Dr PH.M. SERVAIS

 

                                                                                                         15 février 2008

 

 

Sarkozette, versus vis medicatrix

 

 

 

         Depuis notre première rencontre en février 2002, je n'ai jamais connu Sophia, 75 ans à l'époque, qu'intensément bronzée, hiver comme été. Est-ce le ski aux plus hautes altitudes qu'elle pratique assidument deux ou trois fois par an avec des guides de haute montagne ? Est-ce l'aviron ״avec des jeunes de l'Ile de France״ ? Ou est-ce tout simplement l'effet de séances UV pour paraître en forme dans son beau cabriolet blanc ? Quoi qu'il en soit, cette femme élégante, au délicieux accent italien, n'a pas arrêté de m'épater depuis que je la connais. Aujourd'hui, à 81 ans, elle semble vouloir continuer (״grâce à vous, docteur״ !) … ski, vélo et aviron ! Quand je vois la fin de carrière, à 31 ans, de Ronaldo, je me dis que la nature est bien injuste !

         Née en Tunisie, elle a eu son fils unique à 20 ans dans des conditions difficiles puisqu'elle fût atteinte de fièvre puerpérale. A la suite de ״fortes émotions״, on lui a retiré l'utérus à 40 ans pour fibromes hémorragiques. Cet épisode fût précédé d'une intervention pour cancer du sein droit. Ensuite, la vie l'a physiquement épargnée jusqu'à 55 ans où elle a fait un Guillain-Barré, heureusement sans séquelles. Et ce n'est qu'en décembre 2000, à l'âge de 73 ans, qu'elle a débuté sa pseudo-polyarthrite rhizomélique. Celle-ci a fait suite à un accident grave de son fils (qui s'en est bien sorti). ״Chaque fois que mon fils a de gros problèmes, je somatise״. Il y a cinq ans, lorsqu'il a disparu pendant deux ans sans laisser d'adresse, elle a fait une colique néphrétique, des spasmes de l'œsophage et a développé un état qu'elle nomme phobique.

         Vous avez du comprendre que Sophia est une battante et a une vitalité d'enfer ! ״Le corps, pour moi, est très important״. ״Je trouve mon équilibre psychique soit dans le sport, soit dans l'étude״.

         Retraitée officiellement depuis l'âge de 62 ans, elle n'a en fait jamais arrêté. J'ai oublié de vous préciser qu'il s'agit d'une collègue ! Chirurgienne cancérologue, elle a terminé sa carrière comme psychiatre (spécialité obtenue tardivement) et a surtout beaucoup exercé comme … chirurgien de guerre puisqu'elle a fait moultes missions longues dans les endroits les plus agités de la planète (Handicap International etc.). Elle en est revenue avec quantité d'images et de récits qui sont l'objet de ses conférences et dont elle a fait quatorze romans dont deux sont devenus des best-sellers !

 

         Nous sommes donc en février 2002. Elle est sous 3 mg de Cortancyl (60 mg au départ) et a dû arrêter le sport. Elle continue à souffrir beaucoup (ses douleurs sont déchirantes), surtout des ceintures scapulaire et pelvienne, du grill costal et des genoux. Elle a peu d'appétit, digérant très mal depuis la cortisone. Elle a un megadolicholon qui la rend constipée. Elle n'a jamais soif ״même dans le désert״. Une seule particularité alimentaire : un goût très prononcé pour le sel. Elle est sous somnifère depuis son internat ״qui lui a cassé le sommeil״. Elle a toujours eu comme rêves de tomber dans le vide ou de voler. A l'heure de la consultation, elle fait des cauchemars de persécution : ״on me prive de …, on me frustre …, on me fait du mal …

         Elle a décidé de gagner le combat contre sa maladie et est venue me voir sur les conseils de la psychiatre qui la suit.

 

         Sa vie personnelle a été assez tumultueuse. Mariée à 19 ans à un homme très riche, elle a refusé, le jour où elle s'en est séparée, toute pension alimentaire. ״La richesse m'a rendue tellement malheureuse״. Depuis lors, pour ne pas lui déplaire, il faut surtout ne pas étaler son portefeuille !

         Son fils bien-aimé est la source de la plupart de ses souffrances. (Selon ce qu'elle m'en dit, je parierais pour un beau cas d'Aurum metallicum). Héritier de la grosse boîte de son père décédé, il s'est fait jeter par des actionnaires majoritaires et traîne, depuis lors, un spleen destructeur et suicidaire. Elle avait 70 ans lorsqu'il est parti, avec femme et enfants, en Asie sans laisser d'adresse. ״La séparation a été brutale et atroce״. Il a fini par revenir, sans la prévenir, pour le décès de son père malade. C'est par hasard qu'elle a appris son retour ! Entre eux deux, la relation est ״amour/haine״.

 

         ״Je suis seule au monde, je n'ai plus de famille״. ״De toute façon, j'ai toujours été abandonnique״. ״Mes très nombreux amis, je ne veux plus les voir car je ne supporte plus la moindre mondanité. En plus, l'idée de me faire aider m'est insupportable״.

         ״Je suis devenue phobique, phobique de conduire dangereusement, de ne pas arriver à l'heure à mes rendez-vous, de perdre l'usage correct de mon corps. Tout est source d'anxiété, venir ici, trouver mes clefs, simplement commencer la journée. Je dramatise tout, moi qui ai été une vraie baroudeuse ! Je suis de plus en plus précipitée et pressée. C'est la course à la vie״.

