Pour une définition du concept homéopathique

 et son application à la recherche scientifique

 

Par Madeleine Bastide, Professeur Honoraire, Université Montpellier 1, France

 

            L'homéopathie, thérapeutique très connue et très répandue dans le monde entier, repose sur trois principes fondamentaux proposés par Hahnemann à la suite de ses observations : le principe de similitude, le principe de totalité et le principe d'utilisation de remèdes à doses "infinitésimales", remèdes fortement dilués et "dynamisés" par agitation forte, désignés sous le nom de remèdes homéopathiques.

            Les études sur les effets de tels médicaments fortement dilués sont totalement liées à l'utilisation de ces préparations en Homéopathie. Sans un tel exemple, aucun scientifique n'aurait pu imaginer travailler sur des modèles expérimentaux utilisant des solutions tellement diluées qu'elles ne contiennent théoriquement aucune molécule. Cependant, de telles dilutions préparées selon la méthode homéopathique et dans le champ de cette thérapeutique sont utilisées avec succès même quand leur molarité est inférieure à la limite donnée par le nombre d'Avogadro : ceci signifie alors qu'elles ne renferment plus de molécules. Ce type d'observation est d'ailleurs rejeté par la communauté scientifique qui considère cet effet comme une erreur scientifique (La Recherche, 1998). Il est vrai qu'actuellement, personne ne peut encore expliquer comment et pourquoi ces hautes dilutions ont un effet thérapeutique et plusieurs hypothèses ont été proposées.

            Cependant les expérimentations étudiant ce phénomène ont été réalisées par divers chercheurs dans le but, pour la plupart d'entre eux, de valider les effets de l'Homéopathie. Nous n'allons pas donner une analyse exhaustive de tous les travaux publiés qui sont analysés d'une part par P.Fisher et M.Van Wassenhoven pour la recherche clinique, et d'autre part par L.Bonamin et B.Poitevin pour la recherche fondamentale. Les modèles cliniques semblent mieux appliquer les principes homéopathiques; on constate cependant un emprunt des règles allopathiques dans le cas des essais cliniques en homéopathie, supposant par là que les principes sont les mêmes. Quant aux modèles de recherche fondamentale, ils semblent très diversifiés et souvent très éloignés de la pensée homéopathique. Il est nécessaire de les clarifier et de vérifier leur adéquation aux principes homéopathiques qui doivent servir de système de référence dans une telle recherche.

            Nous allons d'abord rappeler ces principes. Nous analyserons ensuite rapidement les règles de la recherche scientifique auxquelles n'échapperont pas les modèles utilisés. Nous classerons ensuite rapidement les modèles expérimentaux utilisés afin de faire émerger les concepts sous-jacents ayant permis leur réalisation. Nous montrerons ensuite les particularités observées dans les études sur l'action des hautes dilutions non moléculaires et nous présenterons et discuterons les différentes hypothèses proposées qui peuvent aider ou non à l'explication de l'Homéopathie.

 

 

         Les Principes de l'Homéopathie

 

            Le principe de similitude, caractéristique essentielle de l'Homéopathie, peut se définir ainsi : "toute substance capable de provoquer à dose pondérale ou en dilution infinitésimale un ensemble de symptômes chez un sujet sain est capable d'éliminer ces symptômes lorsqu'ils sont présents chez le malade en rétablissant l’équilibre de santé ». Les symptômes identifiés par le médecin homéopathe étant exprimés aussi bien au niveau physique que mental, le deuxième principe de l'Homéopathie est le principe de totalité. Quant au principe d'utilisation de doses infinitésimales, il repose sur les observations d'Hahnemann : les remèdes choisis selon la loi de similitude sont plus puissants quand ils sont fortement dilués et agités à chaque dilution ("dynamisation ou succussion"). Cette dilution-dynamisation augmente l'efficacité du remède qui agit même lorsqu'il n'y a plus de molécules en solution (dilutions au delà de 10 -23); la loi d'Avogadro-Ampère dénombre les molécules dans une molécule-gramme et donne le chiffre de 10 23 molécules; ceci nous permet de dire que, pour une molécule de masse moléculaire égale à 1000 daltons, la dilution homéopathique égale à une 10 CH (dix dilutions au 1/100) ne renferme plus de molécule.

Il faudra donc que les modèles de recherche démontrent la validité des trois principes énoncés pour affirmer la réalité scientifique de l'Homéopathie.

 

            Le principe de similitude qui est à la base même de l'homéopathie n'existe que par l'analyse des symptômes, soit chez le malade (pathologie), soit chez le sujet sain recevant le remède à doses pondérales ou infinitésimales (pathogénésie). Le symptôme devient donc l'élément fondamental à définir. C'est alors que commencent les différences qui séparent l'homéopathie du système de prescription classique désigné par Hahnemann (§66 & 67, 1824) par le terme allopathique et/ou antipathique (remèdes provoquant des symptômes différents ou "allo" et opposés ou "anti"). Dans le cas de la thérapeutique classique, les symptômes retenus par le médecin sont ceux qui sont caractéristiques de la maladie (pathognomoniques) et qui servent à faire le diagnostic de la maladie donc de la causalité des symptômes. La thérapeutique est alors établie selon l'activité des médicaments sur la pathologie elle-même. La réaction individuelle du malade n'est pas prise en compte, ni les modalités des manifestations symptomatiques. Le diagnostic de la maladie est indispensable au choix thérapeutique et les symptômes généraux sont "neutralisés" par des actions antagonistes (fièvre par antipyrétiques, douleurs par antalgiques, etc..).

