INHF–PARIS





LES RENCONTRES DE L’INHF–PARIS




















LE SIMILLIMUM, HISTOIRE D’UNE VIE


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Docteur Philippe M. SERVAIS




















Conférence donnée à Paris le 18 janvier 2003











INHF
60, rue Saint Lazare 

   TéléphoneFax
inhf.paris@wanadoo.fr











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Merci à tous d’être là. Je vais d’abord vous raconter une histoire, qui est en quelque sorte une histoire personnelle. C’était en 1983, il y a dix–neuf ans. J’étais installé dans un cabinet avec un confrère gynécologue qui avait vingt ans de plus que moi. J’étais en début de carrière et lui en fin. C’était un homme charmant, mais qui, à un âge pourtant déjà avancé, a eu le démon de midi, ce qui a commencé à poser des problèmes’époque je faisais des gardes de nuit et, lorsque j’arrivais la nuit au cabinet pour prendre mon stéthoscope, il arrivait que je ne puisse pas entrer, ou alors, dans la journée, j’entendais des choses… Bref, cela devenait assez compliqué… De plus, il a soudain développé une sorte de jalousie par rapport à ma clientèle qui montait alors que la sienne diminuait, et l’atmosphère devenait infernale. Aussi, alors que j’y étais bien et en principe pour longtemps, j’ai senti qu’il était nécessaire de changer rapidement de cabinet.


Parallèlement, j’avais depuis peu comme patiente une dame qui, à l’époque, devait avoir environ 60 ans, qui était charmante et  était voyante extralucide. Je ne lui parlais pas, bien sûr, de mes problèmes personnels, mais un jour, à la fin de la consultation, elle prend un air très inspiré, les yeux révulsés, et me dit


Alors que je ne lui demandais rien, elle me dit un mois plus tard

Je lui explique alors la situation et elle me dit

‘’A côté de chez moi’’, c’était là où je suis actuellement, rue Littré. Effectivement, elle m’a trouvé ce cabinet qui me convenait parfaitement.


C’est ainsi que nous avons commencé une relation patient–médecin plus amicale. C’est une dame qui vit seule, elle est séparée depuis très longtemps de son mari, avec lequel elle entretient des relations distantes mais amicales, et elle est donc installée comme voyante extralucide. C’est une dame très bourgeoise, extrêmement coquette, sympathique, mais vis–à–vis de qui j’ai compris rapidement que je devais garder une certaine distance... Non pas pour ce que vous pourriez penser érence’ai eu la sensation 

d'être quelque peu envahi.

Comment vous décrire cette dameès chic, mais pas 16e.. En fait, elle a toujours pu vivre au–dessus de ses moyens parce qu’elle a une amie coiffeuse, directrice d’un grand salon, et qu’elle est donc coiffée gratuitement’elle a un autre ami dans le milieu du prêt–à–porter ès entourée d’homosexuels êtements gratuits etc. Bref, les choses se sont faites de telle manière que, depuis vingt ans, … je la soigne gratuitementées, à Noël ou en d’autres occasions ’avais des enfants et avait insisté pour les voir ée pour l’une de mes filles, une robe de chez Jacadi pour l’autre… Des cadeaux, toujours des cadeaux… Quant à moi, j’ai été inondé de magnifiques cravates en soie du genre Hermès à l’époque je portais encore des cravates à mon père. Puis un jour elle s’est aperçue que je ne portais plus de cravates, alors elle est arrivée avec une belle chemise (qu’elle a eue gratuitement, cela va de soi) Et depuis tout récemment, comme je la prends à l’heure du déjeuner, elle arrive avec un plat chaud car elle fait très bien la cuisine. Ainsi j’ai droit à un déjeuner très agréableà, je ne sais ce qu’il en sera pour la suite… Notez que je ne vous dis pas tout cela sans raison, car le remède est dans cela, bien sûr.


Ma petite rue est très provinciale et tout le monde se connaît, tout le monde parle sur tout le monde, tout le monde critique tout le monde’agence de voyage ne va plus chez la boulangère parce que la boulangère a dit que…, telle autre n’y va plus parce que le pain n’est plus aussi bon qu’avant, etc. Ce ne sont donc que gentils commérages partout.
Quant à notre brave dame, elle a investi, depuis vingt ans, une famille habitant la rue : le père tient un grand restaurant à Paris (où elle peut donc inviter ses amis !), la mère a un poste de haut niveau dans la presse et il y a deux filles. Elle s’y est investie au point de se considérer comme la grand–mère et se mêle de prendre en charge l’éducation des enfants. Elle donne des conseils, elle sait toujours ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Elle ne s’impose pas vraiment, mais elle est quand même toujours là’a pas de fortune, loin de là, mais à de multiples reprises elle prête 10 000 francs par–ci, 5 000 francs par–là. Voilà donc tout son petit monde, ce qui ne l’empêche pas de dire«»
Quant elle vient me voir, elle arrive toute pimpante avec son manteau de fourrure, je l’embrasse et elle me dit


(Calcul diplomatique rapide dans ma tête !)

Elle en a 82, en général je donne moins 15 ans… Elle cherche la flatterie, mais peut vous flatter aussi, discrètement. Et de temps en temps, j’ai droit, à la fin de la consultation, «», à une petite voyance. Je reconnais que ça tombe souvent  assez juste.


Je soigne cette dame sans la soigner dans la mesure où elle n’a pas de maladie bien graveèmes intestinaux qui "la gênent énormément" (ballonnements), elle a quelques migraines, elle se dit fatiguée. Comme vous le savez, je donne quelquefois moi–même des doses, aussi me réclame–t–elle régulièrement une dose pour sa voyance, car elle est persuadée que j’ai des remèdes spéciaux pour exciter son don. Et je lui donne donc de bons placebos qui fonctionnent très bien

Comme je vous le disais, je la soigne sans la soigner dans la mesure où elle a tout un réseau de médecins. Je suis peut–être privilégié, mais j’ai appris au fil du temps qu’il y avait aussi un acupuncteur ’ailleurs très compétent et qu’elle voit très régulièrement éopathe, un kinésithérapeute, un dentiste (qui la soigne gratuitement)… Elle a à peu près sept ou huit personnes pour s’occuper d’elle.

Je lui ai donné au fil du temps des remèdes circonstanciels, et de temps en temps je lui distillais une dose de Lycopodium qui lui faisait du bien. J’étais persuadé depuis longtemps que Lycopodium était un bon simile et que j’étais dans l’incapacité de trouver autre chose, vu que c’était impossible de faire une consultationérapait tout de suite sur un autre sujet, me parlait des voisins, de tels amis, de tel personnage important pour lequel elle avait fait une voyance, etc.


Nous en sommes donc là lorsqu’un jour, il y a trois ou quatre ans, elle me téléphone« très rapidement’est épouvantable» Elle souffre d'une périarthrite scapulo–humérale extrêmement douloureuse. Or vous savez combien il est parfois difficile de soigner ce genre de choses. Je la vois, je lui donne un remède qui me paraît adéquat, puis je lui en donne un autre, puis je finispar lui redonner Lycopodium. Comme rien de tout cela n’agit, je lui conseille d’aller voir une consœur acupunctrice étant parti récemment à la retraite ’ai toute confiance. Une demi–heure après être rentrée de sa consultation chez cette collègue, elle me téléphone en me disant

Dès le lendemain elle m’appelle en disant

Pendant huit jours elle m’appelle tous les jours en se plaignant de sa séance d’acupuncture et en ajoutant à chaque fois«’aime pas». Au bout de huit jours, les remèdes accessoires que je finis par lui donner n’agissant pas et l’acupunctrice lui ayant donné un nouveau rendez–vous, elle m’appelle en me disant

Elle y retourne et me téléphone ensuite en me disant

Elle continue à m’appeler tous les jours en se plaignant de plus en plusériarthrite persiste, mais surtout elle commence à avoir mal dans toute la région cervico–brachiale de l’autre côté. Elle me parle de douleurs atroces et me répète«ûre qu’elle m’a piquée là où il ne fallait pas. Cela me fait des névralgies épouvantables.» Elle m’impose alors d’appeler ma consœur pour discuter de ce que celle–ci a fait, ce qui m’embarrasse quelque peu. J’appelle cette consœur et lui explique le personnage«’avez aggravée mais n'en croyez rien car c'est une emmerdeuse…» 
Puis je me fais cette réflexion’est une hypersensible, elle ne supporte pas les piqûres d’acupuncture, ça fait un peu névralgique, je vais donc lui donner Ledum. Malheureusement, ce remède est sans effet. 
Cette mascarade durera plus de trois semaines, pendant lesquelles elle se plaint de plus en plus de douleurs à la tête et dans toute la zone cervico–brachiale, de brûlures épouvantables dans la main qui l’empêchent de dormir. Elle est toute engourdie et à l'examen, il semble y avoir une perte de sensibilité. Je ne sais plus quoi faire et la mets même sous anti–inflammatoire.
Nous en sommes là lorsque, quelques jours plus tard, c’est le lendemain de Noël, elle m’appelle sur mon numéro privé ’a obtenu 

Je me dis alors qu’elle a peut–être des voyances pour elle–même, et je lui conseille d’aller voir mon ami cardiologue dès le lendemain. Elle va le voir et il s’avère qu’elle n’a absolument rien, que son cœur fonctionne parfaitement. Elle rappelle ensuite et me dit

Elle commence donc à me reprocher de ne pas avoir reproché à ma consœur son incompétence’est pas du tout contente, commence à ressasser sur cette consœur et "ne veut pas en rester là"… : «ême, ce n’est pas normal qu’elle n’ait pas plus de considération pour moi (la consœur, mal à l’aise, s’était défilée au téléphone). Vous savez, elle est médecin, n’est–ce pasça, au Conseil de l’Ordre, ils pourraient avoir des ennuis…»
Je trouve que ça commence à tourner au vinaigre, mais à chaque fois elle rajoute : «’y a qu’en vous que j’ai confiance». Elle a certes confiance en moi, mais je suis moi aussi dans l’incompétence ! Toutefois, elle veut continuer à suivre mes conseils.


Lors de ce coup de fil à mon domicile, au milieu du bruit des enfants, je lui donne, sur une intuition soudaine, un remède qui non seulement va la débarrasser complètement de ce problème en quelques jours, guérir sa périarthrite scapulo–humérale mais, en le répétant deux ou trois fois, la délivrer de ses ballonnements chroniques, de sa colique spasmodique, de ses rhumatismes, mais encore en faire un personnage beaucoup plus sympathique et, selon son entourage que je soigne, la rendre beaucoup moins noire et négative. Il semble que même sa voyance a changé ! Elle était de ce genre de voyants qu’on n’a pas envie d’aller consulter, car elle annonçait plus les malheurs qu'autre chose. Je reconnais que depuis lors elle est beaucoup plus agréable, beaucoup plus souriante, beaucoup plus positive. Il y a un changement très net qui semble objectif et la famille dont elle s’occupe dans la rue a, elle aussi, ressenti la transformation. C’est ce qui me fait penser que c’est pour elle un remède très profond.


Est–ce que cela vous dit quelque chose’ai justifié le remède a posteriori en allant voir dans le répertoire et la matière médicale et en constatant que ça correspondait bien. Mais c’est plutôt sur un feeling, sur une sensation et sur les quelques mots qu’elle a dits et que je vous ai transmis que le remède m’est venu à l’esprit.


Une intervenanteésir de vengeance.


Philippe Servaisésir de ne pas en rester là. Est apparu là un personnage qu’on ne pouvait pas soupçonner auparavant.


Que pouvons–nous tirer de ce genre de cas, qui est à mon avis plus fréquent qu’on ne le croit dans le fait que, bien souvent en consultation, nous sommes obligés de nous contenter de remèdes bien connus, qui couvrent superficiellement le patient, mais qu’en fait, derrière tout cela, il y a souvent une spécificité beaucoup plus grande de l’individu à laquelle on n'a pas accès dans la situation artificielle d'une consultation.
Il y a ce désir de vengeance, c’est entendu. N’y a–t–il rien d’autre qui vous a frappé


Des intervenants


Philippe Servaisôté gratuit’est pas quelqu’un qui est avare, bien au contraire, elle est aussi généreuse.


Un intervenant’être prise en considération.


Philippe Servais’est certain, elle a énormément besoin d’être prise en considération, encore qu’elle ne cherche pas la gloire. Elle n’est pas comme certains dans ce métier qui se mettent en avant, elle ne recherche pas la reconnaissance publique. Je dois dire quand même à ce propos qu’elle est assez douée en tant que voyante, car elle m’a dit deux ou trois choses sur cette acupunctrice, qui sont très personnelles et que je connais. Effectivement, elle l’a bien perçue, du moins d’un certain point de vue.


Une intervenantêtre flattée.


Philippe Servais’est justement ce qui me faisait dire que Lycopodium ne lui allait pas mal, finalement. Ce que vous avez dit est juste mais un peu général, essayez d’être plus précis.


Un intervenant


Philippe Servaisètement, elle n’est pas du tout étouffante. J’ai toujours senti cela, donc j’ai gardé une certaine distance en évitant qu’elle vienne régulièrement, comme elle l’aurait voulu, pour voir mes enfants, etc., mais elle est suffisamment subtile et fine pour ne pas insister.
Ce qui m’a frappé, c’est qu’une piqûre crée une situation aussi catastrophique. Je suis même allé voir dans les rubriques générales du répertoireà partir d’une blessure, mais ce qui s’y trouvait ne me satisfaisait pas.


Un intervenant


Philippe Servais… C’est très bien, c’est ça’est LATRODECTUS. Elle dit«ça me porte au cœur», cela revient tout le temps dans son discoursLatrodectus qui part du cœur pour aller dans la main. Il n’est pas le seul remède, mais il y a un autre symptôme de Latrodectus, qui est«». C’est a posteriori que j’ai vu cela, mais le discours inconscient de la patiente a eu son importance«ça me porte au cœur».
Il y a le symptôme «œur s’étendant vers la main», où l’on a une douzaine de remèdes, et le symptôme «à l’épaule gauche».. Elle ne va pas au cœur, mais nous sommes dans l’ambiance. Nous avons AconitCactusCimicifugaKalmiaSpigeliaRhus toxicodendronNaja, mais aucun de ceux–là ne m'a paru correspondre à cette patiente.
J’ai donc affaire à une veuve noire. C’est intéressant que d’avoir dans sa rue une veuve noire’avez justement trouvé, elle a tissé sa toile. Effectivement on pense «ée», mais il y a beaucoup d’araignées. Qu’y a–t–il de particulier chez la veuve noireà celle d’autres araignées très venimeuses, sa piqûre passe très souvent inaperçue. C’est là le danger de la piqûre de la veuve noire, c’est qu’on peut se faire piquer aux toilettes ’est souvent là que ça se passe ’aperçoit de rien. C’est une toute petite piqûre discrète, qui passe inaperçue, ce qui correspond bien à notre patiente.


A quelles autres araignées pourrait–on penserAranea, par exemple. Ce n’est pas du tout la même choseAranea diadema taquine son entourage, elle use les gens autour d’elle. C’est une espèce de relation perverse et incessante, ce qui n’est pas le cas ici. Ou Theridion, qui est beaucoup moins agressive. J’ai un cas de Theridionêtre seuls ni vivre seuls, ils ont toujours besoin d’une relation avec quelqu’un d’autre. Ils entrent dans une sorte de mimétisme, de désidentification dans la relation à l’autre. Chaque araignée, comme chaque venin, a sa spécificité.


Le mari de ma patiente,  décédé il y a longtemps mais que j’ai un peu connu, était la caricature du brave type, gentil, sans prétention, avec un aspect très paysan. Il y avait un décalage entre elle, entre ce qu’elle voulait être, une femme du monde, et lui. A une époque lointaine, il y trente ou quarante ans, elle était fleuriste. Elle était une fleuriste reconnue dans son quartier, elle faisait les grands dîners, elle avait une certaine prestance. En fait, son mari lui servait de boy, il portait les pots… C’était son esclave. Tout en vendant ses fleurs, elle avait des flashes et racontait toute sorte de choses aux gens sur leur vie. Un jour, une de ses clientes lui a dit qu’avec les dons qu’elle avait, elle devrait s’installer comme voyante. Elle a donc décidé d’envoyer balader et son métier de fleuriste èmes’installer dans les beaux quartiers.
Il y a chez Latrodectus un sentiment, que ma patiente a d’ailleurs, d’être un peu exclu, hors jeu, et de devoir tout faire pour rentrer dans le jeu social. Ce qui paraît très important aussi, c’est qu’il y a une susceptibilité qui fait qu’on n’en pense pas moins et qu’on attend son heure’a dit lorsqu’on a fait l’étude du remède, «». C’est vraiment typique de ce remède. Sans cette histoire d’acupunctrice, je n’aurais jamais soupçonné qu’il y avait chez elle ce besoin de se venger et d’obtenir ce qu’elle voulait. En fait, toute sa vie n’est que cela’elle veut en tissant sa toile et en circonvenant les uns et les autres, dont je fais partie. Du reste, dans certaines légendes d’Amérique du Sud la veuve noire est considérée comme ayant des fonctions divinatoires.


Il y a donc un côté «’attends mon heure, je ne veux pas affronter l’autre directement, mais j’attends qu’il s’enfonce de lui–même». J'ai ainsi beaucoup mieux compris ses discours à propos de la famille dont elle s’occupe. Elle savait que la dame avait un amant (qui habite aussi dans la rue), elle trouvait cela scandaleux, car elle a beaucoup d'affection pour le mari. Elle lui faisait donc la leçon et me disait (j’ai droit à tous les potins)«à l’échec. C’est moi qui aurai raison, vous allez voir». Attendre que l’autre commette une faute…


Une chose qui m’amuse toujours, c’est de constater que nous sommes entourés plus que nous ne le croyons d’animaux de tout genre et qu’il nous faut vivre au milieu de cette faune, qui va des serpents, des araignées, à sûrement bien d’autres animaux encore. Je pense qu’au niveau animal il y a encore beaucoup à découvrir en homéopathie.


Un intervenant’elle a les gestes rapides qu’on décrit pour les araignées


Philippe Servais’a pas frappé, non. Certes, elle est plutôt vive, mais non.










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Nous allons changer de genre et je vais vous parler maintenant d’un patient que je connais aussi depuis très longtemps, qui doit avoir 52 ou 53 ans à l’heure actuelle, et qui est vraiment un personnage intéressant. Vous remarquerez ’est en quelque sorte mon obsession du moment ’essaie de remettre les patients dans leur vie, dans leur contexte, dans leur histoire, parce que je pense que cela a vraiment beaucoup d’importance. Ce patient est né d’une famille riche, il a une demi–sœur ère a eu une fille aînée d’un premier mariage, puis a épousé sa mère. Il est donc enfant unique de ce second mariage.
Son père est complètement caractériel et même paranoïde, et il a fait mener à son fils une vie absolument infernale, c’est–à–dire que depuis l’enfance il a passé son temps à le visser et à lui dire qu’il serait de toute façon un incapable. Il l’a  castré complètement. Heureusement que ce garçon a une forte personnalité et qu’il va pouvoir tout de même se construire, puisque au moment où je le rencontre, il y a au moins quinze ans sinon vingt, il est docteur en droit, assistant à la Sorbonne. C’est donc quelqu’un qui a très bien réussi. Pour montrer à quel point il a un père pervers, je vous raconte le fait suivant. Pensant  qu’un enfant ne doit pas profiter de ses parents ni de leur argent, mais qu’au contraire il doit se former lui–même, il a décidé sur ses vieux jours de réaliser certains de ses biens, et en particulier une magnifique propriété sur la Côte d’Azur avec piscine, grand terrain, etc. Il ne prévient pas son fils, qui à l’époque a quarante ans, du fait qu’il va vendre cette maison où se trouvent tous les souvenirs de famille, les meubles de famille, les photos de famille, les albums, les lettres, etc. Il brade cette maison au tiers de sa valeur en laissant tout dedans, ce qui fait que les nouveaux propriétaires ont tout jeté. Le fils a donc été déshérité sur le plan financier, mais aussi de beaucoup de ses souvenirs.


Quand je vois ce garçon, il est donc assistant à la Sorbonne. C’est un homme d’une intelligence  perçante, très vif, et c’est l’époque du tout début des radios libres sur la bande FM. Lui qui a un petit appartement au 8e étage d’un vieil immeuble dans le 16e arrondissement,  s’amuse avec des amis à créer sa petite radio sur le toit, comme cela se faisait à l’époque. Cela l’amuse beaucoup, il a un peu de temps car la faculté ne lui en prend pas trop. Il fait ensuite une deuxième radio, puis une troisième avec d’autres amis. Puis il crée une radio à Lyon, toujours sur les toits, puis une autre radio à Marseille. C’est un garçon  très communicatif, très à l’aise dans le relationnel, très sympathique. Il a donc un énorme réseau d’amis avec lesquels il monte ainsi, mais sous son nom, des petites radios ici et là. Il s’amuse à faire son journal parlé, etc.
Comme c’est un juriste et qu’il voit loin, il m’explique un jour qu’il a maintenant une quinzaine de petites radios établies dans toutes les grandes villes de France, et qu’il a décidé de créer une petite société. Bref, il réalise, grâce à ses qualités de juriste, un montage financier imparable extrêmement sophistiqué, avec une idée derrière la tête qu’il me confiera plus tard et qui se réalisera. Ses petites radios prennent de l'importance. Et ainsi, au moment où de grandes radios finissent par prendre le pouvoir sur la bande FM, elles se voient contraintes à tenir compte de lui. Ce qu’il avait prévu s’est donc réalisé il y a cinq ansésireuses d'acheter le petit réseau qu’il avait établi, sont forcées de faire de la surenchère. Il a donc vendu progressivement son réseau et en a tiré des sommes énormes, de l'ordre de 50 millions de francs. Ce n’est pas un homme d’argent, mais il m’explique«ça c’est ma vengeance par rapport à mon père. Là, je l’ai bluffé.. Il y a quinze ans, c’est ce que voulais faireère. Moi, j’étais un incapable et je voulais lui montrer que je pouvais gagner plus d’argent que lui.» Il a donc fait cela surtout pour épater son père.


Par ailleurs, cet homme vient me voir parce qu’il a un problème qui le désole depuis son service militaire effectué en Afrique. Il a une peau épouvantableéraflure s’infecte en permanence. Je l’ai vérifié plusieurs fois et il est obligé de vivre avec Hepar sulfur ou autres remèdes proches. Constamment, la moindre petite éraflure tourne en plaie suppurante qui dure des semaines et des semaines. Par ailleurs, il a de terribles insomnies. Il dort deux, trois ou quatre heures par nuit, et se bourre de somnifères et de tranquillisants.
Sur le plan nerveux, il est extrêmement déséquilibré. Sa femme m’en parlera, et lui–même d’ailleurs m’en parleà vivre. Ce n’est même pas de l’autorité, c’est de la tyrannie.ères effroyables, il en fait voir de toutes les couleurs à son entourage, tout en me disant d’un air désolé«ère. Je suis rattrapé par les gènes. Je suis un grand obsessionnel’ai en permanence en tête une liste de choses à faire qui doivent être faites, et faites rapidement.» Ce peut être aussi bien un contrat important pour ses affaires ou pour la faculté, que le fait que sa femme pense à aller au pressing. Il poursuit donc en permanence son entourage, sa secrétaire, sa femme, ses enfants, pour que ceci ou cela soit fait. En fait, il a l’impression d’être en permanence obligé de se battre pour lutter contre tout l’aspect matériel envahissant de la vie. Il a toujours l’impression de ne rien faire correctement, se juge donc tout le temps comme insuffisant et bien sûr son entourage aussi. Il est d’une exigence extrême et inhumaine.
Il a tendance, me dit–il, à voir partout le mauvais coup qu’on pourrait lui faire. Cela a ses avantages, car cela lui permet de monter un projet suffisamment bien ficelé pour pouvoir en tirer avantage par la suite. Mais dans la vie courante, cela donne le côté parano de son père. «à décoder tout ce qu’on me dit, tout ce que je vois. J’ai une hantise de la perversion et du mensonge. Je surveille tout en permanence, c’est infernal. Vous comprenez, docteur, pourquoi je ne dors pas.»
Il y a chez lui une capacité à battre sa coulpe en permanence«çon, si les autres sont comme cela, s’ils me font tel mauvais coup, si mes enfants ne répondent pas à mes attentes, si telle personne avec qui je travaille me fait ceci ou cela, c’est quelque part de ma faute, c’est que je n’ai pas été suffisamment vigilant. J’ai tout fait pour». Il se surveille donc en permanence, à tel point que concernant son sommeil il me dit«éveiller si je m’endors». Il est sûr que, dans cet état d’esprit, il a peu de chances de dormir !
«’anticipation. Je ne supporte pas les échéances. J’ai un carnet, que j’appelle mon carnet noir, avec les listes de choses à faire qui y sont notées. J’ai même l’impression que les objets sont comme les hommes. Lorsque j’étais enfant, par exemple, je pensais que les objets avaient un pouvoir propre qui pouvait s’opposer à ma volonté, donc j’ai passé toute mon enfance dans une espèce de syndrome de vérification. La lumière est éteinte, mais il faut quand même que je vérifie si elle est éteinte car elle pourrait se rallumer. En tant qu’adulte, je mets des garde–fous partout. C’est la prudence en permanence, ma vie est basée là–dessus.»


