Philippe Servais

Spa, mars 2019

 

UNE CASTAFIORE BIEN SPARTIATE, TROP ACCROCHEE A SES BIJOUX DE FAMILLE.

 

Je la connais depuis si longtemps, Irina, que j'ai fini par ne plus voir en elle qu'un de ces personnages pittoresques et familiers de ma patientèle ! C'est dire qu'il m'a fallu bien des années pour comprendre que, si elle répondait toujours favorablement à Lachesis mutus, elle cachait pourtant bien son jeu et que ce dernier n'avait rien à voir avec ce délicieux venin. Les apparences étaient trompeuses : la même logorrhée, le même sens du spectacle, le même besoin éperdu de reconnaissance et d'admiration, les mêmes bouffées de chaleur à la cinquantaine, la même façon de vous embarquer dans son univers, la même aggravation matinale, la même latéralité gauche, les mêmes problèmes de gorge et de larynx, les mêmes oppressions du cœur une fois couchée sur le côté gauche, les mêmes palpitations, les mêmes aggravations par temps froid et humide, le même besoin de desserrer tout vêtement etc. Une similitude telle qu'au fil des ans, je prescrivais ce remède presqu'automatiquement et ce, à la plus grande satisfaction de notre artiste ! Sa jovialité, son langage fleuri, son phrasé un brin emphatique associé à sa gestuelle d'actrice de la grande époque ne faisaient que me confirmer la justesse de ma prescription. Seule la récurrence de ses troubles me surprenait mais, basta, tout le monde sait qu'un Lachesis n'est jamais vraiment guéri et qu'il a du mal à tirer profit de son expérience et à se tenir définitivement debout !

Jusqu'au jour où ce Lachesis a fini par nous trahir tous les deux ! Rien n'est plus proche d'un simillimum qu'un excellent simile…

Mais présentons d'abord Irina Chanteclair et racontons sa vie. Sortie d'un milieu bourgeois provincial assez traditionnel (père ébéniste besogneux, rigoriste et austère, mère au foyer déplorant une carrière d'artiste avortée par la faute d'une éducation martiale), Irina, dès son plus jeune âge, s'est prise de passion pour la musique. Ont suivi au Conservatoire des études, d'abord de piano puis très vite de chant. Notre jeune fille est douée et a une voix des plus cristalline. Assez vite, elle se produit sur les scènes régionales, autant à l'aise à chanter la Traviata que Berlioz ou Offenbach. Vers vingt-cinq ans, elle rencontre Hervé, ingénieur en mécanique, quelque peu casanier et flemmard mais amoureux transi, pour qui son épouse est le parangon des artistes lyriques, qui, dès ses trente ans, décide de devenir son homme au foyer, son impresario, son metteur en scène, au service de son art. Les années passent…

Irina, portée par un mari inventif mais plus présomptueux pour sa femme que réellement performant, s'enferme, au fil des ans, dans une carrière sans envergure, donnant des cours de chant et montant des spectacles pour les fêtes municipales et les scènes régionales. Ils sont si bien dans leur campagne à élever leurs canards, leurs poules "bio" et … leur fils unique (plus disposé à entretenir le parc ornithologique local qu'à aller à l'école) ! C'est que l'ambition secondaire du mari à parvenir à l'autosuffisance est presqu'en train de se réaliser… au détriment de l'ardente vocation de sa dulcinée !

Nous sommes en Mars 2014. Cela fait un an que je ne l'ai pas vue. Elle revient avec un tombereau de symptômes (elle avait d'ailleurs précisé au téléphone à la secrétaire "qu'il lui faudrait au moins une heure de consultation" !). La plupart de ces symptômes avaient déjà été évoqués dans le passé (de manière moins précise) et s'étaient plus ou moins temporairement résolus avec Lachesis (et, ponctuellement, avec Phosphorus et Staphisagria).

Je note :

-       Grande fatigue générale avec "affaissement de tout le corps".