         ״Au fond, je n'ai jamais eu confiance en moi. Quand j'écris, je trouve que c'est nul et je n'en reviens pas de réussir comme écrivain. Pour mes signatures de livre, j'écris : ״un très mauvais roman pour une très belle cause״ ! En même temps, j'ai toujours voulu me lancer dans d'autres aventures. Actuellement, j'ai prévu, si j'en ai la force, de passer un certificat d'entomologie !"

         ״Je porte en moi la souffrance de mon fils comme j'ai toujours porté le malheur du monde. Par une sorte de compassion naturelle, je fonce là où il y a conflit et donc tourments et désolation pour faire quelque chose. Je serais trop culpabilisée de ne pas prêter main forte. Je prie qu'on me donne les moyens d'aider des inconnus. Je vais m'asseoir à côté des sans abris et je leur parle …

Remède W, une dose en 30ch le 28 février 2002.

 

Consultation du 17 avril 2002.

״Votre traitement m'a fait un bien fou ! Un tel apaisement et plus de cauchemars״.

Du coup, en mars, elle a baissé le Cortancyl à 2 mg puis s'est sevrée toute seule ! Rapidement, les douleurs se sont intensifiées et sont devenues ״intenables״ (avec une VS et un PCR au plafond). Hospitalisée en urgence, on lui a fait un bolus de Solumedrol. Catastrophe ! Elle a déclenché un délire cortisonique dès son retour chez elle. Avec l'idée que son fils, en la voyant, allait faire une bouffée délirante (de fait, au téléphone, il lui a fait les pires reproches), elle lui a annoncé qu'il ne la reverra plus ! Désespérée et suicidaire, elle va jusqu'à se mettre un sac plastique sur la tête. Heureusement, elle ne tient pas le temps nécessaire ! Un ami, passant par là, à qui elle explique qu'elle va tuer son fils et se tuer après, la ramène derechef à l'hôpital.

Lorsque je la vois, elle est sous 10 mg de Cortancyl, Métotrexate, Calcium et acide folique (elle a refusé les antidépresseurs). Malgré cela, le PCR ne baisse absolument pas.

Remède W, une dose en XMk.

 

Consultation du 9 juillet 2002.

Cortancyl 8 mg, Métotrexate … plus de douleurs mais de gros trous de mémoire et les angoisses qui reviennent (״vous me redonnez votre remède, dites, il m'a tellement aidée״ !). Elle passe son temps devant la télévision à regarder les compétitions sportives et ״à se projeter sur tous ces hommes et femmes qui font ce que je faisais״. ״J'ai fait tant de sports et j'ai adoré la compétition״.

Remède W, une dose en XMk.

 

Consultation du 21 mai 2003.

״Vos traitements m'apaisent. Cela m'étonne beaucoup, j'ai presque retrouvé ma tête, même ma voix n'est plus la même״. Le rhumatologue la dit en rémission et, contre son avis, elle est passée à 5 mg de Cortancyl. Elle ne souffre plus.

Remède W, une dose en 200k.

 

Consultation du 7 octobre 2003.

Elle se dit guérie … grâce à moi. Elle a baissé son Cortancyl à 4 mg. VS et PCR sont normalisés. A 76 ans, elle s'est sentie très en forme cet été en montagne ״à grimper comme autrefois״. Elle a fait, dans une tournée provinciale, la promotion de son nouveau livre. ״J'ai juste eu l'angoisse de ne pas finir le programme que je m'étais imposé pour respecter les rendez-vous de signature des libraires״. ״Ce qui m'inquiète quand même, c'est d'avoir à nouveau des cauchemars de persécution״. Cela ne l'empêche pas de refaire du vélo de course dans le bois ! Avec cependant quelques inquiétudes : prévoir une place pour le garer sans danger de vol, vérifier à l'avance le parcours pour s'assurer qu'il n'y a pas de marrons par terre qui abimeraient ses pneus !

Remède W, une dose en Mk.

 

Consultation du 16 décembre 2003.

״Vous avez gagné !"

Les analyses sont toujours bonnes. Ne prend plus que 2 mg de Cortancyl et a arrêté le Metotrexate.

Je la trouve très impatiente. Elle ״passe d'une urgence à l'autre, ne voulant pas perdre de temps avant la mort״ ! Si elle perd trois heures avec quelqu'un, elle écrit dans son carnet : ״3 heures perdues״ ! Elle n'a plus de cauchemars. Cependant, ״je garde la hantise des médecins et de l'hôpital, je reste prisonnière de tout ce qu'ils m'ont fait״. Elle leur en veut ״à mort״ !

Remède W, une dose en XMk.

 

Consultation du 17 février 2004.

Elle a arrêté le Cortancyl un mois auparavant. ״On a vaincu״, me dit-elle ! Des amis médecins bien intentionnés lui ont dit qu'elle se croyait guérie mais qu'elle ne l'était pas car c'est impossible ! ״Comme s'ils savaient mieux que moi !"

Placebo.

 

Consultation du 15 décembre 2004.

Elle s'est laissé convaincre en juillet de reprendre du Cortancyl 5 mg, en entretien, au moment où elle a été déstabilisée par une bouffée délirante de son fils et que quelques douleurs ont réapparu.  Elle se dit pourtant guérie et en forme !

Elle m'annonce qu'elle va donner des cours de paléontologie au Musée de l'Homme !

