DR PRAT Jacques

38, rue Henry
76500  ELBEUF                        





                                               8ème                   CONGRES CLH            SPA   13–15 MARS 98





IGNATIA OU LA GENTILLESSE QUI DEPASSE L’ENTENDEMENT



PLAN

       1 – Quatre observations cliniques
       2 –  Connaissances actuelles sur la fève de Saint Ignace

       3 – Peut–on être malade de gentillesse

       4 – Commentaires techniques
       5 – Conclusion

 
1– Quatre observations .

    


1–    ABBEL  me consulte au mois de Décembre 1996 pour un problème de sciatique et de lombalgies chroniques qui évoluent depuis 1978é depuis 88, Abbel est un Marocain de 50 ans , en France depuis 1970 , et, malgré cela , s’exprime mal en français ce qui ne va pas (du moins je le crois au début)  faciliter la consultation. Dès ma première  question «» , il répond « 1946» , mais encore«1946 car je ne connais pas ma date de naissance»êtez votre anniversaire tous les deux«eh bien au 1 Janvier , ensemble», me répond – il  avec une décontraction et une simplicité souriantes, et je suis frappé par cette réponse logique et simpleéraciné, intégré professionnellement mais pas linguistiquementé que cela .


Que se passe –t– il donc«à ,j’ai mal au dos depuis un mois , et surtout dans la jambe gauche, ça me fait une  douleur qui grandit ,grandit et à peine calmée par des comprimés’ai déjà été infiltré deux fois , et çà rechute «édiane gauche L5–S1»à la radiographie on constate une polydiscopathie dégénérative  et une lombarthrose diffuse.« Et ça descend dans la cuisse’a déjà opéré deux fois  d ’ une hernie discale (L5–S1 avec sciatique droite en 80, L4–L5 avec sciatique gauche en 85 ), mais ça fait toujours mal comme des douleurs» , insiste – t – il avec un langage où se mêlent en  mauvais français des redites, et où je commence à en perdre mon latin ,car mes questions plus générales ne m’apportent guère plus de renseignements utiles à la prescription.

 
Quant – est – ce que cela a commencé«En 1978 j’étais penché au dessus d’une cuve et j’ai pas pu me releverOn m’a hospitalisé , perfusé d’antalgiques ,  et puis des médicaments pendant 2 ans  » L ’examen clinique ne fait que confirmer ce qu’il me dît depuis le début avec douceur  et bonhomie.
 Et à part ça quoi d’autre«’essaie d’éviter une 3  opération»çais–je  un peu décontenancé et commençant à douter de mes possibilités pour lui ) , et lui, du tac au tac «», sans point d’exclamation dans l’intonation, mais toujours avec ce même sourire , cette même gentillesse simple qui émane de lui depuis le début de la consultation.


C’en est trop et c’en est assezça n’est pas possible d’être aussi peu déstabilisé face à un tel parcours personneléraciné, sans date de naissance , 20 ans de douleurs , la souffrance pour toute occupation, et tout cela vécu avec une gentillesse qui dépasse l’entendement ,  (MIND, Mildness...) avec la même simplicité sourianteée ni apparente en première intention, aucun regret  , aucune émotion autre qu’une gentille façon de s’accommoder de son  sort.

Abbel , à qui l’on pronostique donc une prochaine 3ème  intervention chirurgicale  , reçoit  IGNATIA 5CH   à prendre  à raison de deux granules tous les jours pendant un mois.



Je le revois 2 mois plus tard, avec un sourire de remerciement «’avez sauvé de l’opération ,j’ai annulé le R–V que j’avais  avec le chirurgien ce jourès la première semaine j’ai senti que çà me faisais du bien

Mr C. lui dis–je, 2 choses m’ont traversé l’esprit lors de notre premier RV’une part votre gentillesse qui m’a frappé alors que vous souffrez beaucoup et depuis longtemps’autre part  peut–être y–a–t–il une souffrance dont vous n’avez pas parlé
«ésoudre leurs problèmes’est dans la religion que j’ai trouvé cette gentillesse’étais connu pour ma gentillesse, et comme mon père je n’ai jamais tapé mes enfants.
 En 1978 je suis rentré chez Renault et mon poste de travail était dur , j’y arrivais avec difficultéétaient deux pour me remplacer et faire le même travail’était un travail physique, et j’ai fait beaucoup d’efforts’était çà ou pas de travail’ai été malade la première fois, à l’hôpital je n’ai pas fait le Ramadan... et çà m’a choqué dans mon cœur...c’est ma religion’ai pas fait et çà reste toujours  et je demande pardon parce que je ne l’ai pas fait exprès ...c’est quand même un grand pêché ...mais depuis on n’a jamais fait de grosses bêtises...» 
Silence dans le cabinet de consultation. 

