Philippe Servais
LE "ZOZO" SAUVE DES EAUX
Elle
riait aux éclats sa mère lorsque son futur Jérémie pédalait comme un fou dans
son ventre rebondi ! C’est qu’elle l’attendait avec la plus grande des
joies son petit mec surprise.
Cette première grossesse fut parfaite et l’accouchement une
simple et jolie formalité.
Bébé ne pleure jamais, tète lorsque c’est l’heure - il est goulu
- puis se remet à jouer, à babiller et… à se marrer !
Hypertonique, il ne dort
réellement que cinq heures par nuit et ne fait pas la sieste.
A huit mois, il se met à marcher. A dix-huit, il est propre
la journée.
Observatrice, la maman a noté que ce sont ses ronflements
qui le réveillent et l’empêchent de dormir plus longuement. Elle impose au
corps médical de l’opérer des végétations. Dès après l’intervention à deux ans,
l’enfant se met à dormir comme tous les petits.
Il n’en reste pas moins tout
aussi tonique et rieur. C’est un enfant câlin malgré son incroyable énergie. Il
rigole tout seul, invente des cabrioles. S’il chute, il ne pleure pas (même le
jour où il s’est éclaté le nez, il trouvait cela drôle !). De toute façon,
il est maladroit et le restera. Dès dix-huit mois, il découvre le plaisir
solitaire et passe des heures à se frotter sur le ventre !
A trois ans et demi, placé en maternelle en institution
privée, il se met à hurler sur le chemin de l’école. Rapidement, la maman
découvre que l’aide maternelle bat certains petits, maladroits à s’habiller et
se déshabiller ! Elle le sort de là et le met dans une école de la
République : du jour au lendemain, il retrouve, joyeux, sa belle humeur et
s’intègre sans problème. "Super vraie école" dit-il quelques jours
plus tard à ses parents.
En début 1998, il a cinq ans. Une petite sœur vient
d’arriver trois mois plus tôt. Il est plutôt content de cette nouvelle
compagnie. Il a vraiment un heureux caractère !
La catastrophe arrive un soir de février. Pour la première
fois depuis sa naissance, les parents décident de sortir en emmenant la petite
sœur toujours au sein, laissant, c’est une première, Jérémie gardé par un vieil
ami. A peine arrivés à une inauguration au Grand Palais, la maman pressent
l’urgence, plante précipitamment son mari, emmène le bébé et rentre en taxi.
Jérémie vient de tomber dans les escaliers et s’est fracassé la tête. L’ami l’a
emmené à Saint-Antoine où on l’a rassuré. La maman découvre son fils, groggy, somnolent.
La nuit passe et la journée qui suit, la mère à son chevet. En fin
d’après-midi, brutalement l’enfant vomit en jet. Urgence à nouveau, direction
l’hôpital Trousseau. Trois heures d’attente après un bref examen. Jérémie est
bizarre, ne parle pas, est comme absent, ne reconnaît pas sa mère. Une
infirmière tente de le faire marcher, il part de travers. Peu de temps après,
il tombe dans le coma. Branle-bas de combat, il est transporté en ambulance à
l’hôpital Necker… en oubliant la mère ! Les radios pratiquées montrent un
hématome sous-dural inaccessible à la chirurgie. "Cela passe ou cela
casse" dit-on à la maman ! L’aberration administrative fait qu’on le
réexpédie en ambulance à Trousseau au bout de quelques heures, dès qu’il revient
à lui. Il y reste en observation pendant trois jours. Il ne va pas vraiment
mieux, toujours sidéré, absent, à moitié somnolent. L’hôpital décide pourtant
de le renvoyer à la maison, en disant aux parents de revenir à la moindre
alerte !
Jérémie ne retournera en classe que six mois plus tard à la
rentrée de septembre 1998. Du jour de sa sortie de l’hôpital, il ne sera plus jamais
le même. Fini l’enfant tonique et joyeux. Il est devenu "autre" et le
restera jusqu’avril 2010, douze ans après. Pendant des mois, il ne marche pas
droit, met sa cuillère à côté de sa bouche, lui le grimpeur et l’acrobate. Il a
des vertiges, est en permanence fatigué, sans allant. Il se met à jouer
constamment (même au lit dans son sommeil) avec un petit bonhomme en plastic
entre ses doigts. Plus tard, jusqu’à ses presque dix-sept ans, celui-ci sera
remplacé par un crayon qu’il ne lâche pas un instant et qui court dans sa main.
Jérémie est définitivement maussade, irascible et même franchement colérique.
"Ce n’est plus le même,
ce n’est plus mon petit garçon" dit la maman.