Par ailleurs, elle se plaint de ce que ״tout tombe״ : perte d'élasticité de la peau, cystocèle et rectocèle !

Remède W, une dose en 200ch.

 

Consultation du 23 février 2005.

״Je suis guérie de ma polyarthrite״. ״J'ai pris la décision de continuer le Cortancyl à 5 mg״. ״Je suis moins dans l'obsession de mon fils mais, pourtant, je suis mal dans ma peau. J'ai des oublis, je me trompe dans mes rendez-vous. Je suis en souffrance. Je me déprécie, je pointe mes défaillances, je délite mon image. Alors que je suis un être très social, je me retrouve dans une solitude extrême. Je n'ai envie de rien, je me réveille le matin et me demande bien pourquoi. J'ai grand mal à écrire. Je ne suis plus personne et personne ne m'attend. Je me vois déchiquetée, en morceaux et je passe mon temps à les recoller. Vais-je m'en sortir ? J'ai peur de devenir folle, je me sens engluée. Je ne vais même plus voir les petits roumains dont je me suis occupé. J'ai beau avoir été une gagnante, une conquérante, j'aurais besoin d'un soutien, d'un protecteur. Mon père était mon bâton et, si j'ai fait de la chirurgie, c'était pour mieux faire que lui. Si j'ai quitté mon compagnon il y a longtemps, c'est parce qu'il ne voulait pas m'épouser ! Nous nous aimons encore. Son argent, je n'en veux pas. Je n'ai plus la reconnaissance des autres dont j'avais tant besoin. J'aimais les medias, j'adorais être reconnue, j'aurais voulu faire du théâtre. J'ai eu des pages dans Gala, dans Voici. Que me reste-t-il ? Ma voiture que j'adore, qui est comme un refuge. Je vais faire des tours avec, elle est tellement belle, vous imaginez une carrosserie Pinin Farina !".

Les cauchemars de persécution ont repris.

Remède X, une dose en 200k.

 

Consultation du 23 mai 2005.

״Je suis toujours dans ma névrose d'angoisse. J'ai des paniques au réveil et le plexus tout noué. Je cours alors sur place et je saute ! Je voudrais aller courir dans la rue. En plus, je suis désespérée et humiliée par mon double prolapsus. Je n'ose plus sortir״.

Remède Y, une dose en 200k.

 

Consultation du 7 septembre 2005.

Elle a été opérée fin juin du prolapsus (l'opération n'est qu'un demi-succès). Les douleurs postopératoires ont nécessité beaucoup de morphine. Au retour chez elle, elle a refait une grosse crise de polyarthrite (malgré ses 5 mg de Cortancyl) : 30 mg pendant 15 jours puis diminution progressive jusqu'à la dose de 5 mg à nouveau. Les tests inflammatoires sont revenus à la normale et elle ne souffre plus.

Elle me dit ne plus avoir de violentes crises d'angoisse mais ״avoir perdu son moi״. Ce mode de vie, malade, lui est tellement étranger !

En outre, suite à une nouvelle crise délirante, son fils a disparu depuis cet été. Elle se sent dans un complet abandon. ״La nuit, je détruis ce que j'ai construit le jour״. Pour réagir, elle s'est mise intensément à l'aviron, au vélo et à la gymnastique ! Elle retourne dans les gares manger avec les SDF ! ״J'ai ainsi tous les jours une raison d'exister״.

Remède Y, une dose en XM.

 

Consultation du 3 janvier 2006.

On a retrouvé son fils : 2 TS avec un mois de coma, internement … Elle continue ses sports quotidiens et va partir au ski. Je la trouve très fébrile mais elle me dit aller tellement mieux grâce à moi, avoir pris tellement de recul par rapport à son fils (ndlr : on ne se méfie jamais assez de son ego de médecin caressé dans le sens du poil comme vous allez le voir !).

Remède Y, une dose en 200k.

 

Consultation du 14 février 2006.

Son fils a refait une TS. On lui a presque annoncé sa mort mais il s'en est très bien sorti à nouveau. Il a été envoyé ״dans un lieu de vie paraît-il formidable pour ce genre de cas״. Avant son départ, elle lui a demandé où il voulait être enterré ! Elle est soit dans une agitation extrême, obsédée par lui jour et nuit soit réfugiée au fond de son lit, dans le noir, à regarder du sport à la télévision. Des idées suicidaires l'envahissent. ״Je suis sur le point de dire à mon fils : on va le consommer cet Œdipe, on va mourir ensemble״ ! ״Je vis un calvaire comme le Christ״ !

 

Mon avis : les remèdes W, Y (pas X) l'ont beaucoup aidée mais elle n'est pas guérie, loin de là ! Elle a toujours mené sa vie comme elle l'entendait, refusant toute aide autant que possible, ne prenant que du bout des lèvres l'avis de quiconque, ne donnant donc jamais sa confiance à qui que ce soit (voir ses rêves récurrents de persécution), croyant toujours savoir ce qui était bon pour elle. Or, depuis un certain temps, elle est devenue l'otage de la médecine, de son fils et de cette vieillesse qu'elle refuse. Insupportable !

 

Remède Z, une dose en 200k.

 

Consultation du 12 juillet 2006.