 Est – t – il besoin  de répertorier  pour comprendre  Abbel et son humiliation rentrée au travail, son chagrin rentré face à sa religion’est – il pas ahurissant de voir comme sa gentillesse naturelle lui a permis , dans un fonctionnement égotrophique d’après moi, de masquer tout cela , au point de faire de la souffrance une occupation...
J’apprends , en outre, un an plus tard, que sa femme était atteinte d’un cancer du sein  depuis Juin 96...



    2 – ANTONIN  a 3 mois quand je le revois ce 17 Décembre 96’un érythème fessier très étendu, cloqué, très à vif , comme des brûlures, qui évolue depuis bientôt 3 semaines, en même temps qu’un muguet buccal lui même très envahissanté par sa mère depuis sa naissance  , et depuis 3 semaines  elle constate une baisse de lait à partir de midi et surtout le soir où le  complément au biberon’avère particulièrement nécessaire; la mère d’Antonin a elle même perdu sa mère nourricière  le 20 Novembre (pendant l’allaitement), et me disais les premiers temps«êve de maman–nounou , qu’elle est là et qu’on fait la fête»
Successivement prescrits , à la 1ère  consultation, puis au téléphone , en épluchant les rubriques  Suite de décès parental, rêves de fête, chagrin silencieux, muguet buccal, érythème fessier, baisse d’allaitement, Causticum, Natrum muriaticum, Pulsatilla, n’apportent  aucun soulagement , ni même les soins locaux que, malgré l’étendue et l’aspect très corrosif des lésions, «Antonin supporte bien ,très bien même au point qu’il ne semble pas souffrir (GENERALITIES’il se développe bien(pas de perte  de poids),et qu’il reste très gentil» (MIND
Il reçoit alors une dose d’Ignatia 9CH  et va à la fois guérir très rapidement de son érythème fessier et de son muguet buccalétit au sein reprend  parallèlement à la montée laiteuse  qui redevient régulière, les compléments biberon n’étant plus utiles,  pendant un mois supplémentaire.
Je réalise alors , après coup,  avoir probablement trouvé le remède de la mère , que je connaissais de longue date et chez qui la gentillesse en face de la souffrance qui dépasse l’entendement,  «»  comme le nez au milieu de la figure ...



   3  –  NATHALIE  , femme au foyer de 46 ans, revient me voir en Décembre 95 car son passage dépressif ne s’améliore pas depuis cet été et  finit par m’expliquer cecià l’entretien des espaces verts, et il dépend d’une femme (mais ne croyez pas que c’est de la jalousie , je ne suis pas jalouse)ît bien tous les trois mais elle s’en sert comme d’un mari, pour ses travaux divers et variésà force çà m’agace, j’ai une boule dans la gorge, mais c’est pas de la dépression, ni de la jalousie, on se côtoie tous les trois mais il est son homme de confiance et notre vie en pâtîtdes moments je déprime (mais c’est pas une déprime) , c’est le ras le bol, mais je ne pourrais pas lui en parler à elle , je crains de rompre une amitié(MIND’est dur à gérerçà fait 8 à  9 ans que çà dure et il tient à elle , mais c’est pas de la jalousie de ma part  (!), mais quant son jardin à elle passe avant le mien , eh bien çà m’agaceère fois (précédente consultation) j’aurais pas pu en parler’étant seule , elle ait besoin d’un homme de confiance pour l’aider, et ils ne se rendent pas compte, elle surtout, et sans penser à mal’a quand même dîtès patiente je suis très patiente , j’emmagasine tout , beaucoup, je garde tout en moi (MIND’ai jamais pu trop en parler( obsètes),je ne me mets pas en colère, et je n’ai personne à qui en parler, sauf ici en consultation’ailleurs je m’en veux de dire tout çà, c’est banal et je m’en veux d’avoir parlémoi çà va toujours et  çà paraît dur (MIND j’ai besoin d’air dans la voiture, au cou’ailleurs aux réflexions insidieuses de mes amis, je répond toujours en défendant mon mari (MIND


