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LSD [LSD]


Introduction 
     De l' origine du LSD, :
     
     Dans le royaume de l' observation scientifique, la chance est accordée seulement à ceux qui y sont préparés (Louis Pasteur).
     
     Maintes et maintes fois, j' ai entendu ou lu que le LSD avait été découvert par hasard. Ceci n' est que partiellement vrai. Le LSD apparu lors d' un programme de recherche systématique et “l' accident” n' eu lieu que beaucoup plus tard : quand le LSD avait déjà cinq ans, j' eus l' occasion d'expérimenter ses effets sur mon propre corps ou plus exactement dans mon propre esprit.
        
     En me remémorant ma carrière professionnelle pour retrouver trace des évènements et décisions qui éventuellement guidèrent mon travail vers la synthèse du LSD, je réalise que le pas le plus décisif fut le choix d' achever mes études de chimie. Si cette décision avait été différente, cette substance, maintenant connue du monde entier, aurait pu ne pas être créée. Pour raconter l' histoire de l' origine du LSD, je dois aussi brièvement parler de ma carrière de chimiste depuis que les deux événements se sont trouvés en relation.
     
     Au printemps 1929, alors que je terminais mes études de chimie à l' Université de Zurich, j' ai rejoins le laboratoire de recherche pharmaco chimique de la compagnie Sandoz à Bâle, comme collaborateur du Pr Arthur Stoll, fondateur et directeur du département pharmaceutique. Je choisis ce poste car il m' offrait l' opportunité de travailler sur des produits naturels, alors que deux autres postes proposés par des firmes chimiques à Bâle impliquaient de travailler dans le domaine de la chimie synthétique.


Généralités
     Premières explorations chimiques :
     
     Mon travail de doctorat à Zürich avec le Pr Paul Karrer m' avait déjà donné une chance d' approfondir mon intérêt sur les plantes et la chimie animale. En utilisant le suc gastro intestinal de l' escargot de vigne, j' accomplis la dégradation enzymatique de la chitin, matériel structurel dont les coquillages, ailes et pattes d' insectes , crustacés et autres animaux inférieurs sont composés. J' étais capable de déduire la structure chimique de la chitin par le produit de dégradation, un sucre nitrogéné, obtenu par cette opération. La chitin semblait être un analogue de la cellulose, la matière structurelle des plantes. Cet important résultat, obtenu après seulement trois mois de recherches, me conduisit à une thèse de doctorat valorisée d' une distinction.
     
     Quand je rejoignis la firme Sandoz, le staff du département pharmaco chimique était encore très modeste en nombre. Quatre chimistes à niveau de doctorat travaillaient à la recherche, trois à la production.
     
     Dans le laboratoire de Stoll, je trouvai un emploi qui me convenait parfaitement comme chimiste chercheur. L' objectif que le Pr Stoll avait fixé à son laboratoire de recherche physico chimique était d' isoler les principes actifs (les constituants actifs)  des plantes médicinales connues pour produire des spécimens purs de ces substances. Ceci est particulièrement important dans le cas des plantes médicinales dont les principes actifs sont instables, ou dont la puissance est sujette à de grandes variations, ce qui rend un dosage exact difficile. Mais si le principe actif est disponible en forme pure, il devient possible de manufacturer une préparation pharmaceutique stable, exactement quanti fiable par le poids. Ceci en tête, le Pr Stoll avait décidé d' étudier des substances végétales  de valeur reconnue telles que les substances de la digitale (Digitalis), la scille méditerranéenne (Scilla maritima) et l' ergot de seigle (Claviceps purpurea ou Secale cornutum) qui malgré leur instabilité et leur dosage incertain, avaient néanmoins été un peu utilisés en médecine.
     
     Mes premières années dans les laboratoires Sandoz furent exclusivement utilisées à étudier les principes actifs de la scille maritime. Le Dr Walter Kreis, l' un des plus proches associés du Pr Stoll,  m' avait poussé dans cette voie de recherche. Les constituants les plus importants de la scille méditerranéenne existaient déjà sous forme pure. Ses principes actifs, ainsi que ceux de Digitalis lanata, avaient été isolés et purifiés, principalement par le Dr Kreis, avec une habileté extraordinaire.
     
     Les principes actifs de la scille maritime appartenaient au groupe des glycosides cardio actifs (glycosides = substances contenant du sucre) et servaient, ainsi que ceux de la digitale, au traitement de l' insuffisance cardiaque. Les glycosides cardiaques sont des substances très actives. Du fait du peu de différence entre les doses thérapeutiques et les doses toxiques, il devient spécialement important d' avoir un dosage exact, basé sur des composés purs.
     
     Au début de mes investigations, une préparation à base de glycosides de scille avait déjà été introduite en thérapeutique par Sandoz; cependant, la structure chimique de ce composé actif, à l' exception de la portion sucre, demeurait largement inconnue.
     