L'interprétation des symptômes en homéopathie est tout autre. Pour le médecin homéopathe, l'observation du malade et l'analyse de tous les symptômes caractéristiques du sujet lui-même (idiosyncrasiques) sont nécessaires au choix du remède (Hahnemann,§ 121 & 122, 1824) sans référence à la maladie elle-même. Les symptômes analysés ne servent donc plus à réaliser le diagnostic de la maladie mais à caractériser le mode réactionnel de l'individu malade (Fisher, 1998). Les symptômes ne servent donc pas à une recherche de causalité de la pathologie ; ils sont plutôt envisagés comme la traduction, par le corps du malade, d'une situation pathologique impossible à traiter qu'il exprime par diverses manifestations à tous les niveaux, physique et psychique. Il devient alors évident que la totalité de l'organisme est concernée. Nous devons en outre faire une discrimination entre les symptômes et les modifications biologiques. En effet, l'existence des maladies inapparentes dont la découverte valut le Prix Nobel à Charles Nicolle en 1923 nous montre que des modifications biologiques se produisent dans l'organisme sans manifestations symptomatiques, ce qui rend bien les maladies "inapparentes". Ceci nous conduit à identifier la modification biologique (apparition d'anticorps, paramètres biochimiques ou cellulaires, etc..) comme une modification de fonction "mécanique" qui existe toujours en cas d'agression alors que les symptômes correspondent à l'expression de l'organisme en souffrance qui ne trouve pas de solution à son problème et exprime cette inadéquation. L'exemple le plus simple peut être donné par les maladies inapparentes infectieuses du type rubéole ou toxoplasmose dont les symptômes sont exprimés seulement chez les sujets immunodéprimés qui expriment alors leur pathologie par des symptômes (fièvre, éruption, etc..). Les "séro-conversions" de diverses pathologies qui seules permettent un diagnostic précoce (SIDA, par exemple) montrent bien que pendant une certaine période, l'organisme peu infecté est arrivé à régler son problème pathologique sans symptômes ; dans ce dernier type de pathologie, ces derniers vont apparaître plus tard quand l'organisme débordé ne peut plus gérer son déséquilibre. Cette distinction entre symptômes et modifications biologiques est importante car ces deux éléments, bien que corrélés dans certaines circonstances, ne sont pas forcément liés et ne fonctionnent pas au même niveau. Mais les modèles expérimentaux les ont fréquemment mêlés, ajoutant à la confusion de l'interprétation des résultats se référant à l'Homéopathie.

 

 

         Rappel des règles de la recherche scientifique

 

            La recherche scientifique dans le domaine de l'Homéopathie doit suivre les règles classiques de l'investigation expérimentale. Partant d'observations, une théorie bâtie sur ces observations doit être établie ainsi qu'une hypothèse de travail. Puis, des modèles expérimentaux doivent être créé pour vérifier l'hypothèse. Les modèles expérimentaux vont permettre de valider ou d'invalider la théorie. Naturellement, les évaluations des résultats sont dépendantes de l'existence de technologies adaptées. Par exemple, avant l'existence du compteur Geiger-Müller, la radioactivité ne pouvait être quantifiée. Quand les mesures sont possibles, des statistiques adaptées valident les résultats. Puis, les résultats observés doivent être répétables (par la même équipe de recherche) et reproductibles par d'autres. Cependant, répétabilité et reproductibilité dépendent du degré d'isolement du modèle ; plus le modèle dépend de son environnement, plus il est variable, et plus il est difficile de le répéter et de le reproduire. Les modèles physico-chimiques semblent très isolés et sont facilement reproductibles. Mais les effets observés chez les êtres vivants interfèrent avec de nombreux paramètres parfois non maîtrisables : la temporalité est la plus connue puisqu'elle est représentée en partie par la chronobiologie. Pour éviter ces désagréments, les biologistes préfèrent utiliser des modèles "in vitro" pour essayer de contrôler au maximum tous les paramètres. Il faut souligner que les trois principes de l'homéopathie (similitude, totalité, doses infinitésimales de remèdes) nécessitent plutôt des modèles in vivo ou ex vivo avec les difficultés de reproductibilité citées plus haut. D'autre part, il n'existe aucune technologie reconnue capable de contrôler les caractéristiques physiques des hautes dilutions homéopathiques.

Or, comme nous l'avons indiqué (Bastide, 2002), actuellement, l’Homéopathie est considérée comme une thérapeutique empirique. Cette construction phénoménologique n’est pas toujours adoptée par la communauté scientifique moderne, victime d’un certain dogmatisme mécaniste. Une pharmacologie non-moléculaire semble représenter un handicap conceptuel. Pourtant, les effets pharmacologiques des rayonnements ionisants sont depuis longtemps acceptés. La représentation de l’invisible (il n’y a plus « rien » dans les dilutions au delà de la 11CH…) est toujours difficile surtout si elle n’est pas soutenue par des données expérimentales nombreuses et variées. Les scientifiques préfèrent une approche plus constructive que la théorie phénoménologique de Hahnemann (Chibeni, 2001). L’établissement de théories et d’hypothèses étayées par des démonstrations expérimentales de vérification fait actuellement défaut à l’homéopathie qui a pu ainsi être traitée de « scientisme orthodoxe à œillères" (La Recherche : Editorial, 1998). Nous sommes donc confrontés à l'exercice périlleux qui consiste à démontrer scientifiquement la valeur de l'homéopathie sans théorie, sans outils expérimentaux spécifiquement adaptés et avec une utilisation traditionnelle exclusive dans le vivant.