Nathalie reçoit une dose d’Ignatia 30 CH , et raconte son soulagement un mois et demi après’ai même pu en parler à mon mari, il y va moins et mon amie est moins envahissante avec nousçà me chagrine beaucoup moins’arrive à parler de l’essentiel sans pleurer’en ai pas parlé et je n’en parlerai pas’ai un nouveau soucis avec ma sœur  atteinte d’un cancer du poumonà Montpellier


Je revois Nathalie en Octobre 96était en préménopause, avec des cycles très irréguliers , a retrouvé des cycles réguliers entre Janvier et Juin, date à la laquelle sa sœur est décédéeécèsêt des règles
 Janv.97ègles avec lesquelles je me traîneéglée et l’a très bien supporté . Encore une chose, je fume mais j’ai pas trop envie d’arrêteréranger j’y pense et çà ne me prive pasà la maison je fume car je me sens protégée je peux faire ce que je veux.
       



        4– Michel, 4 ans,  troisième  et dernier de la famille, tousse depuis la rentrée scolaire 97 , et semble repartir pour une saison automne – hiver  de pathologie ORL à répétition comme en 96–97é tout bébé, mais surtout les problèmes se sont accentués à la rentrée scolaire 96la rentrée s’est bien passée , il n ’ y est pas difficile, tout juste un peu réservé, timide, et calme. Comme l ‘ année dernière , chaque coup de froid ou courant d’air, le fait rechuter. Actuellement , le 19 Septembre,  il tousse beaucoup , par quintes  incessantes, après minuit, une toux rauque, avec un écoulement nasal épaisête ,  et  surtout on a mal pour lui, lui ne se plaint pas ( GENERALITIESà chaque fois c’est pareil, quand il est malade ( MINDa l’examen Michel se laisse sagement examiner , l ’ auscultation et le reste de l’examen me font conclure à une trachéo–laryngite aiguë , récidivanteçoit Ignatia 5 CH , en prises répétées sur 3 jours’évolution traîne un peu , mais l’enfant ne s’aggrave pas comme d’habitude’est plus rauque, plutôt  grasse, le matin avec  son écoulement nasal, sans fièvreéciser à nouveau à la maman que les troubles se sont vraiment aggravés à la  première scolarisation, lui qui a toujours vécu élevé à la maisonçoit Ignatia 9CH qui résout rapidement l’épisodeévolutivesçoit Ignatia 30CH.



   2   –  CONNAISSANCES ACTUELLES SUR LA FEVE DE ST IGNACE


Les connaissances des botanistes et pharmacologues sur cette Strychnos, Strychnos Ignatii, apportent à la compréhension du remède. Cet arbuste, originaire des Philippines , contient des fruits globuleux renfermant des graines nombreuses(20 à 30)èves sont comprimées dans le fruit et sont d’une saveur extrêmement amère . Cette graine ne peut être coupée qu’après ramollissement dans l’eau bouillante. Elle renferme les mêmes alcaloïdes que d’autres srtychnos, dont la noix vomique, mais sa plus forte proportion en Strychnine (60% des alcaloïdes totaux) est remarquable. La Strychnine  a sa pathogénésie , la Noix vomique également, quelle est donc la particularité de celle cette Strychnos
La strychnine est  un neuromédiateur  , stimulant médullaireà l’action de cette substance , l’organisme présente une hyper excitabilité puis bientôt des convulsionséflexes et sont la conséquence d’un stimuli extérieur, tactile ou auditif. Le plus léger bruit fait apparaître des secousses musculaires violentes, comme dans la crise tétanique typique. Ces convulsions strychniniques sont d’origine centraleène leur abolitionà plus  fortes doses la strychnine agit sur le bulbe et affecte le centre respiratoire, le centre vaso–moteur et le centre vagal. Les perceptions sensorielles sont également accrues (goût, toucher, odorat).