C'est un très bel homme et il a toujours eu une vie affective et amoureuse assez riche. Un jour, il décide de fonder une famille. Il choisit donc une femme qui sera une mère. D’une manière qu’on pourrait juger cynique mais qui est inconsciente, il m'explique alors qu’il a trouvé la femme idéale. «élibataire et n’a jamais trouvé de mari. Donc on ne me la prendra pas».. "Elle n'a qu'une envie, c'est d'avoir des enfants". Ils se marient.
Comme il a désormais beaucoup d’argent, il achète à l'orée de Paris une maison superbe avec un grand parc, maison qu’il fait refaire entièrement car il est passionné d’architecture d’intérieur. C’est un homme de goût. Il y dépense des fortunes et en fait une maison somptueuse. Peu après, il me dit


Ici aussi, il a tout prévu, il a organisé son futur. Dans son esprit, la vie n’est qu’un obstacle permanent qu’il faut affronter, contourner et donc toujours prévoir et ceci en tout domaine ’argent, etc.«». C’est au contraire un homme très éthique, très droit, très honnête. Je ne connais pas ses affaires, mais je suis persuadé que ce n’est pas quelqu’un qui fait des coups tordus, mais plutôt des coups subtils, ce qui est différent.


«’inquiète constamment pour les autres». Ce qui me paraît vrai car il parle énormément de ses enfants, il s’inquiète pour eux, tout en leur menant une vie infernale. Ce flux de pensées qui ne s’arrête jamais et qui l’empêche de dormir, il le considère comme un véritable handicap«Même en faisant l’amour, je n’ai pas une seconde où cela s’arrête. L'esprit fonctionne tout seul. Effectivement, cette manière de fonctionner, d’anticiper, de créer à l’avance, a fait ma fortune, a fait ma réussite, a fait que quelque part ma femme s’y retrouve très bien».
Un autre exemple à propos de sa fille aînéeévu et décidé depuis qu’elle est toute petite qu’elle serait tout à fait dans la lignée familiale et qu’elle serait comme lui. Il a donc commencé à baliser l’éducation de sa fille en fonction du fait qu’elle aussi serait "paranoïaque" ! C’est assez étonnant de voir à quel point il a décidé de l’éduquer d’une certaine manière et de lui faire prendre certaines orientations, prévoyant qu’elle ne pourrait pas rentrer dans un cadre classique, qu’elle serait elle aussi quelqu’un en souffrance, etc. 
Une autre manière de me dire la même chose«à faire des emplois du temps. J’aligne les paramètres dans une logique implacable et je me fais à moi–même des démonstrations. Je passe mon temps à effectuer des combinaisons compliquées».
Il est à la fois dans l’action et en même temps toujours dans un certain recul. C'est un vrai intellectuel avec le besoin constant de théoriser. Il est à la fois dans le réel et dans l’organisation de la difficulté d’être, et en même temps dans une conceptualisation permanente.
«ène moi–même, je me rends des comptes à moi–même. Je me bats contre des obstacles constants. Je dois m’astreindre à une discipline extrême, sinon rien ne pourrait se faire. Heureusement, ma femme est un gendarme.» Il m’a même dit un jour que c’est une des raisons pour laquelle il l’a épousée. Elle–même est une personne assez imposante, qui était infirmière–chef d’un service d’anesthésie, donc quelqu’un qui dirige.
«’est inné, tout est à gagner en permanence. Je passe mon temps à mesurer mes performances insuffisantes, à me reprocher des tas de choses. J’ai constamment deux colonnes dans ma tête, comme des colonnes comptables, avec la colonne positive et la colonne négative.»


Cela vous fait–il penser à certaines chosesù il recevra le bon remède, il guérira bien sûr de ses suppurations chroniques, mais aussi de ses insomnies qui duraient depuis vingt ou vingt–cinq ans. Cela fait maintenant une dizaine d’années que je lui ai trouvé le remède, que je lui redonne une fois par an à peu près, et il va mieux à 100%. Quand je l’ai en consultation, sa femme me remercie à chaque fois de ce que j’ai fait pour elle et la vie familiale  au travers du remède que j’ai trouvé pour son mari.


Des intervenantsAndroctonusChinaGelsemium


Philippe Servaisît intéressant, ce n’est peut–être pas de lancer des remèdes, mais de raisonner, de donner des pistes.


Un intervenant


Philippe Servais’est vrai.


Une intervenanteôté d’anticipation extrême et d’organisation d’Arsenicum iodatum.


Philippe Servaisà Arsenicum pour lui, car il est quand même dans l’imagination, dans la fantaisie, dans l’excès, dans la passion. Je n’ai peut–être pas insisté assez là–dessus, mais c’est un passionné, c’est quelque part un rebelle. Il sort d’un milieu grand bourgeois, mais il fait des choses parallèles et un peu excentriques . J’ai oublié aussi  de vous le dire, et c’est important, il est devenu militant vert, il est extrêmement généreux, il dépense beaucoup de son argent pour aider quantité de gens ou d’associations. Il n’a pas cette espèce de rigueur comptable, même s’il parle de sa comptabilité personnelle.
Chez les Arsenicum iodatum, j’en connais, il y a la rigueur arsenicale, la rationalité d’Arsenicum, et, ce qu’il n’y a pas chez Arsenicum, la fébrilité dans l’action, qui est le côté iodatum. On a donc des gens qui sont dans la vitesse, dans le mouvement permanent, aussi bien le mouvement physique que le mouvement de la pensée qui n’arrête pas. Il y a ces deux aspects–là.
Ce qu’il ne faut pas oublier dans le raisonnement homéo, c’est le por que et le para que des sud–américains. Qu’est–ce qu’il y a derrière, en amont ? Ici tout est obstacle, il vit tout comme un obstacle. Il n’est pas paranoïaque, puisqu’il en fait lui–même l’analyse, mais il est dans le fantasme paranoïaque. Il est dans la sensation ’il critique lui–même mais qui le déborde, qui l’envahit èmes pour aller à l’encontre de cette sensation, qui est une sensation fausse. C’est cela, ses lunettes déformantes du réel. Tout le reste de son comportement n’est que réactionnel. De plus, il se servira de son instrument, particulièrement développé chez lui,  son intelligence, pour y arriver.


Une intervenante’est un combattant.



Philippe Servais’est jamais dans le repos. Plus qu’un combattant par essence, c’est un écorché vif alors qu’il est né avec une petite cuiller en or dans la bouche.


Honnêtement, je n’ai pas d’autres symptômes que ceux que je vous ai donnés. J’ai oublié de vous dire qu’il a des sinusites très aiguës  tous les deux ou trois mois, qu’il arrive à régler par de la ‘’petite homéopathie’’ (MercuriusBelladona). Il a son petit arsenal d’homéopathie parce que les antibiotiques ne servent plus à rien depuis longtemps. Il a également une hernie cervicale, et de gros troubles de fermentation intestinale, mais au travers des répertorisations que j’ai pu faire,  rien ne sort vraiment  qui ait valeur homéopathique.


Un intervenantCalcarea, à cause du besoin d’anticiper


Philippe Servaisépertoire à «», il y a 50 remèdes. Et heureusement, parce que la question est’on anticipeès qu’on est anxieux, il est logique d’anticiper. Cela a peu d’intérêt comme symptôme. Qu’est–ce qui fait qu’on est obligé d’anticiper


Un intervenant Aconit


Philippe Servais’est pas agité, il n’a aucune peur, il n’a pas peur de la mort, etc. Pour moi, les Aconit, et j’en ai quelques cas, c’est quand même l’incapacité à rester en place, c’est l’urgence permanente, l’urgence du moment. C’est la mouche du coche, il faut baliser tout le temps et partout. Ici, c’est dans sa vie, ce n’est pas physique, ce n’est pas dans l’instant.


Un intervenantéger sa descendance, il s’occupe de sa fille, de sa femme, il a un côté un peu phosphorique.


Philippe Servaisême précarité, dans la même vulnérabilité, qu’ils sont eux aussi près de subir les mêmes entraves et qu’ils ne vont jamais pouvoir eux–mêmes faire quoi que ce soit pour se débrouiller. Cela rappelle à mon avis le profil de son père. «», cela pouvait vouloir dire, même si c’était mal dit«à la rencontre de ces obstacles».

Un intervenantça ne pourrait pas être Stannum

Philippe ServaisStannum a besoin, effectivement, d’établir la sécurité de sa descendance. Mais je trouve qu’il y a trop de grandeur, trop de panache chez ce personnage pour pouvoir être un Stannum. De plus, n’oubliez pas qu’il avait la même névrose avant de fonder une famille.


Un intervenantévoir pour éviter la tuile.


Philippe Servaisévoir pour pouvoir continuer à vivre et non pas pour éviter la tuile. Rien ne peut se passer facilement. Il n’est pas envisageable que telle personne avec qui je vais faire affaire, même si elle m’apparaît honnête, correcte et intelligente, ne me pose pas problème. Il ne m’est pas possible de penser que cela puisse se passer aussi facilement que cela. Cette personne va obligatoirement me créer des difficultés, ou bien va elle–même avoir des problèmes personnels tels qu’elle ne pourra pas faire affaire, ou encore au dernier moment la banque ne voudra pas prêter l’argent, etc. Cela peut être dans n’importe quel domaine.
Il m’en avait parlé un jour où il était arrivé un peu en retard, énervé à cause de la circulationça peut être quelqu’un qui prend sa voiture un dimanche matin pour traverser Paris en dix minutes alors qu’il n’y a personne, et qui va envisager la possibilité qu’il y ait tout de même un autobus en panne en travers du chemin qui va le retarder d’une heure. Il est inenvisageable que le champ soit libre.


Un intervenantGelsemium


Philippe Servais… Mais ce n’est pas dans l’anticipation qu’est le problème, c’est dans l’obstacle. C’est cela, le fondement de ce personnage, c’est sa sensation que tout est obstacle. Il organise sa vie en sorte d’avoir un contrôle sur son espace de liberté.


Un intervenantNatrum phosphoricum


Philippe ServaisNatrum phosphoricum ne se laissera pas envahir comme çaéera sa vie en sorte d’avoir sa bulle et son espace de liberté. Il faut toujours essayer de voir quelle est, en amont, la raison d’un certain type de comportement.


Un intervenant’étonne surtout, c’est ce manque de confiance qu’il a dans les autres et en lui–même, et cela me fait penser à Aurum.


Philippe Servais’il y ait ici la problématique d’Aurum ée ématique de valorisation–dévalorisation. Ce n’est pas quelqu’un qui fondamentalement manque de confiance en lui, dans le sens «» ou «érite rien». Il est dans le réel et il a peur de ne pas avoir tout balisé de façon suffisamment correcte en fonction de ce qui va lui arriver du monde extérieur. C’est vraiment quelqu’un qui ne peut imaginer pouvoir faire librement 10 mètresême son propre obstacle. Les mots qui me viennent à l’esprit chez cet homme, c’est «écorché vif» et «’obstacle permanent».


Un intervenantChina


Philippe Servais’est CHINAA posteriori, qu’est–ce que cela pourrait être d’autre que China’est un des symptômes (2e degré), ce n’est pas là–dessus que nous allons prescrire. Ou bien alors vous n’avez pas la même approche de China que moi. Mais en fait que fait–ilès le plus jeune âge, il a cette sensation que, même s’il a un bon métier, même s’il a réussi brillamment comme juriste, la vie ne va pas être simple. De plus c’est un joueur, c’est un homme qui aime le défi, et qu’est–ce qui va faire en sorte de réaliser son grand projet et que ce projet réussisse’il n’avait pas eu cette sensation d’obstacle permanent, il n’aurait jamais réussi cette affaire. Pourquoi’il va imaginer juridiquement, dans le moindre détail, toutes les possibilités de ne pas réussir et qu'il va donc imaginer une stratégie très complexe. C’est ce qu’il m’explique : les gens de pouvoirés au moment de la redistribution des fréquences FM, Europe1, RTL ou Energie ne pourront rien faire sans lui, sans lui racheter ses fréquences.
Pour moi, China est quelqu’un d’écorché vif au sens littéral du mot, à l’image de l’arbre de quinquina. A la fin du XIXE ET AU DéBUT DU XXE SIèCLE, ON A DéVASTé DES FORêTS ENTIèRES EN AMéRIQUE DU SUD EN ARRACHANT L’éCORCE DE CET ARBRE, CAR C’EST à PARTIR DE L’éCORCE QU’ON FAIT LA QUININE, LA FAMEUSE ‘’éCORCE PéRUVIENNE‘’... EN FAIT, LE DESTIN DE L’ARBRE A éTé COMME LE DESTIN DES HOMMES QUI LUI CORRESPONDENT. CES ARBRES ONT éTé LITTéRALEMENT éCORCHéS VIFS, éCORCéS, SANS PEAU. QUAND VOUS VOYEZ LES SYMPTôMES DE CHINA DANS LA MATIèRE MéDICALE, IL Y EN A DES CENTAINES. C’EST HORRIBLE, LES DOULEURS QUE CHINA PEUT RESSENTIR DANS LA MATIèRE MéDICALE. QUAND VOUS LISEZ CELA SUR DES PAGES ET DES PAGES, VOUS VOYEZ QUE CE SONT DES DOULEURS DE TORTURE, DES DOULEURS ARRACHANTES, LES PLUS éPOUVANTABLES POSSIBLES, AVEC DES SENSATIONS D’UN COUTEAU QUI ENTRE DANS LES CHAIRS, ETC. ON LUI ENLèVE SA CHAIR, SA SUBSTANCE, C’EST POUR CELA QUE CHINA NE SUPPORTE PAS LA PERTE DE LIQUIDES ORGANIQUES, PARCE QUE C’EST VRAIMENT LA SèVE DE L’ARBRE. ON VA LE METTRE à VIF, C’EST D’AILLEURS POUR CELA QU’IL Y A DES SYMPTôMES DE COUTEAU’UN AVEC UN COUTEAU, PEUR D’êTRE TUé LUI–MêME. IL Y A DONC UNE SORTE DE PASSIVITé DANS LA DOULEUR. ON SUBIT CE QUI VIENT DE L’EXTéRIEUR, L’AGRESSION EXTéRIEURE, ON SUBIT LA TORTURE. CE N’EST PAS UN HASARD SI CHEZ CHINA IL Y A UNE TERREUR DES ANIMAUX, NOTAMMENT UNE TERREUR DES CHIENS, PARCE QUE LE CHIEN POURRAIT MORDRE. NOUS SOMMES DANS LE MêME TYPE DE PEUR.
IL Y A DES RêVES éTRANGESèRE A éTé POIGNARDé, QUE SA MèRE EST MORTE, QU’IL A LE VENTRE OUVERT. TOUT CELA EST TOUT DE MêME TRèS VIOLENT. NOUS AVONS DONC BEAUCOUP DE SYMPTôMES LUéTIQUES DE DESTRUCTION ET D’AUTODESTRUCTION, C’EST UN REMèDE TRèS LUéTIQUE. IL Y A BEAUCOUP DE SYMPTôMES DE PERSéCUTION’EST UN GRAND PERSéCUTé. MAIS PEUT–êTRE A–T–IL DES RAISONS DE L’êTRE

CHINA RéAGIT COMME S’IL AVAIT éTé BLESSé DANS SA CHAIR, EN PARTICULIER DANS SA CHAIR PROTECTRICE, DANS SA PEAU, ET C’EST EN FAIT CE QUI S’EST PASSé AVEC L’ARBRE. IL A DONC UN GRAND MAL à VIVRE, à SE RéALISER, ET COMME ON NE PEUT PAS NE VIVRE QU’EN LUèSE, SAUF à ALLER AU BOUT ET à EN MOURIR OU à SE LAISSER MOURIR, ON ESSAIE DE RéAGIR. OR COMMENT CHINA VA–T–IL RéAGIR’EXTRêME OPPOSé, PAR LA CONSTRUCTION DE QUELQUE CHOSE, CE QUI CORRESPOND, SI L’ON VEUT SUIVRE LA DOCTRINE DU DR MASI, à L’HYPERTROPHIE, à L’éGOTROPHIE, à L’EX–SYCOSE. COMME IL NE PEUT PAS AGIR PARCE QU’IL EST à VIF, QU’IL EST EMPêCHé, QU’IL EST FRUSTRé, QU’IL EST PERSéCUTé, IL AGIRA PAR SA TêTE, PAR SON IMAGINAIRE. C’EST CELA SEULEMENT CE QUI LE SAUVERA’EST SEULEMENT DANS SA TêTE ET PAR SA TêTE QU’IL POURRA CONSTRUIRE, QU’IL POURRA MONTRER SA CAPACITé DE VIVRE ET DE RéALISER. COMME IL Y A TOUJOURS, PAR DERRIèRE, CE SENTIMENT D’êTRE EMPêCHé, D’êTRE à VIF, D’êTRE PERSéCUTé, IL Y AURA CE MOUVEMENT PERMANENT DE RéALISATION IMAGINAIRE, DE CONCEPTUALISATION, ET EN MêME TEMPS LE SENTIMENT D’UN EMPêCHEMENT POSSIBLE. C’EST DONC CETTE LUTTE PERMANENTE QUE L’ON RETROUVE CHEZ NOTRE PATIENT. JE PENSE QUE CHINA A PERDU SA PEAU, SA PROTECTION. IL SE DéBROUILLERA DONC COMME IL LE POURRA, EN S’éCHAPPANT PAR LE HAUT, POUR ARRIVER à LA RéALISATION.


VOUS NOTEREZ QU’IL Y A D’AUTRES REMèDES QUI COMME CHEZ CHINA ONT CE BESOIN DE FAIRE DES PROJETS IMAGINAIRES, DES PLANS. ON PEUT LE DISTINGUER TRèS VITE D’UN SULFUR, PAR EXEMPLE, QUI ENTRE DANS L’IMAGINAIRE POUR QUITTER LE RéEL, POUR FUIR, ET CE SERA UN PEU N’IMPORTE QUOI’IMAGINER AVOIR GAGNé LE LOTO, S’ACHETER UNE BELLE PROPRIéTé, POUVOIR VIVRE SANS TRAVAILLER. IL SE FAIT DES PLANS, DES CHâTEAUX EN ESPAGNE, ET EN FAIT IL S’Y COMPLAîT POUR RéSOUDRE SON SENTIMENT D’INFéRIORITé. QUAND LE RéEL REDEVIENT TROP DIFFICILE, IL REPART, IL SE FAIT SES PROPRES PROJECTIONS, AUXQUELLES D’AILLEURS IL NE CROIT QU’à MOITIé. OPIUM SERA ENCORE DIFFéRENTêTRE DES PROJETS GIGANTESQUES, HORS POSSIBILITéS HUMAINES, DES PROJETS DE PARADIS.
JE SUIS PERSUADé QUE SI CHINA FAIT DES PROJETS, DES THéORISATIONS, ETC., IL N’EST PAS DANS L’ILLUSION. S’IL PEUT OU NON LES RéALISER, C’EST UNE AUTRE QUESTION, MAIS NOUS NE SOMMES PAS, COMME CHEZ OPIUM OU SULFUR, DANS L’ILLUSIONéALISABLES. SI VOUS AVEZ AFFAIRE à UN CAS PSYCHIATRIQUE DE PERSéCUTION, JE NE PENSE QUE CHINA SOIT UN REMèDE ADéQUAT. C’EST TROP LIé à SA PROBLéMATIQUE CENTRALE, LA PERSéCUTION N’EST QU'UNE SENSATION RéACTIONNELLE. IL A FONDAMENTALEMENT UNE SENSATION DE PERSéCUTION LIéE AU RéEL, QUI EST SON RéEL à LUIéTé RéELLEMENT TORTURé ET ENTRAVé. LA PROBLéMATIQUE, C’EST L’OBSTACLE’IL Y AIT DES OBSTACLES RéELS OU QU’IL N’Y EN AIT PAS, à LA LIMITE C’EST LA MêME CHOSE.
JE PENSE QU’EN FONCTION DU DESTIN ET DU PROFIL DE CHACUN, ON NE TROUVERA UNE CORRESPONDANCE AVEC UN REMèDE QUE SI L’ON ARRIVE à COMPRENDRE QUELLE EST L’ESSENCE MêME DE CE REMèDE. VISIBLEMENT ICI, IL Y A OBSTACLE à êTRE, OBSTACLE à LA VIE.


NOUS SOMMES VRAIMENT DANS UNE DYNAMIQUE PERMANENTE. NOUS NE SOMMES PAS LUéTIQUE TOUT LE TEMPS, éGOTROPHIQUE TOUT LE TEMPS, PSORIQUE TOUT LE TEMPS. ET LE REMèDE QUI NOUS CORRESPOND, NON PLUS. CELUI–CI N'EST PAS FIXé DANS UN MIASME. JE NE CROIS DONC PLUS AUX REMèDES DITS SYCOTIQUES, LUéTIQUES OU PSORIQUES. IL N'Y A QUE DES TENDANCES AFFIRMéES PLUS DANS UN SENS OU DANS UN AUTRE. ON PEUT CHANGER EN DIX MINUTES SEULEMENT. C’EST LA VIE, ELLE FLUCTUE EN PERMANENCE. SI, PAR CONTRE, ON ENTRE DANS LA FIXATION, ON VA ALORS DANS LA MALADIE, ET LA MALADIE GRAVE, C’EST–à–DIRE QU’ON SOLIDIFIE COMPLèTEMENT LES CHOSES, EN NE LES LAISSANT PLUS FLUCTUER. JE DIRAIS QUE TANT QU’IL Y A VIE, TANT QU’IL Y A MOUVEMENT, IL N’Y A PAS MALADIE GRAVE, MAIS PAR CONTRE SI L’ON SE FIXE DANS UNE SITUATION éGOTROPHIQUE OU LUéTIQUE, ON EST à CE MOMENT–Là ATTEINT PAR LA MALADIE GRAVE. C’EST LE MOMENT Où L’ON NE PEUT PLUS RéSOUDRE PAR UNE DYNAMIQUE VIVANTE LE CONFLIT AUQUEL ON EST CONFRONTé. ON S’EST FIGé DANS UNE FAUSSE RéSOLUTION ET Là COMMENCE LA MALADIE ORGANIQUE.










