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Murex 



SUR LE MUREX PURPUREA.
     Par le docteur Pétroz.
     (REVUE DE LA MATIERE MEDICALE SPECIFIQUE.)
     (Sous le No 200.869 au Fond Gallavardin, Bibliothèque Universitaire de Lyon I (Claude Bernard), Section Santé, 8 Av. Rockefeller, 69008 LYON. Revue publiée par une société de médecins et sous la direction des Dr. Chargé, Pétroz et Roth. Elle est paru de 1840 à 1842. Murex a été publié dans le 3ème tome de 1841. La référence D'ALLEN est fausse (Revue de Matière Médicale Homéopathique).
     
     ( Considérations générales sur l'homéopathie....)
     
     PATHOGENESIE.
     
     I. Femme de quarante–six ans. Constitution nerveuse, très–impressionable, mais de bonne santé.
     Une dose de murex, un décigramme, 4e, a été prise dans 6 cuillerées d'eau. Première cuillerée prise le 5 janvier, le soir. Sommeil paisible. 
     2ème jour . Douze heures après l'ingestion du médicament, vive douleur dans le côté droit de l'utérus, qui traverse tout le corps et remonte jusqu'au sein gauche, faiblesse extrême dans les mouvements volontaires, flexion des jambes et besoin invincible de rester assise, confusion dans les idées, répugnance pour la conversation, tristesse profonde. A six heures du soir, palpitations de cœur, battement des artères du col. le soir, fatigue excessive, somnolence, chaleur des mains, 80 pulsations. Douleurs dans les genoux; reins douloureux, sensation d'écorchure et de brûlure, douleur de brisure dans la poitrine. Nuit bonne.
     Deuxième cuillerée le soir, 7 janvier. Douleur pongitive brûlante sous les fausses côtes du flanc gauche, vers le rachis, avec redoublement; somnolence et tristesse, exonération pénible, selle maronnée qui exige 1/4 de lavement d'eau tiède. Le point de côté a persisté pendant toute la journée. Le soir, tension douloureuse dans l'hypochondre droit. Toux sèche peu fréquente, dyspnée. Voix altérée, enrouement. La pesanteur a beaucoup diminuée. Leucorrhée nulle depuis la première cuillerée.
     Troisième cuillerée le 7 au soir.
     8. Nuit bonne. Au réveil, bien–être général. Le point de côté a disparu. Sensation de sécheresse et de constriction dans l'utérus. la pesanteur a disparu. leucorrhée nulle.
     Quatrième cuillerée le 8, au soir.
     9. Journée bonne. Selle naturelle. Cinquième cuillerée le soir.
     10. Journée bonne. Sixième cuillerée.
     11. Le matin, sensation de lourdeur et de dilatation dans les grandes lèvres. Urines avec sédiments blancs, expulsion d'une petite quantité de mucus sanguinolent, après l'émission de l'urine.
     12. Journée bonne. Le soir, apparition abondante des règles. Selle naturelle.
     13. Douleur de blessure comme par une arme tranchante, dans l'utérus. Cette sensation est habituelle à l'époque des règles, depuis bien des années.
     