-       Reflux acides. Spasmes de l'œsophage en mangeant (la nourriture se coince).

-       Mucosités collantes sur les cordes vocales, gênantes pour le chant, allant jusqu'à l'étouffer et lui donner une voix rauque.

-       Problème récurrent de mâchoire :  l'articulation de la mâchoire inférieure gauche se coince, comme si elle était luxée ; par des mouvements d'avancée de la mâchoire, elle parvient à la débloquer, ce qui lui permet d'à nouveau mieux respirer et avaler.

-       Frissons traversant tout le corps au départ du dos, tous les jours vers midi lorsqu'elle commence à avoir faim.

-       Oxyures par période "comme depuis toujours".

-       Dyshidrose récurrente au pied gauche.

-       "Pics" dans la vésicule, "coups d'épée" dans l'œil gauche, "coups de poignard" dans le dos, dans le ventre.

Certains rêves récurrents peuvent être mentionnés :

-       Quelqu'un lui plante un couteau dans le dos.

-       Pense à une chose sans aucune importance et ne peut plus s'en détacher.

-       Peur de traverser la rue, comme paralysée.

J'ajouterai, pour compléter le tableau général, que, par tempérament, Irina est une femme indignée par tout ce qu'elle voit du monde autour d'elle. "Je suis si souvent en pétard contre l'injustice, la fausseté, la malhonnêteté !". "J'ai une telle éthique (que mon mari appelle rigidité morale) vis-à-vis des gens, des élèves, de la vie ! Même si je sais que, dans ce monde marchand, ce trait de caractère me porte préjudice, c'est plus fort que moi, j'ai grand mal à faire des compromis. J'ai un trop grand sens du devoir, je suis sacrificielle". Et de me parler en outre de la cruauté des hommes vis-à-vis des animaux …

Mais surtout, si Irina a voulu me revoir, c'est qu'elle est au plus bas. Elle a aujourd'hui 64 ans et se rend compte que sa vie est "en berne", qu'elle a raté sa vie. Elle ne chante plus, vit au rythme de ses cours et du bon vouloir de ses deux hommes : son mari de plus en plus investi dans la réalisation d'une forme d'autarcie et son Tanguy de fils (quarante ans !), grand rêveur, créant, avec sa copine, dans leur grand jardin, LE potager écologique du siècle ! J'oublie de dire que ce fils et son amie anglaise, hippie attardée, vivent dans sa maison ! "Je ne suis plus chez moi, c'est eux qui règlent tout ; mais je ne peux quand même pas les mettre dehors. Je me rends compte que toute ma vie n'a été que contrainte et qu'à cause de mon côté jovial et généreux, je me suis totalement oubliée ".

"Même sexuellement, je suis depuis très longtemps en veilleuse alors que j'étais une grande amoureuse. Mais cela n'est pas le principal. Je vais donc mourir sans avoir réussi, sans être reconnue, sans être passée sur une grande scène. Le soir, une telle amertume, un tel désenchantement me tombent dessus ! Je n'ai pas voulu voir où était ma vie, je me suis mis des œillères.  Même si j'ai fait mes petits spectacles admirables, j'avais cette ambition de m'accomplir dans quelque chose de grand. J'ai toujours en tête cette idée d'un beau spectacle chanté et théâtral que j'intitulerais "Schubert à coeur ouvert". Tout est déjà construit dans ma tête depuis bien longtemps, les décors, l'histoire, le livret… Comme Offenbach, je sais utiliser à la fois l'air, le couplet, la chanson et la danse. Ce serait MON Schubert !".

Il faut dire qu'Irina s'est toujours totalement investie dans ses spectacles même si ce n'était bien souvent que pour la fête de l'école ou le jubilé du maire. Elle a toujours réussi à y faire participer la population locale, créant des "vocations" tant chez l'agriculteur du coin que chez le commissaire de police.