Il s’est mis à zozoter (il le
fera jusqu’à la date fatidique d’avril 2010, malgré moultes séances
d’orthophonie). Moins vif d’esprit (une de ses caractéristiques), bien moins
performant à l’école, il devient querelleur, brutal et meneur (pour les mauvais
coups) en classe. Il tourne facilement à la violence, même contre les objets
qui lui résistent.
Au fil des ans, il ne
s’améliore pas. Rester seul lui est insupportable : les portes doivent
rester ouvertes, il vérifie sans arrêt la présence de sa mère, de son père ou
de sa sœur. Il ne supporte plus l’obscurité même pour dormir. Ses résultats
scolaires ne font que chuter. En promenade, il faut le surveiller car il a
tendance à s’échapper et disparaître le nez au vent.
Surtout, le grand frère
adorable prend sa petite sœur malade en grippe. Il exerce à son égard une
réelle cruauté, dans le dos des parents. Incapable de rester seul cinq minutes
dans une pièce, il va constamment la chercher et la fait souffrir de mille et une
manières. Les parents ne peuvent plus les laisser ensemble un instant. Cette
situation se perpétuera jusqu’à… ses dix-sept ans. Une fois, il tente de la
noyer dans la mer, une autre, il la suspend du haut du balcon !
A l’âge de huit et demi, un autre drame survient. La maman
est alertée par le professeur d’escrime que son fils ne se bat plus, ne se
défend plus. A l’école, il se fait racketter. Un beau jour, le jour de la fête
des pères, il annonce tout de go à ses parents qu’il est… homosexuel !
L’interrogeant, la maman finit par comprendre que Franz, le fils de treize ans
d’un ami très proche, profitait de leurs fréquentes rencontres pour abuser en
cachette du petit Jérémie. S’en suivent psychothérapie et présence encore plus
attentive des parents. Un changement d’école lui sera plutôt bénéfique. Il se
passionne, de manière surprenante, pour l’Odyssée d’Homère.
A noter que Jérémie n’est
jamais malade. Son activité libidinale est plus que jamais présente.
Avec la préadolescence puis l’adolescence, ses fréquentations
sont de plus en plus mauvaises. Vis-à-vis de ses parents il est devenu
injurieux, sarcastique, d’une totale insolence. Il fait ses coups en douce. Il
est d’une extrême fainéantise, ne fait strictement rien d’autre que de jouer à
des jeux médiévaux sur sa console et ingérer des tonnes de petits gâteaux qu’il
planque sous son lit. Il tourne à l’obésité. Quand il circule d’une pièce à
l’autre, on croit voir passer Gaston Lagaffe, démarche comprise. C’est le grand
béta, l’idiot. Assis, il se balance constamment. On évoque un début d’autisme.
Avec sa petite sœur, il est toujours aussi brutal, répétant
régulièrement : "je vais la tuer". Ce qui le fait mourir de rire
est de voir sa sœur malade et dans la souffrance.
Les parents divorcent lorsqu’il a dix ans. Il semble s’en
foutre royalement. De toute façon, il se fiche intégralement de tout. Il
s’enferme dans sa chambre, à rêver des heures le regard ailleurs et un crayon
entre les doigts ou à jouer sur sa vidéo au chevalier sanguinaire.
A quinze ans, il fait avec ses copains de "très grosses
bêtises" (vols avec effraction). Il se retrouve au commissariat : il
s’y montre méprisant, plein d’aplomb à mentir et sans aucun remord. Il finit
par avouer ses méfaits mais refuse de demander pardon à ses parents (qui y ont
pourtant perdu entre autres toutes leurs économies !). "J’ai eu de la
peine du mal que je vous ai fait mais cela n’a duré que cinq
minutes" ! Lui-même semble s’en étonner. Par contre, il a très peur
pour lui, des représailles de la police et de ses copains qu’il a fini par
trahir.
Il lui faut quitter Paris, insiste la police. Décision est
prise de le mettre en pension en province. Il est bien sûr suivi par une
pédopsychiatre qui semble dépassée.
En pension, la situation
n’est guère meilleure. Il perturbe la classe par ses pitreries débiles, fait le
mur et, comble de bêtise, fume du chiite dans la cour du collège. Rien ne
semble le toucher, il est incapable du moindre effort. On le surnomme "le
gibbon" ! Il bouffe sans arrêt des sucreries et a dix kilos de trop.
Il passe son temps à enquiquiner les autres. Bien évidemment, il n’a pas
d’amis.
Nous sommes en début avril 2010, dernier trimestre de
troisième. Le proviseur envisage de l’exclure de l’établissement en fin
d’année.
