clame lasile, la prison 

Thuya. Observ. Dr Ozanon. Marseille. 17/01/98.

Thuya – C. Ozanon, janvier 1998

Je réclame l’asile, la prison



1° observation.

Rémi L. est un adolescent de dix–sept ans qui me consulte en juin. 91…. Sa mère m’avait téléphoné et m’avait expliqué que son fils posait un problème psychologique grave. Suivi depuis trois mois par un psychiatre il est sous Haldol, Ludiomil et Lexomil.
D’emblée, il m’évoque un problème d’inhibition“’ai le béguin pour une fille de ma classe, mais n’ose pas l’aborder”. Depuis deux ans, il dit se sentir mal dans sa peau avec des difficultés d’intégration et s’est progressivement replié sur lui–même. Il se sent différent des autres, et à l’impression que l’on se moque de lui en permanence. Aussi se sent–il exclu, surtout depuis qu’un camarade de classe s’est moqué de lui en lui parlant comme à un gamin. Les résultats scolaires restaient cependant bons, mais il ne va plus en cours depuis deux mois.
Dans les antécédents familiaux on note une déprime chez sa mère avant sa naissance, un frère aurait également fait une dépression vers l’âge de quinze ans, un oncle serait schizophrène.


Rémi parle peu facilement. Je le sens très tendu, aussi je lui propose une séance d’acupuncture afin de lui apporter une certaine détente. Lors de ces séances je m’inspire de techniques apparentées à la sophrologie, au somato–émotionnel. Après quelques exercices respiratoires, Rémi lâche rapidement ses tensions à tel point que des décharges musculaires, des soubresauts apparaissent. Je le rassure en lui expliquant que ces manifestations sont fréquentes lors de ce genre de travailées venir à lui. Elles lui appartiennent, en aucune mesure il est dans l’obligation de me les communiquer. Se déclenche alors une crise de spasmophilie. Je l’accompagne dans sa décharge. Après un quart d’heure, il reprend ses esprits. C’est dans des sanglots retenus qu’il me raconte

“ès mal avec les autres, j’ai l’impression que l’on se moque toujours de moi. Depuis un mois, je ne sors plus de chez moi”.
– Que te reproches–tu

“’amour avec mon chien, j’ai l’impression que tout le monde s’en rend compte, que l’on fait des réflexions dans mon dos, que l’on rit de moi, je me considère malade, d’ailleurs j’ai un oncle qui est un grand malade psychiatrique, il passe son temps dans les hôpitaux, on devrait m’enfermer comme lui”.


Je lui explique que nous sommes là pour l’aider, que la maladie psychiatrique n’est pas une fatalité. Je le rassure en lui expliquant que le travail fait aujourd’hui l’amènera à se libérer de ses peurs, de ses angoisses. Au cas où il ne se sentirait pas suffisamment bien, je lui conseille de prendre une dose de Thuya LM.
Cette dose  sera prise dans les dix jours. Je le revois trois semaines plus tard“é, je refonctionne”. Il a arrêté le Lexomil depuis huit jours, et diminué de moitié le reste de ses médicaments. Lors de cette deuxième consultation, il me parle de ses peurs, de ses obsessions :“’accepte pas mon corps, je me sens mauvais. Je me sens impuissant, j’ai eu peur de devenir fou”.
Je le reverrais deux mois plus tard, l’évolution aura été très positive : il aura réintégré le lycée, arrêté tout traitement avec l’accord de son psychiatre. Il est même parti dix jours en camping avec ses copains.
Sa mère me donnera  des nouvelles l’année suivante, j’ai su qu’il avait réussi son bac, puis commencé des études en faculté.


2° observation.

Il s’agit de Christine B., jeune femme de 27 ans que je vois ce mois de sept 97. Je la connais depuis 90, ses parents me l’avaient amené pour troubles à type de spasmophilie avec angoisses, timidité, manque de confiance amenant à de mauvais résultats scolaires (stress aux contrôles). Dans mes notes de l’époque, je retrouve l’existence de cauchemars en rapport avec l’écoleée dans un quartier difficile de Marseille, l’ambiance y était très dure.

“’ai l’impression que l’on me veut du mal, je me sens abandonnée, isolée, tout le monde m’évite”, me disait–elle.
Phosphorus l’avait bien aidé.