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AVEZ–VOUS PLUTôT ENVIE DE VOUS ANCRER DANS LA MATIèRE OU BIEN DE VOUS éLEVER, CE MATINèS–MIDI, MAIS CE MATIN DE PRENDRE UN PEU DE HAUTEUR.
C’EST EN 1991 QUE JE VOIS ARRIVER UN GRAND JEUNE HOMME DE 38 ANS, ET JE ME DIS TOUT DE SUITE’EST TINTINèTRE QUATRE–VINGT, LA MèCHE EN BATAILLE, UN CôTé TRèS MOBILE, UN PEU ANIMAL, UN GRAND SOURIRE, LES YEUX PéTILLANTS. IL S’AVéRERA TRèS LOQUACE, CE SERA UNE CONSTANTE. C’EST QUELQU’UN DE PASSIONNé, CéLIBATAIRE, QUI PARAîT CROQUER LA VIE PAR TOUS LES BOUTS, DANS LE SENS LE PLUS NOBLE DU MOT. S’IL VIENT ME CONSULTER, C’EST PARCE QU’IL EST EN TRèS MAUVAIS éTAT GéNéRAL MALGRé LES APPARENCES. QUI EST–IL ? IL EST, D’ABORD ET AVANT TOUT, UN FILS, AU SENS Où IL EST ENFANT UNIQUE D’UNE MèRE LACHESIS éJà ET QUI EST UNE VéRITABLE CARICATURE DE LACHESIS ’UN PèRE PLUS DISCRET. NE TROUVEZ–VOUS PAS QU’IL Y A QUELQUEFOIS CHEZ LES HOMMES, LES MâLES DES INDIVIDUS DONT ON A ENVIE DE DIRE «’EST AVANT TOUT UN FILS», DANS TOUS LES SENS DU MOT, C'EST VRAIMENT L'HOMME D'UNE MèREîT MOINS FRAPPANT. CELA DONNE SOUVENT DES GENS QUI RESTENT JEUNES LONGTEMPS.
OR CE FILS, DANS LEQUEL ON METTAIT TOUS LES ESPOIRS, A, à LA FOIS DéçU ET PAS DéçU. ON NE PEUT PAS DIRE QU’IL N'AIT PAS RéUSSI DANS LA VIE, MAIS IL A RéUSSI DE MANIèRE UN PEU MARGINALE. D’AILLEURS CE FILS, CE TINTIN, SE DéCRIRA LUI–MêME COMME "UN MARGINAL STRUCTURé".
IL EST ENTOMOLOGISTE’IMAGINER, UN ENTOMOLOGISTE MODERNE AU FOND DE SON LABORATOIRE, MAIS UN VRAI CHASSEUR DE PAPILLONS COMME IL N’EN EXISTE PLUS. CE VIRUS L’A PRIS DèS LA PRIME ADOLESCENCE, C'EST UN PASSIONNé D’INSECTES ET DE NATURE. IL FERA BIEN DES éTUDES CLASSIQUES, UNE LICENCE DE PHYSIQUE, MAIS CE N’EST PAS SA VOIE. IL DEVIENDRA DONC UN ENTOMOLOGISTE–EXPERT RECONNU ET IL VA EN VIVRE. IL PASSE LA MOITIé DE SA VIE à CHASSER LES PAPILLONS ET LES INSECTES DANS LA JUNGLE à L’AUTRE BOUT DU MONDE, EN AUSTRALIE, EN OCéANIE, ET SURTOUT EN AMéRIQUE DU SUD, ET L’AUTRE MOITIé à FAIRE DES EXPERTISES POUR LES GRANDES SALLES DE VENTE OU AUPRèS DES COLLECTIONNEURS INTERNATIONAUX QUI éGALEMENT LUI PASSENT COMMANDE.
C’EST UN HOMME éMINEMMENT SYMPATHIQUE, UN PEU TROP BAVARD (PARFOIS CELA DéBORDE). IL VIENT ME VOIR EN 1991 PARCE QUE, QUATRE ANS AVANT, IL A EU UNE HéPATITE VIRALE A GRAVE, QUI L’A LAISSé ALITé PENDANT SIX MOIS ET DONT IL NE S’EST JAMAIS REMIS VRAIMENT. «», ME DIT–IL, CAR CELA L’A ATTEINT DANS SES FORCES VIVES. PHYSIQUEMENT, IL N’A PLUS LA MêME RéSISTANCE NI LE MêME ENTRAIN QU’AVANT. IL DIT NE PLUS AVOIR NON PLUS LA MêME CONCENTRATION MENTALE. 
IL A UN AUTRE PROBLèME’IL AVAIT VINGT ANS, IL AVAIT SUBI UN CERTAIN NOMBRE DE VACCINS POUR SES VOYAGES, QUI ONT DéCLENCHé CHEZ LUI UNE VéRITABLE HYPERTENSION : ENTRE VINGT ET TRENTE–QUATRE ANS, IL FAISAIT RéGULIèREMENT DES PICS à 20 OU 21 DE TENSION, QUE L’ALLOPATHIE A DIFFICILEMENT STABILISéE. UN DES BIENFAITS DE SON HéPATITE, ME DIT–IL, C’EST QUE SA TENSION A REPRIS DES VALEURS PLUS NORMALES EN RAISON DE SA FATIGUE ! IL N’EMPêCHE QU’IL GARDE UNE TENSION à 15 OU 16.
AUTANT NOUS POURRIONS DIRE QUE C’EST UN INTELLECTUEL éTUDE FAIT VRAIMENT PARTIE DE SA VIE ; IL EST CURIEUX DE CULTURE EN GéNéRAL, PASSIONNé D’ART, PASSANT BEAUCOUP DE TEMPS DANS LES MUSéES ET LES EXPOSITIONS, POSSéDANT EN BEAUCOUP DE DOMAINES DES CONNAISSANCES ASSEZ APPROFONDIES ; SES PASSIONS LITTéRAIRES SONT SHAKESPEARE ET YOURCENAR ’EST AUSSI UN PHYSIQUE PUISQUE, DèS LA PLUS PETITE ENFANCE, IL A éTé PASSIONNé DE SPORT. MALHEUREUSEMENT, IL A TOUJOURS éTé ENTRAVé PAR UN PROBLèME QUI PERSISTE ET QUI A COMMENCé DèS L’âGE DE 6 OU 7 ANS, CE QUI EST ASSEZ SURPRENANT, à SAVOIR DES TENDINITES EN PERMANENCE, DES ENTORSES, DES MYALGIES DIVERSES ET VARIéES. IL A CONSTAMMENT SOUFFERT DE SON SYSTèME LOCOMOTEUR, ET à L'HEURE D'AUJOURD'HUI, A Dû RESTREINDRE BEAUCOUP L'EXERCICE PHYSIQUE. A L’HEURE Où JE LE VOIS, SON ACTIVITé PHYSIQUE INDISPENSABLE SE LIMITE à 5 à 10 KM DE MARCHE PAR JOUR DANS PARISà PIED.
DEPUIS L’HéPATITE, IL A UN PROBLèME IMMUNITAIRE, à SAVOIR QU’IL ATTRAPE ABSOLUMENT TOUT CE QUI PASSEèDENT TOUTE L'ANNéE SINUSITES, RHINOPHARYNGITES, BRONCHITES, ETC. IL A UN AUTRE PROBLèME : SONT APPARUES DES CRISES D’ANGOISSE PéNIBLES, AVEC RESSERREMENTS LARYNGéS DANS LES MOMENTS DE STRESS. A CERTAINS MOMENTS, IL A DU MAL à AVALER OU MêME à RESPIRER.
IL AJOUTE QUE, MêME SUR LE PLAN MORAL, IL A éTé ATTEINT PAR CETTE HéPATITE ET, CE QUI PARAîT STUPéFIANT DANS SA BOUCHE, QU'IL A DES OBSESSIONS SUICIDAIRES. EN FAIT, EN LES LUI FAISANT DéCRIRE, ON S’APERçOIT QUE CE N’EST PAS VRAIMENT SUICIDAIREêME UN QUAI DE MéTRO, IL EST COMME ATTIRé. IL A à LA FOIS PEUR ET UNE ATTIRANCE IRRéSISTIBLE DèS QU’IL EST SUR UNE HAUTEUR.


C’EST UN HOMME éTRANGE ET, COMME IL LE DIT LUI–MêME, EXTRêMEMENT PARADOXAL. IL EST TRèS COMMUNICATIF ET ANIMé, MAIS EN MêME TEMPS, C’EST UN OBSESSIONNEL DE L’INDéPENDANCE, CE QUI EXPLIQUE SON CéLIBAT. IL A UNE AMIE RéGULIèRE DEPUIS DES ANNéES AVEC LAQUELLE IL A TOUJOURS REFUSé DE VIVRE. ILS SE VOIENT RéGULIèREMENT, éCHANGENT BEAUCOUP DE CHOSES ET ONT EN COMMUN LE GOûT DE L’ART ET DES INTéRêTS MULTIPLES. MAIS IL VEUT GARDER SON INDéPENDANCE. «éRISTIQUES DE MON CARACTèRE, C’EST QUE JE VEUX QU'à CERTAINS MOMENTS ON ME FOUTE LA PAIX. JE VAIS VERS LES AUTRES, JE VAIS VERS LE MONDE, ET PUIS JE ME RETIRE. LORSQUE JE ME RETIRE, JE NE VEUX PLUS PERSONNE". "PAR AILLEURS, ME DIT–IL, J’AI UN PEU LE REGARD DE L’ENTOMOLOGISTE CAR J’ADORE OBSERVER LES AUTRES». C’EST VRAI QU’IL A UN INTéRêT EXTRêME POUR LES AUTRES MAIS EN MêME TEMPS, IL NE VEUT PAS QU’ON LE REMARQUE, IL VEUT PASSER INAPERçU. EN DéPIT DE SA RéPUTATION DANS SON MéTIER, IL A TOUJOURS TOUT FAIT POUR NE PAS êTRE MIS EN AVANT. IL éCRIT DES LIVRES, MAIS IL S’ARRANGE POUR COSIGNER. IL M’EXPLIQUE QUE, LUI–MêME S’INTéRESSANT BEAUCOUP AUX AUTRES EN GéNéRAL, IL LES SOLLICITE VOLONTIERS MAIS NE SUPPORTE PAS QU’ON LE SOLLICITE LUI–MêME.
«’AILLEURS JE NE DIS JAMAIS CE QUE JE FAIS, MêME à MES PARENTS. DèS MON PLUS JEUNE âGE, JE ME CACHAIS ET JE DéTESTAIS QU’ON SACHE CE QUE JE FAISAIS, Où J'éTAIS. JE ME METTAIS à L’éCART. PAR CONTRE J’AIME RASSEMBLER DES GENS, J’AIME AVOIR MON RéSEAU D’AMIS.» IL ENTRETIENT CE RéSEAU D’AMIS AVEC UN GRAND SENS DE L’AMITIé. IL AIME FAIRE SE RENCONTRER DES GENS QUI, à SON AVIS, POURRAIENT SE TROUVER DES POINTS COMMUNS. AU FILS DU TEMPS, UN LIEN DE COMPLICITé S’EST éTABLI ENTRE NOUS ET à L’HEURE ACTUELLE IL EST DEVENU UN VéRITABLE AMI.
IL AIME PARTAGER SES INTéRêTS OU SES PASSIONS AVEC SES PROCHES, QUITTE à LES CONVERTIR ! IL A ALORS UNE FORCE DE PERSUASION FORMIDABLE. IL M’A ENVOYé EN CONSULTATION TOUTE UNE SéRIE DE CONNAISSANCES OU D’AMIS, TOUJOURS DES GENS DE QUALITé. A CHAQUE FOIS, IL FAIT AVEC EUX AU PRéALABLE UN TRAVAIL D'INTRODUCTION à LA CONSULTATION HOMéOPATHIQUE POUR QUE CELLE–CI SOIT PLUS FRUCTUEUSE. IL AVAIT DéJà FAIT UN TRAVAIL PRéALABLE EXTRAORDINAIRE POUR LEUR EXPLIQUER CE QU’EST L’HOMéOPATHIE. IL N’A JAMAIS VRAIMENT éTUDIé L’HOMéOPATHIE, MAIS C’EST INCROYABLE DE VOIR à QUEL POINT IL L’A COMPRISE DE L'INTéRIEUR ET INTéGRéE PROFONDéMENT. MêME S’IL N’A PAS LA CONNAISSANCE RéELLE DES REMèDES, IL EN A COMPLèTEMENT L’ESPRIT. IL NE M’ENVOIE QUE DES GENS UN PEU HORS DU COMMUN, DES ORIGINAUX, DES PERSONNAGES. DE TEMPS EN TEMPS IL ME DIT«’ENVOYER, JE SUIS SûR QUE C’EST UN ANIMAL». ET IL SE TROMPE RAREMENT. OU ALORS«à, TU CHERCHES UNIQUEMENT DANS LES MINéRAUX». IL A UNE INTUITION FANTASTIQUE DE LA NATURE ET SE SITUE TOUJOURS DANS LE DOMAINE DU SENS. Là EST SON MONDE.


JE LE RéPèTE, IL EST à LA FOIS GRAND SOLITAIRE ET UN HYPER–COMMUNIQUANT, AU POINT QUELQUEFOIS DE VOUS SAOULER UN BRIN. IL Y A CHEZ LUI UN CôTé éLITISTE QU’IL RECONNAîT TOUT EN S’EN DéFENDANT : «’IL Y A QUELQUE CHOSE DONT J’AI HORREUR, C'EST LA MéDIOCRITé». C'EST POUR LUI LA PIRE DES CHOSES. MAIS SA SéLECTION N'EST JAMAIS SOCIALE OU CULTURELLE CAR, POUR LUI, SON MARCHAND DE LéGUMES OU SON LIBRAIRE PEUT êTRE QUELQU’UN D’EXCEPTIONNEL ALORS QUE TEL HAUT PERSONNAGE LUI APPARAîTRA MéDIOCRE. VOUS L’AVEZ COMPRIS, IL EST VISCéRALEMENT ENTOMOLOGISTE, DANS LE SENS Où C’EST L’HOMME QUI L’INTéRESSE.
JE METTRAI UN CERTAIN TEMPS à TROUVER SON REMèDE. HEUREUSEMENT, IL FAIT PARTIE DE CES PATIENTS GRATIFIANTS POUR LE MéDECIN HOMéOPATHE ; EN EFFET, CHEZ LUI, LES BONS SIMILE MARCHENT BIEN. JE SUIS DONC PASSé PAR UNE SéRIE DE REMèDES QUI ONT TOUJOURS BIEN FONCTIONNé DANS DIFFéRENTES SITUATIONS PARTICULIèRES. ET C’EST LUI QUI M’ENCOURAGE LORSQUE JE ME DéCOURAGE«’EST PAS GRAVE. C’EST UN PREMIER RéSULTAT INTéRESSANT. IL FAUT CONTINUER. TU FINIRAS PAR TROUVER LE MUST !» C’EST UN PATIENT MERVEILLEUX
UN JOUR IL ME DIRA, ET CELA SE CONFIRMERA, QU’IL Y A UN SEUL ENDROIT AU MONDE Où IL EST PARFAITEMENT BIEN, Où MêME LES TROUBLES OCCASIONNéS PAR SON HéPATITE S’ESTOMPENT POUR AINSI DIRE COMPLèTEMENT. C’EST D’AILLEURS POUR CELA QU’IL Y A éTABLI LE PRINCIPAL DE SES ACTIVITéS. Là Où IL EST PARFAITEMENT BIEN, C’EST EN FORêT TROPICALE DE MOYENNE ALTITUDE, VERS 2 000, 2èTRES, EN FORêT HUMIDE. LORSQU’IL Y EST, IL EST EN éQUILIBRE à TOUT POINT DE VUE. IL EST PARFAITEMENT CAPABLE DE PARTIR PENDANT QUINZE JOURS EN PLEINE FORêT AMAZONIENNE, TOUT SEUL AU MILIEU DES SERPENTS ET DES BêTES DE TOUT GENRE, AVEC SA PETITE TENTE, ET D’OBSERVER LA NATURE JOUR ET NUIT (LA NUIT AVEC UNE LAMPE à GAZ). C'EST SON CôTé TINTIN, SON CôTé AVENTURIER. 
NOUS PARLONS LONGUEMENT DE CETTE FORêT ET DE CE BESOIN DE REPLI, DE CE BESOIN D’êTRE DANS L’IMPéNéTRABLE, DANS SON UNIVERS PROPRE. A PARIS, SA VIE N’EST PAS MONDAINE. IL AIME PASSER UNE SOIRéE EN TêTE–à–TêTE, AVEC UNE OU DEUX PERSONNES. IL A HORREUR DES MONDANITéS. LORSQUE JE LUI DEMANDE POURQUOI IL LES REFUSE, IL ME RéPOND QUE C’EST SUPERFICIEL, QUE çA N’A PAS D’INTéRêT. "DANS LES MONDANITéS, ON NE CôTOIE QUE DU MéDIOCRE". JE LUI DEMANDE ALORS DE M’EXPLIQUER POURQUOI IL S’ATTACHE TANT AUX GENS ET LEUR PORTE AIDE SI FACILEMENT. EN EFFET, QUAND QUELQU’UN AUTOUR DE LUI EST DANS LA DIFFICULTé, IL FAIT TOUT POUR LE SORTIR D’AFFAIRE. IL S’Y DONNE CORPS ET âME, IL DEVIENT EXTRêMEMENT GéNéREUX. IL ME RéPOND«’EST PLUS FORT QUE MOI, J’AI BESOIN D’AIDER LES AUTRES à TROUVER LEUR VOIE ET DONC DE LES METTRE AU MIEUX DE LEURS CAPACITéS».


JE REPRENDS QUELQUES NOTES QU’IL M’AVAIT éCRITESà SON PROPOS : «èS SECRET. JE CLOISONNE TOUT’ENTOMOLOGIE, TOUT EST CLOISONNé. JE SUIS TIMIDE (J’AI OBSERVé à DE NOMBREUSES REPRISES QU’IL ROUGISSAIT). JE DéTESTE êTRE REMARQUé, JE SUIS TRèS SéLECTIF. J’ADORE LIRE ET APPRENDRE. JE NE SUPPORTE PAS DE DEMANDER. JE SUIS UN VéRITABLE CLICHé DU PARADOXE. JE SUIS TRèS INDéPENDANT, MAIS J’ADORE LES SPORTS COLLECTIFS. JE SUIS TRèS CALME, ET POURTANT JE BOUGE éNORMéMENT (CE QUI EST VRAI). JE SUIS EXTRêMEMENT CASANIER, ET POURTANT JE ME RéALISE DANS LE VOYAGE. JE SUIS TACITURNE, MAIS JE PEUX êTRE AUSSI INTARISSABLE.» ET TOUT CELA EST VRAI. «’ADORE LA LOUFOQUERIE, ET POURTANT JE SUIS TRèS SéRIEUX. JE DéTESTE DANSER, ET POURTANT J’AI UNE PASSION POUR LA DANSE. J’ATTIRE TRèS VITE LA CONFIANCE D’AUTRUI, MAIS POURTANT JE NE FAIS RIEN POUR. JE DéTESTE QUE L’ON DéCIDE POUR MOI MAIS POURTANT J’ADORE TRAVAILLER SOUS LES ORDRES DE GENS QUE J'ADMIRE.»
IL INSISTE SUR UN ASPECT QUE J’AI PU OBSERVER’EST UN GRAND, TRèS GRAND éMOTIF. JE L’AI VU S’éMOUVOIR, ET ME PARLER AVEC LES LARMES AUX YEUX D'UN SUJET AUQUEL IL éTAIT PARTICULIèREMENT SENSIBLE. MAIS EN MêME TEMPS, ME DIT–IL, «êTRE TRèS CASSANT ET D’UNE TERRIBLE DURETé». «’ADORE L’AVENTURE. JE N’AIME QUE LES ARTISTES TOUT EN éTANT MOI–MêME ASSEZ CARRé. J’AI HORREUR DU COMMERCE MAIS J'Y SUIS TRèS à L’AISE ( IL VEND SES INSECTES AUX COLLECTIONNEURS ET AUX INSTITUTS). IL EST à LA FOIS DANS LE MONDE ET HORS DU MONDE. C’EST UN MARGINAL DANS LE SENS NOBLE DU TERME.


VERS 18H, IL A FRéQUEMMENT UNE BAISSE DE RéGIME PENDANT LAQUELLE LA TRISTESSE L'ENVAHIT. SUR LE PLAN SEXUEL, IL N’A JAMAIS EU DE PROBLèME ET POURTANT IL A TOUJOURS EU L'APPRéHENSION DE NE PAS êTRE PERFORMANT ! EN CREUSANT LE SUJET, JE FINIS PAR COMPRENDRE QUE C'EST Dû à UNE DRôLE DE SENSATION PHYSIQUE, à SAVOIR QU’IL A PAR MOMENT L’IMPRESSION DE NE PAS AVOIR DE SEXE !
EN PLUS DE SON HYPERTENSION, IL EST SUJET à DES PALPITATIONS QUI PEUVENT SURVENIR à LA SUITE D’UN TRAVAIL INTELLECTUEL UN PEU TROP PROLONGé, OU BIEN APRèS AVOIR FAIT L’AMOUR. ENCORE UN PARADOXEà CERTAINS MOMENTS IL ARRIVE EN CLOPINANT PARCE QU’IL A UNE ARTICULATION, UN TENDON, UN LIGAMENT DOULOUREUX, ET, EN MêME TEMPS, IL DONNE L'IMPRESSION, QU’IL DIT RéELLE, DE GRANDE AGILITé.éPLACE COMME UN FAUVE.
SON AMIE EST UNE CROTALUS HORRIDUS ET J'AVOUE LA SUPPORTER DIFFICILEMENT. POURTANT LUI S’Y FAIT PARFAITEMENT BIEN. IL FAUT DIRE QU'IL EST HABITUé DU GENRE, AVEC UNE MèRE LACHESIS…! IL SEMBLE TRèS à L’AISE AVEC LES SERPENTS !
A DEUX REPRISES, LORS D'UNE CONSULTATION, ALORS QU’IL éTAIT VENU ME VOIR PARCE QU’IL éTAIT TRèS FATIGUé, IL EST SORTI DE LA PIèCE POUR ALLER AUX TOILETTES SE METTRE DE L’EAU FRAîCHE SUR LE VISAGE. "CELA ME REVIGORE. JE LE FAIS TRèS FRéQUEMMENT".


JE VOUS EN AI DIT BEAUCOUP, JE VOUS EN AI DIT TROP. EST–CE QUE CELA VOUS FAIT PENSER à QUELQUE CHOSE, à NOUVEAU NON PAS TANT à UN REMèDE QU'à UNE MANIèRE DE RéFLéCHIR SUR CE GENRE DE PERSONNAGE ET DE CASéPERTORISATION TECHNIQUE CLASSIQUE, ET EFFECTIVEMENT APPROCHER LE REMèDE, MAIS ON PEUT AUSSI ESSAYER DE LE DéCOUVRIR AU TRAVERS DE TOUTE SON HISTOIRE, DE SA VIE ET DE SON MODE DE VIE.


UN INTERVENANT’OBSERVE, MAIS IL NE FAUT PAS ME TOUCHER.


PHILIPPE SERVAIS’EST TRèS VRAI POUR LUI. IL M’AVAIT DIT QU’IL DéTESTAIT QU’ON LE TOUCHE OU QU’ON LE FRôLE, PAR CONTRE IL ACCEPTE VOLONTIERS QUE SON AMOUREUSE LE PRENNE DANS LES BRAS !


UN INTERVENANTé PERMANENTE.


PHILIPPE SERVAIS’EST VRAI, MAIS C’EST UNE DUALITé QUI N’EST PAS DANS L’OPPOSITION, ELLE EST DANS UNE SORTE DE MOUVEMENT PERMANENT, DE VIE PERMANENTE. IL Y A VRAIMENT DEUX PERSONNAGESéEL, ET CELUI QUI, QUELQUE PART, EST HORS DU MONDE. J’AI PLUTôT INTERPRéTé LES CHOSES DANS CE SENS–Là, PAR EXEMPLE QUAND IL DIT«’AI L’IMPRESSION PAR MOMENT DE NE PAS êTRE TOUT à FAIT PARTICIPANT DU MONDE», CELA CORRESPOND à CETTE PART EN LUI QUI EST EN AMAZONIE, QUI SE RETIRE COMPLèTEMENT.