La maman, en désespoir de cause, me consulte. Sur ses dires,
j’avais, en 2005 puis 2007, conseillé de lui donner Platina 10.000k qui avait
temporairement amélioré un peu son comportement. Je passe deux heures à parler
de Jérémie et à apprendre ainsi toute sa longue histoire.
Je prescris X en 10.000k, une
dose le deux avril.
C’est
pour moi un des plus grands miracles de ma vie d’homéopathe !
Dans le mois qui suit, il
arrête de zozoter, se met à parler très correctement (et non plus avec cent
mots de vocabulaire), redevient doux et gentil, même avec sa sœur qu’il voit le
week-end (il devient protecteur et attentif). Au collège, les professeurs ne
comprennent rien : en deux mois, il rattrape tout son retard (ce qui va
lui permettre de passer en seconde sans problème !). Il a complètement
arrêté de se gaver de sucreries (et perd ses dix kilos dans la foulée). Il
redevient ce qu’il était jusqu’à cinq ans : un enfant intelligent, à
l’esprit fin, à la répartie vive et franchement drôle. En mai, il s’amourache
d’une jeune fille, jolie, sérieuse, pleine de maturité et dont il suit les
conseils (deux ans plus tard, ils sont toujours aussi amoureux). Il compose des
chansons, s’inscrit au théâtre du lycée et joue Hamlet en juin. L’été 2010, il
passe son "Bafa" (diplôme d'animation pour les
enfants) et, depuis lors, s’occupe de jeunes à chacune de ses vacances.
En Terminale au lycée, il se
passionne pour la philosophie et envisage même de devenir professeur de philo.
J’ai
pu le rencontrer enfin. C’est un beau jeune homme d’un mètre quatre-vingt deux,
souriant, réfléchi et plein d’humour. La mère le trouve même prévenant à son
égard. Il est un brin loufoque ce qui rajoute à son charme. Dans ses yeux
légèrement malicieux, on sent comme un ailleurs. Il est là mais une part de lui
est comme dans le ciel, sur une autre planète.
Quinze jours après la première dose, chose exceptionnelle,
il a téléphoné à sa maman en disant : "je ne sais pas ce qui
m’arrive, j’ai perdu douze ans de ma vie, je suis redevenu
moi ! "
Une
autre dose lui est donnée en septembre 2010 pour une petite baisse de régime. C’est
lui-même qui, en décembre 2011, réclame "une dose de
l’homéopathe" !
Nous sommes en janvier 2013. Il suit
avec brio les cours de 1ère année de philosophie à l'Université !
Ses études le passionnent. Il a acquis une grande maturité et raisonne en vrai
adulte.
SOLUTION
Le
remède prescrit est CAMPHORA.
Voici
la répertorisation initiale proposée :
1 |
1234
|
1 |
PSYCHISME
- TROUBLES SUITE DE - traumatismes, accidents;
symptômes mentaux suite de |
14 |
2
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1234
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1a
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PSYCHISME
- RIRE - sans raison |
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3
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1a
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PSYCHISME
- RIRE - enfants; chez les |
5 |
4
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1234
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1a
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PSYCHISME
- RIRE - enfants; chez les - fous; rires |
1 |
5
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1a
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PSYCHISME
- RIRE - constamment |
10 |
6
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1234
|
1a
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PSYCHISME
- RIRE - ridicule; tout semble |
9 |
7
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1234
|
1a
|
PSYCHISME
- GLOUSSER, pouffer de rire |
27 |
8
|
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|
1a
|
PSYCHISME
- RIRE - futilités; pour des |
29 |
9
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|
1b
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VISAGE
- EXPRESSION - abrutie |
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|
1b
|
VISAGE
- EXPRESSION - bête |
10 |
11
|
1234
|
1b
|
VISAGE
- EXPRESSION - idiote |
14 |
12
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|
1b
|
VISAGE
- EXPRESSION - stupide |
47 |
13
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|
1c
|
VISAGE
- EXPRESSION - absente |
5 |
14
|
1234
|
1c
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VISAGE
- EXPRESSION - vide |
33 |
15
|
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1 |
PSYCHISME
- FUIR; essaie de |
86 |
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1 |
PSYCHISME
- PEUR - voleurs; des |
43 |
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stram. |
camph. |
ars. |
bell. |
hyos. |
lach. |
phos. |
lyc. |
zinc. |
arn. |
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5/6 |
4/9 |
4/8 |
4/8 |
4/8 |
4/7 |
4/6 |
4/6 |
4/5 |
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4
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2
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1
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2
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Ce
remède a été étudié depuis longtemps déjà (par l’AFADH tout particulièrement)
et plusieurs cas cliniques ont été présentés au fil des ans dans les congrès
(j’ai le souvenir entre autres des beaux cas de Dominique Paulin et Jean-Marie Krug).