 

         Rappel rapide des différents modèles expérimentaux publiés

 

            De très nombreux articles ont été publiés en recherche fondamentale comme le montre les diverses revues publiées (Tisseyre, 1996 ; COST B4 report, 1999; Halm, 2001). Divers modèles ont été utilisés ; nous donnons seulement dans une classification simplifiée un exemple de la variété de ces expérimentations. Une revue détaillée est donnée plus loin par L.Bonamin et B.Poitevin.

Très rares sont les modèles expérimentaux en recherche fondamentale appliquant la loi de similitude stricto sensu. Par exemple, l'utilisation de Silicea homéopathique pour soigner les blessures chroniques d'oreilles de souris porteuses de boucles de métal (Oberbaum et coll., 1992) ou l'action de "Apis" homéopathique dans l'érythème UV (Aubin et coll., 1975; Bildet et coll., 1989) sont des applications strictes de la loi de similitude sur des symptômes locaux dont la disparition est objectivable. Il nous faut aussi inclure à ce niveau les quelques essais réalisés en clinique vétérinaire.

Mais la majeure partie des modèles de recherche fondamentale n'ont pas de lien nettement établis avec la loi de similitude telle qu'elle est définie en homéopathie; on en trouve des interprétations éloignées comme dans l'isothérapie (principe d'identité et non de similitude). Nous allons donner rapidement les grandes caractéristiques de ces travaux :

                       

            Modèles étudiant l'effet de dilution homéopathique de produits d'origine biologique dans une sorte d' "endo-iso-thérapie" : influence de dilutions homéopathiques de molécules du système immunitaire dans des évaluations de l'immunité (Bastide et coll., 1985, 1995; Doucet-Jabœuf et coll., 1982; Guennoun et coll., 2000; Youbicier-Simo et coll., 1993, 1996a, 1996b). effets de médiateurs de l'inflammation (Poitevin et coll., 1988; Hadji et coll., 1992); hormones (Endler et coll., 1994a, 1994b etc..) et bien d'autres…

 

Modèles montrant un effet de protection par application de faibles doses ou de dilutions homéopathiques de la substance toxique ou de l'agent pathogène avant ou après l'intoxication ou l'infection avec le même produit (iso-thérapie). De très nombreux modèles appartiennent à ce groupe : faibles doses de Cadmium (Weiss et coll.), faibles doses d'arseniate de sodium ou de métaux lourds (Van Wijk et coll., 1993, 1994a, 1994b), dilutions homeopathiques d'arseniate de sodium (Lapp et al., 1955; Wurmser et coll., 1984; Betti et coll., 1994, 1997), ou de métaux lourds (Delbancut 1994, Delbancut et coll., 1997), or d'adjuvant de Freund (Conforti et coll., 1995), ou de dilutions homeopathiques de Belladona sur le duodenum de rat traité par l'acetylcholine ou l'atropine (Cristea et coll., 1987, 1991) et bien d'autres……

 

            Modèles démontrant des effets opposés en fonction de la concentration ou en fonction du temps dans un modèle "d'action-réaction" (modèles d'hormésis , modèles d'effet rebond) tels que les résultats publiés par Wagner et coll., (1988), Southam et coll., (1948), Stebbing (1981), Bellavite et coll.(1997) et bien d'autres…

 

De très nombreuses publications sur des essais cliniques ont fait l'objet de deux méta-analyses  (Homeopathic Medicine Research Group, 1996 et Linde et coll., 1997). Les nombreux essais sont détaillés plus loin par P.Fisher et M.Van Wassenhoven. Dans l'ensemble, on retrouve les mêmes modèles que dans la recherche fondamentale: des vrais modèles de similitude pour lesquelles le choix du remède et l'individualisation du malade ont toujours posé des problèmes; des modèles d'isothérapie par exemple dans le traitement des allergies (pollens dans les rhinites allergiques, Reilly 1986; Aabel, 2001b, etc…); l'utilisation de dilutions homéopathiques de molécules endogènes comme la thymuline en immuno-stimulation (rapportée dans Bastide et coll., 1995).

 

 Dans les cas où les vrais principes de l'homéopathie ne sont pas appliqués, il faudra définir les concepts sous-jacents à de tels travaux et les analyser en fonction des principes homéopathiques.

 

         Particularités des résultats expérimentaux obtenus par action de hautes dilutions non moléculaires

 

            Des résultats expérimentaux étranges et uniques obtenus avec de hautes dilutions homéopathiques permettent  de penser que les hautes dilutions non moléculaires ont des propriétés spécifiques. L'étude physique de telles dilutions a été faite par diverses techniques : étude en résonance magnétique nucléaire (RMN) avec des résultats variables montrant soit des modifications de l'état physique (Demangeat et coll., 1992, 2001), soit aucune modification (Aabel, 2001a), Milgrom et coll., 2001); études en microcalorimétrie démontrant des modifications des dilutions homéopathiques (Elia et coll., 1999). A côté de ces travaux étudiant les dilutions, d'autres travaux de physique de l'eau révèlent des propriétés surprenantes de l'eau au cours de phénomènes de dilution : par exemple, des formes IE  microscopiques cristallines stables de glace apparaissent dans les solutions diluées dans les conditions normales de températures et de pression et se rassemblent autour des ions (Lo et coll., 1996a, 1996b). Un travail récent montre également que des molécules dissoutes dans l'eau forment des agrégats qui s'élargissent avec le facteur de dilution (Samal et coll., 2001); la démonstration n'existe qu'en solution relativement concentrées de 0,216 à 0,013 mM ce qui fait une valeur estimée de molécules présentes à 1018 molécules ce qui est considérable si on considère les dilutions homéopathiques (pour 1 ml d'une dilution 5 CH d'un produit de PM égal à 1000, il y a approximativement 1010 molécules. Et pourtant cette publication a fait le tour de tous les chercheurs s'intéressant à l'homéopathie car le besoin de se rattacher à des concepts classiques est répandu. Ces derniers travaux montrent que les travaux de recherche réalisés avec de très basses dilutions (1CH, 2CH) sont très ambigus au plan de l'interprétation scientifique car l'action moléculaire n'est pas à éliminer; alors que les hautes dilutions dynamisées permettent une analyse univoque de la particularité de l'homéopathie. Ces travaux de physique ne sont donc pas une clef aidant à sa compréhension car les trois principes fondamentaux ne sont pas reliés à la structure de l'eau; ils indiquent seulement que le procédé de dilution-dynamisation peut modifier certaines propriétés de l'eau (Schulte, 1999).