     Ma plus grande contribution à la recherche sur la scille, à laquelle je participais avec enthousiasme, était d' élucider la structure chimique du noyau commun des glycosides de la scille, démontrant d' un côté leur différence d' avec les glycosides de la digitale, d' autre part leur relations structurelles avec les principes toxiques isolés dans les glandes cutanées des crapauds. En 1935, les conclusions de cette étude étaient temporairement établies.
     
     Cherchant un nouveau domaine de recherche, je demandai au Pr Stoll de me laisser poursuivre les investigations sur les alcaloïdes de l' ergot qu' il avait commencées en 1917 et qui l' avaient conduit directement à l' isolement de l' ergotamine en 1918. L' ergotamine découverte par Stoll fut le premier alcaloïde d' ergot obtenu sous forme chimique pure. Bien que l' ergotamine ait pris une place significative en thérapeutique (sous le nom commercial de Gynergène) en tant que remède hémostatique en obstétrique et remède dans le traitement de la migraine, les recherches chimiques sur l' ergot furent abandonnées par les laboratoires Sandoz après l' isolement de l' ergotamine et la détermination de sa formule empirique. Entre temps, au début des années 30, des laboratoires anglais et américains avaient commencés à déterminer la structure chimique des alcaloïdes de l' ergot. Ils avaient aussi découvert un nouvel alcaloïde de l' ergot, soluble dans l' eau, qui pouvait de plus être isolé à partir de la TM  de la production d' ergotamine. Aussi, je pensais qu' il était grand temps que Sandoz reprenne les recherches sur les alcaloïdes de l' ergot, à moins que nous ne cherchions à perdre notre rôle de leader (lapsus dealer!!! ndt!!!) dans le domaine de la recherche médicale qui était déjà devenu si important.
     
     Le Pr Stoll exauça ma requête avec quelques craintes: “Je dois vous avertir des difficultés que vous rencontrerez dans votre travail sur les alcaloïdes de l' ergot. Ce sont des substances extrêmement sensibles, facilement décomposées, moins stables que n' importe lequel des composés que vous avez étudié dans le domaine des glycosides cardiaques. Mais vous êtes invité à essayer.”
     
     Ainsi, les dés étaient jetés, et je me trouvais engagé dans un domaine d' étude qui allait devenir le thème principal de ma carrière professionnelle. Je n' ai jamais oublié la joie créative, l' anticipation passionnée ressenties en m' engageant dans l' étude des alcaloïdes de l' ergot, domaine de recherche à l' époque relativement  peu exploré.
     
     
     L' ergot :
     
     Il peut être utile ici de donner quelques informations préliminaires sur l' ergot lui même. ((Pour de plus amples informations, le lecteur peut se référer aux monographies de G. Barker, Ergot et ergotisme (Gurney et Jackson, London, 1931) et A. Hofmann, Die Mutterkornalkaloide (F. Enke Verlag, Stuttgart, 1964). Ce sont des présentations classiques de l' histoire de cette drogue, insistant sur ses aspects chimiques)). Il est produit par un champignon inférieur (Claviceps Purpurea) poussant de manière parasitaire sur le seigle, et de manière moins fréquente sur d' autres sortes de graines et herbes sauvages. Des amandes, infestées par ce champignon, se développent en pinces courbes, entre brun clair et brun violet, dans les gousses, à la place des graines normales. L' ergot est décrit en botanique, sous forme de sclérotium, forme que le champignon de l' ergot prend en hiver. L' ergot de seigle (Secale Cornutum) est la variété utilisée en médecine.
     
     L' ergot, plus que n' importe quelle drogue, a une histoire fascinante du fait que son rôle et sa signification se sont inversés: autrefois, on le craignait en tant que poison, et au fil du temps, il s' est transformé en riche réservoir de remèdes valables. L' ergot est apparu d' abord sur la scène de l' histoire au début du Moyen Age comme la cause d' épidémies d' empoisonnements de masse, touchant des milliers de personnes à la fois. La maladie, dont le rapport avec l' ergot fut longtemps méconnu, apparut sous deux formes caractéristiques, l' une gangreneuse (ergotismus gangraenosus) et l' autre convulsive (ergostismus convulsivus).Les noms populaires de l' ergotisme, comme “mal des ardents” , “ignis sacer”, “heiliges feuer” ou “feu de saint Antoine”, réfèrent à la forme gangréneuse de la maladie. Le saint patron des victimes de l' ergotisme était Saint Antoine et c'  était au départ l' ordre de Saint Antoine qui traitait ces patients.
     