Mon propos n’est donc pas de reprendre toutes les études
faites que vous devez connaître et auxquelles vous pouvez vous référer (voir
ci-dessous). La Matière Médicale est elle-même bien connue et je n’y reviendrai
pas.
Confirmant les conclusions ainsi
obtenues, je voudrais surtout, à la lumière de ce cas pour moi étonnant,
élargir encore la compréhension de Camphora en y
apportant quelques réflexions.
Je
rajouterai quelques signes observés chez mon patient que je n’ai pas
mentionnés :
- la peur des voleurs qui lui fait
vérifier toutes les fermetures de porte de l’appartement.
-
La peur du froid, hors de chez lui (écharpe, gants, gros pull, bonnet)
alors qu’il dort nu sous sa couette, fenêtre grande ouverte même l’hiver
lorsqu’il sait "que tout est fermé et qu’il peut être rassuré" !
Je voudrais insister sur quelques traits de Jérémie.
"Je vois bien que je
vous ai fait de la peine mais cela ne me fait rien".
Toute sensibilité a disparu
(notons que j’ai donné d’abord Platina). Le patient ne ressent plus la moindre
compassion, il est devenu cruel, sans cœur, sans morale.
Il est enfermé en lui-même,
s’est fait un monde à lui, vide de sens, dans lequel il tourne sans fin comme
une planète sans vie abandonnée de son soleil.
En outre, face aux policiers,
au proviseur du lycée (qu’il ne croit pas lorsqu’il lui évoque son expulsion),
face à ses parents grondeurs, face à toute autorité, il ne doute de
rien et reste insolent ! Le même culot que le Camphrier
réapparaissant après la bombe d’Hiroshima !
Il
s’est créé un monde à lui, faux, virtuel. Il vit parmi ses chevaliers assoiffés
de pouvoir et de guerre. Il lit Homère…
________________________________
Etude
du Camphre
Le camphre est un composé
aromatique solide issu du camphrier. Le camphrier est un arbre originaire
d’Asie du Sud-est [Chine, Japon, Taiwan, Corée,
etc.]. Espèce endémique de cette région, il peut devenir un très grand arbre [45
m de hauteur] si les conditions s’y prêtent : de l’humidité, pas de gel.
Synonymes : arbre à
camphre.
Etymologie : du
latin médiéval camphora,
issu de l’arabe kâfour.
Le camphrier est même symbolique au Japon,
il est en effet le premier arbre, avec le Ginkgo biloba, à réapparaitre après la
bombe atomique d’Hiroshima.
Il ne commence à fleurir
que lorsqu'il est parvenu à une assez grande élévation. Il reste donc
longtemps enfant !
Ses fleurs sont blanches et un drupe leur succède de la grosseur d'un pois,
Utilisé depuis des millénaires par la pharmacopée
chinoise, le camphrier dont Marco Polo relate l’usage [médecine, parfum]
dès le XIII° siècle, a anciennement joui d’une brillante réputation en
pharmacie.
La partie
exploitée de cet arbre est son bois. Par distillation de copeaux à la
vapeur d’eau, on obtient, d’une part, l’huile essentielle de camphre, d’autre part
une substance aromatique cristallisée : le camphre [C10H16O],
3/Propriétés médicinales :
*Analgésique
*Antirhumatismal puissant
*Antiseptique
*Vasodilatateur
*Tonique cardiaque
*Stimulant cardiaque
*Tonique des voies respiratoires
*Stimulant respiratoire
*Antispasmodique
*Tonique nerveux
*Rubéfiant
4/Usages :
*Arthrite, rhumatismes
*Névralgies
*Bronchites
*Asthme
*Faiblesses cardiaques
*Syncopes
*Chocs émotionnels
Arbre de vie, millénaire, il est dit dans la mythologie chinoise que
ses fruits confèrent l'immortalité en entrant au Paradis.
Dans l'Hindouisme. il
est utilisée dans les rituels, principalement lors de l'offrande de lumière
que l'on appelle "ârati" ou "karpûra dîpa darshana".
Les morceaux de camphre naturel allumés représentent les âmes individuelles
qui dans le feu de la connaissance s'immergent dans l'Absolu pour ne
laisser aucune trace. Cela symbolise que le mental de l'individu ne cache
plus rien, ni au niveau conscient ni dans son subconscient ; tout a été
consumé dans le feu de la dévotion ou de la connaissance.