     II. Femme de trente–huit ans. Tempérament sanguin, esprit droit, observant judicieusement, bonne santé.
     Premier jour. Fleurs blanches disparues entièrement, douleur derrière la tête vers le milieu du jour, douleurs dans les bras au–dessous du coude.
     Deuxième jour. 
     A mon réveil, mal de tête qui s'est dissipé à mon lever. Dans la journée, douleurs au côté gauche de la tempe; elles vont et viennent; lourdeur de tête de temps en temps qui ne fatigue pas, et donne par moment une grande clarté dans les idées. Vers la fin de la journée, serrement derrière la tête; j'y porte la main involontairement quand le serrement passe de gauche à droite, c'est la main opposée à la douleur que je porte à la tête; je baisse ma tête en arrière parce qu'il me semble que ce mouvement détend les nerfs du derrière de la tête et du col; besoin constant d'uriner pendant la journée; à trois heures du soir, un besoin de dormir très–violent.
     Troisième jour. Mal de tête comme la veille, dissipé de même; sommeil avec rêves pénibles : je fuyais une mer agitée, et je me retrouvais dans une prairie avec de l'eau; dans la journée, lourdeur de tête par moment; à cinq heures, ma joue droite était brûlante; dans la soirée, deux fois j'ai eu un élancement très–violent au côté gauche du bas–ventre, vers le bas; il montait droit, il a duré une minute; à neuf heures, sommeil violent; dans la journée, douleurs dans les jambes de temps en temps; dans la journée, de temps en temps, serrement dans la tête de chaque côté au dessus des oreilles; douleurs dans les seins.
     Quatrième jour. Rêves pénibles, mal de tête au réveil, dissipé, toujours de même vers les dix heures; coliques assez fortes; faim dans la journée, appétit assez fort le matin, mais pas au dîner, douleurs dans les seins.
     Cinquième jour. Je vous l'expliquerai. la personne n'a pas osé écrire tout ce qu'elle avait ressenti dans les organes génitaux : violents désirs vénériens, excitation que la volonté, la raison avaient peine à dompter.
     Sixième jour. Le matin, la joue brûlante, la gauche; dans la journée faim; le soir, mal de tête avec douleur; il m'a duré une heure environ.
     Rêves pénibles; réveillée en sursaut avec peur; le matin, fleurs blanches, très–peu, mais verdâtres; le soir, mouvement de coliques. 
     Septième jour. Voici le septième jour du médicament; et depuis le deuxième, j'ai toujours été très–constipée; aujourd'hui je n'ai pu aller à la garde–robe; le soir j'ai eu mal à la tête, avec douleur sur le devant du front; j'ai oublié de dire que, dans les premiers jours, le matin, avant le déjeuner, j'ai toussé plusieurs fois; le soir, en respirant, j'ai des sifflements dans la poitrine; depuis quelques jours, j'éprouve dans la journée des mouvements d'angoisses; je suis tourmentée, j'ai peur, je crains.
     