UN INTERVENANT’éLEVER. JE PENSE à UN OISEAU AVEC CETTE IDéE DE PARTIR, AVEC LES DOULEURS DANS LES MEMBRES…


UN AUTRE INTERVENANT


PHILIPPE SERVAIS’éLEVER ET IL A BESOIN DE PRENDRE DE LA DISTANCE… TOUTE LA PROBLéMATIQUE DE NOTRE PERSONNAGE TOURNE EFFECTIVEMENT AUTOUR DE LA HAUTEUR. IL A UN CôTé TRèS éGOTROPHIQUE PAR MOMENT, CE QUI FAIT QU’IL DONNE DES CONSEILS, QU’IL AIDE LES GENS, QU’IL VEUT EN FAIT LES TIRER VERS LE HAUT.
PHYSIQUEMENT, IL EST GRAND, ASSEZ MAIGRE, IL A UN CôTé CALCAREA PHOSPHORICA, MAIS JE NE RETROUVE PAS LA PROBLéMATIQUE DE CALCAREA PHOSPHORICA: CE BESOIN  DE REMETTRE EN HARMONIE, EN COHéSION CE QUI NE L’EST PLUS. CALCAREA PHOSPHORICA A UNE FORME DE COMPASSION QUI LUI EST PROPRE. PAR EXEMPLE IL TOMBERA MALADE SI AU TRAVAIL IL Y A DES DISSENSIONS AUTOUR DE LUI, MêME S’IL N’EST PAS CONCERNé. IL A BESOIN D’UN UNIVERS, D’UN MONDE QUI SOIT DANS UNE CERTAINE HARMONIE D’éCHANGES, Où IL N’Y AIT PAS DE RUPTURES NI DE CASSURES. C’EST DU MOINS COMME CELA QUE JE LE VOIS, QUE JE LE SENS. LES CALCAREA PHOSPHORICA SONT A PRIORI DES GENS SYMPATHIQUES. LORSQUE JE VOIS QUELQU’UN QUI EST VRAIMENT SYMPATHIQUE, SOURIANT, MAIS AVEC MESURE, JE ME DIS TOUJOURS QU’IL FAUT QUE JE PENSE à CALCAREA PHOSPHORICA.


UN INTERVENANTôT COMME COCA.


PHILIPPE SERVAISêTRE DANS CETTE FORêT DE MOYENNE ALTITUDE… SON REMèDE EST DONC COCA. IL Y A LE KEYNOTE DE COCA, C’EST L’ABSENCE DE SEXE’EST UN SYMPTôME D’APPEL, MAIS IL Y A QUANTITé D’AUTRES SYMPTôMES DE COCA. IL Y A LA SENSATION D’êTRE SéPARé DU MONDE, LE BESOIN, LE DéSIR D’EXERCICE PHYSIQUE, LA CONFUSION MENTALE AMéLIORéE EN SE METTANT DE L’EAU SUR LE VISAGE, L’ENVIE QU’ON LE LAISSE TRANQUILLE, LE BESOIN DE CALME, LA TRISTESSE à 18 HEURES. UN SYMPTôME DONT J’AI OUBLIé DE VOUS PARLER, CE SONT SES  PETITS VERTIGES. CE SONT DES VERTIGES QUI ME FONT VRAIMENT PENSER à COCA, CE NE SONT PAS DE VRAIS VERTIGES, C’EST EN MêME TEMPS UNE PEUR DE TOMBER. EN FAIT C’EST UNE PEUR DE DESCENDRE, UNE PEUR DE SE DéTRUIRE DANS UN MOUVEMENT DE DESCENTE, ALORS QU’IL FAUT ALLER VERS L’éLéVATION. LORSQU’IL A UN VERTIGE PLUS IMPORTANT, IL SE COUCHE AVEC LE VISAGE DANS L’OREILLER. C’EST UN SYMPTôME DE COCA: VERTIGE AMéLIORé EN SE COUCHANT SUR LE VISAGE (2èME DEGRé, REMèDE UNIQUE). PALPITATIONS APRèS UN EFFORT MENTAL OU APRèS UNE RELATION SEXUELLE. JE N’AI PAS INSISTé Là–DESSUS, MAIS IL AVAIT  LE MAL DES MONTAGNES AU DELà DE 2800 MèTRES . EN FAIT IL LUI ARRIVAIT DE MONTER BEAUCOUP PLUS HAUT PARCE QU’IL LE FALLAIT, MAIS CELA LUI POSAIT VRAIMENT DES PROBLèMES.
CONCERNANT LA TISANE DE COCA, IL Y A DES AUTEURS ANCIENS QUI CONSEILLENT D’EN PRENDRE UN PETIT PEU AVANT UN EXAMEN LORSQU’ON A LE TRAC. EFFECTIVEMENT, IL EST RéPERTORIé COMME TEL. OR JE PENSE QUE TOUT LE MONDE CONSEILLE GELSEMIUM OU AUTRE CHOSE, MAIS ON NE PENSE PAS à COCA. EN FAIT, C’EST POUR PRENDRE DE LA HAUTEUR. 
C’EST TOUT LE PROBLèME DE COCAêTRE AU–DESSUS DES SITUATIONS DU MONDE. EN éGOTROPHIE, CELA DONNE CELUI QUI CONSEILLE, LE GUIDE. DANS UNE éTUDE FAITE à L’AFADH, IL éTAIT QUESTION DU BERGER, DE CELUI QUI GUIDE LE TROUPEAU, CELA EN SITUATION éGOTROPHIQUE. NOTRE AMI EST UN PEU COMME çAéNéREUSEMENT, MAIS IL Y A CE CôTé–Là CHEZ LUI.
IL A CE MOUVEMENT GéNéREUX DE VOULOIR QUE LES AUTRES PRENNENT DE L’ALTITUDE, C’EST–à–DIRE QU’ILS SE RéALISENT AU MIEUX. IL TIRE DONC LES AUTRES VERS LE HAUT, MAIS IL NE SUPPORTE PAS DE LES VOIR BAS. CE N’EST PAS LA RéUSSITE SOCIALE QUI L’INTéRESSE, C’EST QUE L’AUTRE, COMME LUI–MêME D’AILLEURS, TROUVE SA PROPRE RéALISATION INTéRIEURE. C’EST DONC QUELQU’UN QUI A UNE GRANDE NOBLESSE D’âME.


UN INTERVENANTéPERTOIRE DE G. LOUTAN IL Y A UN SYMPTôME AMUSANT, C’EST «’UNE PETITE BêTE QUI LUTTE CONTRE LUI».


PHILIPPE SERVAISéE DE COCA. LES VERTUS QU’IL AIME SONT L’ENDURANCE, LA FORCE DANS LE SENS NOBLE, L’INVINCIBILITé, LA CAPACITé à SE SURPASSER. DE PLUS, ON LE VOIT DANS LA MATIèRE MéDICALE, IL Y A BEAUCOUP DE RAPPORTS AVEC LES ANIMAUX, BEAUCOUP DE RêVES, DE FANTASMES, DE SENSATIONS, ETC., ET BEAUCOUP AVEC DES INSECTES. OR CE PATIENT EST ENTOMOLOGISTE, C’EST TOUT DE MêME AMUSANT. DE PLUS IL VIT AVEC DES SERPENTS AVEC LESQUELS IL EST à L’AISE. IL ADMIRE éNORMéMENT L’ENDURANCE, L’ENDURANCE PHYSIQUE ET L’ENDURANCE MORALE. OR VOUS SAVEZ QUE LES INDIENS PRENNENT COCA POUR NE PAS SENTIR L’ALTITUDE ET POUR êTRE TRèS ENDURANTS (MARCHER, GRIMPER, ETC.). IL Y A DONC CHEZ NOTRE HOMME QUELQUE CHOSE DE LA FORCE ANIMALE QU’IL ADMIRE. EN MêME TEMPS NOUS AVONS VU QU’IL SOUFFRE DE SON APPAREIL LOCOMOTEUR TOUT EN AYANT UNE RéELLE AGILITé ET C’EST D’AILLEURS DANS LE RéPERTOIREé PHYSIQUECOCA.
D’UNE CERTAINE MANIèRE, COCA TROUVE SA PLEINE PUISSANCE, SA PLEINE HAUTEUR, SA PLEINE DIMENSION EN PASSANT PAR LE CORPS, C’EST–à–DIRE AVEC LA PARTICIPATION DU CORPS. C’EST COMME CELA QUE JE LE VOIS, C’EST COMME S’IL FALLAIT QUE L’ESPRIT QUI S’éLèVE S’INCARNE EN MêME TEMPS DANS LA MATIèRE, DANS LE CORPS, POUR S’éLEVER AVEC’IL FALLAIT QU’IL Y AIT UNE UNITé DU CORPS ET DE L’ESPRIT EN PLEINE PUISSANCE. POUR LE DIRE AUTREMENT, QU’IL Y AIT DOMINATION COMPLèTE DE LA MATIèRE ET DU CORPS POUR PERMETTRE SON éLéVATION SPIRITUELLE. C’EST QUELQUE PART LE FANTASME D’êTRE HAUT COMME LA DIVINITé, MAIS AVEC UN CORPS. IL NE REFUSE PAS LE CORPS, AU CONTRAIRE LE CORPS A BEAUCOUP D’IMPORTANCE, MAIS IL FAUT QU’IL SOIT EN ADéQUATION AVEC L’ESPRIT.


 «’EST PAS EN ADéQUATION, IL NE SUIT PAS LE MOUVEMENT ET IL LE DEVRAIT». IL INSISTE BEAUCOUP, CELA A BEAUCOUP D’IMPORTANCE POUR LUI. SES ANGOISSES, SES PROBLèMES ORL, ET JE DIRAIS MêME SA FATIGUE, JE LES AI AMéLIORéES AVEC D’AUTRES REMèDES. MAIS SON éNERGIE GéNéRALE, SON BIEN–êTRE CORPOREL ET SA CAPACITé MENTALE, IL NE LES RETROUVERA QU'à PARTIR DE COCA.
JE M'éTAIS FAIT CETTE RéFLEXION : «’ENNUIE–T–IL ENCORE AVEC SA CHEVILLE UN PEU DOULOUREUSE DEPUIS TROIS JOURSé SUR SON CORPS, SUR SON CORPS LOCOMOTEUR» 


A VOTRE AVIS, à QUEL AUTRE REMèDE AURAIT–ON PU PENSER DANS LE CAS DE NOTRE HOMME


UN INTERVENANTBORAX


PHILIPPE SERVAIS BORAX, EFFECTIVEMENT, VEUT PRENDRE DE L’ALTITUDE, C’EST UNE TRèS BONNE IDéE. MAIS BORAX, MALHEUREUSEMENT, RESTE TOUT LE TEMPS FACE à L’OBSTACLE, UN PEU ENFERMé EN LUI–MêME, IL N’ARRIVE PAS à PRENDRE DE LA HAUTEUR OU BIEN IL A BEAUCOUP DE MAL à LE FAIRE. NOTRE PATIENT A TROUVé LA SOLUTION, SA VIE N’EST QUE LA RéSOLUTION DE SA PROBLéMATIQUE COCA.


UN INTERVENANTMAGNESIA MURIATICA


PHILIPPE SERVAISMAGNESIA MURIATICA, IL N’Y A PAS CETTE ESPèCE DE LUMIèRE. MAGNESIA MURIATICA A TOUT LE TEMPS CETTE SENSATION DONT IL NE PEUT SORTIR, D’AVOIR CE POIDS AU–DESSUS DE LA TêTE. IL Y A QUELQUE CHOSE D’UN PEU TRISTE, D’UN PEU LOURD. IL N’Y A PAS, JUSTEMENT, CETTE CAPACITé DE SORTIR DES NUAGES, DE SE METTRE EN ALTITUDE.


UN INTERVENANT’A FAIT TOUT DE SUITE PENSER à COCA AVEC LE SYMPTôME–CLEF COMME APPEL, C’EST «ù QUE JE SOIS, IL FAUT QUE JE PUISSE PLANER ET PARTIR DANS MON MONDE». EN FAIT, UN PATIENT PHOSPHORUS PEUT RACONTER QUASIMENT LA MêME HISTOIRE MAIS LE MOTEUR SERA UNE PASSION, CE NE SERA PAS CETTE NéCESSITé DE DéCONNECTER ET DE PARTIR VERS QUELQUE CHOSE DE PLUS éLEVé.


UN INTERVENANT’AVAIS PENSé à EAGLE, L’AIGLE, POUR L’HISTOIRE DE LA HAUTEUR, DE L’éLéVATION, PUISQUE L’AIGLE VIT ENTRE DEUX MONDES. MAIS Là, JE CROIS QUE LA DIFFéRENCE EST QU’IL CHERCHE à S’éLEVER, ALORS QUE L’AIGLE EST HAUT ET QU’IL DESCEND VERS LE MONDE, MAIS PAS POUR éLEVER LES AUTRES. LA DUALITé EST TRèS PRéSENTE, OR Là JE N’AI PAS BIEN COMPRIS LA DUALITé CHEZ COCA QUAND TU AS PRéSENTé CETTE éNORME DUALITé, CE PARADOXE, à PART LE FAIT QU’IL VEUT CHERCHER LES GENS, LES éLEVER.


PHILIPPE SERVAISéELLEMENT UNE DUALITé, JE PENSE QUE C’EST UNE ALTERNANCE. IL ESSAIE DE CRéER CETTE UNITé DU CORPS ET DE L’ESPRIT’éLEVER, MAIS IL A BESOIN AUSSI DE S’UNIFIER à LA MATIèRE. DONC IL A BESOIN D’êTRE DANS LE MONDE ET IL A BESOIN DE S’EN éCARTER POUR REPRENDRE DE LA HAUTEUR. MAIS IL NE PEUT PAS êTRE TOUT LE TEMPS EN ALTITUDE, HORS MATIèRE, IL NE PEUT PAS êTRE UNIQUEMENT HORS DU MONDE. IL A BESOIN DU MONDE, DES AUTRES, C’EST AUSSI LE CORPS DE L’HOMME.
CE SYMPTôME D’ABSENCE DE SEXE MONTRE TOUT CE PARADOXE CHAIR/ESPRIT.


UN INTERVENANT’IL NE VEUT PAS êTRE LE LIEN ENTRE LA TERRE ET LE CIEL.


PHILIPPE SERVAIS’EST PASSIONNé ENTRE AUTRE CHOSE POUR TOUTE LA CULTURE  DES INDIENS AMAZONIENS à L’éPOQUE DE LA CONQUêTE ESPAGNOLE ET POUR LEURS TOTEMS. IL SEMBLERAIT QU’à CETTE éPOQUE–Là LES INDIENS AIENT FAIT APPEL AUX DIEUX POUR SE DéFENDRE CONTRE LES ESPAGNOLS ET QU’ILS AIENT FABRIQUé éNORMéMENT DE TOTEMS VERS LES XVEXVIE SIèCLES. IL EN AVAIT ENTENDU PARLER ET IL EST PARTI EN EXPéDITION POUR ALLER INTERROGER LES INDIENS, DONT IL PARLE  LES DIALECTES, ET POUR RETROUVER CES TOTEMS DONT IL EST FAIT MENTION DANS LA LITTéRATURE, ENTRE AUTRE DANS LA LITTéRATURE JéSUITE. IL A PéNéTRé LA FORêT AMAZONIENNE POUR SON ENQUêTE ET POUR  CREUSER LUI–MêME, PENDANT DES JOURS ET DES JOURS, JUSQU’à SORTIR CES TOTEMS DE LA TERRE. IL A CRéE UN RéSEAU D’INDIENS AFIN DE  L’AIDER à REMETTRE CES TOTEMS EN éTAT ET LES SORTIR DE LA FORêT POUR LES INSTALLER DANS DIFFéRENTS PETITS MUSéES LOCAUX. TOUT CELA  GRATUITEMENT, TOTALEMENT GRATUITEMENT’EST PAS POUR FAIRE DE L’ARGENT QU’IL A FAIT çA, C’EST POUR REDONNER AUX TOTEMS ET DONC AUX INDIENS,  DE LA HAUTEUR, LES SORTIR DE LA TERRE ET LES REMETTRE à LA VERTICALE.


UN INTERVENANT


PHILIPPE SERVAIS’AI UTILISé, BIEN SûR, PLUSIEURS DYNAMISATIONS. AU DéPART, J’AI DONNé UNE 30 CH PARCE QUE JE N’EN AVAIS PAS D’AUTRE. POUR LE SUIVI DU CAS, JE PRéCISE QUE CE REMèDE A RéSOLU TOUS SES PROBLèMES, IL L’A REMIS EN TRèS BONNE FORME, EN TRèS BONNE SANTé à TOUT POINT DE VUE. J’AI, JE CROIS, UN PEU PLUS DE DEUX ANS DE RECUL.
J’AI OUBLIé DE VOUS DIRE UNE CHOSE IMPORTANTEé UNE 30 CH EN DéCEMBRE, ET TROIS MOIS APRèS JE LUI AI DONNé UNE 1 000 K, PARCE QUE JE M’EN éTAIS PROCURé CHEZ SCHMIDT–NAGEL. IL AVAIT TOUJOURS SA RELATION AVEC CETTE AMIE CROTALUS HORRIDUS QUI DEVENAIT ASSEZ PéNIBLE, POUR MOI EN TANT QUE MéDECIN, POUR SON ENTOURAGE AUSSI, SEMBLE–T–IL, ET MêME POUR LUI, ET APRèS LA 1 000 K IL S’EST SéPARé D’ELLE. IL A RENCONTRé UNE AUTRE FEMME QUI LUI CORRESPONDAIT MIEUX ET AVEC LAQUELLE IL A EU UNE BELLE HISTOIRE. IL A EU LA SENSATION DE REPRENDRE SA VIE EN MAIN, DE RETROUVER SA LIBERTé. IL L’A VéCU COMME QUELQUE CHOSE DE FORMIDABLEMENT POSITIF, MALGRé LE FAIT QUE SON EX–AMIE AIT USé DE HARCèLEMENT, D’INTELLIGENCE, DE RUSE POUR SE LE RéAPPROPRIER. C’EST à CE MOMENT–Là QUE CROTALUS HORRIDUS S’EST RéVéLééTé EFFROYABLEéGèRETé ET  DE L’AUTONOMIE PENDANT  DEUX ANS, PUIS IL M’A DIT UN JOUR«êME QUE FONDAMENTALEMENT CETTE FEMME ME CORRESPOND PARCE QU’AVEC ELLE J’AI DES CHOSES EN COMMUN QUI SONT TRèS IMPORTANTES. J’AI FAIT MA RéVOLUTION ET J’AI REPRIS UNE RELATION AVEC ELLE, MAIS TOUTE DIFFéRENTE». D’AUTANT QU’ELLE–MêME, TRAITéE PAR CROTALUS, S’EST BEAUCOUP AMéLIORéE…
COCA LUI A PERMIS DE SORTIR DE L’éTAU QU’ELLE REPRéSENTAIT POUR LUI. J’AI DONNé ENSUITE DEUX FOIS COCA 10 000 K, LA DERNIèRE FOIS éTANT EN JUILLET 2002. JE VIENS DE LE REVOIR IL Y A QUELQUES JOURS PARCE QU’IL VOULAIT ME VOIR AVANT DE PARTIR ’IL PART EN OCéANIE, EN NOUVELLE–GUINéE. IL AVAIT QUELQUES DOULEURS TENDINEUSES QUI éTAIENT EN TRAIN DE RéAPPARAîTRE ET JE VIENS DE LUI REDONNER UNE DOSE DE 200K.


UN INTERVENANT


PHILIPPE SERVAIS’A PLUS D’HYPERTENSION, J’AI OUBLIé DE VOUS LE DIRE


UN INTERVENANTé DES REMèDES AVANTèDES AS–TU PENSé, INDéPENDAMMENT DE COCA, POUR UN TABLEAU COMME CELUI–Là


PHILIPPE SERVAIS’éPOQUE Où JE LE CONNAISSAIS MOINS BIEN, C’EST NATRUM MURIATICM QUI L’AVAIT AMéLIORé, ET CE QUI L’A AMéLIORé AUSSI, C’EST STRAMONIUM... IL AVAIT UNE SENSATION QUI REVENAIT RéGULIèREMENT, ET C’EST MêME ARRIVé UNE FOIS AU CABINET’IMPRESSION QU’IL Y AVAIT UNE PETITE BêTE QUI PASSAIT à TOUTE ALLURE, UNE SOURIS OU QUELQUE CHOSE COMME çA. CELA M’AVAIT FAIT PENSER à STRAMONIUM. C’éTAIT UNE éPOQUE Où IL éTAIT PARTICULIèREMENT MAL, IL éTAIT FRANCHEMENT AGAçANT DE LOGORRHéE. J’AVAIS LA SENSATION, SURTOUT VU SES ACTIVITéS à CE MOMENT–Là, QU’IL éTAIT UN PEU DANS L’ILLUSION. IL AVAIT AUSSI BEAUCOUP DE SPASMES LARYNGéS QUI L’ANGOISSAIENT. STRAMONIUM LUI A FAIT BEAUCOUP DE BIEN, MêME PENDANT PLUSIEURS MOIS, PUIS L’EFFET S’EST TOUT à FAIT éPUISé. MAIS J’AVAIS QUAND MêME LA SENSATION DE NE PAS êTRE SUR LE BON REMèDE.
C’EST NORMAL QUE NATRUM MURIATICUM LUI AIT FAIT DU BIEN. IL éTAIT EN MAUVAIS éTAT PHYSIQUE, ET DE CE FAIT MENTAL AUSSI. IL éTAIT UN PEU DéPRIMé QUAND JE L’AI CONNUéPRIME BIEN COMPENSéE, MAIS IL RéAGISSAIT PAR UN RENFERMEMENT EXCESSIF PUISQUE C’éTAIT DéJà DANS SA PROBLéMATIQUE. ÇA LUI A PERMIS DE REPRENDRE UN RAPPORT AVEC LE MONDE ET LE RéEL.