Mais aujourd'hui, elle ne chante plus, "se réfugiant trop souvent sous la couette". "Ma vie est derrière moi, mes espérances se sont évanouies. Je n'ai plus le courage d'aller chercher des contrats. Faites quelque chose pour moi. Je suis en pleine détresse alors que les gens continuent à venir vers moi car j'ai l'art de les guérir par mes paroles et par le chant. Mais cela ne me comble pas car mon but dans la vie, mon dessein est artistique et non pédagogique ou thérapeutique. Je suis passée complètement à côté de ma vie artistique. J'ai déçu tout le monde y compris moi-même. J'ai une telle soif d'absolu. Irina est en train de mourir".

Notre diva est en pleine dépression même si elle tente, tant bien que mal, de la camoufler. Son état m'inquiète car l'abîme pourrait n'être pas loin. Je me rends compte que, dès son mariage, elle s'est installée dans une situation de sécurité resserrée, complètement à l'encontre de son âme d'artiste de scène et de ses rêves. Le nez sur le guidon, elle a oublié d'œuvrer à son épanouissement personnel, en ouvrant son horizon musical : rencontres de musiciens, d'orchestres, travail avec d'autres formations, cours dans de grands conservatoires, quitte à tenter une montée à Paris puisque, lui avait-on dit, elle était exceptionnellement douée. Elle s'est autolimitée en restant dans son "trou", imaginant que son petit mari allait lui ouvrir le monde et faire d'elle une star.

Cette réflexion me confirme le remède découvert par la répertorisation. Je peux donc tenter de le prescrire (je ne prescris en général un remède, découvert dans une répertorisation, que si son "essence" correspond peu ou prou au patient, pour peu bien sûr que ce remède ait été étudié).

Une dose de X 200k, prescrite le 6 mars 2014, va provoquer chez elle "un petit tsunami" !

Nouvelle consultation le 18 septembre 2014 :

"Le lendemain de la dose, je n'étais plus la même ou plutôt, je me suis retrouvée comme il y a trente ans ou plus. Mon spleen s'est effacé comme par enchantement. Je me suis sentie heureuse et légère et, depuis lors, j'ai retrouvé confiance en moi et dans la vie. Et pleine d'espoir. Quant à mes symptômes, ils se sont tous fortement atténués.

Parce qu'elle me signale des ballonnements gênants, une sécheresse oculaire gauche nocturne pénible, une réapparition d'oxyures (disparus depuis six mois) et des suées à la tête et au visage, je prescris à nouveau le remède X, cette fois en 1000k.

Consultation du 16 décembre 2014 :

Elle revient me voir pour une crise de dyshidrose apparue un mois plus tôt et qui ne se résorbe pas. "Par ailleurs, je me sens increvable, hyper résistante. Mon enseignement marche très bien, je me sens valorisée. Je me suis lancée dans la préparation d'un grand spectacle pour dans deux ans que, chose tout à fait nouvelle, je me suis mise en tête d'aller vendre moi-même partout. Il s'agit d'une histoire que j'ai inventée, c'est comme si je "voyais" déjà entièrement le spectacle ! Ce qui est bien dommage pourtant c'est que je ne reçois toujours aucune reconnaissance de la part du jeune couple que j'héberge, mon fils et ma bru. Mon gamin est dur, n'avance pas dans la vie ou plutôt n'avance que dans un seul sens, avec des œillères ! J'avais pour lui d'autres rêves".

Remède X en 1000k le 16 décembre 2014.

Consultation du 9 février 2015 :

La dyshidrose s'est estompée. Elle a eu par ailleurs une crise d'herpès "comme j'avais à l'âge de vingt ans". Elle n'a plus qu'occasionnellement des "pics" ici ou là. Elle se plaint de crampes douloureuses le matin au lit. Quelquefois, elle devient assez irascible mais "c'est toujours justifié". Elle est pleine d'énergie et …

Elle s'est remise à chanter !

Remède X en 10.000k le 9 février 2015.