            Il est plus intéressant d'analyser les effets particuliers des hautes dilutions homéopathiques observés au cours d'expérimentations scientifiquement validées.

L'effet dilution-dépendant : des effets en "zig-zag" ont été vus par différents chercheurs dans différents modèles; ces effets ressemblent à des effets aléatoires dont certains sont significatifs. Ils sont vus essentiellement dans des modèles in vitro. Il faut néanmoins rappeler que les écarts entre les dilutions homéopathiques, généralement effectuées de 1/100 en 1/100, n'ont rien à voir avec les écarts de concentrations existant lors de mise en évidence d'effet-dose en pharmacologie classique. Ce qui peut être observé, néanmoins, est un effet dilution-dépendant mais entre de très larges écarts de dilution comparables aux échelles de prescription et pouvant sauter de 10.000 en 10.000 ou bien plus. Ceci est observé toujours dans des modèles in vivo ou ex vivo. Prenons l'exemple du modèle des souris traitées par Silicea pour aider au processus de cicatrisation (Oberbaum et coll., 1992), et nous pouvons constater un effet beaucoup plus important pour la dilution 30 CH que pour la 5 CH. De la même façon, la bursine employée chez des embryons de poulets bursectomisés a été capable de régénérer le fonctionnement de l'axe corticotrope chez le poulet devenu adulte quand les dilutions utilisées ont été de plus en plus fortes (2CH presque inactive<5CH<7CH) (Guellati et coll., 1991; Youbicier-Simo et coll., 1993).

Effet opposé selon l'état du sujet : cette observation est une des caractéristiques fondamentales de l'homéopathie puisqu'elle décrit la loi de similitude. Elle n'existe dans aucun autre modèle thérapeutique ou biologique. Mais elle peut se manifester également au cours de résultats expérimentaux in vivo, dans des modèles d'"endo-iso-thérapie" et dans des modèles d'"isothérapie". Par exemple, chez des souris saines ou immunodéprimées traitées par différents immunomédiateurs, des effets opposés selon l'état immunitaire ont été obtenus, les souris saines étant immuno-déprimées par le traitement et les souris en immuno-dépression étant stimulées (Bastide, et coll., 1985, 1995). Des effets d'aggravation de symptômes sont souvent observés au début d'un traitement homéopathique; mais des aggravations plus importantes peuvent être observées chez des patients trop faibles recevant une trop grande dilution (trop puissante puisque l’intensité de la réponse augmente avec la dilution). Dans un modèle expérimental de souris irradiées, traitées par un mélange de hautes dilutions de bursine, thymuline, interleukine 3, les souris ont été fortement protégées par le traitement pendant la saison chaude mais une mortalité supérieure aux témoins a été observée  pendant la saison froide, période d’immunodépression circa-annuelle (Guennoun & coll., 1996, 1997 ; Guennoun, 2000).

Des conditions environnementales différentes peuvent également modifier la réponse des sujets dans le sens opposé: Reilly (1986) a démontré une amélioration des symptômes du rhume des foins par Pollens 30 CH .Dans l’expérimentation clinique d’Aabel (2000), les sujets allergiques au bouleau recevant Betula 30CH ont eu une symptomatologie plus forte que ceux recevant le placebo .Dans ce dernier cas, une augmentation du pollen de bouleau dans l'atmosphère avait été observée ainsi qu'une augmentation de la température (paramètres environnementaux). Nous retrouvons là le rôle de ces paramètres dans la reproductibilité d'une expérience.

Effet des hautes dilutions transmis aux organismes traités sans contact direct lors d'essais multicentriques et en aveugle faisant appel à la thyroxine en solution non moléculaire (30 D) sur la métamorphose des têtards (Endler et coll., 1995, 1997, 1998). La solution était placée soit dans l'aquarium, soit dans une ampoule de verre scellée placée dans l'aquarium, soit après digitalisation électronique et transmission à de l'eau par un appareil adapté qui est versée ensuite dans l'aquarium. Ce paramètre électromagnétique semble être un élément de l'activité des dilutions puisque des dilutions homéopathiques d'histamine 30CH traitées par un champ e.m (50 Hz, 150 Oersted, 15 min) ont perdu leur activité sur le cœur isolé de cobaye sensibilisé (Hadji et coll.,1992)

Effet de hautes dilutions annulant un effet moléculaire par administration simultanée : ces résultats ont été observés dans deux modèles différents et dans deux laboratoires différents. Il a été montré dans des modèles in vivo que l'association dans la même administration du produit utilisé à une concentration pharmacologique active et de sa dilution dilution 15 CH faisait disparaître l'activité pharmacologique. Ceci a été démontré pour l'aspirine (Belougne-Malfati et coll., 1998). De la même façon la dexaméthasone a perdu ses propriétés anti-inflammatoires dans l'œdème à la carragénine ( Bonamin et coll., 2000).