Dès l'abord, je ressens que je n'ai plus en face de moi la même personne. Ce quelque chose de si douloureux en elle a disparu. Comme si le mal qui l'avait si longtemps envahie s'était dissipé. Ses yeux marron ont retrouvé leur pétillement. ״Depuis votre dernier remède, j'ai retrouvé la paix. Pourtant, juste après, j'ai fait une crise de polyarthrite pendant dix jours. Mais j'ai tenu le choc sans augmenter le Cortancyl. C'était comme extérieur à moi. Puis, c'est passé. Mon fils semble aller un peu mieux. J'ai pris une certaine distance. Je ne vois quasi personne car je ne fais plus confiance. Votre remède m'a écarquillé les yeux : avant de le prendre, j'ai eu l'envie de prendre ma carabine et d'aller tuer la femme qui a détruit mon fils (!). Puis, cette envie m'est passée. Malheureusement, j'ai perdu confiance en moi et même au sport, je ne suis plus la même. J'ai peur … jamais avant cela ne m'était arrivé. Depuis que je suis plus sereine, mon handicap urinaire s'est amélioré.

Remède Z, une dose en Mk.

 

Consultation du 25 avril 2007.

״Mon année s'est bien passée. J'ai arrêté sans problème le Cortancyl. Le plan urinaire est presque bien״.

Son fils est retombé dans la dépression. Jusqu'à sa chute récente au ski (fracture du bras, quatre broches), elle ne vivait pas trop mal cette situation. Ce qui la déstabilise actuellement et lui redonne des idées suicidaires, c'est le fait qu'avec son bras cassé elle ne puisse plus faire ni aviron ni vélo (80 ans !). ״Je me sens en prison״.

Remède Z, une dose en Mk.

 

Consultation du 28 juin 2007.

״Vous m'avez sauvé״ ! Elle va bien, n'a plus ni cauchemars ni angoisse, a repris le sport progressivement, vaque à diverses occupations. ״Je suis en train de retrouver ma normalité. Je vais partir faire de la grimpette en montagne״. Son fils va mieux, il a rencontré ״une femme charmante qui lui fait du bien״.

Elle se plaint de quelques oublis, d'un manque de concentration.

Remède Z, une dose en XMk.

 

Coup de téléphone le 11 février 2008.

Elle va bien et prend rendez-vous pour la mi-mars après le ski !

 

 

 

 

SOLUTION

Comme beaucoup d’entre vous l’ont sûrement trouvé, j’ai donné à ma patiente IODIUM.

 

Le but de cette conférence n’était pas tant de vous faire découvrir un remède extraordinaire que de donner un exemple des possibilités de découvrir un simillimum par le biais de l’histoire personnelle (la simple biographie) d’un patient.

Bien sûr, comme quasi toujours lorsque j’aborde un cas de cette manière - pour certains, peu orthodoxe –, la possibilité existe de, parallèlement, faire une répertorisation classique. Dans le cas présent, si vous allez vers des rubriques du type « actif, industrieux etc. », vous réduisez déjà le champ des possibles. Si vous y ajoutez : amélioré par l’exercice physique (généralités), anxiété amélioré par l’exercice physique (mental), compassion, court de ci de là (run about), agitation anxieuse et par peur, amélioration par le mouvement et l’occupation, peur fréquente (j’ai oublié de vous le dire) d’avoir oublié quelque chose (ses clés, ses papiers etc.) éventuellement désir de tuer, vous tombez obligatoirement sur Iodium.

            C’est Hahnemann qui a expérimenté le premier ce remède.

Dans l´organisme, la glande thyroïde permet l´homéothermie (par le biais de la thyroxine). Elle intervient sur la croissance, le mouvement, l’équilibre « énergétique ». En cas de pathologie hyperthyroïdienne ou chez un patient « Iodum », cette régulation s’emballe : il brûle en excès et sans contrôle et se consume dans l´hyperactivité jusqu´à un état d´épuisement et de marasme (amaigrissement extrême avec amyotrophie et hypertrophie ganglionnaire).

Pour la compréhension et la synthèse d’IODIUM, je ne pourrais mieux faire que de m’en référer aux confrères qui ont parfaitement étudié ce remède. Tout ce que j’ajouterais me paraîtrait superfétatoire ! Je vous donne donc ci-dessous le rappel des travaux du CLH, de l’AFADH et de Dauphiné-Savoie. En outre, pour une fois, ils sont quasi tous d’accord sur la synthèse à en faire et sur la compréhension du « noyau » ! Et je ne peux qu’être également en accord avec eux.

Didier Grandgeorge (Congrès CLH 1991)

Au cours de l´évolution, de poissons évoluant librement dans l´eau, à "sang froid", thermo régulés par le milieu ambiant, nous sommes devenus mammifères évoluant sur terre où nous sommes soumis à de grands écarts de température.

Mais notre milieu interne reste à une température remarquablement stable. L´iode par le catabolisme cellulaire et l´énergie qui en découle nous permet cette fine thermorégulation.

D´où ce besoin de manger de la viande, de tuer de la chair, pour avoir de la chaleur. Cette fonction de l´iode est illustrée sur le plan philosophique par le mythe de Caïn (le cas qui contient de l´iode).

Après la fuite du paradis initial, Caïn s´épuise en travaux manuels - labourant pour manger. Il ne prend pas le temps de s´arrêter, de contempler, de prier comme son frère Abel, le pasteur. Il ne se sent pas aimé de Dieu, et lorsqu´il s´arrête de travailler, c´est l´impulsion à tuer, puis après le meurtre, la fuite avec le regard de Dieu constamment posé sur lui ("l´oeil était dans la tombe et regardait Caïn" - Victor HUGO) - peur d´être regardé, pensées d´homicide persistantes ...