     Jusqu' à une époque récente, des épidémies d' empoisonnement à l' ergot ont été rapportées dans la plupart des régions d' Europe, incluant certaines contrées de la Russie. Avec les progrès agricoles et depuis la compréhension, au XVIIe siecle, que le pain contenant de l' ergot était en cause, la fréquence et l' extension des épidémies d' ergotisme ont considérablement diminués. La dernière grande épidémie a eu lieu dans certaines régions du sud de la Russie, dans les années 26–27. (L'empoisonnement de masse de la ville du sud de la France, Pont Saint Esprit, en 1951, que beaucoup d' auteurs avaient attribuée à du pain contenant de l' ergot, n' avait en fait rien à voir avec l' ergotisme. Il provenait plus certainement d' un empoisonnement par composé organique de mercure utilisé pour la désinfection des graines).
     
     La première mention d' une utilisation médicinale de l' ergot, à savoir comme ecbolique (médicament pour activer l' accouchement), est retrouvée dans l' herbier du physicien de Frankfort Adam Lonitzer (Lonicerus) en l' an 1542. Bien que l' ergot, comme Lonitzer en faisait état, ait été utilisé depuis l' longtemps par les sages–femmes, ce n' est qu' en 1808 que l' intérêt de cette drogue apparut pour l' académie de médecine par la solidité du travail d' un physicien américain John Stearns, intitulé “Account of the Putvis Parturiens, a Remedy for quickening Childbirth”. L' utilisation de l' ergot comme ecbolique cependant ne dura pas. Les praticiens furent rapidement avisés du grand danger pour l' enfant, en premier du au dosage incertain qui, trop élevé, donnait des spasmes utérins. De ce fait, l' usage de l' ergot en obstétrique fut réservé pour stopper les hémorragies du post– partum. Ce n' est qu' au moment de la reconnaissance de l' ergot dans diverses pharmacopées, durant la première moitié du XIXe siècle, que les premières démarches furent entreprises pour isoler les principes actifs de la drogue. Malgré tout, de tous les chercheurs qui s' essayèrent à ce problème durant les cent premières années, aucun ne réussit à identifier les substances actuelles, responsables d' activité thérapeutique. En 1907, les anglais G Barger et FH Carr furent les premiers à isoler une préparation alcaloïdale active, qu' ils nommèrent ergotoxine car elle produisait plus de la toxicité que des activités thérapeutiques de l' ergot. (Cette préparation n' était pas homogène, mais plutôt un mélange de plusieurs alcaloïdes, comme j' ai pu le démontrer 35 ans plus tard.) Néanmoins, le pharmacologue HH Dale découvrit que l' ergotoxine, à côté de ses effets utérotoniques, avait aussi une activité antagoniste de l' adrénaline dans le système nerveux autonome, qui pouvait conduire à une utilisation thérapeutique des alcaloïdes de l' ergot. C' est seulement avec l' isolement de l' ergotamine par A Stoll, qu' un alcaloïde de l' ergot pût entrer dans le domaine thérapeutique et y avoir un usage répandu.
     
     Début 1930 fût le début d' une nouvelle ère dans la recherche sur l' ergot, en commençant par la détermination de la structure chimique des alcaloïdes de l' ergot, comme déjà cité, par les laboratoires anglais et américains. Par clivage chimique, W A Jacobs et LC Craig, de l' institut Rockfeller à New York, réussirent à isoler et caractériser le noyau commun de tous les alcaloïdes de l' ergot. Ils le nommèrent acide lysergique. Puis vinrent des développements majeurs, à la fois pour la chimie et la médecine : l' isolement du principe de l' ergot spécifiquement utérotonique, hémostatique, qui fût publié simultanément et de manière indépendante par quatre institutions , dont le laboratoire Sandoz. La substance, un alcaloïde de structure relativement simple, fût nommée ergobasine (syn. ergométrine, ergonovine) par A Stoll et E Burckhardt. Par la dégradation chimique de l' ergobasine, WA Jacobs et LC Craig obtinrent l' acide lysergique et l' amino alcohol propanolamine comme produits de clivage.
     
     Je me fixai comme premier but le problème de la préparation synthétique de cet alcaloïde, au travers de la relation chimique des deux composants de l' ergobasine, lysergic acid et propanolamine (cf formules structurelles en appendice).
     
     L' acide lysergique nécessaire pour cette étude avait été obtenu par clivage chimique de quelque autre alcaloïde d' ergot. Jusqu' à ce que l' ergotamine soit valable comme alcaloïde pur et soit prêt à être produit par kilos dans le département de production pharmaceutique, je choisis cet alcaloïde comme matériel de départ pour mon travail. Je me fixai d' obtenir 0,5 mg d' ergotamine à partir de la production d' ergot. Quand je fis ma demande par l' intermédiaire du Pr Stoll pour sa contre signature, il apparut dans mon laboratoire et me réprimanda: “Si vous voulez travailler avec les alcaloïdes de l' ergot, vous devez vous familiariser avec les techniques de la microchimie. Je ne peux pas vous laisser consommer une aussi large quantité de cette coûteuse ergotamine pour vos expériences”. Le département de production de l' ergot, en plus d' utiliser de l' ergot d' origine suisse pour obtenir l' ergotamine, traitait aussi de l' ergot portugais qui produisait une solution alcaloïdale amorphe correspondant à l' ergotoxine déjà mentionnée, premièrement extraite par Barger et Carr. Je décidai d' utiliser ce matériel moins onéreux pour la préparation de l' acide lysergique. L' alcaloïde obtenu par le département de production devait être purifié davantage avant qu' il puisse convenir pour le clivage en acide lysergique. Des observations faites durant le processus de purification me conduisirent à penser que l' ergotoxine pouvait être un mélange de plusieurs alcaloïdes plutôt qu' un alcaloïde homogène. Je parlerai plus tard des recherches consécutives à ces observations.
     