Effet du solvant dynamisé : L'eau purifiée et distillée qui subit la même préparation (dilution-dynamisation) que la dilution homéopathique mais sans produit de départ est désignée par "solvant dynamisé". Plusieurs chercheurs ont observé que dans certains modèles expérimentaux appartenant plutôt au groupe de l'endo-iso-thérapie in vivo, des effets pouvaient être observés dans les groupes d'animaux ne recevant que le solvant dynamisé (Guennoun, 2000). Toutefois, ces résultats sont toujours aléatoires et non répétables. Ils montrent que le traitement dilution-dynamisation confère au solvant des propriétés particulières.

 

         Hypothèses expliquant l'action de l'homéopathie

            La pharmacologie classique est construite sur l'interaction molécule-récepteur qui représente une sorte d'unité conceptuelle du modèle d'activité moléculaire. Ce système est validé par les innombrables travaux publiés dans la littérature scientifique et médicale. Malheureusement, les particularités citées plus haut et la nature même des principes homéopathiques nous forcent à éliminer ce type d'explication pour l'homéopathie.

 

Les effets action-réaction

            Le modèle cybernétique

Un échange de fonctions existe dans l'organisme basé sur des "signaux" qui déclenchent directement des modifications d'organisation des molécules qui à leur tour modifient les effets moléculaires : nous sommes dans les fonctions de régulation liées à la transconformation de récpteurs, à la présence de substance à seuil, à l'action de second messagers, etc…C'est ainsi que les modifications de fonctionnement de granulocytes neutrophiles par des différences de concentration d’un facteur chimiotactique (Bellavite & coll., 1993, 1997) ont été confondus avec un mécanisme "homéopathique". Une mise en forme de la théorie a été proposée par Cristea (1991) qui joue sur les modifications des récepteurs en fonction de la concentration mais qui reste plus aléatoire pour expliquer l’effet des hautes dilutions sinon par la présence de « structure de remplacement » des molécules (Cristea, 1997). Les caractéristiques de ce système, en dehors de la fonction signal, est une contrainte mutuelle des parties qui fonctionnent comme un tout et la présence d'une rétroaction conduisant à un effet action-réaction. Ce modèle cybernétique est strictement moléculaire, même si un concept de totalité restreinte au système existe au niveau d'une cellule, ou au niveau d'une fonction (glycémie) par exemple. Mais aucun principe de l'homéopathie ne peut être rattaché à ce modèle moléculaire et en particulier les effets opposés de réponse au remède chez un sujet malade ou sain.

            Le modèle du self-recovery (effet rebond et hormesis)

Le "self recovery" présentés par divers chercheurs et certains homéopathes comme l'explication de base de l'homéopathie mérite quelques précisions. C'est une application de l'homéostasie, phénomène biologique bien connu, qui s'appuie en fait sur des régulations cybernétiques pour revenir progressivement à un état d'équilibre après des stimulations fortes. Ce phénomène a même été avancé par Hahnemann (§ 76 de l'Organon, 1824) "chaque effet primitif d'un médicament qui, donné en grande dose, est capable d'altérer fortement l'état d'un corps sain, est suivi d'un état justement opposé produit par notre faculté vitale lorsque cela est positivement possible". On dénomme également cet effet l'effet-rebond puisqu'il est fonction de l'intensité du stress toxique ou pharmacologique et se développe dans le temps. La loi d'Ardnt-Schultz (ou hormesis) est lié à ce phénomène mais de façon plus subtile puisque on observe un effet pharmacologique opposé en fonction de la concentration :par exemple "les doses fortes (d'un toxique) inhibent la croissance, les doses faibles l'excitent" (Southam et coll., 1948; Stebbing, 1981). Les organismes stressés par un toxique à dose non mortelle choisissent le meilleur procédé de survie : le plus simple est une stimulation de la croissance. Tous les organismes, quelle que soit leur place dans l'évolution (bactéries, plantes, champignons, insectes, parasites, mammifères etc..) montrent cette sorte de défense adaptée à l'agression (Stebbing, 1981). S'il s'agit de stress chimique (métaux lourds) ou physiques (chaleur), la défense s'organise au moyen de molécules de protection ou protéines de stress, présentes dans tous les organismes, de la bactérie à l'homme (Jarquier-Sarlin et coll., 1994; Van Wijk et coll., 1993, 1994a, 1994b). Ces molécules sont sécrétées au moment de l'agression. Un système de protection désigné par mithridatisation est une application directe de ces propriétés. Les concentrations pondérales utilisées en prétraitement avant l'intoxication sont une application de l'hormesis puisque elles peuvent provoquer la libération effective des molécules de défense. Une deuxième intoxication consécutive à la première ne sera plus létale en raison de la présence des molécules de stress libérées après la première application du toxique (isothérapie). L'organisme ainsi prétraité est protégé de façon proportionnelle à la quantité de molécules de défense présentes. Ce processus d'action-réaction ressemble au concept d'immunité et apparaît comme un moyen général de survie des organismes qui utilisent toujours les moyens les plus efficaces en leur possession. L'utilisation de l'isothérapie (principe d'identité) se déduit directement de ces propriétés. Ce modèle, très utilisé dans les expériences visant à expliquer l'homéopathie, est réalisé soit avec des doses pondérales, soit avec des hautes dilutions. Il faut cependant remarquer que nous ne sommes absolument pas dans la loi de similitude puisque l'isothérapie fait appel à la substance causale de la pathologie et que les effets ne sont pas différents selon l'état du sujet. D'autre part, il a été démontré que l'administration de hautes dilutions homéopathiques du toxique (Cadmium, Cisplatine) à des cellules rénales de hamster permettaient bien la résistance à l'intoxication mais sans production préalable des molécules de défense (Delbancut 1994, 1997). Les protéines de stress sont libérées seulement au moment de l'intoxication létale suggérant que le prétraitement homéopathique agit seulement comme un "avertissement" du danger et est totalement spécifique de ce danger. Ce mécanisme d'isothérapie dû à des dilutions non moléculaires est totalement différent de l'isothérapie moléculaire et sera interprété plus loin.