Boericke, cité par D. Grandgeorge, écrit en 1927«ère de le strychnine est de stimuler les centres moteurs et l’action réflexe de laépinière. Action homéopathique contre  les spasmes des muscles , les crampes provenant d’une excitabilité réflexe indue de la moëlle épinière, spasmes des muscles de la face et du cou, opisthotonos. Les muscles se relâchent entre les paroxysmes.»


  


      3 –  PEUT –ON ETRE MALADE DE GENTILLESSE

    1 –   Comme l’ont dît de nombreux auteurs, et la Matière  Médicale du remède y fait sans cesse référence, Ignatia est le remède du paradoxe , du contradictoire, de l’alternance, de l’irrationnel , de l’illogisme

    Le symptôme key–note  qui m’a servi dans la prescription d’ Abbel , d’ Antonin et de Nathalie est «complaining, bears suffering, even outrage withoutême outrageantes, sans se plaindre». Il m’a semblé que cette douceur était l’équivalent le plus fidèle à cette gentillesse que nous trouvons dans ces quatres observations’exposé j’ai préféré centrer mon travail sur le terme gentillesse, terme qui n’apparaît pas dans le répertoire Synthesis, et qui pourtant me paraît fondamental en pratique courante. Je reviendrai sur ce point dans les commentaires techniques.
   Ce symptôme donc, me semble un intéressant point de départ ( à comparer à l’apparente solidité extérieure de la fève) dans une contradiction profonde , Essentielle  et méconnue d’IGNATIAèdeômes «édullaire», à relier à la strychnine, la première contradiction au sens de quelque chose qui ne correspond pas à ce qu’on attend habituellement , pourrait, me semble – t– il , être cette «» de tout son être quant à son apparence première, cette apparence qu’elle n’est pas, cette gentillesse qui dépasse l’entendement  quand on voit l’aptitude d’Ignatia à cacher ses émotions (aussi variées qu’intenses), et sa non moindre grande capacité  à ce que n’importe quelle émotion explose et varie de forme et de tonalité,  on peut se demander s’il ne fait pas partie de ceux qu’on appelle  des doués pour faire croire, pour faire semblantà son insu.
La gentillesse, qualité d’une personne qui a de la bonne grâce, de l’empressement à être agréable et serviable (Petit Robert),  invite à se poser la question «’est ce que l’autre attend de moi»ésame, de cette gentillesse comme apparence première, de cet état d’être profond  et vital pour lui à sentir ce que l’on attend de lui naît peut–être l’illusion de ce qu’il pense qu’on attend de lui et  il finit par faire ce qu’il imagine qu’on attend de lui, ou bien par faire ce qu’on attend pas de luiême.


San Karan  parle de l’image Ignatia qui doit se conformer aux espérances des autres, de ces personnes qui se soucient des autres à leur détriment, silencieusement en se sacrifiant, qui essaient de jouer leur rôle et qui, indirectement, attirent la sympathie. Quoi de plus trompeur alors que la gentillesse


   2 – Que de barrières pour éviter la violence’est la mort...), que de méta langages( bâillements,  soupirs, tics...)ômes  d’émotions rentrées, mal extériorisées, où le sujet reste finalement longtemps sans s’exprimer même pour des souffrances vitalesù comme le dît J. Lamothe ,il va finir par voir convertir ses souffrances à son insu et à leur corps défendant en troubles somatiques. 


Cette apparence de caillou va donc finalement changer puisque, comme la graine qui va un jour germer ou bien céder à l’eau bouillante, l’individu Ignatia va finir par s’exprimer «çon médullaire» mais avec des réflexes complètement imprévisibles, comme si l’arc réflexe primaire était définitivement vicié.



Je m’avance en imaginant deux formes d’ouvertures

   
– l’ouverture brutale, entière, permettant à la «» de déclencher le cataclysme, par exemple une pathologie cancéreuse chez quelqu’un qui «’èmes de santé, lui si gentil» auparavant , et où seul un entretient attentif et approfondi pourrait mettre en évidence «’ébouillentement mental» éventuellement ancienébouillantements pourrait être comme le suggère SanKaran, l’investissement total de l’homme ou la femme de sa vieêt à se sacrifier pour l’autre...jusqu'à la pulsion autodestructrice en cas d’échecède


Comme le dît D. Grangeorge’Amour en trois D , l’Enflammé d’Amour (Ignatia Amara)  ou la mort... Dieu est Amour (ST Ignace  de Loyola’idéal, il n’est possible d’investir qu’un seul objet d’amour’enflammer d’absolu



D’autres ébouillentements partant d’autres illusions sont à rechercher. On peut également imaginer des pathologies immunitaires ou pas ( Abbelédullaires. Mais seules des observations étayées viendront confirmer ces hypothèses.