     Ici, je dois digresser brièvement pour décrire les techniques et conditions de travail qui prévalaient à cette époque. Ces remarques peuvent présenter un intérêt pour la génération actuelle de chimistes chercheurs en industrie, accoutumés à de meilleures conditions.
     
     Nous étions très économes. Les laboratoires individuels étaient considérés somme une extravagance rare. Durant les six premières années de mon emploi chez Sandoz, je partageais un laboratoire avec deux collègues. Nous, trois chimistes, plus un assistant chacun, travaillions dans la même pièce dans trois domaines différents: le Dr Kreis sur les glycosides cardiaques, le Dr Wiedemann, qui avait rejoint Sandoz à peu près à la même époque que moi, sur le pigment chlorophyllique des feuilles, et, pour finir, moi même, sur les alcaloïdes de l' ergot. Le laboratoire était équipé de deux hottes (compartiments équipés de prises) se montrant moins efficaces qu' une ventilation effective par la flamme du gaz. Quand nous avons réclamé que ces hottes soient équipées de ventilateurs, notre chef refusa sous prétexte que la ventilation par flamme du gaz avait suffi dans le laboratoire de Willstatter.
     
     Durant les dernières années de la première guerre mondiale, le Pr Stoll avait été assistant à Berlin et Münich du chimiste mondialement fameux et lauréat du Nobel, le Pr Richard Willstatter, et il avait conduit avec lui les investigations sur la chlorophylle et l' assimilation du dioxyde de carbone. Il n' y avait guère de discussion scientifique avec le Pr Stoll dans laquelle il ne mentionne son vénéré Pr Willstatter et son travail dans ce laboratoire.
     
     Les techniques de travail à la disposition des chimistes dans le domaine de la chimie organique à l' époque (début des années 30) étaient essentiellement les mêmes que celles employées par Justus Von Liebig une centaine d' années plus tôt. La plus importante amélioration se réalisa après l' introduction de la microanalyse selon B Pregl, qui rendit possible de s' assurer de la composition élémentaire d' un composé avec seulement quelques mg du spécimen alors qu' auparavant, quelques cg étaient nécessaires. Quant aux autres techniques physico chimiques à la disposition du chimiste actuel (techniques qui ont changé la manière de travailler, permettant d' aller plus vite et d' être plus efficace, et qui ont créé des possibilités tout à fait nouvelles sur tout ce que concerne l' élucidation d' une structure), aucune n' existait à cette époque. Pour les investigations sur les glycosides de la scille et les premières études dans le domaine de l' ergot, j' ai encore utilisé les vieilles techniques de séparation et purification de l' époque de Liebig (extraction fractionnée, précipitation fractionnée, cristallisation fractionnée, etc). L' introduction de la colonne chromatographique, premier pas important dans les techniques de laboratoire moderne, a été de grande valeur pour moi dans mes investigations ultérieures. Pour la détermination de structure, qui de nos jours peur être conduite rapidement et aisément avec l' aide des méthodes spectroscopiques (UV, IR, NMR) et de la cristallographie aux rayons X, nous ne pouvions compter, lors des premières études fondamentales sur l' ergot, entièrement que sur les vieilles méthodes de dégradation et dérivation chimique.
     
     
     L'  acide lysergique et ses dérivés :
     
     L' acide lysergique s' avéra être un substance tout à fait instable et sa réaction avec les radicaux basiques posait des difficultés. Dans la technique connue sous le nom de Curtius Synthésis, j' ai finalement trouvé un moyen qui pouvait servir à la combinaison de l' acide lysergique avec des amines. Avec cette méthode , je produisais un grand nombre de composés d' acide lysergique. En combinant l' acide lysergique avec l' amino alcohol propanolamine, j' obtins un composé identique à l' alcaloïde naturel de l' ergot, l' ergobaline. Ainsi, la première synthèse, production artificielle, d' un alcaloïde d' ergot, était réalisée. Ceci n' était pas seulement d' intérêt scientifique, comme confirmation de la structure chimique de l' ergobasine, mais aussi de signification pratique car l' ergobasine, principe  spécifiquement utéro tonique , hémostatique, est présent  dans l' ergot seulement en quantités insignifiantes. Avec cette synthèse, les autre alcaloïdes existant abondamment dans l' ergot pouvait maintenant être convertis en ergobasine, ce qui présentait de l' intérêt en obstétrique.
     