 

Les modifications électromagnétiques de l'eau:

Le transfert de fréquence pharmacologique ou TFF 

Quelles que soient les modifications physiques de l'eau dynamisée montrées par des analyses physiques, elles n'apportent aucune explication à l'action de l'homéopathie. Ces observations peuvent être une aide à l'interprétation du fait que les dilutions homéopathiques transmettent "quelque chose" de non moléculaire mais reçu par les sujets (sains s'il s'agit de pathogénésie et malades dans la thérapeutique homéopathique). Quant au transfert d'activité pharmacologique moléculaire par un procédé magnétique (Citro et coll., 1995; Viniateri et coll., 1998; Thomas et coll., 2000), il ne peut être assimilé à un effet de l'homéopathie. L'activité de diverses substances pharmacologiques a été transmise (Citro 1996) telle que celle d'antibiotiques, d'anti-inflammatoires, d'analgésiques, de benzodiazépines et d'herbicides (Viniateri, 1998), toutes ces substances agissant de manière allopathique. Quand les antibiotiques ont été transférés, l'effet antibactérien était maintenu. De telles observations montrent clairement que ce transfert moléculaire se manifeste comme une empreinte magnétique de la molécule et n'a rien à voir avec l'action homéopathique car une dilution homéopathique d'antibiotique n'a jamais eu d'effet inhibiteur sur une bactérie. Par contre, ces résultats pourraient ouvrir des horizons à l'interaction molécule récepteur en pharmacologie pondérale classique.

 

L'information de l'organisme par les signifiants corporels (Lagache)

Malgré sa différence profonde avec les théories précédentes, elle commence à être envisagée comme un modèle explicatif (Fisher, 1998a, 1998b).Le corps vivant ne fonctionne pas comme un simple objet: il est hétérogène, ne peut être séparé en ses différents éléments puisqu'il fonctionne comme un tout. Ceci représente la principale difficulté pour les sciences biologiques dont le concept appartient au paradigme mécaniste et à l'approche analytique de l'interaction molécule-récepteur. De plus, la temporalité est un élément majeur de l'évolution de l'organisme qui change au cours du temps dans un système irréversible. Il a une mémoire psychique et corporelle comme le montre le système immunitaire : il apprend à combattre les agressions et en garde la trace. Le corps vivant est dans un processus d'apprentissage continuel et irréversible (Lagache,1988 ; 1997a ; 1997b) dans lequel différents niveaux d'information fonctionnent par communication avec l'environnement. Cette communication est non verbale et nous parlerons de signifiants corporels (Lagache ,1988, 1997a, 1997b; Bastide et al.1992, 1995, 1997, 2000). Cette hypothèse suppose que le corps aussi bien que l'esprit peut recevoir et traiter des informations qui deviennent signifiantes. L'information n'est pas un objet mais une trace, une empreinte médiatisée qui a un sens pour le receveur et qui n'existe que par lui. Le système minimal d'information est donc constitué par la matrice de l'information, la médiation qui la transmet et le receveur capable de la lire. Ces trois éléments sont indissociables et n'existent que par leur relation réciproque. Dans notre modèle homéopathique, la matrice de l'information est la souche homéopathique, la médiation de l'information est assurée par la préparation diluée et dynamisée, et c'est le receveur sensible qui reçoit, lit et traite cette information. C'est l'organisme du receveur dans sa totalité qui fonctionne, qu'il soit sain (pathogénésie) ou malade (traitement). Par exemple, le remède Arsenicum album (anhydride arsénieux), sous sa forme "informationnelle" diluée et dynamisée, administré à un sujet sain même sous forme non moléculaire, sera "décodé" par le sujet sain sensible qui capture les informations apportées, lues à tous les niveaux, aussi bien corporelles que psychiques. Le sujet va alors exprimer ces informations dans son mode personnel qui correspond à son identité profonde puisque ses diverses pathologies, quelles que soient leur causalité, s'expriment avec des symptômes toujours similaires, retrouvés par l'administration du remède homéopathique Arsenicum album. L'expression de ces symptômes est tellement particulière chez ce sujet que s'établit une sorte d'identification entre lui et "son" remède et il va jusqu' à être désigné par le nom de son remède. On parlera donc de sujets Arsenicum album, Nux vomica, Lycopodium…etc.. qui manifestent les symptômes caractéristiques de ces remèdes. Lors des pathologies, chaque sujet va s'exprimer par les symptômes qui lui correspondent. Le remède homéopathique est alors choisi dans la similitude de ses symptômes. Lorsque le remède sous forme homéopathique est administré, il apporte à l'organisme l'information sur les symptômes, lui permettant de les traiter puisque l'organisme en interprète la représentation mimétique (Bastide & coll., 1997, 1998 ; Bastide, 2000). Cette information (ou trace) pourrait être véhiculée après formation dans l’eau, suite aux dynamisations, d’un « transporteur électromagnétique » de très faible intensité et de très basse fréquence par exemple (Endler et coll., 1994a, 1994b, 1997) ou par tout autre système (Schulte, 1999). Le transporteur n'est pas l'information mais son altération ou sa modification fait disparaître l'information (Hadji et coll., 1992). Cette communication par les signifiants corporels suit des règles très précises, très différentes des échanges d'objet. Elle explique les activités des hautes dilutions soit dans le contexte de la similitude (voir plus haut), soit dans le contexte de l'endo-isothérapie puisque les molécules endogènes sont naturellement "lues" par l'organisme auquel elles appartiennent. Dans l'isothérapie avec hautes dilutions (Lapp et al., 1955; Wurmser et coll., 1984; Betti et coll., 1994, 1997, Delbancut 1994, Delbancut et coll., 1997),"l'alphabet" nécessaire à l'interprétation de la dilution informative existe quand il y a identité parfaite entre le produit toxique et la dilution d'"avertissement" utilisée quel que soit le système de défense de l'organisme. Bien que les dilutions homéopathiques de Cadmium n'aient pas induit la libération de protéines de stress (Delbancut 1994, 1997) chez les cellules LLCPK, ces cellules ont résisté à la dose toxique de Cadmium et ont libéré un taux de protéine de stress plus élevé que les contrôles au moment de l'intoxication (et non avant comme dans le système pondéral). Lorsque les cellules prétraitées par les dilutions de Cadmium ont été intoxiquées par le CisPlatine, leur mortalité a augmenté par rapport au contrôle bien que les mêmes protéines de stress soient induites par ces deux produits administrés à dose pondérale. Cette fausse information a provoqué un effet opposé car une fausse information est plus dangereuse que l'absence d'information. Les diverses particularités observées dans les expériences avec hautes dilutions homéopathiques s'expliquent parfaitement lorsque nous travaillons avec cette hypothèse.

