Gallicum acidum – Guy Payen Mars 04
Présentation de cas cliniques
Cas n° 1.
Laurine P., 5 ans.
Motif problème de comportement, enfant angoissée, angoissée.
Tableau:
- Maux de ventre, dès situation nouvelle, moindre contrariété.
- Difficultés d’endormissement, peur du noir (se sauve du lit la nuit).
- Colères violentesà hurler, devient toute rouge, en transe, presque hystérique, incontrôlableà déclencher une épistaxis), suffoque, n’arrive plus à s’exprimer.
- Peur de l’inconnu.
- À l’écoleépond à ses parents, à tout le monde), est sauvage, et autoritaire avec les autres enfants (veut imposer ses jeux et les diriger’en va avec des geste de mépris). Très théâtrale, besoin qu’on la regarde.
Sommeil:
- Difficultés d’endormissementœur, et la lumière). Se sauve du lit.
- Position à “” dès le couché.
- Transpiration abondante de la nuque.
Digestif:
État général:
- Elle a toujours trop chaud.
Antécédents
Prescription:
XX 200 K 1 dose.
Suivi
- Phase d’aggravation pendant dix joursès que sa sœur s’est endormie“ès que n’est plus avec sa mère”
.
- Puis très nette amélioration sur tous les plans. Une deuxième dose sera nécessaire pour confirmer l’amélioration.
Cas n°2.
Océane D., 2 ans 1/2
Motif:
- Eczéma non pruriant, au visage et sur les poignets, depuis l’âge de 6 mois.
- Eczéma très sec.
- < quand très énervé, quand mère la pose chez la nounou, dès la moindre notion de séparation.
Antécédents:
- Constamment le nez bouché.
- Enchifrènement, crache des glaires sans arrêt.
- Deux bronchiolites.
Sommeil
- Se réveille 3 à 4 fois par nuit en hurlant, terrorisée.
- Positionà 4 pattes.
- Transpiration abondante.
Digestif:
- Désir de viande, de sucre.
Comportement:
- Capricieux’elle désire, veut tout ce que sa sœur a.
- Très brusque dans ses jeux, précipitationêtre à la première place, passer avant les autres.
- Sollicite sa mère, veut constamment qu’elle la regarde.
- À l’examen, colère furieuse, intouchableément dès qu’elle quitte la table d’examen.
Prescription XX 200 K 1 dose
Suivi:
- Toux grasse par quinte et crache des glaires pendant dix jours après la dose, puis tout s’arrête et ne ronfle plus la nuit.
- Poussée d’eczéma.
- Nette amélioration du comportement, plus calme et plus souriante (constaté par l’entourage et par la maîtresse).
- Une deuxième dose sera nécessaire, qui déclenchera les mêmes effets, et sera suivie d’une stabilisation du caractère.
Cas N°3.
Mélissa D., 6 ans.
Motif:
- Troubles du comportement, caractère difficile.
- Décès du papa quand elle avait un an (accident de haute montagne). Un frère deux ans plus âgéère était enceinte de six mois de son troisième lors de l’accident.
- Surtout des problèmes de sommeiléveille 5 à 6 fois par nuit en hurlant, complètement hystérique, mais enfermée dans son cauchemar. Impossible de la réveiller.
- La mère se remet en ménage, mais cela se termine par une séparation un an plus tard, et l’enfant qui semblait se calmer un peu après deux ans de psychothérapie redouble de violence“’en veut terriblement”. Recommence ses crises nocturnes et toutes les nuits se terminent dans le lit de maman.
- Simule être malade tous les soirs pour pouvoir rejoindre sa maman.
Antécédents
- Une convulsion hyper thermique à 17 mois.
- Rhinopharyngites à répétition.
- Énurésie diurne au moins une fois par jour.
Digestif
- Désir marqué pour les sucreries.
- Boit beaucoup.
Suivi
- Elle va recevoir à un mois d’intervalle deux doses de Stram 200 K avec une amélioration spectaculaire sur le sommeil, mais cela rechute“êve en hurlant, et quand je m’approche, elle se débat avec des couinements et me supplie de la prendre dans mon lit.”