Elle était revenue en 96, suite à des difficultés relationnelles dans son travailème d’intégration, impression de rejet. A cette occasion elle réaborde des problèmes de manque de confiance, de dévalorisation… De plus, mariée depuis trois ans, elle m’évoque des difficultés sexuellesésir, de plaisir, rapports douloureux, répulsion physique. Ces difficultés sont apparues progressivement, peu de temps avant le mariage (alors qu’elle connaissait son fiancé depuis l’âge de 18 ans). A cette période, des conflits familiaux avaient perturbé leur relation affectiveé le comportement de son fiancé irresponsable et immature.
L’interrogeant sur ses blocages, elle me confie alors avoir subi de la part de son oncle des pratiques perverses vers l’âge de huit ans, et ce pendant 3 à 4 ans.

“ériode, je pleurais tous les soirs. Il me demandait de lui passer de la pommade sur tout le corps, il était nu et je n’osais pas le regarder. Par la suite, il a commencé à me caresser. Puis j’ai réussi à l’éviter. A partir de quatorze ans, j’ai eu mes premiers flirts. Je me laissais toujours faire, mais avait tendance à freiner. Vers seize ans, je prenais un malin plaisir à faire du mal à mes différents flirts’ai eu quelques expériences sexuelles, à chaque fois de la haine me montait, et j’interrompais rapidement la relation. A dix–huit ans, j’ai connu mon fiancé, j’ai été très amoureuse et mon comportement a changé. Je me suis toujours reproché de n’avoir jamais rien dit’avais essayé avec ma sœur, mon mari, mais il n’y a jamais eu de suites”.


Je lui propose quelques entretiens. Seront prescrits Staphysagria, Sepia et enfin Ignatia. Après 3 à 4 mois, les relations avec son mari se “”. Progressivement, les sentiments de honte, de dégoût, de répulsion s’estomperont.


Ce jour de sept. elle m’appelle en urgence

“’ai pété les plombs. Mes collègues de travail sont rentrées dans ma vie privée. J’en suis au point de démissionner pour ne plus être confrontée à elles, alors que je devrais être titularisée dans deux mois”.

Elle m’explique alors qu’étant au collège, elle avait plus ou moins participé à des vols opérés par des camarades plus âgés qu’elle. Elle reconnaît qu’elle admirait leur courage, leur témérité. L’un d’entre eux s’est par la suite retrouvé en prison. Il doit sortir sous peu. Des collègues de travail et une voisine sont au courant de sa vie passée et lui en parlent. Elle avait tout oublié. Depuis tout remonte et c’est insupportable. 

“’ai toujours pensé que j’aurais du me retrouver aussi en prison, au moins pour ne les avoir pas dénoncé”.

Au travail’elle, elle se sent exclue. La veille de la consultation, se sentant tellement menacée, elle entendait même des voix qui l’agressent: à bout, elle menace de se défenestrer, mais son mari présent l’en empêche et le service de garde d’urgence est rapidement venu lui injecter un calmant.
Thuya MK. Je la revois dans les dix jours. “ée par mes collègues”.
Elle reprendra une XM en oct. et une LM fin déc. devant une reprise de ses angoisses. Mi–janvier je la retrouve sereine et l’esprit clair. 


Si j’ai peu de recul par rapport à cette dernière observation, il m’a paru intéressant de vous la rapporter en raison de la rapidité d’action du remède sur une décompensation mentale aiguë. Intéressante également dans la similitude avec la 1° observation. Le discours est le même.
Rémi“… J’ai l’impression que tout le monde s’en rend compte, que l’on fait des réflexions dans mon dos, que l’on rit de moi, je me considère malade, d’ailleurs j’ai un oncle qui est un grand malade psychiatrique, il passe son temps dans les hôpitaux, on devrait m’enfermer comme lui”.
Christine“… J’ai l’impression que l’on me veut du mal, je me sens abandonnée, isolée, tout le monde m’évite… J’ai toujours pensé que j’aurais du me retrouver aussi en prison… Au travail’a critique, on se moque d’elle, elle se sent exclue”.



Je vous propose ma synthèse personnelle faite à partir des travaux de l’AFADH (7/97). J’ai souligné et mis en italique les éléments qui me semblent correspondre le plus à mes patients.