 

         Discussion rapide sur les théories générales proposées

Les hypothèses que nous venons d'exposer appartiennent à des structures de pensées bien précises. Mais la tentative d'inclure l'homéopathie dans des théories connues est un jeu intellectuel dont les chercheurs ne se lassent pas. Nous allons passer les propositions les plus sérieuses en revue en discutant de leur opportunité. Nous allons laisser rapidement de côté celles qui ramènent l'homéopathie au niveau d'un scientisme décrié avec raison, telle la théorie des signatures que l'on voit régulièrement réapparaître avec son côté ésotérico-pseudo scientifique (Richardson-Boedler, 1999), ou celle proposée récemment par Torres (2002) et qui assimile dans une analogie douteuse l'effet des remèdes à un système comparable à la "toile" de communication du réseau Internet .Ne parlons pas de la théorie proposée par Conte et Berliocchi qui est un amalgame de données scientifiques, philosophiques et mathématiques détournées.

Restent alors des théories ou paradigmes dont la valeur n'est pas à nier. Peuvent-elles nous aider à organiser notre connaissance de l'homéopathie ?

Paradigme mécaniste: il faut bien le citer, puisqu'il régit toute la science moderne et en particulier la thérapeutique classique dite allopathique. La "bio-médecine" contemporaine 

s'attache à la correction de tel ou tel mécanisme isolé et ignore la globalité de l'individu ; elle introduit le paradigme mécaniste comme modèle souverain dans la médecine (Picard, 1996). Les héritiers du positivisme assimilent le vivant à une juxtaposition de systèmes mécaniques basée sur le dogme du tout moléculaire. Or le vivant est un système ouvert, qui interagit en permanence à tous les niveaux avec son environnement. Ces échanges concernent matière et énergie. La vision mécaniste est tellement réductionniste qu'elle est en contradiction totale avec les trois principes de l'homéopathie d'où le rejet de cette dernière. On voit qu'en réalité, l'opposition à l'homéopathie est beaucoup plus dogmatique que réfléchie, et que cette structure de pensée ne peut pas être une aide à la compréhension de cette thérapeutique.

 La Théorie du Chaos est souvent proposée pour expliquer les résultats expérimentaux in vitro en zig-zag que nous avons cités plus haut : dans ce cas, il s'agit d'une analogie de forme non soutenue par une expression mathématique. La théorie du chaos déterministe est très construite mathématiquement et la "géométrie de la nature" donnée par les fractales existe bien au plan structural. Proposer cette théorie pour des "symptômes" est plus que réducteur car l'invariance d'échelle peut s'appliquer à des graphiques boursiers ou des débits fluviaux qui sont des mesures objectivables. Nous avons vu que l'homéopathie n'est pas construite sur des variations biologiques mais sur des symptômes qui sont une expression du vivant.

Le Complexisme(Simon, 1977; Le Moigne, 1977, 1990)  est plus un mode de pensée qu'une théorie explicative. Cette théorie a été proposée comme aide à la compréhension de l'homéopathie (Le Moigne, 1997). Il est assuré que la formalisation systémique est différente de la formalisation analytique qui domine la science mécaniste envahie par le positivisme et la mathématisation, avec les tendances et les dérives que nous venons de voir. Son application à la hiérarchie des symptômes et à l'organisation des pathologies de l'individu qui peut appliquer l'hypothèse téléologique du complexisme permet de réfléchir aux interactions entre l'individu et ses pathologies. Il reste néanmoins un problème qui ne trouve pas sa solution dans cette théorie, c'est l'action thérapeutique elle-même, c'est à dire le moyen dynamique qui permet la disparition des symptômes du patient traité.