IODUM a perdu la contemplation, l´existence de Dieu, et chassé du paradis, se jette dans l´activité comme d´autres dans la boisson.

Lorsqu´il s´assied, le souvenir, le chagrin et la culpabilité l´accablent. Alors il se rejette dans l´activité, et ne peut s´arrêter ni le jour ni la nuit.

Chassé du paradis, il n´est plus qu´un poisson qui s´agite hors de l´eau (d´où l´importance du rêve de l´eau dans les rêves). (et les problèmes d´audition : ce qui est "eau dit").

A noter le témoignage de la mère du cas N°1 : violée à 10 ans par son oncle : "J´ai décidé alors que Dieu n´existait pas".

IODUM vient du grec "violet". En effet, cet élément dégage en brûlant des vapeurs violettes. Le violet, mélange du rouge et du bleu, est symbole de la température, le rouge représentant la force impulsive, le bleu la quiétude de la mer et du ciel. Le violet représente une transfusion spirituelle, c´est une couleur de soumission, d´obéissance.

C´est le passage du yang au yin.

IODUM a oublié la tempérance et se consume dans l´excès. Enfin, notons le rôle de l´iode dans la croissance.

Grâce à IODUM nous pouvons donc redonner à nos enfants un développement harmonieux dans la tempérance et la clarté.

AFADH

La synthèse du noyau de Iodum fait apparaître une perte de la contemplation : sorte d´épanouissement dans la recherche d´une beauté intérieure.

Congrès de Chambéry 2000

Rappel sur l´origine du remède

IODUM est un métalloïde lourd, de la famille des halogènes (Cl, F, Br, I). On le trouve dans la nature: mines de nitrates du Chili, algues (c´est à partir des cendres d´algues qu´on prépare le remède en dilution alcoolique), varech, plancton, foie de morue, éponges (d´où sa parenté avec Spongia, qui contient de l´iode), chair du poisson, eau de mer; il est présent chez l´homme en faible quantité, sous forme de combinaisons organiques: on le trouve dans la glande thyroïde, les muscles, le cerveau, les glandes endocrines.

L´IODE est toxique pour l´homme: il provoque une forte inflammation des muqueuses, en particulier le larynx, les bronches, les organes génito-urinaires et toutes les muqueuses en général, en même temps qu´une hypertrophie avec induration des ganglions lymphatiques et des glandes endo et exocrine.

La matière médicale de IODUM s´est en partie constituée à partir de symptômes toxicologiques (au XIXe siècle, le traitement du goitre par administration de teinture d´iode donnait parfois lieu à des intoxications à l´iode; des états d´iodisme chroniques ont aussi été observés après usage prolongé d´iodure de potasse dans le traitement. de la syphilis et de la scrofule).

Hahnemann (qui a expérimenté le premier le remède), en préambule de sa MM, nous parle d´ailleurs " d´un médicament héroïque que l´homéopathe devra toujours employer avec une grande circonspection tandis que les allopathes en font souvent un si déplorable abus ". Ce sont ensuite Hering puis d´autres qui ont permis d´affiner et de compléter les pathogénésies du remède. Il y a plus de 2 500 symptômes dans le répertoire.

Le rôle de l´IODE dans l´organisme passe essentiellement par la thyroxine, qui est l´élément essentiel du catabolisme et permet la production de chaleur; la glande thyroïde permet l´homéothermie, la chaleur, la croissance, le mouvement: on retrouve là les lieux de dérèglement du remède. Le sujet Iodum subit un emballement de cette régulation, il brûle en excès et sans contrôle, il se consume dans l´hyperactivité, qui est un besoin vital; même fatigué, il se surmène et brûle ses calories jusqu´à un état d´épuisement et de marasme (amaigrissement extrême avec amyotrophie et hypertrophie ganglionnaire).

Les grands thèmes de iodum

Les symptômes mentaux, généraux et les grandes modalités du remède s´articulent autour de trois thèmes: mouvement, nourriture, thermorégulation.

LE PREMIER THÈME: mouvement, hyperactivité, et deux modalités très caractéristiques: amélioré par l´occupation et aggravé au repos.

IODUM présente un état d´exaltation et d´agitation intenses, aggravé à l´intérieur d´une pièce et en étant assis. Il est amélioré par l´occupation et par le mouvement.

Si l´effort physique amélioré les symptômes mentaux (K. p 30, Iodum seul remède), en même temps, IODUM est très vite épuisé.

IODUM veut tout faire avec précipitation: loquace; pressé (surtout pour marcher, il a des impulsions à courir), il est constamment affairé, occupé, mais de façon désorganisée et sans but précis (contrairement à Ars. qui s´agite et s´angoisse tant que ses affaires ne sont pas en ordre).

Il est tellement affairé qu´il en devient oublieux (oublie ses courses dans les magasins) et il a le sentiment d´avoir toujours oublié quelque chose (sensation constante d´avoir oublié qq. chose, K p. 77: 2 remèdes Caust. et Iod.). G. Vithoulkas souligne cette étourderie chez IODUM: il est si occupé et semble avoir tant de choses en tête qu´il est facilement " dépassé "; il a besoin de tout écrire sur de petits bouts de papier et malgré cela, il oublie toujours quelque chose. La peur d´oublier quelque chose peut devenir une obsession chez IODUM et engendrer des automatismes; ce comportement a pour conséquence le développement d´idées fixes. (" je dois faire comme ceci, je dois faire comme cela " dit Schoten).