IL Y A UN AUTRE REMèDE QUI LUI A FAIT DU BIEN, ET J’AI MêME CRU QUE J’éTAIS SUR LE BON REMèDE, C’EST CROCUS SATIVUS, PARCE QU’EFFECTIVEMENT ON éTAIT VRAIMENT DANS LA DUALITé, OU PLUTôT DANS L’ALTERNANCE’EXCèS EN RAPPORT AVEC CETTE PASSION, ET PAR AILLEURS LA RIGUEUR, LA RATIONALITé, LA PRéCISION. CE SONT DES PôLES QUI CHEZ CROCUS SONT TRèS FLAGRANTS.














































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C’EST UNE JEUNE FILLE DE 17 ANS QUE JE VOIS EN 1997,  EN éTAT DéPRESSIF ET SUIVIE EN PSYCHOTHéRAPIE. ON VOULAIT LA METTRE SOUS ANTIDéPRESSEURS MAIS SES PARENTS AVAIENT REFUSé. IL FAUT DIRE QU’ELLE A UN CONTEXTE DIFFICILEèRE AîNé EST QUASI–PSYCHOPATHE ET DéTRUIT COMPLèTEMENT  LA FAMILLE DEPUIS LONGTEMPS’EST DONC UNE SITUATION PAR MOMENT  INFERNALE. ELLE  A TOUJOURS BIEN RéUSSI,  SE DESTINE à DES éTUDES SUPéRIEURES, MAIS LORSQUE JE LA VOIS, ELLE N’ARRIVE ABSOLUMENT PLUS à TRAVAILLER. ELLE A DIVERSES SOMATISATIONS, ENTRE AUTRE UNE DIARRHéE CHRONIQUE QUI LA GêNE BEAUCOUP ET éGALEMENT UNE CONJONCTIVITE DE L’œIL DROIT SEMI–CHRONIQUE. MALGRé SON âGE, IL LUI ARRIVE ENCORE RéGULIèREMENT D’AVOIR DES OXYURES. ELLE EST PRISE DE MAUX DE TêTE BRUTAUX à LA TEMPE GAUCHE QUI LA METTENT «» POUR PLUSIEURS HEURES. CE SONT DE  VRAIES  MIGRAINES. TOUT CELA EST APPARU DANS L’ANNéE.
DU POINT DE VUE SCOLAIRE ELLE N’EST PLUS MOTIVéE COMME ELLE L’éTAIT, NE SAIT PLUS  CE QU’ELLE VEUT FAIRE, N’A PLUS AUCUN INTéRêT NI AUCUNE PASSION, CE QUI N’éTAIT PAS DU TOUT SON PROFIL. C’éTAIT UNE ADOLESCENTE QUI AIMAIT LA LECTURE, PASSIONNéE DE LITTéRATURE, ET IL Y A TOUT à COUP EU, DEPUIS UN AN, UNE SORTE DE BAISSE DE RéGIME, UNE DéPRESSION QUI S’EST S’INSTALLéE. DéPRESSION ACTIVéE PAR UNE GRANDE INQUIéTUDE SUR SON AVENIR ET SUR SA RéUSSITE. ELLE FINIT PAR SE PERSUADER QUE DE TOUTE FAçON ELLE EST NULLE, ELLE SERA NULLE, ELLE VA TOUT RATER ET ELLE VA RATER SA VIE.
SA MèRE ME DIT QUE, DEPUIS TOUJOURS, ELLE AVAIT TENDANCE à MANQUER DE CONFIANCE EN ELLE, MAIS AU MOINS, ME DIT–ELLE, CELA PASSAIT DE «» à, TOUT à COUP, «éNIALE». OR MAINTENANT, IL N’Y A PLUS CETTE ALTERNANCE. ELLE FAIT  BEAUCOUP DE CAUCHEMARS, AVEC ENTRE AUTRE THèME CELUI D’êTRE POURSUIVIE, UN GRAND CAUCHEMAR CLASSIQUE. AU DéPART, JE DONNE SULFUR, UNE DOSE EN 1000 K, QUI LUI FAIT BEAUCOUP DE BIEN. IL A éTé DONNé TROIS MOIS AVANT SON BACCALAURéAT, CE QUI VA LUI PERMETTRE DE REFAIRE SURFACE, D’éTUDIER, DE PASSER SON BAC ET D’êTRE REçUE. APRèS CELA, DèS LES GRANDES VACANCES Où ELLE EST POURTANT LIBéRéE, LA DéPRESSION SE RéINSTALLE AVEC DE NOUVEAU LE MêME PROFIL. JE REDONNE ALORS UNE DOSE DE SULFUR EN 10 000 K à LA FIN JUILLET QUI NE FERA PLUS AUCUN EFFET. EN FAIT, SULFUR L’A AIDéE MAIS CE N’EST PAS LE REMèDE.


JE LA REVOIS UN MOIS APRèS LA RENTRéE, ET ELLE VA MAL. A CE MOMENT–Là ELLE A 18 ANS ET ELLE VIENT DE FAIRE UNE FUGUE DE TROIS SEMAINES QUI A INQUIéTé LES PARENTS PUISQU’ELLE NE LEUR A PAS DIT Où ELLE éTAIT. EN REVENANT, ELLE NE DONNE AUCUNE EXPLICATION ET DIT SIMPLEMENT QU’ELLE EN AVAIT MARRE. ELLE N’A PLUS AUCUNE éNERGIE, ELLE SE LèVE à DEUX HEURES DE L’APRèS–MIDI,  VA  à PEINE à LA FACULTé. (ELLE FAIT DES éTUDES LITTéRAIRES). ELLE EST MORTE DE PEUR POUR TOUT CONTRôLE, CELA LA PARALYSE COMPLèTEMENT. ELLE N’ARRIVE PAS à TRAVAILLER.
ELLE ME DIT DEVANT SA MèRE«’éCHEC». SA MèRE LUI RéPOND«ù EST L’éCHEC’éCHEC» C’EST à CE MOMENT–Là QU’ELLE A CETTE PHRASE EXTRAORDINAIRE DITE D’UNE MANIèRE UN PEU GRANDILOQUENTE ET ROMANTIQUE«éCHEC». ELLE M’EXPLIQUE QU’à LA FOIS ELLE A ENVIE DE FAIRE QUELQUE CHOSE, QU’ELLE A ENVIE DE RéUSSIR, QU’ELLE A ENVIE DE RETROUVER SES PASSIONS, ET QU’EN MêME TEMPS ELLE Y RENONCE EN SE  DISANT«».
SA MèRE AJOUTE QU’ELLE SE FATIGUE BEAUCOUP PARCE QU’ELLE SORT  LE SOIR ET QUE, DE CE FAIT, ELLE DORT TROP PEU. ELLE RéPOND«’ACCORD, JE NE DEVRAIS PAS SORTIR, MAIS JE SUIS TROP FAIBLE POUR RéSISTER à L’INFLUENCE DES COPINES ET DES COPAINS QUI VEULENT ME FAIRE SORTIR.»
 ELLE A MêME FAIT UNE PETITE TENTATIVE DE SUICIDE, UN PEU HYSTéRIQUE, EN S’ABîMANT LA MAIN AVEC UN COUTEAU, MAIS ELLE RECONNAîT QUE çA FAISAIT VRAIMENT TROP MAL ET QU’ELLE A VITE ARRêTé
ELLE DIT DEVANT SA MèRE éBERLUéE êME AU MOIS D’OCTOBRE ET ELLE EST CENSéE êTRE EN FACULTé «»... LE VOYAGE COMME UNE FUITE, COMME QUELQUE CHOSE DE DéSESPéRé. ELLE ME SORT à UN AUTRE MOMENT«’éTAIS PAS FAITE POUR êTRE HEUREUSE» A CE MOMENT–Là SA MAMAN REBONDIT SUR SES PROPOS ET DEMANDE à SA FILLE«’ACCORD POUR QUE JE MONTRE AU DOCTEUR TES éCRITSèMES AU DOCTEUR» ELLE LES AVAIT AVEC ELLE ET LES TRAîNAIT PARTOUT. EN LES LISANT, JE ME RENDS COMPTE QU’ILS SONT COMPLèTEMENT DéSESPéRéS, JOLIS ET  ROMANTIQUES MAIS VRAIMENT DéSESPéRéS.
JE LUI DIS


       

  • Ce n’est pas trop gai…


  •    

  • Non, mais je n’aime que les choses désespérées. La vie est un jour sans fin, c’est l’ennui. Même si je pouvais éprouver de la joie, ce serait superficiel.


C’est en lisant ses poèmes que j’ai trouvé le remède, parce que ce qui en ressort, c’est«’ai pas l’impression de pouvoir choisir, je n’ai pas l’impression de pouvoir décider de  ma vie». Elle est dans la fatalité totale et permanente, dans un sentiment de grand déterminisme et bien sûr la plus grande fatalité, c’est la fatalité de l’échec.


Avec une dose que je lui donne tout de suite en 10 000 K, elle va être complètement transformée, dose que je renouvellerai un an plus tard. Elle reprendra ses études et s’avérera très brillante. Elle est actuellement en train de soutenir sa thèse de doctorat en littérature comparée. Elle est totalement sortie d’affaire, y compris pour tous les petits ennuis physiques qui allaient de pair. Elle a un fait un bond fantastique de maturité intellectuelle, de maturité affective et personnelle, et elle s’est complètement accomplie.
Si j’ajoute qu’elle était irritable le matin au réveil, je crois qu’il n’y a pas besoin d’autre chose pour penser à un certain remède.


Un intervenantNatrum sulfuricum


Philippe Servaisûr, c’est un cas de NATRUM SULFURICUM. Comme vous le savez, c’est le remède du déterminisme.
C’était quelque chose de latent, elle était dans une espèce d’équilibre instable, mais le fait d’arriver en Terminale, avec tout à coup des choix à faire, une vie d’adulte à préparer, devoir se prendre en charge, le bac à réussir, tout cela a joué.


Chez Natrum sulfuricum, c’est plus qu’une peur de l’échec. C’est différent des autres, car il y a des tas de remèdes qui ont peur de l’échec. Chez Natrum sulfuricum, c’est la sensation que l’échec est constitutionnel, qu’il fait partie de soi, qu’il est inhérent à soi. Effectivement, on peut le retrouver dans «’échec», mais surtout dans le symptôme «éussir en rien». Il y a un rêve de Natrum sulfuricum, le rêve d’une expérimentatrice qui rêve que sa fille est dans l’eau, qu’elle appelle au secours et qu’elle est en train de se noyer. Natrum sulfuricum, c’est vraiment la fatalité. Il y a un cas de Natrum sulfuricum où le patient disait«’en sortira jamais. Il y a des maladies plus fortes que les médecines. C’est juste la faute à pas de chance». Il y avait en lui ce défaitisme.
C’est l’imprévisible, c’est la tuile sur la tête, c’est le fatum. On a un bon fatum ou un mauvais fatum. D’ailleurs, si on lit la matière médicale, il y a une sorte d’admiration pour les choses de la nature, pour la beauté de l’univers. On a l’impression, tant du point de vue positif que négatif, que Natrum sulfuricum est fasciné par ce qu’il ne maîtrise pas, et entre autre ce destin qu’il ne maîtrise pas. Masi le dit d’une manière plus subtile«’est le remède de l’exagération imaginaire de la prédestination à l’échec»... Personnellement, j’enlèverais ‘’ à l’échec’’ car le plus important c’est le sentiment de prédestination.
Ce sont des gens que l’on va pouvoir "capter" parce qu’ils ont un côté  renfermé, en tous cas quand ils sont en décompensation. Ils se sentent un peu en dehors, les émotions sont complètement cachées, enfermées. Pourtant ces émotions sont très profondes, et l’on sait que c’est un remède de suicide. De plus ce sont des suicides très violents’ils ont décompensé, ont une telle sensation de prédestination que, par exemple, ils n’assument plus leurs responsabilités, même familiales«à rien que je fasse ce qu’il faut pour mes enfants ou pour ma femme, de toute façon ça ne dépend pas de moi.» Ce sont des gens qui se soustraient à leurs responsabilités.
Quelle plus belle prédestination que la tuile qui vous tombe littéralement sur la tête, c’est–à–dire le coup sur la tête, et on sait que Natrum sulfuricum est Le remède des suites de traumatisme crânien, et tout particulièrement des suites, ou énergétiques ou mentales, des traumatismes crâniens«ême depuis ça, tout a changé, etc.» C’est la tuile sur la tête, la chose qui ne dépend pas de soi et qu’on subit.


Un intervenant’est un policier d’une cinquantaine d’années qui est arrivé dans mon cabinet. Il n’arrivait même pas à se repérer dans son appartement. En regardant son histoire, on s’est aperçu que tout avait commencé alors qu’il faisait le planton’est détaché d’une corniche et il se l’est pris sur le képi. Tout le monde a rigolé, seulement, trois mois après, il ne pouvait plus travailler, il ne pouvait plus conduire sa voiture. Quand il sortait du garage il ne savait pas dans quelle direction aller et petit à petit cela s’est aggravé. Avec une dose de Natrum sulfuricum en 30 CH et une séance d’ostéopathie, huit jours après il reprenait le volant.


Philippe Servaisça pose question par rapport au sens, par rapport au remède simillimum. Tout de même, avoir dans son imaginaire ce sentiment d’un fatalisme, et que ce remède guérisse des cas où la fatalité vous est tombée sur la tête, je trouve que c’est très troublant.































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Je vais vous parler d’une gamine que j’ai vue en 1989 ’ai donc du reculà l’époque et qui en dix–huit aujourd’hui. J’ai pensé à ce cas parce que justement je l’ai revue la semaine dernière. La petite Lauranne avait donc cinq ans à l’époque. Sa maman me l’amène, non pas parce qu’elle est malade car elle n’est jamais malade, mais parce qu’elle a beaucoup de problèmes avec elle. Elle est suivie par une psycho–motricienne pour «»... Retards divers, car depuis la naissance il y a retard. Elle n’a marché qu’à deux ans, et encore, car jusqu’à deux ans elle ne pouvait même pas tenir debout, et elle n’a commencé à parler, à dire ses premiers mots, que vers trois ans. Encore faudra–t–il des années pour acquérir un langage à peu près correct. C’est une enfant qui a hurlé dès la naissance, et je dirais même que jusqu’au remède elle n’a jamais arrêté. Elle a été suivie pour strabisme, elle est ambidextre. A l’âge de cinq ans encore, elle tombe constamment en marchant,  elle n’a pas encore trouvé son  équilibre.
La maman me l’amène avant tout, ne sachant pas ce que peut faire l’homéopathie sur ses problèmes psychomoteurs, parce que c’est une enfant insupportable qui fait des crises de nerfs. Elle se roule par terre, elle tape sur sa mère, ou alors elle se tape la tête contre les murs. Déjà à l’âge d’un mois et demi, elle avait refusé de manger et avait dû être hospitalisée.
Du point de vue du langage, la mère me dit qu’elle a commencé à parler un peu à l’âge de trois ans, mais qu’on n’a rien compris de ce qu’elle disait avant l’âge de quatre ou cinq ans, peu de temps avant la consultation. Et encore, pour cinq ans elle n’est pas brillante’y a pas grand chose, si ce n’est qu’elle a toujours trop chaud, vivant à moitié nue, de toute façon toujours pieds nus. Elle se déshabille en permanence. Symptôme classique à cet âge làête en dormant.
En ce qui concerne sa stabilité, je constate, parce que cela lui arrive au cabinet, qu’en s’asseyant elle tombe parce qu’elle est extrêmement maladroite avec son corps. La mère me précise qu’elle est incapable de boire sans renverser, qu’elle renverse tout, qu’elle laisse tout tomber. Elle me parle surtout de sa nervosité me précisant qu’elle est hors d’elle pour la moindre contrariété, qu’elle fait constamment des colères si elle est contrariée, si on la contredit, dès qu’on ne lui obéit pas immédiatement. C’est commun à beaucoup d’enfants, mais ici c’est vraiment excessif et constant.


Ce qui est caractéristique chez elle, c’est qu’en même temps elle est très affectueuse et peut être  très adorable. Une autre caractéristique, c’est que l’idée est suivie immédiatement d’acte, il n’y a aucune réflexion. Cela se vérifie en fin de  consultation’ordonnance, on dit que la consultation est finie mais qu’il faut encore la régler, et je la vois qui, instantanément, met son manteau, va vers la porte, l’ouvre et gagne l’entrée. Sa mère me dit«Ça, c’est typique d’elle, ce qui fait qu’on ne peut jamais lui dire que cet après–midi on ira faire ceci ou cela parce qu’elle ne comprend pas». Elle est en mouvement permanent… Sa mère me dit qu’elle est d’une saleté épouvantable, qu’il faut la forcer à se laver, que ses affaires sont toujours sales. On se demande comment c’est possible, mais elle arrive de l’école maternelle dans un état pitoyable. Tout est torchonès ce n’est plus qu’un amas de papier froissé.
En même temps elle sait tout«», c’est sa réponse, alors qu’elle ne sait rien. C’est un vrai garçon manqué, et ce thème du garçon manqué reviendra plusieurs fois. Il est vrai qu’on dirait un gamin alors que c’est une fille. Quand on lui parle de cela, elle dit qu’elle veut être un garçon et la mère me dit qu’effectivement elle refuse de porter des robes et qu’elle veut être un garçon.
J’essaie de lui faire faire un dessin, comme je fais parfois avec les enfantsÇa donne une espèce de chose… étonnante«ça se bouscule au portillon», tout arrive en même temps et on n’y comprend rien. Je reviens sur l’idée du mouvementême temps elle est dans la précipitation, ce qui fait qu’elle renverse la chaise, qu’elle ne peut pas marcher droit, etc.
Bien sûr, on ne peut encore parler de retard scolaire, mais elle est quand même très immature. Autre caractéristique, elle est extrêmement indépendante, au point qu’on doit la surveiller de près car, à de nombreuses reprises, quel que soit l’environnement, elle peut partir toute seule. Elle a une idée qui lui passe par la tête, une envie de ceci ou cela, et elle part. Ses parents l’ont perdue à plusieurs reprises. Elle dit toujours qu’elle veut faire ce qu’elle veut comme elle veut, quand elle veut, selon son envie du moment.
Je remarque, pendant qu’elle parle ou qu’elle essaye de parler ère me dit que c’est plutôt ou en parlant, ou en marchant ’elle a une espèce de mouvement de la tête. L’école et les parents se plaignent qu’elle est soûlanteébit de parole incessant.


Je ne trouverai pas le remède immédiatement. Elle rentre à la grande école. Tous ceux qui la côtoient se plaignent, et spécialement la maîtresse, car elle perturbe beaucoup la classe et empêche les autres de travailler. Je passerai ensuite plusieurs années sans la revoir, mais il faut dire que ce que j’avais tenté n’avait pas été bien efficace. Je la revois donc fin 1996 et début 1997 alors qu’elle a 11 ans. Sa mère me la ramène en me disant«’est impossible» Elle avait un a priori  favorable pour l’homéopathie parce que j’avais fait beaucoup de bien à son aînée, et elle me demandait de réessayer quelque chose. «… D’abord elle est en retard scolaire ère idée, c’est de se mettre à fumer. Elle est même entrée en classe avec une cigarette à la bouche. Elle n’obéit pas, elle dérange les autres, elle accapare ses copines, elle met la pagaille dans l’école éjà dû changer deux fois d’école. En famille c’est insupportable. J’ai l’impression qu’elle accapare tout le monde parce qu’elle veut qu’on l’aime (c’est l’interprétation de la mère). En tous cas, elle parle avec tout le monde, que ce soit dans la rue, dans le bus, n’importe où, elle parle et entreprend tout le monde». Elle ajoute«’affectif chez elle»... Effectivement, à 11 ans, elle vient à côté de moi, à côté de mon fauteuil, ce qui est un comportement un peu surprenant à cet âge.
Elle est devenue franchement insolente, c’est la raison pour laquelle elle a été renvoyée de l’une des écoles. Elle se permet tout. Quand elle est contrariée, elle donne des coups de pied dans le mur. Elle ne rêve que d’une chose, c’est de faire de la moto’est une impulsive et je suis euphémique, c’est plus fort qu’elle. «être sauvage», me dit la mère. Et c’est vrai, elle est comme un petit animal sauvage qu’on n’arrive pas à dompter. Moi–même elle m’accapare complètement, il y a des moments où elle m’agrippe et je n’arrive pas à m’en dépêtrer. Quand on lui dit qu’il y a des choses qu’on ne dit pas, – elle adore les gros mots  – elle répond que c’est plus fort qu’elle, que ça sort, que c’est comme ça. Elle se fait constamment gronder par les grands, elle prend pourtant de bonnes résolutions mais elle dérape, elle ne les tient pas. «’impression, me dit la mère, que c’est le truc du moment qui l’accapareée, la sensation, ce qui se passe autour d’elle.» Et la maman prononce le mot  prononcé par les éducateurs, celui de «é–délinquance». Quand je dis qu’elle envahit l’espace, et c’est le cas au cabinet,  c’est qu’elle est franchement sans–gêne. Sa mère est très gênée de son comportement et précise que c’est pareil partout. Même ses amies ne la supportent plus’elles sont en train de parler, elle vient se mettre au milieu, se mêle à la conversation et les accapare.
Et la mère répète«’est un vrai petit animal sauvage». Ne vient–elle pas de dire à son professeur de français "connard" en pleine classe’ils ont bien compris la leçon concernant la prise de la Bastille, elle intervientà son résumé du cours


A partir de là, il fallait trouver une solution d’urgence. Heureusement, cette fois, j’ai trouvé le bon remède! Ce fut une transformation absolument incroyable. Après le remède, donné en 10 000 K, la mère m’a appelé au téléphone en me disant«’est un véritable miracle» . Et ce miracle s’est définitivement installé’impression qu’un remède homéopathique, quand il est vraiment en bonne similitude avec le patient, non seulement le remet en équilibre, mais encore crée autour un environnement favorable, comme si l’influence du remède sur l’entourage faisait qu’on trouve les bonnes solutions.
En effet, la situation familiale va aussi évoluer. Si les parents séparés gardent de bonnes relations, le père est parti vivre depuis un certain temps dans les Pyrénées. C’est une sorte de «» qui fait un retour à la nature un peu tardif en créant sa ferme, il est très proche de la nature, etc. Et l’idée soudain jaillit, dont l’enfant est ravie, d’aller rejoindre son père dans la montagne. Elle va s’épanouir énormément à vivre dans ce village, à la ferme et dans une petite école. Elle y habitera pendant quatre ans, la mère faisant régulièrement des allers–retours pour la voir ou la fille au contraire venant à Paris pour de courts séjours.


Avez–vous une petite idée, ou bien une grande idéeême manière, il est moins intéressant de donner le remède tout de suite que de voir sur quoi nous pouvons raisonner.


Un intervenant’envahir l’espace.


Philippe Servais’est sûr que c’est important. Vous pensez à Glonoinum ou à Lyssinum’est une problématique différente. 


Un intervenant’ai entendu le désir de faire tout de suite comme les adultes, d’aller directement au but, et cela m’a fait penser à Agaricus.


Philippe ServaisAgaricus il y a cette espèce de besoin de créer. En fait, il veut être adulte parce qu’il veut être dans la force, dans la puissance. Chez elle non, c’est une instinctive, c’est ce qui se passe sur le moment, Qu’importe, elle ne va pas plus loin, il n’y a pas de projet. Elle est impulsive, ses désirs sont des ordres, mais ce n’est pas une vraie autoritaire dans le sens où elle n’essaie pas de faire autorité. C’est simplement que ce qui se passe sur le moment doit être fait, doit être réalisé, même si ce n’est qu’un désir, et c’est à cause de cela que ses désirs sont des ordres. Je trouve que la mère, en disant qu’elle est un vrai petit animal sauvage, exprime parfaitement ce qu’est sa fille.


Un intervenant


Philippe Servaisûr, elle est en permanence dans la transgression. Il y a effectivement une provocation, une transgression, mais pour qu’il y ait transgression, il faut qu’il y ait règle et qu’il y ait loi, or ici il n’y a pas de loi. De plus, la mère est quelqu’un d’assez souple, adaptable, donc il n’y a pas de rigidité au niveau de l’éducation.


Un intervenant’elle ne peut pas se contrôler.


Philippe Servais’expression «ôler» est juste. Raisonnons autrementôler et qui ne le peut pas’est–ce qui fait que nous sommes capables de nous contrôlerà l’instinct. Elle est maladroite, elle ne peut pas contrôler son corps. En tant que petit animal, ce n’est pas non plus un petit animal qui a complètement évolué, elle n’est donc pas évoluée.