Le vitalisme, théorie très prisée à l'époque par Hahnemann, garde dans sa désignation même une connotation ésotérique par la notion de l'élan vital. Il est très difficile de rester dans un raisonnement logiquement construit lorsque celui-ci s'applique au domaine du vivant : soit il retombe dans le tout mécaniste, soit il glisse vers cette notion abstraite et indéfinissable du vivant. Une tentative vient d'être faite par Milgrom (2002) qui essaie de renouveler le vitalisme par une analyse physico-complexiste qui rappelle un peu les amalgames de Conte et Berliocchi. La théorie a beau "métaphoriser" la comparaison de l'humain au gyroscope, elle laisse perplexe quant à la façon d'élucider la maladie et la thérapie.

La causalité formative de Sheldrake est souvent proposée par des homéopathes qui butent toujours sur l'énigme de la loi de similitude et pour qui les champs morphogénétiques pourraient apporter une solution. Sheldrake dit lui-même : "la résonance morphique se fonde sur la similitude"(1988). Dans le modèle de Sheldrake, on se retrouve dans une similitude de forme alors que la similitude homéopathique est essentiellement dynamique. Les idées sont structurées sur un aspect mathématique sous-jacent et on rejoint là le positivisme qui veut transformer l'analytique par mathématisation (Le Moigne, 1997). La causalité formative dues aux "champs d'information" ne nous éclaire pas sur l'aspect dynamique, l'information étant elle-même non définie.

Le paradigme des signifiants corporels

Plus qu'une théorie, il peut être considéré comme un véritable paradigme. Proposé par Lagache (1988 ; 1997a ; 1997b) pour compléter les possibilités d'échanges dans le vivant, il forme avec le paradigme mécaniste (monde des objets) et  le paradigme symbolique (monde de la pensée) un ensemble dans lequel corps et esprit ne sont plus des entités séparées mais communiquent à tous les niveaux. « Le premier axiome des systèmes vivants est leur impossibilité de ne pas communiquer. C’est si vrai pour le corps qu’on se demande comment on a pu le considérer comme un objet…Il n’y a pas d’indifférence possible dans le rapport physiologique, sensible ou psychologique avec le monde » (Lagache, 1988). Le paradigme des signifiants corporels nous fait concevoir une autre communication entre les êtres vivants : tout organisme vivant est capable d’échanges d'informations porteuses de sens avec son environnement. L'information retrouve ici sa définition philosophique : il s'agit non d'un objet mais de sa trace, médiatisée, et qui n'existe que par le traitement du receveur, comme dans l'information symbolique. La communication par les signifiants corporels interprétés globalement par l’organisme trouve sa justification expérimentale avec la communication sensible. Le seul exemple de support permettant cette communication que l'on puisse proposer dans la limite de nos connaissances actuelles et parce qu’il est apporté par l’expérimentation scientifique est celui des dilutions homéopathiques. Il est particulièrement intéressant de constater que les particularités d'action des hautes dilutions trouvent ici une explication logique : l'effet dilution-dépendant, classique en raisonnement homéopathique, peut être dû à l'action des dynamisations successives agissant sur la transporteur de l'information. L'effet opposé selon l'état du sujet est déjà expliqué dans la loi de similitude, plus haut; mais les effets théoriquement curatifs qui donnent un effet opposé sont très compréhensibles car une information trop forte mal comprise, ou un sujet trop faible incapable de traiter l'information, vont provoquer des effets opposés (comme dans une ironie mal comprise, pour prendre un exemple d'ordre sémantique). L'absence de contact direct est justifié par la nature du transporteur qui semble bien être de nature électromagnétique (comme dans un poste de radio), et l'association molécule active/haute dilution nous ramène à l'avertissement du toxique mais dans un phénomène de simultanéité, ce qui renforce l'idée d'information entendue par le corps dans l'instant. L'homéopathie ne se charge pas de traiter la causalité de la pathologie : elle semble intervenir en médiatisant et en inversant le processus naturel pathologique, soit pour accélérer la guérison (maladie aiguë), soit tout simplement pour assurer le rétablissement de la santé; son action est totalement provoquée et artificielle. Ainsi le symptôme apparaît-il comme une sorte d'expression inachevée et quelque peu fourvoyée et la thérapeutique homéopathique, par la similitude, remet en train la capacité de changement, donc l'équilibre de santé (Lagache, 1988, 1997a, 1997b). Cette hypothèse de travail semble donc se vérifier dans l'interprétation de la recherche fondamentale, par son adéquation avec la pratique médicale et la pensée homéopathique. Elle est riche de possibilités de construction de modèles d'étude pour l'avenir.

 

Conclusion

 

L'analyse de ces théories nous incite à nous poser une question fondamentale concernant l'homéopathie : s'agit-il d'un phénomène de stimulation de l'homéostasie qui permet une auto-guérison ?  ou s'agit-il d'un phénomène artificiel dû à l'administration d'un remède qui a ses propres effets curatifs amenant le sujet à un nouvel état d'équilibre ? la démarche intellectuelle est totalement différente. Il nous semble que la première proposition ressemble plus à l'action de "l'allopathie" qui, par des moyens mécaniques puissants, supprime les effets dramatiques de la maladie et permet ainsi au sujet de retrouver son équilibre intérieur (chose impossible dans les pathologies pour lesquelles l'homéostasie est perturbée comme les maladies auto-immunes). La deuxième proposition est plus en faveur des effets de l'homéopathie; En effet, l’être vivant peut entrer en résonance avec ceux des évènements de l’environnement qui trouvent en lui un écho et qui ont un sens pour son organisme suivant le principe d’une action mimétique entre formes sensibles. C’est le principe même de la loi de similitude qui caractérise l’homéopathie. Cette communication peut amener l’organisme à se modifier lui-même dans le sens même du message par une régulation différenciante lorsque l’effet mimétique a une valeur thérapeutique dans le contexte homéopathique.

 

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