Pourquoi chez IODUM un tel besoin d´activité ? 

Si IODUM s´agite tellement c´est pour tenter de canaliser son anxiété: c´est Kent dans les premières lignes de sa matière médicale qui l´exprime le mieux: " IODUM présente dans tous ses accidents, qu´ils soient aigus ou chroniques, une sorte d´anxiété particulière, à la fois ressentie dans le domaine de l´esprit et celui du corps; cette anxiété survient lorsqu´il essaie de se tenir tranquille et plus il essaie de se tenir tranquille, plus son anxiété augmente. "

C´est aussi au repos, et plus particulièrement dans la position assise, en étant maintenu assis (Vermeulen), que vont se développer chez lui des pulsions morbides, parfois jusqu´au meurtre (impulsion soudaine à tuer, en étant au repos, K. p. 107, seul remède). Pour Elisabeth Wright Hubbard (Homoeopathy as art and science), il s´agit même du Key-note du remède: " if I rest I´ll go mad " (littéralement: " si je suis au repos, si je me repose, je deviens fou ").

Ces pulsions, de même que l´anxiété, s´améliorent avec l´occupation, en mangeant et en marchant au grand air (anxiété amélioré en mangeant et en marchant au grand air K. p. 10).

Comparer: Hep., Nux-v. (mais ce sont des frileux et les pulsions morbides répondent à des situations d´offense ou de contradiction, comme pour Merc. d´ailleurs); alors que chez IODUM il s´agit vraiment d´une violence spontanée, sans aucune raison apparente.

On comprend que l´enfant IODUM puisse ainsi frapper au cours de l´examen, d´abord parce qu´il est maintenu, de plus ils est terrifié par le médecin, il ne supporte ni d´être touché ni d´être regardé; par ailleurs le patient IODUM dit qu´il va très bien même quand il va très mal (K. p. 14,10 remèdes).

Donc ce premier thème de l´activité, le besoin impérieux de bouger, et l´amélioration par l´occupation dominent le mental de IODUM, qui veut - comme le dit Scholten - " être libre de ses mouvements, pouvoir se déplacer et ne supporte pas d´être retenu; le sentiment de ne pouvoir quitter un lieu quand bon lui semble, le panique. "

Néanmoins, et dans une deuxième phase, cet hyperactif va brûler ses réserves et s´épuiser

physiquement (faiblesse particulière en montant les escaliers: Calc., Iod. au 3° degré, faiblesse cardiaque avec palpitations et essoufflement) et mentalement: il va déprimer, pleurer, devenir irritable, ne plus supporter la compagnie même de ses amis intimes, ni qu´on lui parle, voire présenter des signes de mélancolie: reste assis dans un coin avec la tête entre les mains et les coudes sur les genoux (K. p. 12, Iod.), Glon.), tel le penseur de Rodin; il va aussi développer des peurs particulières (d´un malheur, d´un danger imminent, de la folie, Kent nous dit encore: " IODUM répond à ces cas où le sujet a l´impression qu´il est en train de se préparer un événement redoutable "), voire des idées suicidaires.

Ce tableau " négatif " de Iodum ne va pas durer longtemps car il est d´humeur changeante et instable, en dent de scie, et il va se remettre à s´agiter et à parler avant de sombrer à nouveau.

Qu´est-ce qui peut faire décompenser IODUM sur le plan mental: amour déçu, chagrin, choc affectif, frayeurs, contrariétés, surmenage, excès sexuels et travail intellectuel (IODUM est aggravé par le travail intellectuel). Ce qui l´améliore par contre toujours c´est l´occupation et surtout le fait de manger.

LE DEUXIÈME THÈME : Thème de la nourriture.

IODUM (comme d´ailleurs d´autres dérivés iodés) a un grand désir de nourriture, et bien qu´il mange beaucoup, il a tendance à perdre du poids, ou à rester maigre (K. 594 Iod., Ars-i, Bar-i, Kali-i, Sul-i., et bien d´autres remèdes). Il a surtout faim le matin.

Il doit manger à satiété, il est mieux après le petit déjeuner et par le lait; au contraire, il est aggravé par le jeûne et affaibli par la faim (avec Phos., Sulf. entre autres).

A noter que chez IODUM, ce sont tous les symptômes en général, et notamment les symptômes mentaux qui sont amélioré en mangeant; Il se sent mieux pendant qu´il mange, c´est pendant la durée du repas qu´il est le mieux (comme Anacardium, nous dit Lathoud).

Par ailleurs, pas de désir ou aversion bien nets, sauf le désir de viande, qui peut être intéressant chez les enfants et le désir d´alcool. IODUM a également très soif.

Ce thème de la nourriture est très marqué chez IODUM comme l´attestent les rêves de repas (rêve de manger Iod. seul remède K. 1 402); ce rêve si particulier semble même avoir été confirmé: Jan Scholten dans " Homéopathie et minéraux " rapporte qu´au cours d´une expérimentation conduite par Sankaran (séminaire de Noordwijk) " des sujets ont rêvé qu´ils n´avaient rien à manger, que toute la nourriture avait été mangée avant leur arrivée " !