     III. Femme de trente–neuf ans, tempérament sanguin, lymphatique.
     Premier jour. A deux heures et à quatre heures, j'ai eu des douleurs vives au–dessus du cervelet, mais elles ont passé aussi vite. J'ai eu moins de fleurs blanches, mais elles sont toujours mêlées de sang.
     Deuxième jour, vendredi. Depuis midi, j'ai la tête embarrassée et un peu lourde; peu d'aptitude au travail; à deux heures et demi, bourdonnement dans les oreilles et augmentation de la douleur de tête. Cette lourdeur s'est dissipée vers les quatre heures; à six heures et demie il m'a pris une douleur vive dans tout le bas–ventre, côté gauche; elle était aiguë et elle s'est répandue dans tout le bas ventre; cette douleur n'était pas égale, elle se faisait sentir dans les différentes places comme un point aigu; le bas–ventre, côté gauche, est resté douloureux toute la soirée; les fleurs–blanches peu abondantes et point mêlées de sang. Je souffre au lit de douleurs de bas–reins et de hanches, et d'une chaleur vive au–dessus des cuisses; elles n'ont point diminué.
     Troisième jour, samedi. J'ai eu moins de lourdeur de tête, peu de fleurs blanches, mais elles sont plus épaisses; elles n'étaient pas mêlées de sang; les points douloureux du ventre, côté gauche, ont été moins forts, mais ils se sont fait sentir de temps en temps; j'ai eu aussi quelques élancements; les chaleurs des cuisses ont disparu, mais j'ai toujours celles des hanches, même étant levée.
     Quatrième jour, dimanche. Le matin, en allant à la garde–robe, le sang reparu, et jusqu'à une heure il y en eu dans les fleurs blanches; vers les trois heures, j'ai éprouvé une forte douleur au–dessus de la tempe droite; j'ai eu un peu de douleur dans les cuisses; j'ai remarqué que depuis mon médicament, les douleurs des hanches et des reins sont plus fortes; le soir, en allant à la garde–robe, le sang a paru très–fort; cette journée j'ai eu peu de fleurs–blanches; depuis deux jours j'ai des douleurs dans les seins.
     Cinquième journée, lundi. Je n'ai pas vu de sang aujourd'hui. J'ai eu peu de fleurs–blanches; mais je me suis levée avec des douleurs sous la cuisse gauche, qui m'étaient très–sensibles même au toucher. Elles m'ont duré toute la journée. J'ai eu quelques élancements à la matrice; les hanches me font mal; la chaleur des cuisses n'a pas eu lieu dans mon lit, ni levée.
     Sixième journée, mardi. J'ai continué à ne pas voir de sang, et j'ai eu aussi peu de fleurs– blanches.
     La douleur au–dessous de la cuisse a été moins forte, mais elle est restée douloureuse au toucher. Les seins ont été très–douloureux, et dans mon lit, j'ai eu des élancements forts et douloureux. Les douleurs de cuisses et de reins ont presque disparu.
     Septième journée, mercredi. Dans la nuit, je me suis réveillée en sursaut, avec une violente envie d'uriner. j'ai uriné très–abondamment. Je n'ai pas vu de sang et point de fleurs–blanches dans la nuit; j'en avais eu assez dans la journée. J'ai eu la lourdeur de tête et même de l'étourdissement; mais depuis mon médicament, et même avant, je n'ai pas eu une journée aussi bien. J'ai remarqué que depuis mon médicament je perds la mémoire, et j'ai même de la difficulté à trouver mes mots.
     Huitième journée, jeudi. J'ai cessé de prendre le médicament. ma journée a été très–mauvaise; j'ai eu des douleurs de seins très–fortes, mal aux reins et aux cuisses; un malaise dans le bas–ventre, qui ressemblait beaucoup à celui que j'éprouve à l'approche de mes règles, et nous sommes au 20; je ne dois les avoir que le 5 septembre. J'ai eu envie de dormir, de l'embarras dans la tête; le travail m'était pénible.––Ce soir, je n'ai plus de douleur qu'aux cuisses, toujours dessous et vers le milieu. En urinant dans la journée, le sang a paru légèrement; j'ai eu à peine des fleurs–blanches, mais elles sont toujours très–épaisses et très–jaunes. J'ai remarqué que je souffrais davantage en restant assise. je dors bien et j'ai bon appétit.
     Neuvième journée, vendredi. Ma nuit a été bonne; cependant la première fois que je me suis réveillée, et cela m'arrive plusieurs fois dans la nuit, j'ai éprouvé des douleurs assez fortes, comme celles que j'ai quand j'ai mes règles; de l'angoisse.
     Les seins, cette journée, ont été moins douloureux; plus de sang dans les fleurs–blanches, et en allant à la garde–robe, à peine des fleurs–blanches; point de douleur aux reins, mais une lassitude extrême et des douleurs dans les jambes et dans les genoux. Je n'ai pas eu d’élancements. Ma journée a été bonne.
     J'ai eu cependant mal à la tête, et plusieurs fois une douleur vive à la tempe droite, mais elle passait vite. Mon mal de tête, que j'ai encore ce soir, se fait plus sentir du côté droit que du gauche.
     
     FAITS THERAPEUTIQUES.
     