Thuya veut être l’intelligence créatrice qui maintient le multiple dans l’unité (sicSouffrance par le scrupule, la fragilité, l’empiétement de l’autre sur sa vie, la musique, la maladresse, la désorientation, l’excès de productions de matières, les vaccinations (l’introduction  de substances étrangères, qui ne lui appartiennent pas). Perte de la connexion de ses diverses parties, du corps, de la pensée, de ses phrases, de ses mots. Culpabilitéconstamment obligée de penser à s’ôter la vie, mais en ressent le péché, et pour l’éviter, désire la contrainte sévère d’un asileChâtiment: craint que l’une des parties disjointes, et non des moindres, (la tête ou la moitié du corps) soit tellement perdue, qu’elle ne lui appartienne plus. EGLpensée confuse, sans connexion, sans bon sens, et sans compréhension. Dégoût de la vie. Indifférence pour le sexe opposé. Aversion pour toute compagnie, évite la vue des gens. Désire la mort. Impulsion soudaine à se tuer lui–même, à se suicider en se jetant par la fenêtre. Semble ne pas comprendre une question, ne peut pas compter; ne se soucie pas de ses enfants et de ses proches. Regarde fixement devant elle. Faiblesse et paralysie. HTLcolère si les choses ne vont pas selon sa volonté. EGT pensée claire bien connectée. Obstination. Fourbe, suspicieux. Bonne humeur. EGT physique : excès de productions de matières : tumeurs, écoulements,  obésité. EGT masquée : parmi les étrangers, la malade est encore en état de se dominer et le médecin peut n’être pas capable de découvrir son état mental parce qu’elle a dans sa  nature une disposition à tromper.



“ées fixes comme s'il était de verre (se sent fragile), facilement blessé. A l'impression que son vrai moi va être découvert d'où le sentiment de fragilité. Essaie d'être honnête et intellectuellement ferme, ce qui l'empêche de penser librement”.


Réflexions personnelles

En juillet 92, j’avais participé au 1° travail de l’AFADH sur ce remède. Travail long et fastidieux de la lecture des pathogénésies… J’avais entre autres retenu d’Allen

“ésire elle–même, avec anxiété et désespoir, être emmenée dans un asile d'aliénés, et y être traitée avec dureté et sévèrement, de sorte que ses idées fixes soient déracinées et répriméesès bien qu'elle fait mal et a toutes sortes de mauvaises pensées, mais elle ne prendra pas la peine de bannir de telles pensées ; c'est pourquoi elle fait vaguement comprendre qu'elle est constamment obligée de penser à s'ôter la vie, mais elle en ressent le péché, et, pour l'éviter, désire la contrainte sévère d'un asile ; son état est pire le matin ; le soir, cependant, elle se mêle à la société comme d'habitude, elle se comporte correctement, et même plaisante, elle est seulement plus distraite que d'habitude,.–(A)

Elle imagine qu'elle s'est intentionnellement présentée comme une folle aux autres pour atténuer une faute qu'elle suppose avoir faite, et que maintenant, elle est punie par une réelle folie,.–(A)
Elle sent et dit qu'elle est détraquée et ne mérite pas de vivre, comme par punition pour une faute qu'elle ne peut pas nommer et elle parle des choses les plus confuses sans connexion, sans bon sens, et sans compréhension ; elle recommence chaque phrase sans être capable de la terminer malgré tous les efforts d'une mémoire défaillante,.–(A)”.

   
Le pourquoi de ma prescription“” a du se faire dans ma tête. Tant que je ne pète pas les plombs ’être enfermé dans un asile me semble être une manière d’attendre de l’autre une sanction afin de mettre fin à ses mauvaises pensées’un garde–fou

’on prête au remède (qui ne sont que pure spéculation cérébrale sur une éventuelle angoisse métaphysique) n’ont pas été exprimées par mes patients“é à Dieu’a–t–il envié”. J’aurai peut–être pu leur demander

Justifier une prescription à posteriori  est dangereux’a pas été dit, et encore moins ce qui n’a pas été pensé… J’ai tenté de rester honnête, par respect envers mon patient et Dieu... Chacun son travail.