   – soit l’ouverture, le ramollissement, est plus lent, les émotions , les soucis , les chagrins etc... s’accumulent moins bouillants et les signes strychniniques montrent le bout de leur nezéfinition, ces symptômes  réactionnels sont imprévisibles et très sensibles aux stimuli extérieurs. C’est d’ailleurs probablement un mode réactionnel que nous rencontrons souvent à notre époque , où les mentalités ont évolué et contiennent des convenances  de gentillesse qui nous amènent tant de tableaux d’Ignatia réactionnelsécrit notamment J. Lamothe«’on pousse à l’école, femmes modernes féministes voulant tout concilier, déracinés  et déréglés de toutes sortes par les exigences  sociales de notre époque.»

Il me semble logique que, dans tous ces cas, la gentillesse disparaisse peu ou prou , et laisse la place aux traits de caractère , tout aussi déstabilisants pour le sujet que pour l’entourage (et homéopathiques pour le médecin).



Ignatia le paradoxal,  finit  aussi par s’exclureêtre un remède d’épidémie avec mise en quarantaineéré’ a –t – il pas été rapporté que des Turcs portaient la fève à titre préventif contre la Pesteême  la fève aurait été préconisée curativement dans la Peste. A suivre... 






Je suggère donc de rechercher un peu plus Ignatia chez des sujets longtemps endurcis émotionnellement, endurcis de douceur , de gentillesse  , expression contradictoire qui me semble bien résumer une  problématique moins connue de ce remède,  à coté des plus classiques tableaux habituels.


  3 –    Le point d’équilibre initial  entre ces deux schémas serait – il de bons réflexe de gentillesse, point de mire et objectif de la guérison du sujet mais   peut – on  atteindre, et doit – t– on attendre ,  cette profondeur d’action avec un traitement







 4 – COMMENTAIRES TECHNIQUES



     1 – La consultation d’Abbel  , pour des raisons linguistiques n ’ a duré que 25 mn’en réjouir, dès lors que tous les moyens sensoriels du thérapeute sont en éveil maximal pour engranger les symptômes  homéopathiques  d’un patientà ce résultat. En fait je vous ai proposé trois observations  avec trois styles d’entretien différents , la consultation d’Antonin étant plus une série de consultations cliniques et téléphoniques
   Les entretiens type Abbel , où bien sûr il n’est pas question d’arracher les vers du nez de notre interlocuteur , sont fréquents , et je vous propose de valoriser toutes les   rubriques du répertoire, et tous ces instants où nous devons écouter les regards, les soupirs, tous ces  moments et surtout le premier où le silence est d’or.
 Sachons également faire parler nos patients de ce qui les intéressent. C’est bien souvent à partir de passions personnelles ou d’anecdotes qui prêtent à sourire que j’ai réussi, mine de rien , à amener certains introvertis, ou à canaliser les plus volubiles à parler rapidement de leur jardin secret avec précision et concision.          
   D’après les  cas cliniques  cités ici , je propose, d’une part de compléter la rubrique Key–note Mildness, par le terme Kindness, traduisant plus littéralement la gentillesse, et également d’élever Ignatia au 3ème  degré dans cette rubrique qui deviendrait donc Mildness, kindness,  complaining, bears suffering, even outrage without
  – 
 d’ajouter Ignatia à la rubrique Muguet  buccal.
D’autres cas cliniques m’ont fait réfléchir à des rubriques inexistantes à ma connaissance
     – GENERALITIESoù je mettrais Ignatia , à coté de remèdes tels que natrum mur. ,phosphoric acid. , secale corn. ( un cas).
     – FEVERavec Carc. pour l’instant (un cas).
  (un cas).
  