Consultation du 23 janvier 2017, deux ans plus tard :

"Je ne vous ai pas vu parce que je me suis sentie très bien. Je suis en phase finale de création de mon spectacle. J'ai déjà quelques dates prévues sur plusieurs scènes françaises. Je suis heureuse ! Et de me raconter par le menu son spectacle … Je ne peux plus l'arrêter !

Elle se plaint par ailleurs d'engorgements de l'estomac, de hoquets et de la réapparition, dans la zone vésiculaire, de ses fameux coups de poignard.

Remède X en 10.000k le 23 janvier 2017.

Consultation du 19 novembre 2018 :

Tous ses symptômes ont disparu hormis :  

"Ma mâchoire que vous aviez guérie me titille à nouveau et j'ai eu, à deux reprises, des oxyures. A part cela, je vais très bien. Je fais de la gymnastique Pilates qui me fait grand bien. J'éduque les gens, à travers le chant, à savoir se tenir, à prendre la bonne voie dans la vie ! J'ai fait quatre représentations de mon spectacle qui ont eu un grand succès. Et j'ai un nouveau projet, une nouvelle idée : l'histoire des travestis dans les opéras et opérettes. Et, bien sûr, je vais y chanter !

Remède X en 1000k le 19 novembre 2018.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

SOLUTION du cas "Irina Chanteclair"

 

 

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FACE - PAIN - Jaws - Lower - dislocated; as if

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2

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1

CHILL - PERIODICAL - hour - same hour

25

3

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RECTUM - WORMS - complaints of worms - pinworms

81

4 a

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0

EYE - PAIN - left - stitching pain

28

5 a

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0

BACK - PAIN - stitching pain

171

6 a

1234

0

ABDOMEN - PAIN - Gallbladder - stitching pain

1

7 a

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ABDOMEN - PAIN - stitching pain

167

8 a

1234

0

GENERALS - PAIN - stabbing pain

7

9

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MIND - AMBITION - increased

72

10

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MIND - LOATHING - life - evening

6

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MIND - WEARY OF LIFE - evening

8

 

spig.

rhus-t.

ign.

ars.

kali-c.

lyc.

cina

graph.

phos.

staph.

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SPIGELIA anthelmia

Logognacée, comme Nux vomica, Gelsemium, Ignatia, Brucea etc. (J'ai grand mal à trouver, dans Spigelia, les caractéristiques décrites par les Sankaraniens à propos des Logognacées).

Introduite par S. Hahnemann. Plante vermifuge, toxique, à action longue et puissante.

Quelques symptômes de Matière médicale :

Tête : douleur frontale, de l'intérieur vers l'extérieur, rendant difficile tout travail mental.

   Douleur en se penchant, par vagues, avec sensation de tête serrée, aggravée aux faux-pas

  (douleur déchirante), aux secousses, par les mouvements brusques de la tête, par les

   mouvements des muscles du visage, en ouvrant la bouche, en parlant fort.

   Douleur qui produit une fixité involontaire du regard sur l'objet regardé.

   Douleur du scalp, des cheveux.

   Névralgie faciale (bien connue).

         La douleur va le rendre fou.

         Clapotements du cerveau en marchant.

         Sensation de flottement, comme si le cerveau était détaché ; aggravée en tournant la tête.

        

Yeux : en ouvrant les yeux, la vision ne réapparaît pas de suite et apparaît une mer de feu.

  Paupières qu'il ne peut relever, paralysées.

  Douleur pressante des globes oculaires ; en est étourdi.

        Obligé de tourner la tête pour regarder afin que les yeux restent dans l'axe (car mal à la

    mobilité des yeux).

  Remède de presbytie mais à vision variable : difficulté à adapter des verres corrects (Kent).

  Les yeux se meuvent involontairement à gauche et à droite.

        Sensation d'eau dans les yeux.

  Quand il fixe, sa vision floue s'améliore.

  Névralgies ciliaires.