Parce qu'il peut efficacement
"nettoyer" un lieu, le Camphre rentrait dans la composition des huiles
saintes : purification des lieux et protection psychique, santé. Les
arbres de camphre étaient utilisés pour protéger les portes des temples
bouddhistes et taoïstes.
Autrefois, dès que l'on emménageait dans un
lieu, on faisait brûler du camphre, par hygiène mais aussi pour dégager
l'endroit des déchets éthériques et psychiques des habitants précédents.
Il peut aussi servir
d’anaphrodisiaque. En magie, il est dit qu’il calme les passions les plus
vives. Comme la laitue qu’on donne à manger aux lapins. Le camphre, c’est
pour les chauds lapins !
« De nature lunaire et aqueuse, le Camphre
reçoit sa force de la lointaine Neptune qui se déverse, via Mercure sur la
Sphère Lunaire.
Il détruit les entités négatives et apporte
ainsi une clarté illuminatrice à la victime de telles attaques.
Par ailleurs, il possède la capacité "d'entraîner"
la conscience vers des plans subtils et, en ce sens, il génère
l'illusion.
Ce sont bien là les attributs de Neptune... »
__________________________________
Conclusion
S’il purifie, efface et lave les ombres
du passé dans le bain de Neptune pour accéder à une plus haute conscience, Camphora se perd sur ce chemin de la conscience et emprunte
les voies de l’illusion, qui, tel le diable, miment et simulent la lumière de
la vraie transcendance.
Dans cette quête trompeuse du plus haut détachement,
s’évanouissent tout sentiment, toute sensibilité propre à le rattacher encore à
la terre et aux hommes.
Perdu dans un vide sidéral, seul face à
lui-même, séparé de tout et de tous, sans dieu ni maître, sans ami, sans amour,
il se condamne à tourner à jamais dans l’infini sans jamais rejoindre la
Source.
"Ô chimères ! Dernières ressources des
malheureux" nous dit J.J. Rousseau !
________________________________
Pour mémoire :
(Guy Loutan)
Problème du théocentrisme contre l'anthropocentrisme.
Ayant nié l'autre et l'Autre, il n'a plus ni Dieu, ni autre, et reste
totalement seul. Solitude dans un autre monde qu'il n'a pas créé mais dont il
veut être le soleil. La compagnie ne gravite plus autour de lui. Suis-je mort ?
Tout est disparu. Seul dans l'univers, dernier être existant. Se voir
dans le miroir est insupportable, car découvre sa solitude. Mes idées semblent
n'avoir existé qu'en imagination. Aucun autre sentiment que celui de ma
condamnation sans espoir et sans fin. Condamné à l'expiation éternelle,
privé de toute protection divine. Sans espoir dans un monde abandonné de
Dieu. Je me vois comme un esprit sans matière. Aucune chaleur
intérieure. Image de néant de l'entourage et de soi, dissolution
complète et condamnation à la solitude car "n'a pas voulu donner un peu de
soi pour que cette société tourne", s'intégrer à quoi que ce
soit de réglé, la contrainte horaire... Condamnée à tourner sur
orbite dans le cosmos comme une étoile au service d'un maître absent et indifférent.(MS
II et X.89)
Un des principaux expérimentateurs (Allen) :
" Je
suis mort, non, je ne suis pas mort, mais je dois être mort ".
" Mes
pensées étaient parties, seule la crainte demeurait ".
" Je
m'imaginais transféré dans un autre monde ".
" Le
monde autour de moi avait disparu ".
" Resté
seul dans le grand univers, la dernière de toutes les choses de la
création ".
" Condamné
sans espoir dans un monde abandonné de Dieu "
"Sans foi et sans espoir, étant moi-même
le Diable, mon malheur était illimité, même le temps avait disparu ; la
lumière était morte, le ciel transparent et sans vie "." Mon
corps entier était devenu insensible et sec comme le marbre "
" J'avais perdu toute
chaleur intérieure, toute sensation du tact, les
boissons (mêmes bouillantes) étaient
froides et causaient nausées et
vomissements ".
" Je ne pouvais suivre une
lecture qu'on m'a faite ".
" Rien ne pouvait me
détacher de mes pensées d'auto-contemplation, de
mes visions horribles ". ‑
" Je me contemple comme un
esprit sans matière ".
" Grande inquiétude,
insomnie, peur que mes fantasmes reviennent me
réveille, terrorisé par mes cauchemars
quand je sens que le sommeil
s'approche il s'en va subitement j'ai les
yeux grand ouverts, je suis
terrifié par la nuit et la solitude.