 2 – Lors de la 2ème consultation, j’ai renvoyé   à Abbel l’image de ce que je comprenais du remède et cela lui a convenu’est une pratique que je mets de plus en plus souvent en placeère , en guise de réflexion complémentaire, une piste de travail personnel  en donnant la compréhension que nous (homéopathes) avons du remède qui a agi avec suffisamment de profondeur’ai souvent reçu en retour un regard de remerciement et des confidences complices et chaleureuses .
  La confirmation de la valeur thérapeutique d’Ignatia pour Abbel devrait être non seulement une plus grande souplesse lombaire, mais également, et surtout autour de ses idéaux, et aussi une progression linguistique, de façon abattre cette barrière qu’il s’est construite.
   

3 – La «’Ignatia»  telle que je l’entend maintenant venir en consultation comprend donc en plus,  bien sûr cette «»’entrée en crèche qui s’est «» bien passée’est «»énégations répétées, toutes ces attitudes vraiment inattendues devant les pires souffrances. 


   4 – San Karan évoque dans ses conférences , si mes souvenirs sont bons, la notion de niveau d’énergie mentale pour déterminer le niveau de dilution à prescrireétat mental peut–être très peu exprimé, dans un état de repos car tout est contrôlé dans la vie de tous les jours par l’expression physique de son illusion de base; la constitution «’arrange» pour recréer une pathologie qui reflète la problématique du sujet, et qui perdure tant que la perturbation mentale n’est  pas résolue«» donc une situation clinique qui le «» faussement dans son illusion’occurrence, il me semble qu’une gentillesse bien confortée , d’origine ou acquise (voir l’impact religieux sur celle d’Abbel) , crée des conditions (illusoires) d’invulnérabilité.
Dans ces cas d’état mental peu exprimé , San Karan conseille de prescrire des basses dilutions répétéesù le mental est particulièrement pauvre , enfoui profondément.
Cependant le cas d’Abbel me fait penser qu’un mental même évident n’est peut–être pas une garantie pour prescrire Haut Dilué ( un peu comme si, stoppé en pleine ascension  du Tourmalet, vous vouliez repartir de suite avec le grand braquet pour rattraper votre retard)ît sage de savoir évaluer le niveau énergétique du sujet au temps T, (et des lésions profondes  ou anciennes me paraissent être des signes d’abaissement énergétique) et lui  ménager quelques périodes d’accommodation, et prescrire Bas Dilué, pour relancer la mécanique ( pour rester  dans le vélo, repartir avec un petit braquet). 
  La pathologie physique apparaît d’autant plus que l’environnement ne stimule pas ses peurs réactionnelles à l’illusion, peurs chronologiquement en amont des somatisations diversesù créer , cet environnement plus stimulant pour le mental à ce point de vue est salutaire, et les dilutions requises pour faire face à ces peurs seront plus élevées.



   


CONCLUSION


        Je finirai  en vous invitant à transformer certaines de vos consultations homéopathiques sur les maladies,  en un entretien sur la vie , et , comme j’habite dans la région où le peintre Monnet a trouvé son inspiration  , je comparerais volontiers certains entretiens à un travail impressionniste. Savez– vous, par exemple,  que Monnet a peint,  sur plusieurs mois, une vingtaine de tableaux de la cathédrale de Rouen, en  laissant sa pupille s’impressionner  à chaque fois des multiples luminosités du ciel donnant vie et mouvement à l’apparente immobilité de la pierre
 Ce travail où nous devons nous laisser aller à notre feeling intérieur, nous faire confiance en plongeant en apnée dans cet échange doit nous aider à  percevoir l’Etre intérieur qui est devant nous.


         Je vous invite donc  à vous laisser «»...







LES MOTS CLESébouillentement, gentillesse, médullaire,  réflexes ,sacrifice, silences,  


REFERENCES

 – GRANDGEORGE  D.
– GROUPE DE TRAVAIL  CLH–GEHUéunion de Février 97, et notamment  F. Gros (notes personnelles
– LAMOTHE   J. , HOMEOPATHIE PEDIATRIQUE, éd
– PARIS R.et MOYSE H.ère médicale  phytothérapique, éd. Masson , p.112 – 116.

– SAN KARAN’ESPRIT DE L’HOMEOPATHIE, éd.Homeopathic médical publishers, p.373–375.
– SCHROYENS F. 

– VALETTE  G., PRECIS DE PHARMACODYNAMIE, éd. Masson, p. 209 –211.
– VERMEULEN F., CONCORDANT MATERIA MEDICA