     Après ce premier succès dans la recherche sur l' ergot, mes investigations se poursuivirent dans deux directions. Tout d' abord, je tentai d' améliorer les propriétés pharmacologiques de l' ergobasine par des variations sur son radical amino alcohol. Mon collègue, le Dr J Peyer, et moi même avons développé un procédé pour la production économique de propanolamine et autres amino alcools. En effet, en substituant la propanolamine contenue dans l' ergobasine par l' amino alcohol butanolamine, un principe actif était obtenu qui surpassait même l' alcaloïde naturel dans ses propriétés thérapeutiques. Ceci permit que l' ergobasine trouve une application mondiale en tant qu' utéro tonique fiable, remède hémostatique, sous le nom commercial de Methergin, et aujourd' hui  médicament leader pour cette indication en obstétrique.
     
     Par ailleurs, j' employai ma méthode de synthèse à produire de nouveaux composés d' acide lysergique dans lesquels l' activité utérotonique ne soit pas essentielle, mais chez lesquels, sur la base de leur structure chimique, d' autres types de propriétés pharmacologiques intéressantes puissent être attendues. En 1938, je produisis la 25e substance de cette série de dérivés de l' acide lysergique: le lysergic acid diéthylamid, soit LSD 25 (Lyserg–saure–diethylamid) pour usage de laboratoire. J' avais projeté la synthèse de ce composé avec l' intention d' obtenir un stimulant respiratoire et circulatoire (un analeptique). De telles propriétés stimulantes pouvaient être attendues du lysergic acid diéthylamid car il montrait des similitudes de structure chimique avec les analeptiques déjà connus à l' époque, à savoir le nicotinic acid diethylamide (Coramine). Lors des tests sur le LSD 25 dans le département pharmacologique de Sandoz, dont le directeur à l' époque était le Pr Ernst Rothlin, une forte action sur l' utérus avait été démontrée. Cela représentait environ 70% de l' activité de l' ergobasine. Le rapport de recherche avait aussi noté en passant, que les animaux expérimentés devenaient agités durant la narcose. Quoiqu' il en soit, la nouvelle substance n' éveillait  pas de nouvel intérêt chez nos pharmacologues et physiciens, les tests furent donc suspendus.
     
     Durant les cinq années suivantes, rien de plus ne fut dit sur le LSD 25. Cependant, mon travail dur l' ergot avançait par ailleurs dans d' autres directions. Lors de la purification de l' ergotoxine, le matériel de base pour l' acide lysergique, j' eus l' impression, comme déjà mentionné, que la préparation alcaloïde n' était pas homogène, mais plutôt un mélange de différentes substances. Ce doute quant à l' homogénéité de l' ergotoxine fût renforcé  lorsque, lors de l' hydrogénation, 2 produits d' hydrogénation distinctement différents furent obtenus alors que l' ergotamine alcaloïde homogène dans les mêmes conditions, produisait seulement un seul produit d' hydrogénation (introduction d' H). Par la suite, les investigations analytiques systématiques du mélange supposé d' ergotoxine, conduisirent finalement à la séparation de cette préparation en 3 composants homogènes. L' un de ces 3 alcaloïdes homogènes d' ergotoxine se révéla être identique à un alcaloïde isolé peu avant dans le département de production, que A Stoll et E Burckhardt avaient nommé ergocristine. Les 2 autres alcaloïdes étaient tout à fait nouveaux. Je nommai le premier ergocornine; et pour le second, le dernier à être isolé, qui avait longtemps été caché dans la TM, je choisis le nom d' ergokryptine (de kryptos = caché). Plus tard, il apparu que l' ergokryptine se présentait sous deux formes isomères, différenciées en alpha et bêta ergokryptine.
     
     La solution du problème de l' ergotoxine n' était pas seulement d' intérêt scientifique, mais aussi de signification pratique. Un remède intéressant fût tiré de tout cela. Les 3 alcaloïdes hydrogénés d' ergotoxine que j' avais produit au cours de ces expériences (dihydroergocristine, dihydroergokryptine et dihydroergocornine) manifestèrent des propriétés médicalement utilisables lors des tests du Pr Rothlin dans le département pharmacologique. A partir de ces trois substances, la préparation pharmaceutique Hydergine fût  développée, médicalement pour l' amélioration de la circulation périphérique  et les fonctions cérébrales dans le traitement des désordres gériatriques. L' Hydergine a prouvé être un médicament efficace en gériatrie dans ces indications. Il s' agit à ce jour du plus important produit pharmaceutique de Sandoz.
     
     La DHE, que j' avais aussi produite au cours de ces expériences, a aussi trouvé une application thérapeutique en tant que médicament circulatoire stabilisant (ainsi que sur la TA) sous le nom de DHE.
     
