Phytolacca decandra - M. Zala, novembre 2000

La plante et ses usages empiriques

La source essentielle est les “ New remedies ” de E.M. Hale :
C’est une plante native des USA : elle pousse presque partout et fleurit de juillet à septembre.
Phytolaque ou raisin d’Amérique, ou morelle à grappes, graine à pigeonsÖ
L’arbuste mesure 1 à 3 mètres de haut. Il brave les rigueurs de l’hiver, mais périt s’il est trop arrosé.
Les parties officinales de Phytolacca decandra sont :
- la racine : dépassant en diamètre celui de la jambe d’un homme, puissante, dures à déraciner
- les feuilles, à récolter juste avant la maturation des baies
- les baies (à récolter mûres), presque sans odeur, contiennent un jus pourpre foncé.
Les usages empiriques concernent :
- la peau : psoriasis, lupus, squames, lichens, éruptions voisines de la syphilis secondaire, furoncles et anthrax
- les muqueuses : en particulier gorge et rectum
- les tissus fibreux et périostés
- les glandes et les ganglions.

Quelques pistes pour comprendre Phytolacca

Quelques rubriques du répertoire où se trouve Phytolacca :

Mind :
- une seule illusion : “ rags, body torn into ” : illusion que son corps tombe en lambeaux ou en haillons (R.U.)
- une seule peur : celle de l’exercice, de l’effort (16 remèdes)
- les douleurs provoquent stupeur ou lassitude de vivre ; après, le patient va même tomber de sommeil (R.U)
C’est peu pour comprendre un remède.
Dans les rubriques où Phytolacca est seul, nous n’avons pas trouvé de pistes intéressantes.

Autres chapitres du répertoire :
- yeux :
. mouvement d’un seul œil
. paralysie de la paupière inférieure
- gorge : nombreuses rubriques (grosse polarité du remède)
- appareil génital féminin :
. règles en lambeaux (shreddy) à rapprocher de l’illusion que le corps se transforme en lambeaux ou haillons !
. beaucoup de maux de sein ; parmi les “symptômes-clés”, des douleurs des seins à chaque émotion et causés par l’excitation
- extrémités : douleur du pied améliorée en l’élevant
- généralités : agg. en descendant d’une haute marche.

GEHU,1996 :

Il fonce tête baissée, et dans la douleur. Il serre les dents, il avance sans réfléchir, sans faire attention à ce qu’il y a autour de lui.
Il a un but à atteindre, il doit y arriver coûte que coûte.
Son objectif serait de produire et d’aller loin.

Répertoire de Guy Loutan : (travaux de l’AFADH et du groupe GRAPH)

- impossibilité de travailler et peur de l’effort...
- échec total de sa créativité tout ce qui signifie commencement, entrée, passage, naissance est difficile...
- mal-être au réveil et par la marche... les douleurs sont si insupportables qu’il voudrait qu’on le tue...
- refuse de dépendre du milieu, veut fonctionner par lui-même... je m’appuie sur l’autre pour avancer...

Essai de synthèse (Bernard Heude)

La problématique profonde, “ l’essence ” du raisin d’Amérique ne peut être trouvée qu’à partir des peurs, rêves et illusions : manifestations profondes et primordiales du remède.
Faute de quoi, nous en avons une idée incomplète, sans savoir ce qui le meut intérieurement.
Que disent les travaux en ma possession ?
Le GEHU donne de Phytolacca la vision égotrophique, et le répertoire de Guy Loutan l’aspect égolytique.
Cette complémentarité, saisissante, nous conduit à prescrire ce remède sur ces deux facettes.
Pourtant, je reste sur ma soif de savoir et d’expliquer
Les rubriques marquantes de Phytolacca, me permettent d’avancer une hypothèse, à confirmer et à compléter, bien entendu.
Phytolacca à l’illusion que son corps va tomber en lambeaux. Il ne veut pas le voir en pleine connaissance (symptômes oculaires), il ne veut pas en parler (symptômes de la gorge), elle le voit même dans ses règles (shreddy), et le ressent dans ses seins.
Or, les seins sont symboles du don, de la douceur, de la sécurité, de la maternité ; et selon le D.D.S., ils représentent la mesure et la limitation due au principe féminin.
Phytolacca veut s’élever (douleur du pied améliorée en l’élevant, aggravation en descendant des hautes marches... ).
Il a besoin de se reconstruire, pour que son corps ne tombe pas en lambeaux, c’est-à-dire, de “ rassembler ce qui est épars ” comme l’expriment les alchimistes symboliques.
Ce travail sur soi-même est difficile (beaucoup d’aggravations au réveil, de douleurs dans la gorge, dans les membres ...). En outre, il doit se faire avec les autres (cf. les douleurs des seins par émotion et excitation, la symbolique de la relation et du don).
En égotrophie, il court sans réfléchir. Il se reconstuit au prix d’un effort peu commun, ce qui peut le faire repérer facilement ; en égolyse, il ne fait plus rien, tout effort est impossible.