Je ne la verrai pas pendant longtemps et la mère lui  redonne une autre dose deux ans plus tard qui lui permettra de continuer à évoluer étonnement bien. Je ne la verrai pas jusqu’il y a peu. Et récemment elle est revenue me voir avec sa mère. Elle a maintenant dix–huit ans. L’évolution a été tout de même extraordinairement favorable puisqu’elle a pu rattraper et suivre une scolarité normale. Elle a exprimé, d’elle–même une envie que les parents ont acceptée : s’occuper d’enfants. Elle a suivi un petit cursus de moniteur d’enfants, avec un diplôme, ce qui lui a permis depuis six mois de devenir animatrice de crèche et elle y fait merveille. Tout le monde dit qu’elle est merveilleuse dans ce rôle–là. Elle a vraiment trouvé sa voie, elle a trouvé sa propre résolution.
Si sa mère me la ramène alors qu’elle va bien, c’est qu’il vient de se passer un fait qui demande visiblement que le remède soit répété quatre ans après. Elle a fait la fête avec des copains et des copines, elle a bu un peu trop et elle est tombée du premier étage de l’immeuble’a eu qu’un petit traumatisme crânien qui s’est résolu sans problème. Elle a donc eu une chance incroyable, elle est indemne. Les urgences étant venues la chercher, on s’est aperçu qu’elle avait 2,3 g/l d’alcool dans le sang ! Elle n’en avait absolument pas été consciente, elle avait l’impression d’avoir bu deux verres. Elle a donc complètement dérapé sans s’en rendre compte, au point de se retrouver avec 2,3 g/l d’alcool dans les veinesû s’approcher d’une fenêtre et basculer.
Ce qui est intéressant, c’est que même dans cette situation, on est toujours dans la dynamique du remède. Effectivement, il est temps de le répéter. La guérison n’est jamais complètement définitive, nous restons  toujours à vie liés à notre problématique.
Mon raisonnement au départ, à propos de ce cas, a été le suivantà la marche, et de sa violence’est qu’un épiphénomène au milieu d’un plus grand ensemble. Quand on la voit, et c’est encore le cas actuellement, on est frappé surtout par son côté garçon manqué, fou, instinctif et sauvage. En cela, elle est différente des autres. Là est son personnage.


Des intervenantsBufo rana


Philippe Servais’ai effectivement donné BUFO RANA. Il y a quelques symptômes sans grand intérêtères dès qu’on la comprend mal, dès qu’on ne comprend pas ce qu’elle veut dire, elle frappe par colère, elle a un mouvement de la tête ômes de Bufo. Comme ce sont des symptômes assez secondaires, j’avais simplement pris la rubrique «» où se trouve Bufo. En fait, c’est la maman qui m’a donné le remède en me disant«’est un vrai petit animal sauvage». On sent chez cette gamine une primarité, quelque chose qui n’a pas évolué. C’est cette espèce d’animalité qu’on retrouve chez Bufo, qui est au centre du remède. Marc Brunson avait dit que c’était le dernier des poissons et le premier des mammifères. Donc il y a quelque chose de l’ordre de l’instinct, de l’ordre de l’animalité, qui submerge l’individu.
En général, chez les Bufo ce n’est même pas un complexe d’infériorité, c’est qu’ils ne sont pas au même niveau que les autres. Donc eux–mêmes se situent sur un autre plan, ils ne cherchent pas à être dans la concurrence, ils ne se sentent pas de la même nature. C’est pour cela que les Bufo, comme les Cicuta d’ailleurs pour d’autres raisons, adorent être dans une ambiance d’enfants, être avec les enfants, parce qu’avec eux ils se sentent bien. Ils sont plus dans leur monde.
Il y a un problème de communication verbale chez Bufo qui est très important. Il me semble qu’il y a chez Bufo une relation, une communication au monde qui est instinctive, comme on a dans le règne animal, qui ne passe pas par la parole, mais qui passe par l’intuition, par le ressenti, par l’instinct. C’est pour cela qu’il n’y a pas, la plupart du temps, d’acquisition correcte du langage chez les Bufo. C’est comme s’il y avait une espèce d’hypertrophie de l’instinct animal que nous avons perdu en tant qu’humains, comme le chat qui sait, des heures ou des jours avant, ce qui va se passer dans la maison.
Aviez–vous pensé à d’autres remèdes


Un intervenantHyoscyamus, parce que tu disais qu’elle était violente dès qu’elle se déshabillait.


Philippe Servaiséshabiller parce qu’on a trop chaud, tout simplement comme Sulfur. Chez Hyosciamus c’est différent, c’est névrotique, c’est sexuel. Il n’y a pas d’exhibitionnisme chez cette petite patienteêtements la gênent. Cela va encore dans le sens de l’instinct.


Un intervenantès intéressant parce que c’est le cas typique où l’on est obligé de jeter des tas de symptômes, et en fait la seule chose qui reste, c’est un comportement particulier. Si vous prenez «», «ôlable», «», «», «épendant», «», il vous reste 70 remèdes. Pourquoi’un petit enfant syphilitique typique, c’est–à–dire un terrain incontrôlable, avec ce refus de la loi, etc. Par contre, ce qui est complètement particulier dans ce cas–là, c’est sa manière d’êtreà ce moment–là comme un petit animal sauvage, à savoir que vous trouverez ces mêmes symptômes chez beaucoup d’enfants syphilitiques décompensés, mais cette manière d’être, vous ne la trouverez que chez certains remèdes comme Bufo, comme Moschus… Il ne restera que trois ou quatre remèdes au maximum.


Philippe Servais’on pense là tout de suite à un remède animal.


Un intervenant’attarder à ces symptômes, qui sont des symptômes miasmatiques mais qui n’ont rien d’un remède.


Philippe Servaisées à venir, mais a priori c’est une gamine qui pourrait nécessiter constamment le même remède toute sa vie.


Un intervenantLyssinum ?

Philippe Servais’ai oublié de vous le dire, mais j’avais donné Lysine tout au début. Elle avait été momentanément un peu mieux, elle était moins accaparante pendant un moment, mais ça n’a pas tenu. Je le lui avais donné deux fois.










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Nous allons passer à un autre univers, très différent. Nous avons affaire à un homme de quarante et un ans, professeur d’université et romancier, docteur en histoire et docteur en philosophie, qui tient une chaire d’esthétique. C’est un homme étonnant, car il est très anachronique quand on le voit. Il est grand, un mètre quatre–vingt, efflanqué, un peu voûté, le cheveu romantique… On a l’impression d’avoir Musset devant soi. Il a une espèce de visage très pur, aussi je m’attendais à ce qu’il soit homosexuel alors qu’il ne l’est pas du tout. Mais il a une espèce de grâce, de beauté, de féminité qui pourrait y faire penser.


S’il vient me voir, c’est parce que, depuis des années, il est réellement handicapé par des problèmes ORL, de haut en bas, constamment, hiver comme été, avec en même temps un problème presque récurrent de voix. Comme il enseigne, cela pose  problème parce qu’il a des aphonies très fréquentes dès qu’il a le moindre rhume. Par ailleurs, il a un terrain très allergique, avec entre autre un eczéma chronique qu’il essaie de cacher mais toujours présent. Il me dit«’ai été cinq fois sous antibiotiques. De toute façon, cela ne sert plus à rien».
Par ailleurs, on sent tout de suite que c’est un anxieux, il respire l’anxiété. Comme je l’ai dit, il est efflanqué, il est maigre, mais il revendique cette minceur. Quand je lui parle de l’éventualité de grossir, c’est l’horreur
Il a installé dans son appartement un sauna. Il va déménager et ne veut d’ailleurs pas s’installer dans son nouvel appartement tant que le sauna n’est pas construit. Pourquoi’il lui faut  un minimum d’une heure de sauna par jour, il ne peut pas vivre sans. Il dit«’en fais un usage abusif, mais ça m’apaise tellement…» Usage abusif aussi d’autre chose, l’alcool, mais il vient d’arrêter brutalement, parce qu’il s’est rendu compte qu’il devenait alcoolique’avant de donner cours, il buvait un petit coup, et ce petit coup était devenu un petit peu trop fréquent. Il était donc devenu à une époque réellement alcoolique et il a eu la discipline, le courage, d’arrêter complètement. Usage abusif aussi au niveau alimentaire si j’ose direés, harissa et autres choses très relevées, et il ne peut pas s’en passer.
Il a la mèche longue qu’il relève de temps en temps, ce qui lui donne ce côté romantique. Il a en permanence les sourcils froncés. Je lui demande s’il a une activité physique minimale et, de façon surprenante, il me dit qu’il fait chez lui des exercices de gymnastique quotidiens «’il aime à l’activité physique». Il aime  sentir son corps douloureux, et comme il n’est pas du tout sportif, c’est obligatoirement douloureux.
Parmi ses anxiétés, et c’est la pire  puisqu’elle est permanente, il a ce qu’il appelle une «été nosophobique», que nous traduirons par de l’hypochondrie. Le moindre bobo, c’est le sida ou autre chose.
Je lui demande de me parler de son écriture, puisqu’il est parvenu en fait à diviser son année en deux’enseignement et six mois de repli où il écrit. Il m’enverra d’ailleurs  deux de ses livres, que je lirai en diagonale parce qu’ils sont un peu ennuyeux. Je ne sais pas si vous avez déjà lu Pierre–Jean Rémy, c’est un peu du même genre… Très romantique, très langoureux… Quels sont les thèmes de ses fictions«èmes, c’est l’abandon, le deuil, l’exil ou la trahison. C’est l’homme malade d’amour». Il me parle de ses amours, et effectivement c’est l’homme malade d’amour«écrivant, me dit–il, j’oublie le monde, le monde est séparé de moi et c’est là que je suis le mieux. Le monde ne peut être séparé de moi que par l’écriture ou l’amour».. Il insistera aussi sur ce qu’il appelle son «’étrangeté», c’est–à–dire la sensation d’être en décalage, étranger au monde, et le monde étranger à lui–même.


J’ai oublié de vous préciser qu’il y a un passé familial tuberculeux. Je lui donne d’abord Tuberculinum bovinum au début 1998, une dose en M K, que je répéterai quatre mois plus tard tellement il est enthousiaste sur l’effet de ce remède’est un miracle, et une autre dose de assainira complètement le plan immunitaire. Cependant, cela ne résoudra pas son problème d’eczéma et cela ne fera rien au niveau psychique. Simplement, lui me considère comme le "médecin–miracle" parce que je suis parvenu  à obtenir ce qu’il voulait au départêtre malade.
Il vient me voir six mois plus tard, début 1999, pour son eczéma qui n’a pas bougé, mais ce qui, inconsciemment, à mon avis, a motivé la consultation, c’est qu’il est dans un état d’angoisse extrême. Après m’avoir parlé pendant un quart d’heure de son eczéma écrit’est un langage extrêmement châtié, c’est très sophistiqué, c’est très artistique, on est tout le temps dans l’esthétique du langage’est à la limite un peu exaspérant, on ne peut pas dire que ce soit un homme  simpleès donc m’avoir parlé longuement de son eczéma, il me dit que depuis sa séparation d’avec son amie avec laquelle il était depuis deux ans, il est pris d’angoisses de mort terribles, qui sont presque des paniques, à l’instant du réveil. Il ouvre les yeux, la mort l’envahit complètement, puis il se reprend, mais cette atmosphère l’accompagne toute la journée et il est très mal. Il est, en outre, en état de désœuvrement, il ne peut plus travailler, et pour lui c’est la pire des choses: «».


Quel nouveau remède trouver’arrive de temps en temps d’accompagner un remède de fond avec de la phytothérapie, de prescrire un petit flacon de gouttes quelconques, et ce sera sur ce qu’il me dit à propos de ce petit flacon donné précédemment, que je serai mis sur la piste du remède. Je lui avais donné du Ficus carica pour l’aider à l’apaisement le soir, pour trouver le sommeil. Il me dit«’est drôle, c’est comme avec certains alcools, dès que j’ai pris Ficus, et même dans le verre avant que je ne le prenne, j’ai eu l’impression que je le connaissais depuis toujours». Je lui demande


       

  • Vous ne l’aviez jamais pris


  •    

  • Non, je ne le connaissais pas du tout, mais j’avais une impression de déjà connu.


De déjà connu et de déjà intégré à lui. Il ajoute: «énergie, mon corps s’est desséché». 

L’eczéma s’est un peu aggravé. Il a la peau très sèche. «’est en même temps alourdi, je suis lourd», et il insiste là–dessus.

Là, je me rends compte tout à coup que c’est quelqu’un qui s’occupe énormément, de manière très narcissique, de son corps et c’est d’ailleurs aussi ce qui m’avait donné l’impression qu’il pouvait être homosexuel. Il s’occupe de son apparence, mais il s’occupe surtout énormément de son corpsèmes,  la gymnastique. Ce qui l’inquiète quand il dit qu’il s’alourdit, c’est qu’il a pris un kilo et demi, et pour lui c’est dramatique. «’ai plus du tout la même perception de mon corps, même, dit–il en riant, si ce n’est pas visible.»
 Je me suis donc dit qu’il y avait là une problématique importante, car cela paraît tellement étonnant, surtout chez un homme… Je cherche à approfondir, il me dit

       

  • Je ne suis plus moi.


  •    

  • C’est normal, vous êtes déprimé, votre amie…, etc.


  •    

  • Ce n’est pas ça. Je n’éprouve plus mon corps. J’ai besoin d’avoir une maigreur et une sécheresse du corps pour que ce corps réponde à ma dimension ascétique de la vie. (Je prenais note littéralement’ailleurs, dit–il, ça marche avec l’écriture, car mon écriture est toute dans l’économie et l’ascèse.


Il est vrai qu’en lisant ses bouquins rapidement, j’ai eu l’impression que c’était à la fois romantique et extrêmement minimaliste.
 J’ajouterai qu’une des thématiques de ses rêves, est les serpents, mais c’est relativement commun.


En juin 1999 je lui donne une dose du remède en 30 CH, que je répète au début 2000 en 1000 K. Cela le remet d’aplomb sur le plan psychique. Je le revois une fois en 2001 : placebo. Et je l’ai eu au téléphone, il y a trois mois, à propos d’un ami qu’il voulait m’envoyer : «’avez sauvé la vie, je vais très bien, j’ai retrouvé un équilibre complet, j’écris, je travaille, je n’ai pas besoin de vous. Si quelque chose ne va pas, je reviendrai vous voir». On l’avait mis sous Deroxat avant que je  le vois, et immédiatement après, dès qu’il a senti que mon remède agissait, il  l’a arrêté.


Qu’est–ce qui paraît important comme thématique chez ce patientépertorisations mais on tombe sur des tas de remèdes. Ce qui m’a frappé, c’est l’importance qu’il donnait à son corps. C’est esthétique, c’est narcissique, mais on a surtout l’impression que c’est une souffrance de ne pas avoir le corps qui lui correspond. Or le corps qui correspond, ce n’est pas en rapport avec l’apparence extérieure, d’autant qu’à la limite il aurait été plus beau s’il avait eu quelques kilos de plus. Non, il a besoin d’être maigre et il ne supporte pas de prendre un kilo et demi. Il a besoin d’être maigre et d’être sec.
Le remède le guérira aussi de son eczéma et il me dira«érissant l’eczéma, vous n’avez pas touché à la sécheresse de ma peau». Pour lui, le risque aurait été d’avoir tout à coup une peau grasse’adonne t’il ainsi au sauna? On peut se direélioré par les bains très chauds, ou par l’atmosphère très chaude. Mais en fait, chez lui c’est pour rester maigre, c’est pour perdre son eau, c’est dans la même idée. C’est aussi pour rester léger, ne pas s’alourdir. Dans ses livres c’est un peu la même chose’écriture est belle, mais très minimaliste. Le propos est romantique, mais l’expression n’est pas chargée, elle est très épurée. C’est un peu évanescent, ça manque de substance, de consistance‘’chair’’.
En outre, il est lentéplace lentement, il parle lentement pour trouver le mot juste, il a le temps. Il ne supporte pas d’être pressé.


Un intervenantKreosotum


Philippe ServaisKreosotum, c’est pire que ça. C’est la sclérose, c’est la rétraction complète, c’est presque la non–vie. Kreosotum, c’est la survie pour l’éternité, c’est la vie a minima. Ce qui m’a mis sur la piste du remède, c’est  cette notion d’épuration, l’importance du corps qu’il faut laisser dans un état  de légèreté. Le déclic a été l’histoire du flacon de Ficus, qu’il avait l’impression d’avoir toujours connu alors qu’en fait c’était la première fois de sa vie qu’il en prenait. Ficus, c’est la figue, un léger calmant, un léger tranquillisant.
Il y a ici un problème lié à la chair.


Une intervenante


Un intervenantème d’incarnation.


Philippe Servais’étrangeté, il est un peu «», il a l’impression de ne plus être lui–même quand il décompense et de ne plus éprouver son corps. Donc en même temps il faut que son corps soit léger et qu’il le ressente... Or là, il est mal parce qu’il ne le ressent plus.
J’ai oublié de vous dire une chose, assez logique en décompensation, mais étonnante chez lui parce que, me dit–il, cela ne s’est jamais produit, c’est que tout d’un coup il n’a plus eu de libido.
Quels sont les remèdes liés à l’incarnation, à la chairèdes qui ont une problématique de lourdeur et de légèreté


Un intervenantThuya


Philippe Servais’a vraiment pas la problématique de Thuya.


Un intervenantHydrogène


Philippe Servaisêtement, je n’ai pas l’expérience d’Hydrogène parce que les rares fois où je l’ai prescrit, ça n’a pas marché. J’en parlerai peut–être le jour où j’aurai un cas qui marchera.


Un intervenantPhosphorus


Philippe Servais’y a pas ici le feu de Phosphorus.


Un intervenantAlumina?


Philippe ServaisALUMINA, c’est cela. Bravoôme qui paraît anachronique quand on étudie Alumina, et que probablement vous n’avez jamais rencontré, en tous cas pas moi, c’est le symptôme«éprouver une espèce de phobie». Je n’ai jamais vu ça chez Alumina. Il y a en un autre que je n’ai jamais vu non plus et qui est«»... Je me suis toujours demandé pourquoi il y avait cela chez Alumina, et je me suis rendu compte qu’en fait cela correspondait totalement à la problématique du remède. Qu’est–ce que  le couteau’est le couteau planté,  c’est la blessure, c’est le sang’est le sang. En fait le sang, c’est le rouge, c’est le symbole de la vie. C’est la vie réelle, c’est l’incarnation, c’est la vie incarnée, c’est la vie qui coule à flots.


Un intervenantAlumina.


Philippe Servais’évanouit même à la vue du sang. Le sang  représente la vie incarnée.


Il y a aussi d’autres symptômes que nous connaissons tous «’un d’autre voit à travers ses yeux», ou «’un d’autre parle à travers sa bouche», ou encore «». Il y a un côté  «’astral» chez Alumina, que nous retrouvons dans d’autres remèdes, entre autre Sabadilla par exemple. Il y a la sensation aussi chez Alumina d’être saoul, d’être dans une espèce de flou, l’impression que sa tête appartient à quelqu’un d’autre, l’impression d’être quelqu’un d’autre.
 La grande problématique d’Alumina, c’est l’identité. «ême, qui suis–je» Il a la sensation qu’il ne correspond pas à son identité, qu’il n’est pas lui–même, qu’il est un autre que lui–même.
La matière médicale d’Alumina est très riche en symptômes et l’on y trouve toutes sortes de thématiques. Mais ce qui paraît central chez Alumina, c’est le sentiment ou la sensation ûr écarité de l’existence, de sa propre existence, en tant qu’existant par le corps, dans la vie réelle. Hahnemann le dit d’ailleurs«était hors de son corps». Le problème d’Alumina est d’arriver à contrôler son corps. Il a même la sensation que le corps s’agrandit. Chez notre ami, il y a la sensation que le corps grossit. La difficulté d’Alumina, puisqu’il a un problème d’identité, c’est de savoir ce qui est le monde et ce qui est luià lui ! Ce qui manque à Alumina, c’est le principe unifiant de la vie,  le principe vital qui unifie. Un symptôme étrange, mais qui va tout à fait dans ce sens–là éalité ’est qu’il est anxieux en urinant. Il perd  là quelque chose. Il a également la phobie, la peur d’être incontinent. C’est donc comme s’il avait peur de perdre le peu de vitalité qu’il a.
Nous pouvons faire une  métaphore. Comme on le sait, Alumina entre très fortement dans la composition de l’argile  est même, je pense, le composant essentiel. Or on dit dans la Bible que Dieu a façonné l’homme avec de l’argile avant de lui donner la vie, donc l’homme est fragile, il est d’argile. Il est poussière et  retombera en poussière. Par cette métaphore nous sommes  dans l’esprit d’Alumina.
Alumina a peur de perdre son corps, il a peur de perdre ce principe vital unifiant. Comme il a cette peur, il va même éventuellement se donner d’autres corps’un d’autre, la parole de quelqu’un d’autre, pour être sûr que, s’il n’a plus cette consistance, en la transférant chez l’autre, il ne la perdra pas entièrement et l’autre l’aura à sa place. Il y a une espèce de projection de sa problématique sur l’autre.
Ce qui m’a fait penser à Alumina, c’est quand il m’a parlé de la bouteille de Ficus. «’ai l’impression que je connaissais déjà, alors que je ne connaissais pas.» Je me suis dit que c’était la même chose que«’ai l’impression que c’est quelqu’un d’autre qui parle par ma bouche» ou que «’est quelqu’un d’autre qui voit par mes yeux». J’ai pensé qu’il y avait une sorte de transfert d’information corporelle, comme si ce corps appartenait à quelqu’un d’autre. C’est cela qui m’est venu à l’esprit.
Alumina cherche à avoir un corps, à retenir son corps et à donner consistance à ce corps, au point même de s’approprier éventuellement le corps de quelqu’un d’autre. En pensant à cela, je me suis dit qu’au fond les tropismes des maladies chez Alumina vont  dans le même sens, puisqu’elles touchent les organes de l’identification. Entre autre le larynx et la voix, – (Alumina est un grand remède d’aphonie.) –, et donc la parole, l’échange, la communicationégalement la zone génitale.
Le problème d’Alumina, ce n’est pas de vouloir se donner une autre identitéôt, avec le secours de l’extérieur, de renforcer la sienne propre. Comme il a tendance à être hors du corps, à être dans l’énergie subtile, il a du mal à s’incarner totalement. Sa difficulté est de s’incarner exactement ce qu’il faut, ni trop, ni trop peu.


Ce que j’ai observé dans certains cas d’Alumina, mais pas ici, c’est qu’il peut y avoir réaction égotrophique pour résoudre son problème. Je pense à cette patiente Alumina qui travaille la terre : elle fait de la poterie, elle a tout le temps les mains dans la terre. C’est donc une réaction égotrophique pour se donner de la substance,  de la matière qu’elle n’a pas. Mais il faut reconnaître que, le plus souvent, nous rencontrons des patients qui sont plus dans l’attitude luétique, plus naturelle pour Alumina. Il est plus facile de partir dans l’inconsistant que dans le consistant. Nous aurons donc souvent des symptômes plutôt luétiques.
Vous connaissez le rapport à la nourriture chez Alumina. Ce n’est pas qu’il ait une aversion pour la nourriture, mais il ne ressent pas l’envie de manger. Ou alors, au contraire, il a des fringales terribles, des hypoglycémies importantes où il faut  tout de suite ingurgiter quelque chose. Dans les désirs bizarres d’Alumina ’y a pas que Calcarea qui a cela ésir de manger de la chaux, du plâtre, (toujours le même besoin de matière), du charbon, des grains de café, du marc de thé, auquel j’ai ajoutéésir de manger du papier. J’ai eu en effet une patiente Alumina qui mangeait du papier, et c’était assez amusant parce que c’était une journaliste et qu’elle devait toujours faire attention, quand elle prenait des notes pour ses interviews, de ne pas manger le papier sur lequel elle venait d’écrire
Voici donc un beau remède,  un remède assez subtil. Si vous rencontrez des Alumina, soyez attentifs en leur serrant la mainéger… Ce n’est pas la main molle d’un Calcarea décompensé, c’est quand même une main’un peu magique dans la main d’un Alumina.
A quel autre remède aurait–on pu penser dans le cas de mon patientèdes qui ont ce problème d’identité


Deux intervenantsValerianaSabadilla


Philippe ServaisValeriana, c’est plus un problème d’identité liée à l’esprit et à la rationalité. Pour être dans le réel, il lui semble devoir être dans le mental, dans l’intelligence. Valeriana n’a pas l’impression d’exister autrement que par son esprit, son intelligence et une certaine forme de rationalité. Il a donc un contact difficile, ou éventuellement absent, avec la part sensible de lui–même. Il a tendance à protéger son identité fragile par l’esprit.
Entre parenthèses, la valériane, qui est donnée larga manu dans les pharmacies aux gens qui ne veulent pas prendre de somnifères, peut être toxique. Il faut faire attention avec la valériane prise tous les soirs, parce que cela peut déclencher des pertes de mémoire. C’est un remède qui a un gros tropisme cérébral.
La tentative de Valeriana, c’est aussi d’essayer de relier les deux mondes, c’est–à–dire d’essayer de voir ce que les autres ne voient pas. C’est ce qui fait qu’il peut être éventuellement  clairvoyant.