     Alors que les recherches d' aujourd' hui sur des projets importants sont quasiment toujours exclusivement menées en collaboration, les investigations sur les alcaloïdes de l' ergot, décrites ci dessus, furent menées par moi seul. Même les avancées chimiques ultérieures dans l' évolution des préparations commerciales, restèrent entre mes mains, c' est à dire la préparation d' extraits plus conséquents pour les tests chimiques et finalement le perfectionnement du premier procédé pour la production de masse du Méthergin, de l' Hydergine et du Dihydroergot. Cela incluait même les analyses de contrôle pour les premières formes galéniques de ces 3 préparations (ampoules, solutions liquides et comprimés). Mes aides, à l' époque, étaient constituées par un assistant de laboratoire, un aide laboratoire et plus tard un second assistant et un technicien chimique.
     
     
     Découverte des effets psychiques du LSD :
     
     La solution du problème de l' ergotoxine avait conduit à des résultats fructueux, décrits brièvement ici, et avait ouvert d' ultérieures voies de recherche. Et pourtant, je ne pouvais oublier le relativement inintéressant LSD 25. Un pressentiment singulier, le sentiment que cette substance pouvait posséder des propriétés autres que celles établies lors des premières investigations, m' amenèrent , 5 ans après la première synthèse, à produire de nouveau le LSD 25 afin qu' un échantillon puisse être donné au département pharmacologique pour d' autres tests. Ceci était tout à fait inhabituel; les substances expérimentales, de coutume, étaient définitivement rayée du programme de recherche si elles s' étaient trouvées dépourvues d' intérêt pharmacologique. 
     
     Néanmoins, lors du printemps 43, je répétai la synthèse du LSD 25. Comme la première fois, j' aboutit à la production de seulement quelques cg de composé.
     
     Dans la phase finale de la synthèse, lors de la purification et la cristallisation du lysergique acid diethylamide sous forme de tartrate (tartrati acid salt), je fus interrompu dans mon travail par des sensations inhabituelles. La description qui suit de cet incident vient du rapport que j' envoyai de suite au Pr Stoll.
     
     Ce dernier vendredi, 16 Avril 43 , je jus forcé d' interrompre mon travail au laboratoire dans le milieu de l' après midi et j' allai à la maison, affecté d' une remarquable agitation, associée à un léger vertige. A la maison, je m' allongeai et sombrai dans une déplaisante sensation d' intoxication, caractérisée par une imagination très stimulée. Comme en rêve, les yeux clos (je trouvais la lumière du jour désagréablement éblouissante), je perçus un flot ininterrompu d' images fantastiques, des formes extraordinaires, avec un jeu de couleurs intense, kaléidoscope. Au bout d' environ deux heures, cet état s' estompa.
     
     Ce fût, somme toute, une expérience remarquable, à la fois par sa soudaineté et par son extraordinaire déroulement .Elle semblait avoir résulté de quelque influence extérieure toxique: je supposai une relation avec la substance sur laquelle j' étais en train de travailler à ce moment là, lysergic acid diéthylamide tartrate. Mais ceci conduisait à une autre question: comment m' étais–je débrouillé pour absorber le produit? A cause de la toxicité connue des substances de l' ergot, je restais toujours en habits de travail absolument propres. Il est possible qu' un peu de la solution de LSD ait touché le bout de mes doigts durant la cristallisation, et qu' une trace de substance ait été absorbée au travers de la peau. Si le LSD 25 était vraiment en cause dans cette étrange expérience, alors il devait être une substance à potentiel extraordinaire. Il n' existait qu' une manière de connaître le fond de tout cela: je décidai une auto expérimentation.
     
     En prenant d' extrêmes précautions, je commençai une série planifiée d'expériences avec la plus petite quantité qui puisse éventuellement produire quelque effet, considérant l' activité connue des alcaloïdes de l' ergot à cette époque: à savoir 0,25 mg de lysergic acid diethylamide tartrate. Les notes ci dessous correspondent au début de cette expérience, relevée en mon journal de laboratoire le 19 Avril 43. 


Symptômes généraux. 
     Auto expérimentation :
     
     Le 19 04 43 à 16h 20, 0,5 cc d' un demi promil aqueous solution de diéthylamide tartrate oral, soit 0,25 mg de tartrate. Prise diluée dans 10cc d' eau. Aucun goût.
                               17h : début du vertige, sentiment d' anxiété, distorsions visuelles, symptômes de paralysie, désir de rire.
     Supplément du 21 04 : rentré à la maison à bicyclette; de 18 à 20h, crise plus sévère (cf report spécial).
     
