       coexistent avec :
    

 “Peur et terreur d’être seul comme si quelque chose devait arriver”
 “Peur d’être seul comme si des voyous allaient entrer par effraction”


                Les cas cliniques rendent compte de l’un ou l’autre de ces aspects :


              “ J’ai besoin d’être seul pour travailler, dans ma tour d’ivoire; je suis dans ma bulle” (cas N°3)
              ’atelier qu’elle s’est fait dans la chambre de sa fille, et  n’aime guère la compagnie, même dans le deuil(Cas N°1).
      
               ou au contraire


                    “Je ne supporte pas d’être seule plus d’une demi–journée” (Cas N° 2)


      4/  Le thème de la belle parure –en référence aux belles couleurs du serpent corail– affleure dans le cas  de Ph.Servais ; il s’agit d’une femme ayant été styliste, et attachant une importance énorme à l’aspect extérieur et à l’apparence sociale. A la suite d’un accident de ski elle luttera beaucoup pour récupérer sa silhouette.


             On notera aussi que la patiente du cas Elaps 1 aime beaucoup les serpents  “qui ont des couleurs vives”, tandis que celui cité par K.Malvin fait une peinture très colorée : il aurait d’ailleurs voulu être herpétologue et lorsqu’il était enfant, le serpent corail était son préféré!


      5/  Une sensation générale d’Elaps, décrite à plusieurs niveaux du corps, semble caractéristique: il s’agit d’une sensation de tube :


 “Le bol alimentaire se précipite de haut en bas  comme dans un tube métallique et tombe lourdement dans l’estomac”
“Elle sent comme un tube qui se fermerait tout à coup par l’abaissement d’une soupape et ferait affluer une colonne liquide dans l’abdomen”
“...comme si de l’eau glacée montait et descendait dans une ouverture cylindrique pratiquée dans le poumon gauche”
“Les aliments descendaient en tournant en hélice dans l’œsophage”


      Dans les cas cliniques :

.’œsophage (et quand il boit glacé, il sent l’arrière du crâne comme glacé).
.“L’Esprit de l’homéopathie”, Rajan Sankaran décrit le cas d’une patiente admise pour urgence abdominale diagnostiquée comme d’origine ulcéreuse par un chirurgien. La douleur d’estomac était 
améliorée sur le ventre, et lorsqu’elle buvait de l’eau froide elle sentait le liquide s’écouler le long de 
l’œsophage puis dans l’estomac qui devenait très froid. Elle fut soulagée par Elaps dont la M.M. contient ces symptômes.


      


On  peur rapprocher cette notion de verticalité descendante d’un autre symptôme (unique) d’Elaps : “horreur excessive de la pluie”, à mettre en relation –si l’on se réfère au symbolisme de la pluie 
(fécondation)– avec l’aversion sexuelle. (En INDE, on dit de la femme féconde qu’elle est la pluie c’est à dire la source de toute prospérité).


      6/    Plusieurs symptômes font état d’une sensation de froid intense, voire glacé:


“Sensation de froid dans la poitrine, après avoir bu”
“Grande sensibilité au froid”
“Froid dans le dos”
“Après avoir bu froid, frissonnement depuis la tête jusqu’aux pieds et claquement des dents”
“Sueur froide”
“Sensation comme si de l’eau glacée montait et descendait...etc”


      7/   Rappelons quelques particularités alimentaires d’Elaps qui peuvent attirer l’attention :


.
.ésir d’oranges, de salade, de lait, de glace

      8/   Le Dr Jayeh Shah de Bombay rapporte dans Homeopathic Links 3/94 le cas d’une fillette de quelques mois qui a été résolu sur la notion d’amélioration par les mouvements de balancement ou par les sons rythmiques. L’enfant roulait d’ailleurs la langue d’un côté à l’autre de la bouche. Le répertoire de Phatak mentionne à “mouvement oscillant” : Agar, Elaps, Stram, et à “mouvement rythmique “ : Elaps,Stram.
                
      9/  Signalons la fréquence des problèmes ORL – notamment des sinusites– dans les cas cliniques déjà rencontrés.




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