Chez Sabadilla, il y a des sensations anormales liées au corpséformé, de distorsion du corps. C’est une perte d’harmonie du corps, une espèce de déstructuration. Comme une sorte d’incarnation maladroite, pourrait–on dire. Il est à la fois ici et là–haut, à moitié ici et à moitié là–haut, mais pas harmonieusement coupé en deux. Nous avons aussi Nux moschata qui a ce problème d’être à moitié ici et à moitié là–haut.


Par ailleurs – mais je ne peux pas vous en parler car je n’ai pas encore eu le temps de l’étudier, – il y a aussi Alumen, dont beaucoup de symptômes sont proches de ceux d’Alumina. Je pense qu’il doit y avoir des tas d’erreurs de transcription car on les voit trop souvent l’un à côté de l’autre, et à mon avis on trouve dans le répertoire Alumina à la place d’Alumen, et vice–versa.
Nous avons encore d’autres remèdes qui ont ce problème d’identité. Baptisia, par exemple, mais lui a l’impression d’être éclaté, éparpillé, de partir dans le cosmos, de partir en mille morceaux, d’avoir perdu toute unité.


J’ai un autre patient Alumina                  . C’est un monsieur de presque quatre–vingt ans, en très bonne condition physique, et qui m’a dit«é». Il est vrai que c’est quelque chose que j’entendais très régulièrement dans sa bouche, mais vu son âge cela ne me paraissait pas anormal. «» Il se plaignait d’énormes pertes de mémoire. «édoublé.» Il souffrait de faims impérieuses, ce qui est rare à cet âge. Il aimait philosopher. «’est mon incarnation qui est fatiguée, docteur. Existons–nous au sein de notre corps’ai plus les pieds sur le sol. Tout à coup, alors que je connais Paris depuis 60 ans, je ne sais plus où je suis, même dans le métro.» En fait, il passe sa retraite à lire des livres les plus variés dont le sujet tourne toujours autour d’explications de l’univers.       








7









Notre amie Annie, qui a 39 ans, deux enfants, un gentil mari et est institutrice à mi–temps, vient toujours me voir, pour des raisons de commodité, à 9 heures du matin. Et c’est la catastrophe parce qu’à chaque fois, elle me fait prendre du retard pour toute la matinée. J’ai grand mal  à la mettre dehors. C’est d’ailleurs une des raisons qui m’a incité à trouver le plus vite possible son remède’est vous dire à quel point elle est envahissante et logorrhéique. Pourtant, elle est  sous Atimil, Témesta, Stilnox, Lexomil, et Prozacérapie. Je dis «» parce qu’en fait, elle a un soutien vaguement psychothérapique par son psychiatre, visiblement peu formé à un travail psychanalytique. Aussi je l’enverrai illico presto chez quelqu’un de sérieux, d’autant que je ne peux  la prendre en charge tout seul, parce que c’est trop lourd.


Nous sommes en 1999. Je vois un premier patient à 8 h 30à 9 heures et, dès 9 h 05, elle se met à tambouriner à ma porte en demandant si je ne l’ai pas oubliée’affolement, de panique. Mais ces panic attacks ne sont pas de simples panic attacks classiques, parce qu’elles envahissent toute sa vie. Elle est dans l’affolement quasi permanent. Et ce sentiment qu’elle a d’être perdue lui impose de devoir parler immédiatement à quelqu’un. Donc, quand elle circule en ville, elle vise les enseignes de pharmacie et se réfugie chez le premier pharmacien venu. Puis, une fois l’apaisement obtenu auprès du pharmacien qui la console et la réconforte, elle se décide à repartir... jusqu’à faire de même dans une deuxième pharmacie
Elle a donc besoin d’être prise en charge constamment et elle reconnaît que ême avant qu’on ne le lui dise état de régression totale, comme un enfant. «ête, me dit–elle, je crie» Il me faudra deux consultations pour comprendre que le ton réel de sa voix n’est pas celui que je connais, car elle prend devant moi une voix de petite fille. C’est seulement une fois calmée, qu’elle reprend une voix normale. Elle est donc dans la régression totale. Elle me parle de névrose d’abandon. Admettons, mais rien dans sa vie passée ne justifie une névrose d’abandon. Elle est complètement éparpillée, complètement dispersée, ça va dans tous les sens. Elle est constamment à se dire qu’elle ne va pas y arriver, encore qu’elle travaille puisqu’elle est institutrice à mi–temps et qu’il semble qu’elle fasse assez correctement son travail "car, quand j’enseigne, j’oublie un peu tout cela".
Je lui demande quel a été l’événement déclenchant de cet état de panique, qui dure depuis presque un an. "C’est à partir du moment où mon mari a changé de travail et a dû se mettre à travailler beaucoup plus". Cela va donc bien avec l’idée de névrose d’abandon. Elle se décrit ainsi«’étais quelqu’un de très gai, de très sympathique, je suis une artiste, je sais créer des atmosphères autour de moi». Bref, elle a plein de qualités’empêche que j’apprendrai par la famille qu’elle est épouvantablement jalouse de sa sœur. Elle se dit extrêmement émotive, sensible à tout, réactive et réceptive à l’environnement de manière excessive. Elle ajoute’aime que la légèreté, d’ailleurs j’ai fait beaucoup de danse".. Je lui ferai dire quand même qu’elle est très narcissique et qu’elle est beaucoup dans la séduction.
C’est un cas typique de patient dont on ne voit qu’un aspect, en l’occurrence ici une décompensation anxieuse. J’avoue qu’à deux reprises, parce que je n’y voyais pas clair et presque pour qu’elle s’en aille, je lui ai donné Lachesis en me disant qu’on verrait plus tard. Lachesis l’aide un peu, mais pas tant que ça. Elle commence alors à m’expliquer qu’elle est consciente de combien elle est pénible, combien elle mène une vie infernale à son entourage du fait de son angoisse, mais combien aussi elle n’est pas responsable, combien c’est malgré elle, plus fort qu’elle. "Il y a deux personnes en moi’autre qui prend le relais, qui m’agit par derrière". Sur cette thématique je lui donne Naja. Là aussi, cela fait plutôt du bien. Elle me dira mêmeés en moi’autre qui me fait agir presque à l’encontre de ma volonté". Nous sommes donc devant un tableau très Naja, qui a l’impression qu’il y a une puissance supérieure au–dessus de lui qui le fait agir. Anacardium ne fera pas plus d’effet. Il n’empêche qu’elle est envahissante – c’est un euphémisme –, extravertie – c’est aussi un euphémisme –, et n’hésitant pas à s’exhiber comme une pauvre enfant malheureuse devant n’importe qui, un pharmacien inconnu, un commerçant, un passant même


J’apprendrai par son mari au téléphone – vous savez que les maris ou les épouses, cela sert énormément pour comprendre parfois certains patients, encore qu’il faille filtrer parce que les conjoints peuvent, eux aussi, faire leurs propres projections – un autre fait qu’elle a complètement occulté’elle exerce. C’est un vrai tyran ! Ses enfants ne la supportent plus, son fils a même vivement souhaité qu’elle meure’est bien au–delà de la simple autorité parentale.
Elle finit par m’avouer qu’effectivement "elle n’est pas facile". J’en profite pour lui dire combien elle n’est pas facile non plus pour moi et combien c’est insupportable de l’avoir en consultation. J’ajoute


       

  • Je voudrais bien que vous changiez votre heure de consultation, parce que je ne peux plus continuer comme ça.


  •    

  • Ah bon


  •    

  • Oui,  vous m’envahissez totalement


Je fais exprès de la provoquer. Je me rends compte qu’elle n’est pas si faible que ça et je tente le coup de pied dans la fourmilière. Il y a en elle une agressivité que je dois comprendre. Elle ne me montre que la petite fille victime de tout le monde, mais il y a un autre personnage derrière que je ne connais pas. Son mari et ses enfants ne la supportent plus. Je décide, pour la  consultation suivante, de changer de tactique. Elle arrive ce jour–là en retard de deux minutes, et je lui disêtes en retard" Comme je ne suis pas agressif de nature, il fallait que je trouve les moyens de l’êtreétonnement elle part au quart de tour en me disant que j’ai un sacré culot, du fait qu’en général c’est moi qui suis en retard

       

  • Oui, mais comme de toute façon vous allez me faire prendre une demi–heure ou trois–quarts d’heure de retard, ça devient insupportablee en fin de journée…


  •    

  • Mais, docteur, c’est impossible avec les enfants.


  •    

  • Alors, allez voir un autre médecin.


Nous commençons donc à nous bagarrer et là je m’aperçois qu’elle a vraiment du répondant, et que si l’on continue, elle va prendre le dessus sur moi

       

  • Mais qu’est–ce que vous me reprochez


  •    

  • Deux choses : vous me parasitez et vous me harcelez.


Et tout à coup, d’une petite voix timide d’enfant

       

  • On continue la consultation


  •    

  • Si vous voulez… Mais on va parler de ça. Si vous le faites  avec moi, vous devez le faire  avec tout le monde.


Elle finit par m’avouer qu’elle est totalement harcelante avec ses enfants et son mari pour la moindre broutille scolaire ou domestique. J’essaie alors de savoir de quelle manière elle est aussi harcelante. «’une victime à l’autre», la victime bien sûr n’étant jamais elle, mais les autres. Elle est en permanence sur le dos de ses enfants et de son entourage. Elle veut absolument contraindre l’autre ou les autres, les bétonner, les cadrer. Ce n’est donc même plus de l’autorité, c’est vraiment du terrorisme. Lorsqu’elle est sur quelque chose, par exemple le devoir de son fils qui a raté son contrôle de math, elle  l’accable  toute la soirée. Et  ce sont des menaces, c’est comme ça et pas autrement, et  tu n’auras pas de vacances, etc.

       

  • Ecoutez, c’est quand même étonnant. Vous voulez éduquer envers et contre tout alors que vous–même …Vous êtes quand même assez mal placée.


  •    

  • Je sais, c’est plus fort que moi. (Tout est mis sur le «».)


  •    

  • Vous faites ça avec tout le monde


  •    

  • Non, en société je veux plaire et donc je suis aimable, je suis facile, je suis séductrice.


Effectivement, elle a un coté très féminin et séducteur. Elle est toujours habillée impeccablement, malgré son état dépressif. 
A un autre moment, elle me dit : «». Je vous disais qu’elle était harcelante aussi avec moi. Elle me demandait dix fois par consultation: «éjà vu, des comme moi» Vous connaissez cette fameuse question où il faut à la fois répondre oui et non, c’est–à–dire oui, je peux vous soigner, et non, vous n’êtes pas folle mais vous êtes hors norme«érirèdeède, ça va me guérir complètement» C’est dix fois ça en consultation, et puis vous lui serrez la main et vous vous dites la porte va être bientôt fermée, et puis non, elle recommence… En même temps elle vous terrorise au sens littéral car c’est aussi un ordreérir. Elle fait partie de ces patients qui culpabilisent à outrance le médecin«’est plus de ma faute, c’est de la vôtre. Vous n’arrivez pas à me guérir, il est grand temps que vous me guérissiez. Est–ce que cette fois–ci ça va marcher» Si vous répondez un peu évasivement, ou si, parce que vous en avez assez, vous dites que peut–être un collègue trouverait là où vous ne trouvez pas, elle vous répond«’abandonnezésespéré»
En discutant avec le mari, j’apprends – heureusement que le mari est un homme extrêmement doux et aimable ! –, que ce qu’elle fait avec ses enfants, elle le fait aussi avec  lui. Ce qui s’est passé, c’est que le mari devant travailler beaucoup plus, est sorti de son univers à elle. Elle le contrôlaità, tout à coup, son mari a une activité  très variable, elle ne sait plus quand il va rentrer. Elle ne le maîtrise plus, elle ne le contrôle plus.
Elle est très intrusive. Par exemple elle me dit que son mari l’appelle «» et elle m’avoue un jour qu’elle va écouter derrière la porte la conversation de son fils adolescent au téléphone. Elle veut savoir ce qu’il en est de ses amours ou de sa vie personnelle. Et pourtant, ce qu’on lit sur son visage la première fois, c’est vraiment un état de terreur, d’anxiété extrême, accompagnée d’agitation.
Est–ce que tout cela vous fait penser à quelque chose


Des intervenants


Philippe Servaisère fois j’avais donné Lachesis. Ensuite l’idée qui m’est venue a été de lui donner Naja, tout de même. Effectivement, j’étais dans cette ambiance–là, donc il n’y avait pas de raison de changer et nous pouvons donc continuer avec les serpents. Il semblerait que celui que j’ai donné soit le bon, parce que vraiment j’ai du recul. Nous avons fait un travail incroyable, qui a permis d’ailleurs à la psychothérapie de faire aussi son œuvre. Nous l’avons suivie, la psychologue et moi, pendant un certain temps et l’on peut dire qu’elle est aujourd’hui vraiment rééquilibrée, débarrassée de ses terreurs et angoisses. La vie familiale est transformée, les enfants ne la fuient plus. J’ai presque trois ans de recul avec ce venin de serpent dont nous allons parler maintenant.
Qu’est–ce que vous proposez



Un intervenantElaps


Philippe Servaisé, une agressivité, une méchanceté inconsciente, un terrorisme qui ne sont pas Elaps.


Un intervenantCrotalus


Philippe Servaiscascavella ou l’horridusHorridus’est le bonCrotalus horridus, le crotale horrible des bois, qu’il ne faut pas confondre avec le crotale à clochettes, le cascavella.
Vous vous en doutez, ce n’est pas sur une répertorisation que j’ai choisi ce remède. C’est parce que j’ai beaucoup étudié les serpents et c’était le seul qui me paraissait correspondre à ce personnage. Je vais donc vous parler un peu de Crotalus. Qu’est–il dit, entre autre, dans la matière médicale de Crotalus horridusécrit que c’est un sujet peureux, mélancolique, hanté par les pensées de mort, dont les paroles sont grandiloquentes et sans valeur, qui a l’esprit confus, qui est obstiné, qui est très querelleur, suspicieux, méfiant. Il se sent en permanence entouré d’ennemis. Il se sent à moitié vivant, son corps est à moitié vivant. Il rêve de meurtres, de cadavres, de cimetières, il rêve qu’il est en froid avec son père. C’est, parmi d’autres choses, ce qui est dit sur Crotalus. C’est quelqu’un qui, viscéralement été dit par d’autres et semble exact ère, cette fois–ci, et non de fils de la mère. Ils se sentent coupables d’être nés, ils se sentent des fils abandonnés, des fils niés, des fils qui n’ont pas été regardés, qui n’ont pas été pris en considération. Ils vont donc projeter sur autrui et sur le monde extérieur ce qu’ils n’ont pas eu. Ce seront donc des individus qui vont enseigner, inculquer, diriger, catéchiser, que sais–je encore, pour essayer d’être le père, c’est–à–dire pour essayer d’occuper la place du Père. Cela peut être père de leurs enfants, même si c’est une mère, mais cela peut être aussi chef de ceci, directeur de cela, petit chef, ça peut même être petit père des peuples. En même temps, Crotalus, du fait d’avoir été nié au départ, a le sentiment qu’il est un usurpateur, et il y aura toujours en lui ce sentiment d’usurper, mais bien sûr il essaiera de le cacher. Donc toute contradiction, dans le sens le plus large du mot, sera toujours pour lui de l’ordre de l’insupportable. Il faut toujours qu’un Crotalus soit péremptoire. Il dit, il sait. Il faut qu’on s’en tienne à son avis, il faut qu’on se range à sa façon de voir parce qu’il connaît la vérité, donc tout ce qui n’ira pas dans ce sens–là sera vécu comme une ingratitude à son égard. En même temps, parce que la réalité est autre, ils seront toujours un peu pleurnichards et larmoyants. Il vit très mal la moindre déception qui vient de l’autre. Nous sommes toujours dans la même problématique. Si vous ne l’avez pas lu, – c’est l’occasion de vous le rappeler ou de le lire – il y a ce livre de Raphaële Billetdoux, «émis en le racontant», qui parle des sept venins de serpents et que nous avons fait en commun. Il est épuisé en librairie générale, mais on peut le commander au CLH.
D’une certaine manière, Crotalus est pour les autodafés. Que fait–ilétablit des règles, il énonce des sentences, il fonctionne avec des décrets, des principes, qui sont conférés comme des absolus, comme s’ils étaient tombés du ciel. Il édicte des choses qui, souvent d’ailleurs, sont du plus grand conformisme, mais cela donnera des «», des «… faire les courses le samedi matin», «ès huit heures du soir», «’est pas bon de…», «’occupe de ses enfants», «érieures existent, qui disent que…» Il faut donc diriger, il faut canaliser le monde, il faut canaliser l’autre, il faut l’éduquer, il faut le polir, ceci bien sûr au motif de l’améliorer, de le transformer. Il s’agit donc de faire de son entourage, et en particulier de ses proches, des inconditionnels de sa vision du monde. Il essaiera de susciter dans son paysage du rigide, du sûr, du certain, du bétonné, pour pouvoir contrôler ce monde, pour pouvoir l’immobiliser, comme la bête le fait d’ailleurs pour immobiliser sa proie, pour rassembler autour de lui. Il endoctrine. Il érige des murs, il érige des théories.
Complexe du père. Cela donnera encore des phrases comme«’attend pas qu’on l’appelle, il appelle le premier» (j’avais un patient qui disait ça), «à repasser». Il a un symptôme assez extraordinaire, c’est qu’il a la sensation d’avoir un souffle qui lui arrive dans l’occiput. En fait, ce souffle, c’est l’haleine du père qui est derrière, dans son dos. Il est tout le temps incliné sur sa nuque,  il se sent donc  épié, surveillé. Comme le dit Raphaële Billetdoux, c’est le petit père, le faux père, le père pantin. D’ailleurs il a une sensation qu’il y a des ficelles qui lui lèvent l’épaule droite vers la nuque, ou alors qu’une ficelle lui tire la plante du pied vers le haut. En fait, il sent les ficelles de la marionnette qu’il est, comme s’il était encore le jouet de son père. Lorsqu’il rêve de batailles, de mort, de choses cruelles, ce dont il rêve en fait, c’est de purifier le monde parce qu’il se sent entouré d’ennemis. Quels sont ses ennemis? C’est son père, du moins son père symbolique, et lui–même parce qu’il est son propre ennemi. Il sait, comme je l’ai dit, combien il usurpe ce qu’il est.
R. B. et moi–même avons pensé, en étudiant leur biographie, qu’il y avait deux personnages hors du commun qui pouvaient parfaitement correspondre à Crotalus Horridus. Elle a fait un parallèle entre la matière médicale de Crotalus et ce qui a été dit sur ces personnages dans la presse, etc. Ces deux personnages sont Milosevic et Eltsine. Elle dit à peu près ceci«à, mené par un cerveau qui se sent entouré d’ennemis, réfléchit dans son miroir le cerveau qui se trouve à sa tête. Commence alors le climat de clôture si familier du reptile, l’asphyxie, la survie, la vie raréfiée où tout un chacun, à son tour entouré d’ennemis, s’épie, prêt à débusquer l’ennemi social. L’idéologie de l’encerclement, ou idéologie du serpent.»
Nous n’en avons pas le temps aujourd’hui, mais j’aurais voulu faire un parallèle avec d’autres serpents pour montrer les différences. Si Crotalus horridus est son propre pantin, Naja, par exemple, est l’esclave de lui–même ou le jouet d’un destin supérieur, il cherche en permanence à satisfaire les exigences qu’il pense que le monde exige de lui. A ce propos, R.B. fait un parallèle entre Naja et deux artistes, David Bowie et Michael Jackson, dont nous pensons qu’ils sont des Naja. Elle dit encoreLachesis veut pétrifier aussi, mais lui, c’est par l’admiration qu’il suscite. Il fait du terrorisme affectif. Crotalus horridus veut pétrifier la vie, pétrifier l’évolution et le mouvement autour de soi. Crotalus cascavella fait du terrorisme intellectuel, il veut pétrifier, frapper de stupeur par l’esprit, par la connaissance qu’il dégage. Il y a en fait chez Crotalus horridus une exigence d’amour absolument fantastique, mais c’est l’exigence de l’amour du père qui n’a pas été donné. Il va donc essayer de bétonner, enseigner, surtout rallier à sa personne ou à sa cause ".


Un intervenantCrotalus peut être procédurier


Philippe Servais’il soit procédurier. La clé qui fait que maintenant je reconnais les Crotalus horridus rapidement, c’est en repérant la manière qu’ils ont de vouloir tenir l’autre, l’encadrer. C’est souvent dans le discours qu’on le verra, puisqu’ils fonctionnent beaucoup par petits décrets. 


Un intervenant


Philippe Servaiséventuellement, parce qu’il y a un terrorisme aussi chez eux.










8









Je vais choisir deux cas qui, à mon avis, doivent être analysés en même temps. Le premier, c’est une jeune femme de 29 ans que j’ai vue il y a quatre ans, mariée sans enfant. Elle habite la Guyane, elle est métisse, et vient me voir pour cystites à répétition. C’est épouvantable, cela lui bouffe la vie puisqu’un rapport avec son mari est systématiquement suivi d’une cystite. 
Elle a déjà un lourd passé. Elle a eu un gros kyste de l’ovaire droit en 1996 et on le lui a retiré. On a parlé de tumeur granulomateuse juvénile. Auparavant elle prenait la pilule. Elle a eu plusieurs polypes utérins enlevés par cœlioscopie, et on s’est aperçu qu’il y avait un myome inopérable juste à l’entrée de la trompe gauche qui bouchait la trompe. Il n’est donc pas étonnant qu’elle ne puisse pas avoir d’enfant. C’est un drame conjugal.
Elle présente des douleurs dans la région de l’ovaire restant, au début des règles et éventuellement à mi–cycle, à l’ovulation. Ces douleurs sont violentes, elles peuvent durer 48 heures. La douleur irradie vers le dos, plutôt vers le bas des dorsales, vers la hanche et tout le long de la cuisse. Elle ne peut rester debout quand elle a mal, et la seule solution pour se soulager – les médicaments marchent mal –, c’est d’appuyer fortement avec son poing sur la région de l’ovaire.