     Ici, les notes de mon journal de laboratoire cessent. Je n' étais capable d' écrire les derniers mots qu' avec grand effort. Auparavant, il était déjà clair pour moi que le LSD était en cause dans la remarquable expérience du précédent vendredi, mais cette fois,  l' altération des perceptions était du même type que précédemment, en beaucoup plus intenses. J' avais beaucoup de difficultés à parler intelligiblement. Je demandai à mon assistant, que j' avais informé de cette auto expérimentation, de me raccompagner chez moi. Nous y sommes allés à bicyclette car aucune automobile n' était utilisable du fait des restrictions de guerre quant à leur utilisation. Sur le chemin de la maison, mon état commença à prendre une allure inquiétante. Tout ce qui était dans mon champs de vision vacillait  et était distordu comme reflété par un miroir courbe. J' avais aussi la sensation d' être incapable de changer de place. Néanmoins, mon assistant me raconta plus tard que nous avions fait le trajet très rapidement. Finalement, nous sommes arrivés sains et saufs, et je fus tout juste capable de demander à mon compagnon d' appeler notre docteur de famille et de demander du lait aux voisins.
     
     En dépit de mon délire, de ma désorientation, j' avais de brefs instants de pensée claire et efficace, et j' ai choisi le lait comme antidote non spécifique pour l' empoisonnement.
     
     Le vertige et la sensation de faiblesse devenaient en même temps si forts que je ne pus plus longtemps tenir debout et que j' ai du mm' allonger sur le sofa. Ce qui m' entourait était maintenant transformé de plusieurs terrifiantes façons. Chaque chose dans la pièce tournoyait, et les objets familiers, les meubles, prenaient des formes grotesques effrayantes. Ils étaient en mouvement continuel, animés, comme mus par une agitation intérieure. La voisine d'à–côté, que je reconnus à peine, m' apporta du lait dans le courant de la soirée. J' en bus deux litres. Elle n' était plus Madame R, mais plutôt une personne malveillante, sournoise, portant un masque coloré.
     
     Encore pire que ces transformations démoniaques du monde extérieur, étaient les altérations que je percevais de moi–même, intérieurement. Tout effort de ma volonté, toute tentative pour mettre fin à la désintégration du monde extérieur et la dissolution de mon égo semblaient vains. Un démon m' avait envahi, avait pris possession de mon corps, de mon esprit et de mon âme. Je bondissais et criais, essayant de lui échapper, mais je sombrais de nouveau et restais étendu, impuissant, sur le sofa. La substance que j' avais voulu expérimenter m' avait vaincu. C' était le démon qui avait triomphé avec mépris sur ma volonté. J' étais saisi par l' horrible peur de devenir fou. J' étais pris dans un autre monde, à une autre place, en un autre temps. Mon corps semblait sans sensation, sans vie, étrange. Etais–je en train de mourir? Est–ce que c' était la transition? A ce moment là, je me croyais hors de mon corps, et donc percevais clairement, comme un observateur extérieur, la complète tragédie de ma situation. Je n' avais même pas pris congé de ma famille (ma femme et nos trois enfants étaient partis ce jour voir ses parents à Lucerne). Comprendraient–ils jamais que je n' avais pas entrepris cette expérimentation sans réflexion, de manière irresponsable, mais plutôt avec les plus extrêmes précautions, et qu' un tel résultat n' était en aucun cas prévisible. Ma peur et mon désespoir s' intensifiaient, non seulement parce qu' une jeune famille pouvait perdre son père, mais aussi parce que je mourais en laissant mon travail de recherches chimiques qui comptait tant pour moi, non terminé alors qu' il était prêt à porter ses fruits et promis au développement. Une autre réflexion prit forme, une idée pleine d' ironie amère: si j' étais maintenant forcé de quitter ce monde prématurément, c' était à cause de ce lysergic acid diéthylamide auquel j' avais moi–même fait voir le jour.
     
     Au moment où le docteur arriva, le plus fort de mon découragement était déjà passé. Mon assistant l' informa de mon auto expérimentation car je n' étais pas encore moi–même capable de formuler une phrase cohérente. Il secoua la tête avec perplexité après mes tentatives pour lui décrire le danger mortel qui avait menacé mon corps. Il ne pouvait détecter d' autres symptômes anormaux que des pupilles extrêmement dilatées. Pouls, TA, respiration, étaient tous normaux. Il ne voyait aucune raison de prescrire quelque médicament. Au lieu de cela il me conduisit à mon lit et resta pour me surveiller. Lentement , je revins de ce monde bizarre, non familier, pour me rassurer avec la réalité quotidienne. L' horreur s' adoucit et laissa place à un sentiment de bonheur et de gratitude; des perceptions et des pensées plus normales revinrent et je fus plus rassuré sur le fait que le danger de folie était passé de manière certaine.
     