  Comme des aiguilles dans l'œil gauche (or, peur des épingles !).

  Comme si on lui arrachait les yeux.

  Douleur creusante, d'écrasement.

 

Oreille : sensation d'eau, de bruit lointain, de sonnerie lointaine.

  Les sons de la voix résonnent comme une cloche dans le cerveau.

  Névralgie en lien avec la névralgie faciale.

 

Nez :  fourmillements à l'arrière du nez comme un cheveu ou un vent léger.

  Les éternuements provoquent des frissons qui descendent dans la jambe.

 

Face : névralgie faciale aux modalités multiples.

  Le crâne va éclater en bougeant les muscles de la face.

  Douleur comme si le côté droit de la mâchoire allait être arraché, aggravée en mâchant.

        Douleur apparaissant et disparaissant soudainement ; du lever au coucher du soleil.

 

Dents : douleur par le tabac ou, au contraire, améliorée par le tabac ; froid aux dents.

Bouche : bégaiements en cas de vers (ou maux de ventre).

  Picotements sur la langue à droite.

  Piqûres comme des épingles et bouche sèche.

  Salive mousseuse ; doit cracher, ne pouvant avaler à cause de nausées.

 

Gorge : a l'impression d'un vers remontant dans la gorge.

Estomac : très faim et soif ; ou pas faim et soif ; appétit féroce avec nausées, désir d'alcool.

 

Abdomen : douleurs piquantes.

Sexuel : érections fréquentes sans désir.

Toux : déclenchée par de la salive descendant de la bouche dans la trachée ; aggravée en se

     penchant en avant.

 

Cœur : grand remède de maladies cardiaques (endocardite, péricardite, hydrothorax etc.).

     Palpitations en se penchant, palpitations violentes clairement visibles et perceptible.

 

Extrémités : en marchant, il ressent les faux-pas, les secousses.

 

Dos : penché, il ne peut plus se redresser.

Fièvre : mains froides avec chaleur au visage ; paumes transpirantes.

Vertiges : en regardant vers le bas (avec tendance à tomber) ; en regardant avec les yeux tournés ; en tournant les yeux ou la tête en marchant, ne ressentant rien si regarde droit devant lui au grand air.

Titube comme si allait tomber à gauche.

Tête tombant en arrière pendant le vertige.

En regardant fixement.

Malaise pendant la selle.

Sensation de flottement en marchant ; impression d'être en train de tituber ou que le trottoir se soulève devant lui.

 

Concomitances : avec les névralgies, avec les palpitations, gaité pendant les douleurs.

 

Rêves : d'événements depuis longtemps oubliés ; longs rêves sur un même sujet ; pacifiques ; sort épuisé de ses rêves ; d'insectes ; de feux, de la foudre ; d'être foudroyé ; de querelles, de luttes ; de fantômes ; lubriques avec pollution sans érection.

Mental : humeur gaie, forcée ; gaîté pendant les douleurs.

      Gaité alternant avec anxiété, avec palpitations ; gaité, excitation après la tristesse.

      Réflexions profondes sur son sort futur.

      Grande préoccupation pour l'avenir

      Triste et découragé ; triste et en colère. Humeur sombre.

      Ne supporte pas les plaisanteries, particulièrement sur lui.

      Vite en colère ; maussade ; très susceptible.

      Content, confiant, particulièrement pendant les souffrances.

      Plein d'appréhension, de soucis et de suspicion.

      Envie de mourir pendant les frissons de fièvre.

      S'assoit comme perdu dans ses pensées regardant un point fixe.

      Ne parvient plus à penser, même aux choses qu'il connaît le mieux.

      Peur des aiguilles (pas dans le Allen mais dans le Hering).

      Indignation (dans le Gallavardin) : l'indignation, c'est être piqué au vif !

      Indignation avec médisance.

      Perturbé par des objets pointus dirigés vers lui.

 

Il y a chez Spigelia une forme d'alternance d'états paradoxaux.