Que dire du personnageétudes d’économie puis une formation d’institutrice. Elle a un problème supplémentaire, c’est que son mari a été nommé en Guyane,  son pays d’origine, et qu’elle se demande si elle va s’adapter. Elle se décrit comme susceptible et sensible. C’est quelqu’un qui paraît lisse et, m’a t–elle dit, elle essaie toujours de faire bonne impression, d'être facile, gentille, pour plaire, satisfaire tout le monde. Elle ne veut pas entrer en conflit. Le conflit la rend malade. Elle est très sensible aux atmosphères, aux gens. Elle ne supporte pas la moindre agressivité, ni le moindre reproche, la moindre critique. Elle rumine toute remarque,  n’ose pas en parler,  ne dit rien, et en est malade. Elle est donc très vite blessée, offensée, mais tout cela reste très discret car elle cache beaucoup ses états d’âme. Elle aurait voulu être médecin, mais sa famille l’en a dissuadée et, comme elle le dit, une petite fille sage accepte ce qu’on lui dit, donc elle n’a pas fait médecine.
Il faut dire que son père exerce une forte autorité. Il est très haut placé dans la finance et, me dit–elle, il fonctionne par diktats. Elle insiste beaucoup sur l’aspect relationnel, qui visiblement la fait vite souffrir. Elle a du mal à dire les choses, mais la moindre parole de l’autre est facilement mal perçue. Elle  s’intéresse beaucoup à la vie des autres, mais en fait derrière cela il y a l’envie qu’on s’intéresse beaucoup à elle, qu’on s’intéresse à ce qu’elle est, à ce qu’elle fait. Elle a constamment un besoin extrême de reconnaissance. Elle a souvent l’impression ou le sentiment qu’on ne s’occupe pas assez d’elle. Par exemple, si elle fait un cadeau – et elle en fait beaucoup –, elle le fait inconsciemment dans l’intention qu’on la remercie, qu’on soit reconnaissant. Si on ne la remercie pas suffisamment, elle le vit très mal. Elle est attentive aux moindres détails qui prouvent combien on s’intéresse à elle. «’ai énormément besoin de petits gestes des autres». Elle a donc un énorme souci de son image, de ce qu’on pense d’elle. C’est un manque d’assurance, un manque de confiance, et on a l’impression que, pour exister, pour se trouver de la valeur, il faut que l’autre lui donne cette valeur. Elle est donc tout le temps en quête de l’approbation des autres, que ce soit la famille, les amis, le mari, etc. Ce dont elle a souffert, c’est que, bien qu’ayant eu un double diplôme, elle a l’impression que ses parents n’ont pas assez reconnu ses mérites. Alors qu’ils étaient contents – ce sont de bons parents –, ils n’ont pas dit à quel point c’était formidable d’avoir deux diplômes.
Petit détail, mais qui a son importanceéléphone avec les copains, les copines, la famille, etc. Elle ne peut pas vivre sans ce réseau permanent. Une des choses qui la fait le plus souffrir, c’est d’être obligée elle–même de reprendre contact, d’appeler quelqu’un qui ne l’a pas appelée. Nous sommes donc toujours dans cette même problématique. Elle existe essentiellement par le regard de l’autre. Elle ajoute«’ai un côté capricieux. Quand j’étais petite, on m’appelait la petite princesse».


Avec deux doses du remède, une 200 K puis une XM K, ses cystites à répétition vont disparaître. (Je répèterai le remède deux ans plus tard, alors qu’elle est partie en Guyane et qu’elle refait une cystiteède la débarrassera  aussi de ses douleurs ovariennes et de sa dysménorrhée et, chose encore plus formidable, elle tombera enceinte.. Je la suivrai pendant la grossesse,  lui redonnerai une dose à un mois de l’accouchement. La grossesse se passe parfaitement bien, l’accouchement, pour un premier enfant, se passe somptueusement bien’a même pas besoin de faire de péridurale. De Guyane, elle m’envoie des mails de temps en temps en me disant combien elle est heureuse, combien ça se passe bien, et qu’elle envisage de faire un deuxième enfant.
Alors à quel remède pensez–vous



Des intervenantsPalladium.


Philippe Servais’est effectivement un cas de PALLADIUM. L’avantage de ce cas, c’est qu’il y a beaucoup de symptômes. On peut sentir Palladium, mais on peut aussi répertorier Palladium. Déjà, sur ses douleurs ovariennes, nous avons’ovaire pendant les règles, spécialement de l’ovaire droit, avec extension aux membres inférieurs, vers la cuisseélioration en fléchissant la jambe vers le haut, j’ai oublié de vous le dire. Il y a les kystes de l’ovaire droit chez Palladium. Tout cela est donc Palladium. Si l’on ajoute à cela la sensation de ne pas être suffisamment appréciée, le sentiment d’être négligée, l’aspiration à ce que l’on ait une bonne opinion d’elle, le besoin même d’être flattée, tout cela correspond à Palladium.
Quelques mots sur Palladium. C’est difficile de le dire parce que c’est peut–être valable pour tous les remèdes, mais mon expérience de Palladium m’a montré que c’est un remède qui a une profondeur d’action très importante, dans le sens où j’ai remarqué qu’on avait très peu besoin de le répéter. Comme s’il agissait de manière très profonde et définitive.


Le plus simple est de se référer à la mythologie et à la déesse Palladia, parce que le mythe correspond complètement au remède. Qui est la déesse Palladia’est une déesse grecque qui avait été oubliée, abandonnée par ses fidèles, et qui errait comme une âme en peine dans son immense palais tout vide. Un des gros symptômes de Palladium, c’est qu’il a la sensation, au niveau de ses organes internes, d’être vide. Il a la sensation physique d’organes vides,  donc la sensation d’être vide à l’intérieur, l’impression de ne pas avoir de consistance intérieure. Il a aussi  ce rêve de monter des escaliers, de se promener dans des bâtiments, dans des édifices. Il erre à travers des appartements. Il ne supporte pas d’être seul, il a besoin de compagnie, il a besoin d’être tout le temps en communication. Il a la sensation d’être ou trop grand (égotrophie), ou sous–estimé, ou alors la sensation, chez une femme, d’être devenue plus grande en marchant. Il y a ce symptôme«’efforce de paraître aimable et se vexe pourtant très facilement». Ce sont des gens qui en société vont se montrer brillants, gentils, ouverts, et qui font un effort tel que ça les épuise. Quand ils rentrent chez eux, ils sont totalement épuisés. Il y a toujours cette quête inlassable de trouver l’approbation de l’autre.  Palladium se sent négligé, il se sent sous–estimé, il a l’illusion d’être vide, il a l’illusion d’être abandonné. S’il ne reçoit pas tout le temps l’approbation des autres, il va perdre toute notion de valeur de lui–même. «’existe plus, je n’ai plus de valeur.» Il faut donc que les autres reconnaissent cette valeur et entretiennent tout le temps cette flamme. Cela peut même aller en égotrophie jusqu’à exprimer ses mérites,  être un peu vantard, et à flatter pour être flatté.. Si, en société, les autres ne lui rendent pas hommage, ne le valorisent pas, il va tout faire pour renverser la vapeur, quitte à devenir excentrique pour se faire remarquer. Il dit être mieux avec les enfants parce que l’enfant est en admiration devant le grand.
Palladium passe son temps à demander aux autres de lui prouver, de le convaincre qu’il n’est pas vide, qu’il vaut quelque chose. Il a donc a une très mauvaise opinion de lui–même. Cette quête vaine et inlassable de reconnaissance de sa valeur s’exprime symboliquement par cette errance dans un palais de  princesse, qui n’a plus de raison d’être puisqu’elle y a été abandonnée. 
A quel autre remède pourrait–on le comparer


Des intervenantsPlatinaLac caninum


Philippe Servais’est pas tout à fait la même chose. Il y a ici une blessure d’abandon qui est très, très importante, et qu’on ne retrouvera pas chez Lac caninumPlatina, lui, peut se sentir abandonné parce qu’il est d’une autre race, d’une autre espèce.


Un intervenantSilicea


Philippe Servais’y a pas chez Silicea cette exigence, il n’y a pas cette quête permanente. On a l’impression que Palladium n’a pas d’existence en lui–même, il n’existe que par l’autre qui va le remplir.


Un intervenantPulsatilla


Philippe ServaisPulsatilla a surtout un besoin de protection. C’est toute la problématique de la protection chez Pulsatilla, qui protège et qui a besoin d’être protégé. Pulsatilla n’est pas fondamentalement égocentrique. Palladium est très égoïste, il attend tout du monde extérieur et ne distillera lui–même son affection que pour en recevoir. 


Un intervenant’égotisme de Silicea


Philippe ServaisSilicea comme quelqu’un qui a une structure profondément égotiste. Celle–ci est réactionnelle à son sentiment de grande fragilité. Il attend du monde extérieur de le rassurer. La problématique de Silicea n’est pas essentiellement affective, c’est un besoin de support extérieur. Un des symptômes que je trouve clé chez Silicea, c’est, qu’au travers de la difficulté, de l’épreuve, de l’échec, inlassablement il se construit quand même, humblement, modestement, comme il le peut, mais avec une obstination opiniâtre qui est toujours là. Il attend des autres de l’aider à cimenter sa fragilité.. Ce n’est pas un problème affectif. Il ne cherche pas l’admiration, il demande juste de l’aide, il demande à être rassuré. Un Silicea que vous rassurez simplement avec de bonnes paroles, vous le transfigurez.
Ici non, nous sommes face à un vide affectif, à une non–existence s’il n’y a pas derrière le comblement affectif de l’autre qui lui dit«’être aimé»... Je ferais plutôt un lien, même si justement il ne faut pas les confondre, avec un Lachesis, qui définitivement a l’impression qu’il ne sera jamais aimable, dans le sens premier du mot.
A la rubrique «’être vide» je vois Aethusa. Mais la problématique d’Aethusa est différente. Il a le sentiment que la manière dont il est rempli, dont il est nourri n’est pas la bonne, que ce qu’il reçoit n’est pas ce qui lui correspond. Ce n’est pas uniquement ou particulièrement sur le plan affectif. Avec Palladium, nous sommes dans une vraie névrose d’abandon.


Un intervenantAethusa, c’est le remplacement de l’amour par de la nourriture.


Philippe Servais’est vrai. Je n’ai pas observé de grande névrose d’abandon chez Aethusa.










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Comme je l’ai annoncé, je voudrais vous présenter un cas qu’il est intéressant de voir en parallèle au précédent. C’est une femme de soixante ans, professeur d’Université en sociologie, épouse d’un des plus grands intellectuels français. Elle est venue me voir il y a six ans pour des problèmes de circulation des membres inférieursœdèmes des chevilles,  retour veineux très mauvais, jambes lourdes en permanence et hémorroïdes. En outre, elle est en dépression depuis quinze ans malgré des antidépresseurs permanents. Elle est en psychanalyse‘’tranches’’ sur seize ou dix–sept ans. 


Elle avait un premier mari dans un pays étranger qui la choyait, qui s’occupait beaucoup d’elle, qui s’occupait de sa carrière, qui s’occupait de son bonheur, qui était à ses petits soins, et, à part des tas de petits ennuis de santé, elle allait bien. Douze ans auparavant , elle a eu ce qu’elle appelle sa grande révolution, c’est–à–dire qu’elle est tombée amoureuse de celui avec lequel elle vit actuellement. Elle a donc refait sa vie, quitté son pays. Elle a pu obtenir l’équivalence pour sa carrière puisqu’elle est à nouveau professeur en faculté. Mais elle est déracinée, encore qu’elle puisse voyager fréquemment et qu’il ne se passe pas deux mois sans qu’elle retourne dans son pays. Elle a de l’argent et ne manque de rien. Mais elle reste, malgré le divorce, totalement dépendante affectivement de son ex–mari qui, bien que ce soit elle qui soit partie, est resté néanmoins très gentil avec elle. Il est toujours aux petits soins. Elle l’appelle au téléphone trois fois par semaine, elle se raconte, il est toujours prêt à l’accueillir quand elle retourne au pays, etc.
«’ai jamais pu guérir d’être sortie de la protection de mon mari qui était ma mère, non pas mon père mais ma mère. Je suis une enfant abandonnée.» Elle a soixante ans et elle est professeur de sociologie à la faculté…«était là, je pouvais tout faire, il était là. Je pouvais partir faire des conférences à l’étranger, il était là.» Or le nouveau mari est un homme très différent,  pas du tout protecteur. Il a lui–même une ex–femme avec qui il entretient non pas ce type de relation, mais des relation suivies à cause des enfants’un couple divorcé dans de bonnes conditions. Elle en est très jalouse. Ils ont vécu une grande passion au départ. Lui a trouvé en elle une jolie femme qui était non pas à égalité avec lui, car il est quand même très grandétait sur la même longueur d’onde que lui, professeur de faculté.
«ème de ma vie, me dit–elle, est le foyer,  le cocon,  le home. Je suis une casanière, je n’aime pas tellement voyager, je n’ai pas supporté d’être ainsi déracinée..» Pourtant, quand elle me dit cela, je sens que c’est faux. Je sens que ce sont des justifications d’intellectuel psychanalysé  qui a reconstruit un système justifiant son mal–être. 
«’ai plus ma famille, j’ai un besoin pathologique d’amis.» Aussi organise–t–elle des tas de dîners. «’ai une peur bleue de la solitude, je suis  inquiète en permanence pour mes propres enfants (qui vont bien). J’ai le fantasme de la misère, de l’absence, d’être à la rue», ce qui me paraît dans son cas impossible’une famille aristocratique mais un peu décadente. Quand elle était jeune, elle se promenait à cheval dans le château familial. «à quel point je souffre pour les autres… D’ailleurs je donne aux œuvres, et si j’ai fait sociologie, c’est tant l’humanité me fait souffrir.» Mais moi, je ne le sens pas’il y a un article dans le Paris–Match de ma salle d’attente sur le sujet, elle va jusqu’à me parler les larmes aux yeux de la vivisection pour me prouver sa compassion ! Elle est pour ainsi dire en train de tomber dans les pommes parce qu’elle pense à la vivisection ! Quant à moi, elle me laisse froid comme un glaçon
Ce que l’on retient de cela, c’est qu’elle a tout le temps besoin d’être entourée, qu’elle a un sentiment d’abandon, de solitude, qu’elle a besoin d’amis tout le temps autour d’elle, que son ami habituel, un homme très occupé, ne fait pas tout ce qu’il faut, loin de là,  que, entre autre, il râle quand, à quatre heures du matin, elle ne peut plus dormir et qu’elle le réveille en lui disant«» et qu’il l’envoie promener. Le mois dernier, me dit–elle, elle a eu une note de téléphone de 8 000 F parce qu’elle téléphone à tout le monde, entre autre dans son pays. Elle me dit quand même quelque chose de très intéressant«és pour être rassurée». Je lui dis alors


       

  • Comment faites–vous


  •    

  • J’ai des vagues d’amis, et je m’en fais des nouveaux régulièrement.


Donc elle les use, elle leur suce la moelle, elle leur prend de l’amour. Elle m’avoue aussi qu’elle a accumulé les amants, et si elle a accumulé les amants, c’est bien sûr pour qu’on l’aime. «’a pas pour moi l’adoration totale qu’avait mon ex. L’autre jour, je me suis mise à pleurer parce qu’une amie n’a pas tenu compte de mes conseils.» Comme on ne peut pas être renvoyé quand on est professeur de faculté, elle n’y fait strictement plus rien à part donner quelques cours, elle a complètement arrêté toute recherche. Elle me dit d’elle–même des choses que seuls des gens qui ont fait une longue psychanalyse osent dire sans honte: «’ai l’obsession d’être au centre d’une cour et je désespère si je ne le suis pas. J’organise ma cour». Elle est quand même un peu cynique, car elle est très consciente d’elle–même. «’attention. Je ne supporte pas que mon mari manifeste des signes de vieillissement.» Je ne vous dis pas combien de liftings elle a subis
Hyper–jalouse, elle  tourmente son mari et même son ex«’a toujours été fidèle. Je ne dirai pas la même chose de moi… Auprès de mon ex (qui est devenu l’homme idéal ), j’avais trouvé une mère, une famille, mais dès le début du mariage la relation n’a plus été de l’ordre de la libido. Il était une mère pour moi et on ne fait pas l’amour avec une mère’appelle plus, je lui en veux énormément. Si une amie tout à coup manifeste de l’enthousiasme pour quelqu’un d’autre, je ne le supporte pas et je romps.» Elle passe son temps à soupçonner son mari actuel de trahison, ce qui n’est pas le cas. Elle a essayé d’éjecter ses enfants. Elle ne les supporte pas, elle voudrait qu’il rompe avec eux. Pas vraiment sympathique, la nana!
A un moment, elle commence une phrase comme ceci


       

  • Quand mon mari m’a quittée…


  •    

  • Attendez, c’est vous qui êtes partie


  •    

  • Ah oui, c’est moi qui suis partie. Je lui donnais toute ma confiance, docteur, et vous savez ce qu’il a fait, après que je l’aie quittéé une autre femme


A propos de son nouveau mari, elle lui reproche d’être narcissique (sic).


Elle fait des rêves d’abandon. Elle fait aussi des crises de boulimie. Elle reste enfermée chez elle, à attendre qu’on s’occupe d’elle, qu’on la sorte. «’appelle la taupe.» En même temps, dans son «», elle contrôle tout,  elle sait ce que fait son ami, ses horaires, etc., mais aussi ses enfants qui sont grands – elle a des enfants de trente et trente–trois ans – et qui habitent à l’étranger. «ôle tout, je sais tout sur eux. Je sais s’ils baisent bien ou pas. Je sais leur vie sociale, je connais leurs amis. Il faut que je sache tout d’eux. Je demande au téléphone à mon fils comment il s’est coiffé.. De toute façon, avec mon ex j’étais le chef.ès snob». Elle attache énormément d’importance au niveau social, et si elle ne se met pas à la retraite «’est uniquement pour garder mon statut, sinon je les enverrais promener. Ce que je fais ne m’intéresse absolument plus».
Elle m’arrive un jour avec une grosse laryngite qu’elle traîne depuis quinze jours, une laryngo–trachéite dont elle ne se sort pas. Elle a pris des antibiotiques et des tas d’autres choses, rien ne marche. Elle s’époumone à la consultation. Je me fais alors la réflexion suivante: c’est une emmerdeuse, je n’ai pas trouvé son remède et en plus je ne pourrai même pas trouver le remède de sa laryngite. C’est une catastrophe, ça va être la dernière consultation, je ne la reverrai plus! Au milieu de sa toux, elle me dit

       

  • Vous savez, je suis une grande frustrée.


  •    

  • Frustrée de quoi


  •    

  • Je suis frustrée de ne pas être merveilleuse, de ne pas être la plus belle et la plus acclamée


Et elle me répète qu’elle veut être au centre du monde.

       

  • Hier soir, par exemple, j’ai fait un dîner chez moi (un beau dîner avec cristaux, etc., avec bien sûr des gens remarquables, extraordinaires) mais je suis déçue et déprimée parce que…


  •    

  • Ça ne s’est pas bien passé


  •    

  • Oh si, ça semble s’être très bien passé, au point même que mon ami m’a félicitée, ce qui est assez rare, mais j’ai conscience que je n’ai pas été la meilleure et la plus brillante. Il faudrait, pour que je sois heureuse, que mon compagnon me fasse des compliments en permanence. (Elle me sort tout ça sans fausse honte.) Dans un dîner, j’ai du mal à attirer la conversation sur moi et j’en souffre.


Et, disant cela, elle est prise d’une quinte de toux épouvantable. Elle ajoute, et c’est là–dessus que j’ai prescrit«’ai pas l’impression de mériter grand chose, mais j’ai un fort besoin d’être une star».


Un intervenant’elle est belle


Philippe Servais…


Un intervenantPlatina


Philippe Servais’ai pas senti Platina, mais j’y ai pensé.


Un intervenantAnantherum


Philippe ServaisAnantherum il y a une possessivité particulière.


Un intervenantée


Philippe Servais’y a pas non plus la ruse de l’araignée«’on m’aime». Elle n’établit pas de stratégie pour l’obtenir. L’araignée construira un système, alors que, elle, il faut que ce soit donné tout de suite.


Un intervenantHyosciamus


Philippe Servais’est pas Hyosciamus, mais il est vrai qu’il y a le côté «ôle» de Hyosciamus, qui a besoin de contrôler son univers et de garder le lien.


Un intervenantSulfur


Philippe Servaisé, elle n’est pas non plus dans l’illusion. Je trouve qu’il y a un côté «» chez elle.


Un intervenant«éral»


Philippe Servais’est un côté minéral. C’est pour cela que j’ai mis ce cas en parallèle avec le précédent, parce que j’ai pensé pour elle à Palladium avec ce besoin de reconnaissance, etc. Mais j’ai trouvé qu’elle était trop dure pour Palladium. Il y a quelque chose d’émouvant chez Palladium, il y a une souffrance. J’étais ému par la précédente patiente Palladium, j’étais ému par sa problématique. Ici je puis vous dire que si elle m’avait dit qu’on lui avait coupé un bras, je serais resté de marbre. Je n’avais aucune émotion, et c’est là–dessus que j’ai prescrit, sur mon manque de compassion pour elle. Il me fallait trouver un remède avec la problématique décrite mais qui tienne compte aussi de ma sensation personnelle. Mon ressenti a fait que je n’ai pas donné non plus Platina, qui aurait pu correspondre. Avec Platina, on se sent remis en question, on se sent obligé d’être au niveau, on se sent impliqué, on se sent jugé, on est obligatoirement dans un rapport de pouvoir. 


Un intervenantAdamas


Philippe Servaisà fait. Je donne souvent les remèdes moi–même mais je n’avais pas ADAMAS. Je lui ai donc prescrit non pas Adamas   , car ce n’est pas dans la nomenclature, pas sous ce nom–là, mais autre chose, que j’ai écrit sur l’ordonnance et qui lui a plu infiniment.Pour sa toux, la guérison a été spectaculaire. Savez–vous ce qui figure dans la nomenclatureçaise? Diamant blancDiamant blanc 30 CH’étais d’ailleurs un peu inquietétait–ce vraiment Adamas. En tous cas elle a trouvé ça merveilleux, elle est allée chez le pharmacien d’à côté, elle l’a commandé pour l’après–midi et elle a eu son diamant blanc
Elle a fait une réaction, d’une heure ou deux pour la toux, une aggravation, puis celle–ci a disparu progressivement en vingt–quatre heures. Peu après, elle est revenue me voir en disant«êtes la première personne, le premier thérapeute, y compris les psychanalystes, qui ait jamais pu me faire du bien». Après la dose de 30 CH, elle a réduit de moitié les divers produits allopathiques qu’elle prenait. Une autre dose en 15 CH, deux mois et demi après, lui fera arrêter complètement l’allopathie. J’ai commandé une dose d’Adamas 1000 K et pour le moment elle est dans l’attente de la prendre, mais elle n’en a pas encore eu besoin. Sa dépression a disparu.


Que peut–on dire du diamant’or, il a de la valeur, mais plus encore que de la valeur, il  a de l’éclat, il brille de mille feux. Si vous mettez un diamant dans son écrin ou dans le noir, il ne brille pas, il n’a soudain plus aucune valeur. Il ne brille que dans la lumière. En fait, le port du diamant sert à mettre la personne en valeur. Les femmes qui portent des diamants, le font pour se mettre en valeur. Comment se donne–t–on de la valeuréaction provoquée à l’extérieur. On  retrouve cela chez ma patienteème mari lui sert de faire–valoir. Il est comme le diamant que l’on porteême si en fait il ne lui correspond pasétait beaucoup mieux avec le premier)! Elle a cet homme comme en pendentif, comme un faire–valoir. En égotrophie, grâce à lui, elle éclipse les autres, comme le ferait un beau diamant. 
Comme chez Palladium, il y a ce ressenti de ne rien valoir, mais Palladium c’est par l’affectif qu’on pourra le combler et lui donner ce sentiment de valoir quelque chose. Ici c’est purement par l’extérieur, c’est par les apparences. «» C’est pour cela que je pense qu’elle aurait pu continuer sans résultats pendant vingt–cinq ans sa psychanalyse, il n’y a pas d’envie de se connaître elle–même ou de faire le moindre travail sur elle. Auprès des thérapeutes, sa seule demande est de la sortir de la dépression, sans éprouver elle–même une quelconque envie d’évoluer.

A y réfléchir, on se dit que ça ne pouvait être finalement rien d’autre qu’Adamas. C'est vrai que  le diamant, c’est froid. Brut, il a peu de valeur. Il en acquiert par le travail de taille et donc par ce que l’on fait pour lui de l’extérieur.


J’ai trouvé  intéressant d’analyser ces deux personnages, Palladium et Adamas, qui ont une problématique apparemment assez semblable, mais en fait très différente.


Un intervenant


Philippe Servais’est pas le besoin de protection, c’est le besoin d’être mis en valeur, camouflé derrière un apparent  besoin de protection.


Un intervenant


Philippe Servais’en occupait en permanence, elle était sa déesse et il était l’esclave attentif.


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Voici donc terminée une journée passée au milieu de personnages qui font partie de la comédie humaine. Gardons à l'esprit que nous–mêmes en faisons partie ! L'homéopathie est un art médical magique non seulement parce qu'elle guérit mais aussi parce qu'elle nous permet de pénétrer au plus profond la subtile et fragile texture de l'Homme.