     Maintenant, petit à petit, je pouvais commencer à apprécier les couleurs et jeux de formes sans précédent qui persistaient derrière mes yeux clos. Des images kaléidoscopiques, fantastiques, déferlaient en moi, alternantes, variables, s' ouvrant et se fermant en cercles et spirales, explosant en fontaines colorées, se réarrangeant et s' hybridant en un flux constant. Ce qui était particulièrement remarquable, c' est comment chaque perception acoustique, telle que le son d' une poignée de porte ou d' une voiture qui passait, se transformait en perceptions optiques. Chaque son générait une image vivement changeante avec ses propres formes et couleurs cohérentes.
     
     Plus tard, dans la soirée, ma femme revint de Lucerne. Quelqu' un l' avait informée par téléphone que je souffrais d' un mal mystérieux. Elle revint aussitôt à la maison en laissant les enfants chez ses parents. A présent, j' avais récupéré suffisamment pour lui raconter ce qui s' était passé.
     
     Épuisé, je m' endormis alors pour me réveiller dispos le matin suivant, la tête claire, quoique encore quelque peu fatigué physiquement. Une sensation de bien être et de vie renouvelée s' écoulait en moi. Le petit déjeuner était délicieux et me procurait un extraordinaire plaisir. Quand, plus tard, je marchai dans le jardin, sur lequel le soleil brillait après une averse printanière, chaque chose miroitait et étincelait dans la lumière fraîche. Le monde était comme nouvellement créé. Tous mes sens vibraient, dans un état de grande sensibilité qui persista durant toute la journée.
     
     Cette auto expérimentation montrait que le LSD 25 se comportait comme une substance psycho active avec des propriétés et des potentiels extraordinaires. Il n' existait à ma connaissance aucune autre substance qui puisse susciter des effets psychiques aussi profonds à des doses aussi extrêmement basses, causant d' aussi dramatiques changements dans la conscience humaine et notre expérience de l' intérieur et de l' extérieure. Ce qui semblait encore plus significatif, c' est que je pouvais me souvenir de cette expérience  d' intoxication au LSD dans les moindres détails. Cela pouvait seulement signifier que les fonctions de mémorisation consciente n' étaient pas interrompues, même à l' apogée de l' expérience, et en dépit de la profonde dépression sur la vision du monde. Pendant toute la durée de l' expérience, j' avais été conscient de participer à une expérience, mais malgré cette conscience de mon état, je ne pouvais pas, malgré tout mes efforts de volonté, me défaire du monde du LSD. Chaque chose était ressentie comme complètement réelle, comme une réalité alarmante, à cause de l' image des autres, la réalité quotidienne familière étant encore complètement préservée en mémoire pour comparer.
     
     Un autre aspect surprenant du LSD était son aptitude à produire un état d' ébriété si profond, puissant, sans quitter les habitudes. Et inversement, le jour suivant l' expérimentation, je me sentais ,comme je l' ai déjà dit, en excellente condition physique et mentale.
     Je savais maintenant que le LSD, ce nouveau composé actif, possédant de telles propriétés,  pourrait être utilisé en pharmacologie, neurologie et spécialement en psychiatrie, et qu' il allait attirer l' intérêt des spécialistes concernés. Mais à l' époque, je n' avais pas idée que cette substance allait aussi être utilisée en dehors de la science médicale comme hallucinogène dans les milieux de la drogue. Jusqu' à ce que mon expérimentation me révèle le LSD dans son aspect terrifiant, démoniaque, la dernière chose à laquelle je m' attendais, c' est que cette substance puisse un jour trouver application dans quoi que ce soit approchant un plaisir de drogue. Je n' acceptai d' ailleurs de reconnaître la relation significative entre le délire au LSD et les expériences visionnaires spontanées que beaucoup plus tard, après davantage d' expériences, conduites avec des doses beaucoup plus infimes et dans des conditions différentes.
     
     Le jour suivant, j' écrivis au Pr Stoll le rapport ci dessus, au sujet de mon extraordinaire expérimentation du LSD 25 et j' envoyai une copie au directeur du laboratoire de pharmacologie, le Pr Rothlin.
     
     Bien entendu, la première réaction fut un étonnement incrédule. Immédiatement , un appel téléphonique vint de la direction; le Pr Stoll m' interrogea: “ Êtes vous certain de n' avoir fait aucune erreur dans la pesée? Est–ce que la dose définie était réellement correcte?” Le Pr Rothlin appella également, posant les mêmes questions. J' étais certain de ce point, ayant effectué pesage et dosage de mes propres mains. Jusque là, leurs doute étaient justifiés dans une certaine mesure car, jusqu' à présent, aucune substance connue n' avait jamais manifesté le moindre effet psychique à des doses de fractions de mg. Un composé actif de tel potentiel semblait vraiment incroyable.
     
     Le Pr Rothlin lui même et deux de ses collègues ont été les premiers à répéter mon expérience avec seulement un tiers de la dose que j' avais utilisée. Mais même à cette hauteur, les effets étaient encore extrêmement impressionnants et tout à fait fantastiques. Tous les doutes sur les faits exposés dans mon rapport étaient éliminés. 
     
     Trad: Michèle Camelin