Mental
- Elle fait caprices sur caprices, colères sur colères.
- Simule des maladies pour se faire remarquer de la mère.
- “éagis, si je m’occupe d’elle, que ce soit la fessée, la traîner par les cheveux, ou la prendre par la douceur.”
- Elle veut systématiquement les jeux que les autres ont.
- À la pleine lune, tout est exacerbéà hurler.
- À l’école, cela se passe bienéit bien, est très douce, adorable, ne bronche pas, et dit tout bas“’est parce que j’ai peur qu’on me gronde.”
- Elle ment sans arrêt.
Prescription :XX 200 K 1 dose
Suivi:
- Crise de colère de suite après la doseécharge sur les autres dès qu’elle est en colère, se met à taper sur ses frères, sur les copines invitées à la maison, et n’importe quel prétexte est bon.
- Par contre elle a retrouvé le sommeil depuis qu’elle laisse sortir sa colère.
- ème dose va conforter l’améliorationère vif et bouillonnant, Mélissa s’est nettement apaisé. Elle retrouve un bon sommeil, obéi sans se rebeller, ne tape plus, et réfléchit avant de réagir.
Cas n°4.
Orianne B., 12 mois lors de la première consultation, a un frère et une sœur respectivement de 6 et 3 ans de plus qu’elle.
Motif:
- Enfant que je vais suivre régulièrement en tant que médecin de famille.
Antécédents
- Dentition difficileérythème fessier, crises d’irritabilité, caprices, exigences sans qui ne sont jamais satisfaites.
- Rhinopharyngites et otites dans ces mêmes périodes.
- Râleuse plus que coléreuse, boudeuse.
- Diarrhée pendant la dentition.
- Elle recevra régulièrement des doses de Cham, Kreos, et une dose de Medor.
- À partir de 18 mois, elle devient coléreuse, crie, jette les objets, réclame à être à bras.
- Quand elle a deux ans, son père fait un cancer de la tête du pancréas. Il en réchappe, mais remet sa vie en question, prend une maîtresse, et vit une vie complètement décousue, partagé entre cette dernière et son foyer où il rentre sans avertir quand cela lui plaît, puis repart sans donner signe de vie pendant deux ou trois mois. La mère essaye de faire face à la situation mais est elle–même très ébranlée, et cela va durer deux ans.
Digestif:
- Mange énormément, de façon boulimique (compulsion).
- Diarrhée depuis la dentition, qui se pérennise par des selles molles en permanence et très offensives.
Sommeil
- Positionà 4 pattes.
- Transpire de la tête.
- Cauchemars trois nuits par semaines, à hurler en transe.
Mental:
- Enfant qui “” met mon cabinet à sac, escalade le radiateur, démonte la table d’examen, veut tout ce que sa sœur a, hurle dès la moindre remontrance… Je note“ête à claque”. Attire les regards.
– Pleurniche tout le temps.
- Dit “” à tout, capricieuse.
- Ne sait ce qu’elle veutère, la tape si elle ne l’écoute pas.
- Accapare l’attention par tous les moyens.
- Aucune frayeur, casse–cou.
- Violentes colères, mais se calme assez vite.
- Seule l’engueulade ou la fessée peuvent la calmer.
- Très jalouseœur est sur les genoux de sa mère, elle l’a repousse violemment pour prendre la place“’embêter qu’être avec moi” précise la mère.
- Nargue ses frère et sœur (attire l’attention).
Prescription :XX 200 K 1 dose.
Suivi:
- Beaucoup plus calme de suite.
- Prends conscience de beaucoup de choses autour d’elle“’est comme si elle avait mûri”.
- Ne pleurniche plus.
- Ne fait plus de diarrhées.
- Fait une période de crises de cauchemar, pendant dix jours après la dose, puis retrouve un sommeil très paisible.
- Retrouve un bon appétit, sans boulimie.
- Une deuxième dose va permettre de conforter le résultatès autoritaire, qui aime commander, mais très sociable et parfaitement équilibrée.