     I. Madame J....., mère de plusieurs enfants qu'elle a nourris, eut une très–bonne santé jusqu'à l'âge de quarante–cinq ans; à cette époque elle commença à éprouver de l'irrégularité dans ses menstruations, et se plaignit bientôt de lassitude douloureuse dans les lombes, d'une sensation de pesanteur dans l'hypogastre, surtout sur le rectum, qui la jetait dans une grande anxiété; tristesse profonde à l'approche des règles, qui, très–abondantes pendant plusieurs jours, étaient accompagnées de violentes douleurs causées par l'expulsion de gros caillots; ensuite l'écoulement; qui se prolongeait dix à douze jours, devenait roussâtre et ensuite séreux; l'intervalle d'une époque à l'autre n'était que de dix jours environ, pendant lesquels les symptômes ci–dessus énoncés diminuaient sans cesser, pour reprendre toute leur intensité au retour des menstrues.
     L'exploration de l'organe, faite à l'aide du spéculum, fit reconnaître un gonflement mou, violacé du col de l'utérus; une large excoriation à sa partie antérieure, que le toucher rendait facilement saignante, firent recourir à la cautérisation, après laquelle la malade fut soumise à un repos absolu, à une alimentation légère peu abondante. Les règles qui vinrent après l'opération furent moins fortes, sans caillots, par conséquent moins douloureuses et de moins longue durée; les symptômes secondaires furent aussi moins marqués; mais ce mieux se perdit au bout de quelques mois; les accidents se renouvelèrent et devinrent plus violents; la marche, la station prolongée devinrent à peu près impossibles; la douleur à l'apparition des menstrues se renouvela forte pour expulser de gros caillots; pendant les souffrances, le pouls était petit, fréquent; l'émission de l'urine était impossible; une sueur abondante couvrait le corps de la malade.Sabine 30, iij, dans 120 grammes d'eau, donnée par cuillerée, de demi–heure en demi–heure, modéra les symptômes sans beaucoup diminuer leur durée; huit jours après la malade prit le murex purpurea, ––4è, cinq centigramme dans 180 grammes d'eau (une cuillerée matin et soir). Sous son influence, la lassitude douloureuse des lombes, des cuisses, la pesanteur sur le rectum, la leucorrhée, la cuisson qu'elle causait, et les douleurs de l'hypogastre diminuèrent et finirent par se dissiper. L'époque menstruelle retardée de quelques jours, eut lieu comme avant la maladie, plus, la faiblesse laissée par les souffrances antécédentes; une seconde dose fut donnée comme la première, immédiatement après la cessation des règles; depuis lors sa santé est devenue parfaite; dix–huit mois se sont écoulés dans une vie active, quelque fois fatiguante, sans qu'elle ait été ébranlée.
     II. Madame F...., âgée de trente ans, d'une constitution sanguine, lymphatique, mère de deux enfants, fut sujette, dans son enfance, à de violents accès de toux causés par une congestion sanguine aux poumons, qui se manifestait sous l'influence d'une cause psorique (rétrocession de la gale). Ces accidents cessèrent dès la première grossesse, un autre organe devient le centre de la fluxion où devaient se montrer des désordres d'un autre genre; la malade commença par éprouver une sensation de pression sur les parties génitales; quelques mois après le premier accouchement, une pesanteur douloureuse sur le rectum, gonflement des hémorroïdes, leucorrhée jaune–verdâtre, quelquefois sanguinolente, émission de sang pur par la vulve en allant à la selle.
     Douleurs de bruissement dans les extrémités inférieurs. Lassitude douloureuse dans les lombes, dans les hanches, faiblesse très–grande qui rendait la marche très–difficile, souvent impossible; à l'époque des règles. A ces symptômes qui devenaient plus intenses, se joignait un endolorissement de tout l'hypogastre; il causait une anxiété inexprimable, des syncopes fréquentes, qui cessaient quand les menstrues commençaient à paraître; bientôt elles devenaient excessives, accompagnées de spasmes dans le bas–ventre, mêlées de quelques élancements vifs dans l'utérus.
     Plusieurs cautérisations avaient eu lieu, elles avaient été motivées, (disait le rapport de l'opérateur) par la tuméfaction du col où se trouvaient plusieurs gerçures profondes; le corps de l'utérus, plus volumineux, était très–incliné en avant, le col appuyait sur la paroi postérieure du bassin, cette position devait sans doute augmenter les douleurs.
     La cautérisation, quoique répétée souvent, fut peu fructueuse; on y renonça, et pendant quelques mois encore, les souffrances furent les mêmes. Immédiatement après une époque de règles, cinq centigrammes de murex 4ème furent donnés dans 120 grammes d'eau; la malade en prenait une cuillerée chaque matin; les symptômes diminuèrent sensiblement avant l'époque menstruelle suivante, elle eut lieu avec peu de souffrance, et une moindre quantité de sang perdu, la leucorrhée fut surtout fort diminuée; une seconde dose donnée de la même manière, quand l'écoulement sanguin eut cessé, a suffi pour rétablir la santé qui, depuis un an, n'a pas cessé d'être bonne.
     De ces deux observations, et d'autres analogues, on peut déduire des principes d'une utile application; ils trouveront leur place ailleurs.
     (Le résumé des symptômes du murex à un numéro prochain.)