Mais en même temps qu´il se nourrit bien, IODUM reste néanmoins très faible et maigrit, ou en tous cas il ne grossit pas, car il n´assimile rien: comme le dit Kent: " les aliments ingérés agissent comme des corps étrangers pour lui déranger l´estomac et l´intestin ", d´où l´installation d´un état cachectique, avec hypertrophie du foie et diarrhée chronique (toujours selon Kent, le remède est très utile dans la diarrhée chronique matinale chez les enfants scrofuleux et émaciés).

LE TROISIÈME THÈME: Thermorégulation, intolérance à la chaleur.

IODUM est un remède " à sang chaud ", aggravé par toute forme de chaleur, épuisé par la chaleur estivale, d´une pièce trop chaude (lassitude dans une pièce chaude K. 1 585 seul remède), il est aggravé par le temps chaud et humide de même qu´au bord de la mer. Iodum est par ailleurs aggravé par la chaleur du lit, d´une pièce, d´un poêle, des vêtements (en particulier ne supporte aucun couvre-chef: K.p. 153, aversion pour le chapeau: Carb-an., Iod, Led., Lyc.).

Selon V. GHEGAS, IODUM est l´un des remèdes les plus réchauffés avec Apis, Arg-n., Puls.

Il éprouve à l´inverse un grand désir d´air frais, qui l´améliore (comme les bains froids), et il est amélioré par le vent.

Voici les trois thèmes qui vont nous permettre d´individualiser notre patient Iodum, symptômes incontournables et finalement partagés par peu d´autres remèdes:

Seul SULFUR (maigre) parait assez proche de Iodum par ses modalités thermiques et générales; mais il n´a pas cette violence spontanée, il a un tropisme cutané bien plus marqué.

SULF-IOD (que j´avais prescrit à Clément - cas n 1- après IOD, sur la notion de symptômes cutanés), est un remède assez mal connu car peu expérimenté, il associe des symptômes proches de Sulfur (évolution centrifuge, manifestations cutanées) et de Iodum (troubles nutritionnels et système lymphatique).

KALI-IOD: il diffère de IODUM par une hyperactivité qui n´est pas suivie d´épuisement et sa note plus luétique avec tropisme osseux et aggravé nocturne (R. proche de Mercurius); au mental, sa dévotion à la famille (voir Sankaran, spirit of remedies); le diagnostic entre les deux n´est pas toujours facile.

QUELQUES AUTRES SYMPTOMES GUIDES ÉVOCATEURS DE IODUM     

 (sensations, symptômes physiques locaux) 

Les sensations caractéristiques de IODUM:

La sensation de constriction à tous niveaux: tête, goitre, coeur (coeur serré dans un étau, plus précisément sensation d´étreinte comme par une main qui serre: comparer Cact., Lil-t, Nux-m., Lach., Ars.).

La sensation de battement à tous niveaux, et du fait de l´éréthisme cardio-vasculaire (Kent nous dit à ce sujet " dans Iodum, la tête bat, le corps bat, il y a des pulsations de partout, qui se propagent jusqu´au bout des doigts et des orteils ").

La sensation de brûlure.

Les symptômes locaux concernent:

- Tout le système GLANDULAIRE, qui est atteint dans le sens d´une induration et hypertrophie, suivie ou non d´atrophie (glande thyroïde, pancréas, ovaires, seins, utérus, prostate, ganglions en général, amygdales, végétations).

A noter le caractère torpide et indolore des hypertrophies gg., qui pour Farrington est très caractéristique de Iodum.

- Toutes les MUQUEUSES (en particulier le LARYNX et les poumons: apex ou base d.), avec inflammation et augmentation des sécrétions qui sont brûlantes et corrosives.

- COEUR et Vaisseaux; beaucoup de symptômes cardiaques dans IODUM, qui " somatise " beaucoup sur le coeur: crampes, constrictions et surtout palpitations (palpitations en pensant à ses torts K.p. 1 056 seul remède).

- Peau: IODUM produit toutes sortes d´éruptions (pur puriques, formations bulleuses ou pemphigoides, furoncles, urticaire nodulaire, verrues blanchâtres, ulcères insensibles), qui ont un caractère périodique.

- Nerfs (tremblements, chorée).

- Tissu conjonctif.

 Ajoutons ces quelques symptômes locaux, très significatifs du remède selon Vermeulen:

 - Constipation amélioré par le lait froid.

 - Maladie de Basedow avec troubles cardiaques.

 - Douleurs osseuses (et articulaires) nocturnes.

 - Croup (ou toux croupale), causée par un temps humide prolongé; voix rauque avec difficultés inspiratoires; s´agrippe la gorge en toussant.

 - Orchite avec douleurs irradiant à l´abdomen (R. u).

 - Leucorrhées jaunes épaisses et corrodantes, qui trouent le linge (R. u).

QUELQUES ÉLÉMENTS PARTICULIERS DE IODUM CHEZ L´ENFANT:

 (D.M.  Borland, D. Grangeorge, J. Lamothe, Vassilis Ghegas):

 On peut noter que l´enfant IODUM - outre son hyperactivité -, est:

 - souvent un enfant précoce sur le plan moteur et intellectuel.

 - répulsif, il refuse l´aide ou les conseils.

 - en même temps il est hypersensible sur le plan émotionnel (en particulier hypersensible aux histoires tristes); il pleure quand on lui parle gentiment (comme Sil.); compatissant.