Étude du remède
À travers ces quatre cas, on sent bien la dynamique qui sous–tend la souffrance chez Gallicum Acidum, et de façon encore plus nette avec les deux dernier cas. Tout repose sur
La peur ou la sensation d’être abandonné, et l’enfant insiste constamment sur le besoin d’être regardé, sur la certitude qu’il y a quelqu’un qui veille sur lui dans son environnement proche.
Tout sera mis en œuvre pour exprimer sa détresse et son besoin d’être regardé
- Le comportement capricieux, odieux, provocant.
- Les bêtises et autres actes répréhensibles qui provoquent agacement (et attention) autour de lui.
- Son caractère manipulateur.
- La jalousie qui s’exprime dés qu’il ressent qu’un autre attire le regard dont il était jusqu’alors bénéficiaire.
- La colère qui en résulte avec toutes ses manifestationsèreté, actes malveillants, frappe, donne des coups de pieds, etc…
- La nuit il est en proie à des cauchemars tels qu’il peut paraître hystérique ou totalement incontrôlable.
Gallicum Acidum est donc un remède d’enfants difficiles, violents et qui poussent leur entourage à bout par le côté particulièrement insistant de leur demande. Ils ne laissent pratiquement aucun répit à leur entourage. Il s’agit d’un véritable harcèlement au quotidien, nuit et jour. On hésitera avec des remèdes violents et classiquement il s’apparente à Stram et Tub, mais ce qui permettra de les différencier repose sur la genèse de sa détresse’abandon avec besoin constant d’être regardé.
C’est un remède auquel je pense systématiquement lorsqu’un enfant est arrivé à me mettre à bout de patience au cours de la consultation.
GALLICUM ACIDUMère Médicale.
La substance.
Acide trihydroxybenzoïque (C7H6O5). Substance cristalline que l’on trouve dans les “”, le thé, et différentes plantes, et que l’on obtient par hydrolyse du tannin. Elle est utilisée comme agent de tannin, et pour fabriquer de l’encre et de la teinture.
Le tannin est une substance amorphe, incolore, amère, qui provient des noix, du sumac, de nombreuses écorces et autres matières végétales. On le trouve également dans le vin rouge, ce qui lui confère un bouquet particulier.
Les “” végétales se développent sur les branches ou les feuilles suite à la piqûre ou l’irritation causées par certains insectes (guêpe de la galle = cynips) qui pondent leurs œufs dedans. Ces insectes possèdent une sorte dard (appelé tarière ou ovipositeur) qu’ils enfoncent dans le végétal et par lequel ils injectent des enzymes qui vont digérer les tissus végétaux. Le végétal blessé réagit en formant un cal cicatriciel exubérant, qui forme la “”. La “” est donc une hypertrophie tissulaire créée par la plante elle–même en réaction à un traumatisme extérieur physique ou chimique. Un des exemples les plus connus est la gale des feuilles de chêne. Ces protubérances abritent les larves d’un insecte qui pond ses œufs dans les feuilles de l’arbre. Les larves se nourrissent du tissu de la galle, très riche en protéines.
En allopathie, on utilise un composé de bismuth et d’acide trihydroxybenzoïque comme pommade antiseptique et cicatrisante.
Cette substance a été introduite et expérimentée par Kimball.
Sites d’action.
Le tractus digestif. Les muqueuses. La peau. La crase sanguine. Les poumons.
Symptômes directeurs (keynotes).
- Peur de se retrouver seul.
- Besoin constant d’être regardé.
Mental
- Peur ou impression d’être abandonné, insiste constamment sur le besoin d’être regardé (surveillé), d’avoir toujours quelqu’un près de lui.
- Grossièreté. Insulte tout le monde, même ses meilleurs amis.
- Jaloux de sa nourrice, injurie toutes les personnes qui lui adresse la parole.
- Parle très fort, comme sous le coup de la colère.
- Violence et agressivité, dirigées contre les autres, jamais contre eux–mêmes. La violence peut être désamorcée lorsqu’un contact vrai a pu être établi.
- Violence qui s’exprime par une perte de contrôle, comportement destructeur, méchant (“” = malveillant, méchanceté avec intention de faire du mal). Mord, donne des coups de pieds, frappe, injurie et insulte, détruit les choses.
- Manie avec comportement violent.