Il est soit dans le flottement, le lointain, le flou, les yeux roulants, perdu, avec inaptitude à toute activité mentale, soit dans la fixité, la restriction, l'étroitesse (aggravé en déviant de son axe, pointes, épingles, absorbé par son sort futur, joyeux pendant la douleur, rêves obsessionnels, rêve d'être foudroyé etc.), la rigidité (manque d'humour etc.), le manque d'ouverture de son champ de vision.

Il est aggravé par les mouvements, la mobilité, les secousses, penché en avant etc.

Il est perturbé pendant des heures par tout ce qu'il estime ne pas être bien (Hahneman)

Comme si, pour ne pas se perdre (ou perdre son cap), il s'était fixé un axe et ne pouvait plus se soustraire à son support stable pour prendre, ce qui est son destin, de l'altitude.

D'où cette rigidité mentale souvent observée avec difficulté à s'adapter hors ce qu'il connait.

Il peut finir par ne plus pouvoir sortir de ce cadre rigide (avec angle de visée étroit) érigé tout autour de lui.

Il ne peut plus ni bouger ni même tourner la tête !

Il est alors structuré, rigidifié à l'excès, sans raison, de façon inadaptée : grands efforts de défécation pour des selles molles, baille sans sommeil, ne peut prendre qu'une position (sur le côté droit), tout travail mental devient difficile, parvient tout de suite au paroxysme de la douleur etc.

 

A l'instar de la fleur qui laisse les feuilles en bas derrière elle, Spigelia a, à la fois, besoin d'un support solide (fort enracinement) et de grandir, de s'élever pour trouver son épanouissement dans les hauteurs de sa légende personnelle (ne dit-on pas que le chant monte vers les cieux ?).

 

 

 (Pour l'Afadh, Spigelia tente d'éviter tout imprévu futur).

 

Quel est l'aspect de cette plante tropicale ?

Elle est dressée et totalement symétrique.

Elle s'installe, la plupart du temps, dans un milieu "anthropisé" (déjà préparé par l’homme) : dans un endroit déjà sécurisé (voir ma patiente). Elle s'appuie, pour sa croissance verticale, sur ses propres tissus de soutien plutôt que de grimper sur des supports alentour.

 

(Pl@ntNet)

Plante des zones humides sur sol assez lourd drainant bien, qui colonise les terrains vagues, les cultures et les bords de route.

Spigelia anthelmia est une plante herbacée annuelle dresséeglabre, de taille modeste à tige le plus souvent simple. Les feuilles ovales lancéolées sont opposées et groupées en croix au sommet de la tige et des rameaux. Les fleurs tubulaires blanches, de petite taille, sont groupées en épis linéaires terminaux. Le fruit, une capsule verruqueuse à 2 loges, renferme des graines ellipsoïdes à surface granuleuse, d’une couleur brune à marron foncé.

La racine est pivotante.

Les fleurs sont sessilestubulaires, de couleur blanche à rose, toutes disposées du même côté du rachis. Elles mesurent 8 à 10 mm de long. Le calice (2 mm de long) est composé de segments étroits, pointus à l’extrémité.

 

 

Spigelia anthelmia image

 

J'ai remarqué que les patients "Spigelia anthelmia" ont tous des vies construites dès leur jeunesse sur un pivot bien déterminé, avec un angle de visée étroit et resserré. Ils dévient peu de leur axe. Il est parfois difficile de leur faire changer d'avis ou même de conversation (monologues volubiles !), de les ouvrir à d'autres horizons de pensée ou champs de découverte nouveaux. Leur positionnement est la plupart du temps univoque. Ils ont du mal à s'adapter à ce qui ne rentre pas dans un strict cadre connu. Fréquemment, leur vocation dans la vie est très déterminée. Et, pour suivre cette vocation, ils se construisent un univers bien à eux dont ils ont du mal à s'éloigner, substrat solide propre à la poursuite de leur aventure personnelle.