 Sur le plan physique, ce sont des enfants de petite taille, à croissance souvent dysharmonie use, ayant l´air plus vieux que leur âge, maigres tout en mangeant bien, présentant une fonte musculaire après une maladie, fragiles, ayant tendance à chuter facilement, à la fois par asthénie et précipitation (Caust., Iod., Mag-c., Nux-v, Phos-ac., Phos.), il sont aggravé pendant les périodes de croissance rapide.

 - Quelques " indications cliniques " chez l´enfant:

 * dans le domaine ORL et broncho-pulmonaire: 

 hyper sialorrhée +++ fétide (Merc.); otites séro-muqueuses avec tympan collé à la caisse (K. 350 Graph., Iod), catarrhe de la trompe d´eustache avec sensation d´oreille bouchée comme par une valve (K 376); rhinite périodique tous les quatre jours (K. 403 seul), coryza chaud aqueux et irritant, avec obstruction nasale pire à la chaleur; rhume des foins avec asthme (K. 401 Iod., K. 925); gorge, douleurs brûlantes au bord de la mer (K. 558 remède unique); laryngites striduleuses par temps chaud et humide, aggravé par la chaleur de la pièce, l´enfant agrippe son larynx en toussant (K. 912); pleuro-pneumonie (1 049), plutôt d., avec hémoptysie; tuberculose pulmonaire chez les adolescents grandissant trop vite. Asthme aggravé par la chaleur d´une pièce, amélioré par l´air frais.

 * dans le domaine digestif: 

 manger amélioré tous les symptômes, soif ++; diarrhée chronique, adénolymphite mésentérique, HV, MNI, insuffisance pancréatique aiguë ou chronique avec diarrhée claire et graisseuse.

 * dans le domaine uro-génital: 

 énurésie jour et nuit (K. 791), hydrocèle (K. 853), l´urine a une odeur ammoniacale chez le nourrisson (seul remède K. 828).

 * Symptômes divers: 

 classique lymphocytose sanguine; les cicatrices chéloïdes, avec prurit; les kystes synoviaux; les rhumatismes juvéniles avec douleurs aggravé la nuit, par la chaleur et amélioré au mouvement, à noter l´arthrite avec suppuration du genou (Iodum et Hippoz. seuls remèdes K. 1 353)

 

SYNTHÈSE et CONCLUSION

 Il est intéressant de noter que sur le plan symbolique, Iodum vient du grec iodos = violet (car l´élément Iode dégage en brûlant des vapeurs violettes); le violet est la couleur symbole de la tempérance, du " juste milieu " entre le rouge qui représente l´action, la force impulsive, et le bleu qui représente la contemplation, la quiétude de l´eau et du ciel; le violet est aussi une couleur de soumission et d´obéissance (attacher autour du cou des enfants une pierre violette, c´est leur garantir non seulement une bonne santé mais aussi les rendre dociles et obéissants, lit-on dans le dictionnaire des symboles). Notre malade Iodum a oublié la tempérance, le juste milieu et se consume dans l´excès, il est excessif en tout, il brûle dans une activité exubérante, qui seule semble pouvoir calmer son angoisse, il a des réactions violentes sans raison, il brûle sa nourriture sans l´assimiler, il brûle dans sa régulation thermique.

 Je ne m´appesantirai pas sur les hypothèses masistes (cf. hypothèses de l´AFADH, travaux 1989), que D. Grangeorge rapporte dans son excellent Iodum enfant et qui se réfèrent à des thèmes bibliques (Caïn et Abel), d´autres le font beaucoup mieux que moi.

 Par contre la synthèse que fait Jan Scholten des IODATUM (Homéopathie et minéraux) m´a semblé très intéressante: pour lui, la plupart des caractéristiques de IODATUM - c´est à dire thèmes de la nourriture, du travail, de l´occupation, de l´agitation et de la liberté de mouvement - à travers lesquels il affirme finalement son droit à l´existence -, sont pour lui, " spécifiques d´une situation de réfugiés: chassés de leur foyer et de leur maison, soit par la guerre ou une catastrophe naturelle soit par la famine, leur existence est menacée et leurs biens sont perdus; ils ne savent plus comment gagner leur pain quotidien; leur fuite est souvent une course effrénée, ils doivent partir le plus loin et le plus vite possible. "

 Ce thème de la fuite est d´ailleurs illustré par ces deux rêves particuliers de Iodum: rêve qu´il marche dans la boue (rep. Murphy p. 307,1-1); rêve qu´il marche parmi les ruines (Murphy p. 313,1-2); les rêves de Iodum sont par ailleurs très nombreux avec en particulier les thèmes de l´eau (tombe dans, nage dans), de la nourriture, etc.

 Cette analyse de SCHOLTEN m´a semblé très intéressante et à posteriori m´a permis de mieux comprendre (pour en revenir à deux des cas cliniques) pourquoi la petite Léa - qui vivait sans doute l´angoisse des parents menacés d´être délocalisés et de voir leur maison disparaître - et Mme C., qui décompense sa thyroïde après un déménagement mal vécu, avaient pu développer une pathologie sur le mode Iodum.

 J´espère que ces quelques éléments vous auront apporté un " éclairage, sinon lumineux, en tous cas un peu différent sur cet halogène ", que vous aurez l´occasion de l´évoquer et de le prescrire davantage, et qu´il aidera vos patients à retrouver un peu de sérénité.