Chez l’enfant
- Peur énorme d’être seul, abandonné. Ne laisse jamais les parents hors de portée de vue. Il insiste pour être constamment regardé.
- Peur du noir et des fantômes. Délire violent la nuitès agité et saute en dehors du lit.
- Agitation. Veut capter constamment l’attention de l’entourage. Incapable de jouer seul.
- Manipulateur et jaloux.
- Triche aux jeux. Vole les objets, fait plein d’actes répréhensibles mais les nie s’il est surpris.
- Il a très peur d’être seul. Il est grossier et injurie tout le monde.
- Peut apparaître très doux face à des gens qu’il ne connaît pas.
- Où est pris de colère devant le moindre interdit, et met ses parents dans l’embarras.
- Le nourrisson donne des coups de pieds et mord lorsqu’on le change.
- Comportement compulsif’ils parlent. Ils parlent très fort même s’ils ne sont pas en colère, et font beaucoup de grimaces.
Facteur étiologique
- La cause originale est un choc soudain. Il peut s’agir du divorce des parents, ou de la séparation avec une personne dont dépend la “”. Si l’enfant a une prédisposition pour ce remède, il se sentira abandonné, par exemple, si la mère part travailler. À partir de ce moment, l’enfant insiste pour qu’on s’occupe de lui, et ne supporte plus de ne plus voir ses parents.
Généralités
- Faiblesse et irritabilité.
- Transpiration nocturne abondante.
- Position genu–pectorale au coucher.
- Convulsions épileptiformes, absences.
– Les petites plaies saignent abondamment.
- Hémorragie. Hématurie. Hémophilie.
Tête
- Éruption, boutons au vertex.
- Douleur derrière la tête et le cou.
Yeux
- Photophobie, et brûlures des paupières.
Nez
- Epistaxis.
- Coryza, rhinite allergique, avec respiration asthmatique.
- Sécheresse de l’arrière nez, irritation (rugosité) du cavum.
- Écoulement nasal épais et purulent.
Bouche
- Mouvement de la langue, comme un chien qui lape.
- Goût amère
Gorge
Abdomen
- Sensation de vide le matin.
- Douleur rongeante le matin, après la selle.
- Constipation.
Rectum
- Les selles sont copieuses, l’anus est douloureux. Il a une sensation d’évanouissement après la selle.
Appareil urinaire
- Couleur jaune paille des urines ou urines chargées de mucus épais, de couleur crème. Hématurie
- Les reins sont douloureux. On note un tiraillement le long des uretères jusqu’à la vessie puis jusqu’au pubis.
Poitrine
- Douleur aux poumons < en toussant, en baillant, à l’inspiration.
- Hémorragie pulmonaire. Expectorations abondantes.
- Il a beaucoup de mucus dans la gorge le matin, et est asséché le soir.
- Tuberculose.
Dos
- Douleur de la région cervicale le matinête.
Extrémités
- Transpiration abondante des pieds.
- Secousses
Peau
Nourriture
- Aversion
- Désirés, sucreries.
Comparaisons
Quercus, Tanninum, Bacillinum, Arsenicum Iodatum, Phosphorus, tuberculinum, Stramonium.
Essais de compréhension du remède
Le symptôme–clé est bien évidemment“’être regardé”. Et le petit patient mettra tout en œuvre pour arriver à ses fins. Ce besoin d’être regardé est sous–tendu par une angoisse importante. Ce n’est pas un besoin d’être admiré comme chez Lachésis. Son comportement est donc importun, dérangeant, exacerbant, comme celui d’un “”. Et c’est effectivement dans un parasite (la gale du chêne) que l’on trouve à des concentrations importantes ce produit, dont le nom est dérivé d’ailleurs. Dans le cas de la Cynips, les larves ne se développent que grâce à la réaction engendrée par la blessure de la plante.
Tel un parasite Gallicum Acidum aurait–il besoin de pousser à bout son entourage afin de se nourrir de l’attention décuplée à son égard par ses manifestations intempestives
Bibliographie
- Le Roux Patriciaédiatre homéopathe
- Clarke
- Radar / Synthésis
- Vermeulen Fr.: Synoptic Materia Medica II.